Voici une note de type inédit. Une journée « palpitante » de Cornus. Pas vraiment passionnant, sauf…
Hier, réveillé sur le coup de 5 heures du matin, n’y tenant plus, je me lève peu avant 6 heures. Je quitte la chambre sans allumer, sans trop faire de bruit et je descends dans la cuisine. Comme tous les matins, je mets en route la radio, la boîte vivante puis mon ordinateur. Puis, en attendant, je suis allé traîner sur les blogs, j’ai fait quelques derniers contrôles sur le programme 2010 de l’association dont je suis le trésorier (j’assure de fait l’intérim du secrétaire démissionnaire). Entre temps, j’ai préparé ma petite cafetière expresso italienne. A 6h45, quand S. se lève (oui, parce qu’elle doit aller travailler, notamment pour une réunion le matin), on met le feu sous le lait et on prend notre petit-déjeuner.
S. part se laver et je retourne devant l’ordinateur. Je regarde les endroits où on a prévu d’aller l’après-midi : foire commerciale de Dunkerque et du*nes fos*siles de Ghy*velde. S. ne voulait pas rentrer à midi car une messe était prévue le soir à l’église de Bour*bourg en l’honneur de saint Joseph, saint patron de son école. Je ne reviendrai pas sur tout le bien que je pense de ces simagrées, mais passons. Pour m’éviter de rejoindre S. pour midi avec une seconde voiture, je consulte les horaires de train : ça tombe bien, il y a un TGV qui arrive à Dunkerque à midi (et qui part 22 minutes plus tôt de notre bonne ville « lièvresque »).
S. part de la maison à 7h45. Moi, je finis de me prélasser et je vais me laver. Une fois prêt pour le combat, je livre une première bataille : défaire le lit, ôter les deux couettes accouplées pour l’hiver de leur housse. Comme en plus, il s’agit d’un lit en 160, on imagine le volume de couette que cela représente. Je saucissonne les deux couettes avec une forte ficelle. Avant de partir pour la laverie, je lance une machine de blanc. Je ne suis jamais allé dans une laverie de la ville et je m’attends à patienter pour avoir une machine, surtout un samedi matin.
Mais non, une seule dame qui fait sécher son linge (elle vient habituellement faire sécher son linge ici quand elle ne peut le mettre dehors). Je peux donc investir les deux machines de 16 kg. Un monsieur, pas très causant, vient, lui, contrôler le lavage de son linge. Je me renseigne sur le temps du cycle de lavage complet : 45-50 minutes. On comprend pourquoi dans ce genre de laveries, le linge est moins bien lavé qu’à la maison. Ceci dit, j’ai connu à Tours une laverie avec des cycles beaucoup plus longs et avec de bien meilleurs résultats. Comme j’ai le temps, je me rends à la gare non loin de là. Constatant une immense queue au guichet, j’opte pour le distributeur automatique. Je fais un crochet par la poste, puis je retourne à la laverie où le monsieur pas très causant finira par me dire que la seule chose qui manquait ici, c’était une télé, remarque à laquelle je ne répondrai pas (quelle horreur, je préfère encore l’image du linge qui tourne que de voir une émission merdique dont TF1 a le secret).
Arrivent ensuite une dame avec ses deux gamins qui apportent nombre de cabas de linge. Elle va lancer une machine de 16 kg (que j’ai libérée peu avant) et une de 7 kg. Elle me dit qu’elle est en panne de machine et qu’elle attend la livraison de la nouvelle qu’elle vient d'acheter. Le réparateur lui avait dit que la réparation coûterait aussi cher qu’une machine neuve. Tu parles, S. et moi avons eu l’occasion de voir un reportage édifiant sur le sujet qui montre que les « réparateurs » sont majoritairement incompétents et cherchent presque systématiquement à vendre du neuf en réclamant plusieurs centaines d’euros pour un simple fil débranché.
Le gros du séchage se termine, je rentre à la maison, j’étends les couettes entre chaises et radiateur. Je vais faire un tour dans le jardin. Je plante un nouveau romarin (l’ancien a gelé), je m’interroge sur mes nouvelles plantations ou rempotages. Le téléphone sonne, mais j’arrive trop tard. Le lavage de notre machine domestique étant enfin terminé, je mets à sécher. Le téléphone sonne à nouveau. Petite musique, puis prise de parole masculine très accentuée. C’est V*eol*ia. La moutarde me monte au nez, je prends mon souffle et d’une voix vengeresse, je lui dis que la ligne, classée orange, n’est pas ouverte aux démarches commerciales, que je n’ai pas à être ainsi importuné, que je n’ai pas le temps, que je me réserve le droit de porter plainte devant de telles pratiques et que je lui souhaite une bonne journée avant de raccrocher définitivement. Qu’est-ce que ça fait du bien.
A 11h30, il est temps de partir pour la gare. J’appelle S. pour lui confirmer le train. Je pense être parti de la maison suffisamment à l’avance, mais je réalise que j’ai dû me tromper de 10 minutes sur l’heure de départ. Au moment où je prends ma place de parking, le TGV entre en gare. Mais je ne suis pas très loin. Je cours, je passe par la grille qui donne accès direct au quai, j’ai largement le temps de composter et de monter dans la première voiture qui se présente à moi (à ce stade, le train n’a que 10 % de places occupées).
A peine débarqué du train à Dunkerque, S. m’appelle pour me dire qu’elle est coincée sur la route suite à un accrochage. Elle n’aura qu’un petit quart d’heure de retard. Nous allons manger dans une brasserie du centre ville. La première bière fut la bienvenue. Le repas, aussi.
Nous nous rendons au palais des congrès. Nous nous trompons d’abord d’entrée (il y avait un salon de l’immobilier en même temps), puis nous accédons à la foire commerciale alors qu’il n’y a pas encore foule (il n’est pas encore 14 heures). A peine rentrés on se fait interpeler par un marchand de parfums et de savonnettes artisanaux. S. y trouve un parfum au muguet qu’elle avait eu peine à trouver ailleurs. Moins de 10 mètres plus loin, on lui réclame ses lunettes pour les nettoyer grâce à un produit miracle. C’est vrai qu’il est efficace, mais au prix réclamé, ça ne passe pas. Nous repérons le stand qui nous avait amené ici, mais on est encore en train de manger. Nous faisons le tour. On se fait plus ou moins interpeler. Un nombre incalculable de vendeurs de fenêtres. Dès qu’on regarde un truc, on nous tombe dessus. Puis, sans rien demander, un vendeur de fenêtres, de chaudières, de pompes à chaleur insiste très lourdement pour nous donner sa documentation. C’est tout juste si je ne me fais pas engueuler de refuser ses papelards. Nous arrivons au niveau du vendeur de housses à aspirer pour compacter le linge pour mieux le ranger dans les armoires ou les valises. Cela fait un moment que ces produits nous intéressent, mais le prix nous avait dissuadés jusqu’à présent. Une démonstration est en cours devant deux dames. Nous assistons à la scène à moitié en retrait. Compte tenu de la qualité, l’offre de prix nous paraît alléchante d’autant que pour ma part, le souvenir des couettes qui tiennent une place effarante n’est pas loin.
Nous arrivons au stand des vins du Jura Hen*ri Ma*ire pour lequel nous avions reçu une invitation. Nous avions déjà reconnu la personne que nous avions rencontrée à Arbois (voir ici). Il ne nous reconnaît pas immédiatement, mais il ne tarde pas longtemps à se souvenir que nous sommes de la ville « lièvresque » et que nous nous étions effectivement vus à Arbois au mois d’août, que nous avions acheté une bouteille de vin jaune et une de vin de paille, que je travaillais à Bail*leul, que nous n’étions pas originaires de la région, que S. était dans l’enseignement et était originaire d’une autre région que moi, etc. A-t-il été charmé par le sourire de S. ? En tout cas, même si nous ne doutons pas de nos caractéristiques exceptionnelles, il est impressionnant que ce type ait pu se rappeler de nous avec tous ces détails plus de 7 mois après notre entrevue (qui avait certes duré plus de 2 minutes), sachant qu’il voit probablement plusieurs milliers de clients par an. En tout cas, c’est un très bon commercial. Nous n’avions pas forcément décidé d’en acheter autant, mais il nous a vendu un lot intéressant et dont les vins très typés tranchent radicalement avec nos échantillons bourguignons habituels.
Après la foire, qui n’avait en fait vraiment rien d’extraordinaire, direction, comme prévu, les du*nes fos*siles de Ghy*velde (dont j’avais déjà parlé ici). J’étais une fois de plus, à la recherche de la Gagée de Bohème, Gagea bohemica (Zauschner) Schultes & Schultes fil. in Roemer & Schultes, non revue en fleur depuis plusieurs années, sans doute en partie à cause d’un surpâturage de la part des chevaux et des lapins, très nombreux sur le site. Mais le week-end dernier, un de mes collègues en avait vu un pied en fleur, certes mal formée. Une seule fleur, mais une seconde en bouton. J’avais donc des chances de voir cette rareté. Je précise que cela fait déjà bien longtemps que les gagées (voir ici la note consacrée l’an dernier à une autre espèce) sont des plantes mythiques pour moi, en raison de leur précocité, de leur rareté et parce que jusqu’à présent, je n’en avais pas vu dans la nature. Je rentre dans l’exclos de pâturage mis en place en principe pour protéger la plus importante population « historique » de cette espèce.
Je cherche là où on m’a indiqué, en vain. Elle n’a pas pu m’échapper. Les fleurs ont dû être boulotées par les lapins. J’élargis un peu la recherche, en vain. Je ressors de l’exclos et je demande si S. veut bien m’accompagner vers le deuxième ancien noyau de présence de l’espèce. Mais on ne trouve rien. Au retour, nous repassons près de la clôture de l’exclos, mais j’ai désormais fait mon deuil de voir un jour cette espèce. Et puis, là, près d’un piquet, mon regard est attiré comme par magie par la fleur.
Personne ne la voit ? Pourtant, c’est évident, elle est là.
On ne me croit pas ? Si elle est là !
Je triche ? Mais non, la voici de plus près cette fois.
Tout ça pour ça. Alors je passe en vrai mode macro. S. qui m’observe de l’autre côté de la clôture se moque de mes positions de prise de vue et du nombre de photos prises pour si peu. Mais ai-je vraiment le choix de rater ça ?
Une fois le mitraillage terminé, retour à la voiture et direction Bour*bourg où nous faisons nos provisions. Nous nous garons près de l’église (elle vaut le coup, j’en avais parlé ici) et comme nous sommes en avance, nous nous rendons au café du coin où des types, un en particulier, est complètement bourré. La patronne lui avait quand même servi une bière quand nous sommes arrivés, lui disant qu’il était fatigué parce qu’il ne se reposait pas du carnaval (de Dunkerque). Certes, les hommes ne conduisaient pas, mais comment peut-on servir des gens dans un tel état ? Ma menthe à l’eau a eu un mauvais goût.
Il était à présent l’heure de se rendre à la messe. Il y avait pas mal de monde. J’ai pu saluer plusieurs collègues de S.
Quelques élèves de S., qui ont aussi chanté. S., elle même s’est exprimée. Le curé qui, dit-on, se fait appeler « Monsieur l’Abbé » et pas autrement m’a donné une drôle d’impression : très catho (ça, on peut éventuellement l’expliquer même si ça reste toujours très énervant), mais interpelant, questionnant les enfants durant l’office. C’est la première fois que je voyais ça. Le reste semblant très classique, le jeu d’orgue avec énormément de fausses notes (et pourtant, je n’y connais rien, mais trop c’est trop), je suis sorti faire un tour sous la pluie, ce qui m’a permis de voir ça.
Revenu m’asseoir à une des chaises (qui sont bien trop basses), je ne me suis plus levé aux commandements du curé (pour qui il se prend cet agité de la croisée de transept ?). Une heure et quart après, la messe se termine enfin. Curiosité, à l’initiative des parents d’élèves, le pot de l’amitié est servi au fond de l’église. C’est aussi la première fois que je voyais ça, mais cela ne me choque nullement. Après avoir salué le directeur de S., nous sommes partis presque comme des voleurs.
Le retour se fit sous une pluie battante. Après avoir récupéré ma voiture près de la gare, nous sommes rentrés à la maison. Nous avons découvert une nouvelle fuite inédite dans la maison, cette fois probablement due à une descente d’eau de pluie. Je crains que cela ne sera pas trop évident à réparer, mais cela ne m’inquiète pas exagérément.
La tarte au Maroilles avalée, un petit tour télévisuel où il n’y avait rien de bien à notre goût, un petit tour des blogs et, après avoir refait le lit, nous nous y mettons de bonne heure. Nous avions mérité une bonne nuit, ce qui nous fut accordé.