Parce que parfois, c’est pas si mal que ça
Depuis quelques temps, du fait de l’absence de l’un de mes collègues qui s’est fait opéré, je suis amené à me rendre plus que d’habitude à des réunions sur les rés*erves na*turelles, en particulier les com*ités cons*ultatifs de ges*tion dont nous sommes systématiquement membres. Il y a quatre ans, pour remplacer des collègues, je m’étais rendu à la réunion à Amb*leteuse qui possède une rés*erve na*turelle régionale d’intérêt majeur, non pas seulement au niveau régional, ni même français, mais sans doute au moins européen compte tenu de l’existence de communautés végétales endémiques. Cette réunion avait été la foire d’empoigne avec un maire impuissant d’un côté tenu par les chasseurs qui veulent faire font ce qu’ils veulent sur la réserve en toute illégalité, un gestionnaire (pa*rc nat*urel rég*ional) inefficace, incompétent de l’autre, sous les tirs croisés d’adjoints à la limite illettrés et un éleveur idiot qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas et qui est jaloux de son ombre. Et moi là dedans, je me sentais bien seul à défendre l’intérêt public. Je prêchais véritablement dans le désert.
Quelques mois plus tard, je me suis retrouvé sur le terrain avec un technicien du pa*rc (qui lui faisait vraiment de son mieux) pour tenter de résoudre un problème d’ensablement d’un ruisseau. Peu de temps après notre arrivée, un vieux a surgi et a commencé à venir nous insulter en hurlant comme un loup enragé (encore beaucoup, beaucoup de conneries et de jalousies entre villageois, entre autres). Il tombait des cordes et nous étions bien à l’abri sous nos parapluies et imperméables et lui n’avait qu’une veste de bleu. Une heure de hurlements n’avait pas eu raison de sa hargne et il fumait comme un taureau en furie. J’ai bien fait quelques tentatives d’explications, mais je suis immédiatement passé pour un affreux extraterrestre technocrate qui n’avait rien à faire à ploucland, pays pur où l’on accepte pas qu’un étranger comme moi puisse venir fouler la terre sainte.
Depuis, les choses se sont peu à peu apaisées et ce matin, la réunion était presque consensuelle. Avant la réunion, j’ai pu prendre ces photos en passant.
Ce qu’il y a de « bien » dans ces réunions, c’est qu’on n’est jamais complètement sûr de comment ça va se passer (sauf pour certaines ré*serves où la situation est simple et où ça s’est toujours bien passé). L’autre jour, à l’autre bout de la région, le maire ne s’était pas gêné à prendre unilatéralement un arrêté contraire au principe de la ré*serve et il n’a jamais voulu admettre son erreur ou sa connerie. En clair, je suis pour la ré*serve quand ça m’arrange, mais je fais le contraire pour ne pas déplaire à ma clientèle mon électorat. Il y a du boulot ! Heureusement, pour se rassurer, il y a plein d’endroits où tout se passe en bonne intelligence.