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Cornus rex-populi
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31 mars 2008

Bergues

Le film à la gloire des contrées septentrionales dont tout le monde parle et que beaucoup de monde va voir a incontestablement certains mérites. Nous l’avons vu. Ce n’est pas très finement intellectuel ni un chef d’œuvre absolu, mais on a bien ri. On y parle de Bergues. Il s’agit encore une ville fortifiée par Vauban. Cette ville connaît un succès fou depuis la diffusion du film. Voici deux photos prises l’été dernier avant que cette cité ne sorte de l’anonymat national. Si on voit bien le beffroi (XVIe s. mais reconstruit après la guerre) dans le film, on n’y découvre pas les tours de l’ancienne abbaye de Saint-Winoc.

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29 mars 2008

Future maison ?

Ce soir, je suis célibataire. S. a une assemblée générale à Paris sur deux jours et moi j’en avais une cette après-midi et tant que trésorier en titre, il m’était difficile de ne pas m’y rendre. La séance a été intéressante, mais en quittant le lieu de réunion, je me suis senti terriblement seul. J’ai fait les provisions au supermarché sans motivation et en rentrant, j’ai retrouvé une maison vide. Un week-end de séparation, cela n’était jamais arrivé depuis le début de notre vie commune. Je n’ai pas le droit de me plaindre, mais je dois dire que l’ancien vieil ours solitaire a quelque peu changé. S. lui manque.

Pour ne pas me laisser abattre, je me permets de montrer une vue de ce qui a été évoqué ici. Ce futur logis (même s’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs car le moment où nous aurons les clés est encore loin) nous a enthousiasmé. Cette maison de ville mitoyenne paraît étroite, mais la partie visible ne doit pas faire illusion : c’est beaucoup plus grand que notre nid actuel. C’est millésimé des années 1930, mais il y a eu des « mises à jour » depuis. On aime ou on n’aime pas, mais nous, ça ne nous déplaît pas du tout. Je ne reviens pas sur ce qu’à dit ma chère et tendre, mais cela fait quand même un drôle d’effet de s’engager sur un tel projet. Je suis encore fatigué de n’avoir pas bien dormi ces dernières nuits. La machine a été difficile à mettre en route : la lecture des catalogues, petites annonces et sites internet avaient tendance à me déprimer devant la grande pauvreté de l’offre correspondant à notre budget et à notre besoin. Mardi, le parcours du combattant que je me suis infligé entre agences immobilières et cabinets de notaires m’avait un peu refroidi jusqu’à ce qu’on tombe sur une personne (la dame de l’agence) avec laquelle le courant est très bien passé, qui a capté notre état d’esprit et a su nous prendre de la bonne façon. Il faut que je vous dise que j’appréhendais cet exercice. Je me voyais engager un combat de marchand de tapis et être confronté à des agents immobiliers arrogants et curieux (il y en avait dans ceux que nous avons rencontrés – mis à part ceux qu’on avait plus que l’impression d’emmerder). Je ne voyais pas d’un très bon œil non plus que la plupart des agences nous proposent des habitations dans des endroits qui ne me plaisent pas (parce que c’était moins cher). Alors, il ne faut pas croire que l’on va faire une affaire exceptionnelle (tout le monde dit ça pour se rassurer), mais je crois que nous sommes tombés au bon moment au bon endroit. La dame de l’agence n’allait certainement pas dire que nous ne faisions pas une bonne affaire, mais elle a été elle-même surprise que cela se goupille aussi vite et dans la bonne entente générale. Je suis très heureux de l’enthousiasme de S. et je dois dire qu’il y a de quoi.

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25 mars 2008

Désensibilisation

Voici une note dont j’ai déjà évoqué çà et là quelques éléments. Les voici remis de façon plus cohérente. Désolé de faire encore une note pas drôle et un peu nombriliste.

Dans le milieu de la matinée du 31 juillet 2000, je décide d’aller faire un petit peu d’élagage dans un sentier forestier. Mon père m’accompagne. Pour ce faire, je me suis muni d’une tronçonneuse. Tout se passe bien, le travail ne devant pas durer au delà de midi. Au bout de quelques minutes, alors que je coupe des branches basses d’épicéa, je ressens une piqûre au pli du genou gauche. Rien, d’alarmant, un aiguillon de ronce aura traversé le pantalon, comme cela arrive si souvent. Puis, ça me pique à nouveau. A cet instant, je m’aperçois que j’ai mis le pied sur un nid de guêpe qui se trouvait à même le sol. Je me ferai piquer à 6 endroits (par 6 guêpes) sur les jambes, un bras, la main. Dès cet instant, ma réaction est telle que je me coupe le pantalon (heureusement, que le pantalon) avec la tronçonneuse. Je la pose sans même prendre le soin de l’arrêter. Sans demander mon reste, je saute dans la voiture de mes parents pour regagner la maison, laissant mon père seul (j’irai le rechercher peu après). A la maison environ 5 min après, je me munis d’un « aspivenin »*. La douleur est vive et je crois ainsi l’atténuer. Peine perdue, le venin a largement eu le temps de diffuser. Enfin, rien d’alarmant, je me suis déjà fait piquer par des guêpes une bonne quinzaine de fois.

Au bout d’une heure, le feu du venin s’est à peine dissipé mais je commence à rougir sérieusement (utricaire géant en train de s’étendre). Mais je ne m’affole pas. Quelques minutes à peine après ça, j’ai l’impression que mes conduits auditifs enflent de l’intérieur. Quelques instants plus tard, je me regarde dans la glace et je me rends compte que mon visage présente une bande centrale enflée : impressionnant. Ma mère commence à devenir très inquiète et moi aussi. Elle me dit qu’il faut aller à l’hôpital sans tarder. Elle m’accompagne, mais c’est moi qui conduit : une erreur qui aurait pu m’être fatale car entre la maison et l’hôpital, il y a une route très pentue et sinueuse. Arrivés aux urgences, je commence à ressentir de curieuses sensations pulmonaires : je continue à respirer normalement, mais je me sens oppressé. Le médecin en me voyant ne s’affole pas outre mesure. Je lui explique très brièvement que cela fait bien une heure et demie que je me suis fait piquer. On m’installe sur la table d’examen. On va me perfuser pour plus de facilité. A l’instant où l’on me pique le bras, ma vue se trouble (c’est la première fois que cela m’arrivait ainsi). Je ne sais pas comment ils ont fait, mais ils m’ont remis en route à coup d’adrénaline. Ils m’ont mis un masque à oxygène et m’ont mis sous monitoring. Cela va mieux. Cela ne dure pas. Je commence à étouffer, d’abord de façon modérée. Ma vue ne se trouble plus, mais je sens que la nuit tombe (il est environ 13 heures et il fait un magnifique soleil). Ma mère est près de moi. J’ignore ce qu’elle me dit à ce moment là à part démentir que la nuit ne tombe pas. Je recommence à étouffer de façon violente alors que je suis déjà sous oxygène. Je crois qu’à cet instant j’ai reçu une nouvelle dose d’adrénaline qui a fait que la nuit n’est pas tout à fait tombée. J’étouffe, c’est horrible. Un médecin me dit « ça va aller, on vous soigne ». Et moi je vois bien que ça ne va pas, mais je m’accroche à ce qu’il me dit. Pendant ce temps là, je reçois des corticoïdes et des antihistaminiques à doses de cheval. A un moment donné, je ressens un léger mieux. Puis cela va de mieux en mieux. Mais j’ai transpiré à un point. J’ignore combien de temps a duré ma crise (choc anaphylactique), mais quand on étouffe chaque seconde paraît une éternité.

Au bout d’une heure (environ), je me sens très fatigué mais de nouveau très en forme. Je crois que l’on va me laisser repartir. Eh bien non, on me garde en observation pour 24 h, toujours avec mes branchements. J’enrage. On continue de m’administrer des médicaments par l’intermédiaire de la perfusion. Le soir venu, on diminue la fréquence des prises automatiques de tension (toutes les heures désormais). Je tente de m’endormir, c’est ce que je fais, mais l’appareil se met en alarme. L’infirmier n’a rien entendu. Il devait regarder la série « Urgences » (véridique). Quelques temps plus tard, même chose et cette fois-ci, il accourt. Tout va bien, mais l’appareil est réglé de façon trop sensible : à l’instant où je m’endors, le taux d’oxygène dans le sang diminue et l’alarme se met en route**. L’infirmier me demandera le lendemain si je n’étais pas fumeur. Cela et les prises de tension ont fait que je n’ai pas dormi de la nuit. Le matin, des cris de vieux séniles dans les couloirs (eh oui, il y a ça aussi aux urgences). On m’oublie pour le petit-déjeuner (j’étais dans une chambre spéciale). A midi, j’ai droit à mon repas. Je me fais gentiment remonter les bretelles par le médecin de la veille. Il me dit que je suis passé à deux pas de la correctionnelle et que j’aurais dû me rendre immédiatement à l’hôpital après m’être fait piquer. Et si cela se reproduisait (une simple piqûre), j’aurais peut-être moins de 10 min pour réagir. Il ne sut pas que j’avais conduit avant d’arriver aux urgences et qu’à quelques minutes d’écart, j’aurais pu me retrouver au fond d’un ravin.

Alors, évidemment, cela fait réfléchir (pas immédiatement, on se rend compte de la gravité qu’au bout d’un certain temps). On me conseilla fortement d’aller voir un allergologue. Je le fis à Tours. Puis j’eus des tests à l’hôpital. Compte tenu du côté contraignant de l’affaire, ce n’est qu’en juin de l’année suivante que commença ma désensibilisation. La première séance fit l’objet d’une hospitalisation de 24 heures. Ce fut assez éprouvant : j’avais alors des épaules qu’auraient enviées le dernier champion français de natation. La seconde séance, toujours à l’hôpital, fut plus légère. Enfin, mon médecin accepta de me faire les piqûres mensuelles, non sans certaines précautions. Tout se passa bien. On me dit au départ que mon traitement durerait 3 ans, puis 3 à 5 ans, puis 5 à 10 ans. Ce matin, j’ai passé de nouveaux tests. On m’a répété que compte tenu de la gravité de mon cas, je risquais d’en prendre pour perpétuité. Il est vrai que le protocole lillois est différent de la méthode tourangelle. Mais bon. La bonne nouvelle, c’est que je ne réagis plus au venin de guêpe, même à la plus forte concentration. On attendra les verdicts de la prise de sang et du professeur.

* L’« aspinenin » a peut-être une certaine utilité vis-à-vis de la douleur lorsqu’il est utilisé immédiatement et pour une seule piqûre, mais il est parfaitement inutile lorsqu’il est utilisé avec un certain décalage ou lorsqu’on est allergique.

** Je crois que c’est à la suite de cette expérience (mon étouffement et cette fichue alarme) que j’ai commencé à avoir parfois (de moins en moins souvent semble-t-il) la sensation, de croire qu’en m’endormant j’allais oublier de respirer que j’allais étouffer. D’où des réveils successifs. J’ai beau me raisonner, j’ai toujours cette peur d’étouffer qui demeure inconsciemment.

24 mars 2008

Prison

On a tous lu, entendu ou vu des reportages sur les prisons en France ou dans les pays dits démocrates et civilisés. Je n’ai heureusement jamais été confronté directement à la prison. Mais ce que j’en connais, par l’intermédiaire des différents témoignages, me fait horreur. Et quelque part, j’ai honte. Les cas où la prison apporte une certaine efficacité sont assez rares. La plupart du temps, la prison est l’école de la récidive, souvent en pire. Ou bien elle casse les gens, les détruit de façon plus ou moins irrémédiable. Dans de tels cas, où se trouve la mission de réinsertion de la prison ? Elle est quasiment absente.

La faute à qui ? D’abord sans doute à chacun de nous, les « honnêtes gens » qui considérons que la prison est une punition, une « juste » vengeance. Ou bien un bon moyen de se débarrasser des gens encombrants. Effectivement, la prison est un bon moyen de se prémunir des voyous et criminels qui nous empoisonnent l’existence, nous agressent, nous volent, nous tuent… Nous ne voulons pas investir dans ces déchets de la société. Donc, si les prisons sont plus que surchargées, si les gens y sont entassés dans des conditions plus que précaires, nous nous en moquons royalement : après tout, ils l’ont bien cherché, c’est bien fait pour eux. Donc, la prison doit coûter le moins cher possible et à quoi bon faire de la réinsertion, ils n’en valent pas la peine, ils ne valent rien. On ne veut plus les voir. Suis-je si caricatural que ça ? La faute en revient ensuite aux décideurs politiques qui sont pour une bonne partie le reflet de la société toute entière, en particulier sa frange la plus conservatrice. Malgré les rapports officiels qui dénoncent la situation scandaleuse dans laquelle se trouvent les prisons françaises, le monde politique n’a aucune intention d’y remédier. La seule chose que l’on fait, c’est construire de nouvelles prisons dont la conception – une première – est concédée aux grandes sociétés privées de BTP. Mais en même temps, la population carcérale ne cesse de progresser et cela ne va pas s’améliorer avec les nouvelles dispositions gouvernementales.

Je voulais ensuite apporter quelques témoignages qui pourront paraître très insignifiants mais qui m’interpellent.

Le premier concerne un cousin (P.) peu éloigné. Jeune, je le voyais plusieurs fois par an à l’occasion des repas de famille. C’était un jeune comme un autre, pas méchant pour un sou. Il n’était pas très doué à l’école, mais rien d’alarmant non plus. C’est un enfant adopté (je ne sais plus à quel moment ses parents lui ont dit). J’ignore si cela a eu de conséquences importantes, mais je sais que ses parents n’ont jamais eu une grande sévérité avec lui. Enfant, cela ne semblait pas poser de graves problèmes tant il semblait calme, mais à l’adolescence, tout a changé. Ce sont succédés les échecs scolaires, la violence (il a été très tôt beaucoup plus costaud que son père et ce dernier a craint de se faire frapper). Les mauvaises fréquentations sont rapidement arrivées et en définitive, les premiers petits larcins d’abord sans grandes conséquences. Puis après 18 ans et le permis de conduire, des actes de délinquance de plus en plus graves. Et donc la prison. Il a dû faire au moins une demi douzaine de séjours en prison, parfois plusieurs mois d’affilée. Alors ce que je sais de lui fait que je pense que c’est quelqu’un de très influençable et de très naïf. Je ne pense pas qu’il soit fondamentalement méchant. Je n’explique même pas comment ses parents (eux qui sont d’une exceptionnelle gentillesse et honnêteté) ont été traités par la police qui a débarqué je ne sais combien de fois à la maison, ont perquisitionné. Ils ont été maltraités. Pas très étonnant que sa mère, déjà fragile, ait été autant affectée. La dernière fois que je l’ai rencontrée, j’ai vu une petite vieille qui sait à peine si elle est au monde alors qu’elle est plus jeune que ma mère. P., lui, sans doute par un concours de circonstance, a retrouvé sa mère biologique (une patronne d’une moyenne entreprise). Ce fut sans doute une sorte de coup de foudre : elle l’embaucha dans son entreprise, mais bien vite cela s’est dégradé et elle ne voulut plus le voir. Je ne connais pas les détails de l’affaire et même si j’avais des détails, je ne crois pas qu’ils seraient dignes de foi tant P. est mythomane. Il est assez vite retourné en prison. J’ignore s’il y est encore.

En 2004, alors que faisais, seul, de la cartographie de la végétation dans la vallée de la Seine en Haute-Normandie, je me suis retrouvé pendant plusieurs jours avec comme pour horizon plus ou moins proche la prison de Val-de-R*euil au sud-est de Rouen. Une prison moderne avec une triste réputation. Cette prison se trouve complètement en dehors de la ville (elle-même une ville nouvelle très moche). C’était en été, j’y voyais des détenus laisser pendre des sacs plastiques aux barreaux des fenêtres, y passer les mains. Tout aussi déprimant, j’ai vu des familles, comme honteuses venir faire des visites. Une ambiance qui me pesa à un haut point : j’avais hâte d’aller dans une autre boucle de la Seine.

Le week-end dernier, un de nos invités (un gardien de prison), évoqua certains aspects de son métier. Ce n’est pas lui qui avait évoqué le sujet de lui-même, mais avait répondu aux sollicitations de sa compagne. Cette dernière était outrée du comportement des gardiens de prison lorsqu’ils décidaient de « mater » certains mauvais comportements de certains détenus. Lui disait qu’ils étaient obligés de le faire pour « faire un exemple » et en définitive, pour avoir un peu plus la paix et éviter d’autres débordements. Elle prononça le verbe tabasser. Lui non, mais il ne le démentit pas. D’autres choses très glauques nous furent contées, notamment l’assassinat horrible d’un gardien de prison ou un non moins horrible co-détenu. Lui, un homme remarquable de calme, de douceur et de gentillesse se dit, je crois à regret, de plus en plus extrémiste dans sa vision des choses par rapport à son métier. Il semble dégoûté par ce qu’il y vit et y voit. Il préfère donc opter pour les solutions les plus simplistes dans l’exercice de son métier. Sa compagne lui reproche qu’il a oublié sa mission de réinsertion. Lui, répond que cela ne peut fonctionner qu’avec certaines personnes. Elle (instit) lui répond qu’avec ses élèves, elle ne choisit pas d’en laisser sur le côté de la route. Lui, dit qu’il ne peut pas faire autrement, que certains détenus sont profondément mauvais et irrécupérables. J’ai ressenti que cet homme, à qui on faisait des reproches, parfois justifiés, se sentait blessé car il ne pouvait bien entendu pas endosser à lui seul tout ce qu’on reproche au monde carcéral. Il a fini par dire que ceux qui ne connaissent pas la prison ne peuvent pas se rendre compte de la situation. C’est sans doute vrai. Dans un tel contexte, que peut individuellement à son échelle un gardien de prison ? Curieusement, je n’ai absolument pas participé au débat, mais j’y ai pensé une grande partie de la nuit suivante. Je ne sais pas si cela ne m’a pas empêché de dormir. Je voulais en parler dans une note. C’est aujourd’hui seulement que j’y reviens.

Alors, bien entendu, je n’ai pas de solution. Mais ne ferions-nous pas quand même de nous poser la question de la prison ? Ne faut-il pas faire de sérieux efforts de prévention ? Ne faut-il pas inventer d’autres solutions ? Cela coûte cher ? Mais que valent toutes les conséquences de la délinquance et de la prison, financièrement et humainement parlant ?

23 mars 2008

Euthanasie

Je n’ai pas tellement pour habitude de commenter l’actualité comme cela se fait sur beaucoup de blogs. Aujourd’hui, je le fais, non pas en réaction à l’affaire trop abondamment traitée dans les médias, mais pour donner mon sentiment personnel.

Le mot euthanasie m’a longtemps fait peur quand j’étais jeune. Je crois bien que j’en avais compris le sens très tôt, mais ce mot contenait pour moi la sonorité [nazi], synonyme de mort violente.

Dans mon entourage, on a souvent évoqué la possibilité d’en finir en se donnant la mort si on finissait par se retrouver dans un état de déchéance avancé. Encore qu’il faudrait préciser cet « état de déchéance avancé ». Longtemps, tout cela me parut bien théorique parce que je me sentais finalement assez loin de ces cas d’euthanasie. Et puis on grandit, on lit, on entend des témoignages. Un jour (il y a environ 8 ans), je vois un reportage à la télévision : un type qui lorsqu’il était bien portant avait toujours dit à sa femme que si un jour il était dans un « état de déchéance avancée », il voudrait en finir. Or ce monsieur, encore relativement peu âgé se trouvait dans un très sale état suite à une maladie incurable : complètement paralysé, assisté et branché de partout. Eh bien ce monsieur qui, malgré son état extrêmement grave, ne semblait pas souffrir et ne demandait pas la mort. Il s’accrochait à ce petit bout de parcelle de vie qui lui restait. Ces images, le témoignage de sa femme me touchèrent au plus haut point. Et je crois (comment être sûr ?) que me suis forgé une conviction : la vie vaut toujours d’être vécue jusqu’au bout, à condition de ne pas souffrir. Évidemment, tout le problème réside dans cette éventuelle souffrance. Sans cette dernière, se suiciderait-on ?

En novembre 2003, un vieil ami (il avait plus de 80 ans) dont j’ai déjà évoqué ici la mémoire mettait fin à ses jours en se tirant une balle de pistolet. Mort ô combien violente. Certes, il était malade : problèmes cardiovasculaires, goutte, autres problèmes apparemment moins graves. C’était un homme qui avait toujours été dur à la tâche (il était artisan maçon « à l’ancienne »), qui avait vécu des moments difficiles dans sa jeunesse en tant que résistant notamment. A cause de ses problèmes cardiaques, il avait été obligé de prendre sa retraite avec un peu d’anticipation, mais il était resté très actif. Mais en vieillissant, il avait fini par devenir épouvantablement hypochondriaque. Il était également devenu très acariâtre, notamment avec sa femme et il déprimait carrément. Sa maladie physique semblait contenue mais il ne supportait plus d’être dépassé par la maladie. Et surtout il ne croyait plus ce que les médecins lui disaient, c’est-à-dire qu’il n’était pas physiquement plus malade qu’avant. Psychiquement, c’était autre chose : il n’en pouvait plus. Bien des années avant, alors qu’il était encore en pleine forme, il avait évoqué la possibilité d’en finir exactement comme il l’a fait. Bien des personnes n’avaient pas pensé qu’il le ferait. Moi, je savais qu’il pouvait le faire. Je n’ai donc pas été tellement étonné par son suicide. N’étant pas suffisamment proche de lui, en tout cas à ce moment là, j’ignore le chemin exact qu’il a emprunté pour en arriver là. J’ignore si le corps médical a été à la hauteur ou à quel point il aurait accepté la thérapeutique. En tout état de cause, je ne suis pas loin de penser (sa femme était en tout cas sur cette longueur d’onde) que cette façon d’en finir fut une libération. Peut-être aussi est-ce moins choquant de partir ainsi à cet âge là ?

Alors, pour en revenir à l’actualité, je ne suis a priori pas tellement d’accord pour la légalisation de l’euthanasie parce qu’elle constitue une forme de permis de tuer. L’homme en pleine santé que je suis, l’homme qui ne connaît aucun problème important, l’amoureux de la vie que je suis me dit que même plongé dans un « état de déchéance avancée », je voudrais encore m’accrocher jusqu’au bout. Je ne voudrais pas qu’on décide à ma place. Je ne veux pas non plus qu’on prétexte une fallacieuse volonté d’euthanasie pour se débarrasser des gens encombrants (c’est là que ressurgit l’idée de [nazi]). En même temps, je me dis que l’on doit tout faire pour soulager les souffrances et le milieu hospitalier français a encore du boulot sur la planche et de gros progrès à faire sur le sujet. Enfin, il me semble que lorsqu’on a épuisé tous les recours et que l’on y a eu effectivement et pleinement accès, il semblerait que l’on devrait avoir le droit d’en finir. Seulement, c’est là qu’est le hic : l’euthanasie active ne doit en aucun cas être un palliatif aux carences du monde hospitalier. Avec le délabrement du monde hospitalier qui devrait se poursuivre et s’amplifier dans les années à venir (nos gouvernements s’y emploient activement), j’ai bien peur que la légalisation de l’euthanasie se transforme en moyen thérapeutique. Cela fait froid dans le dos.

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23 mars 2008

Pâques blanches

Ce matin, au lever, Pâques nous a fait une surprise. Point d’œufs à aller quérir dans le jardin dans lequel une mère poule ne retrouverait d’ailleurs pas ses petits. L’hiver passé, ce jardin retrouve peu à peu au printemps des couleurs, de la verdure et même des fleurs. Notre « backyard » peut même revêtir un aspect tout à fait sympathique au printemps. Nous sommes bien officiellement au printemps, mais la neige était pourtant bien là (environ 2 cm). A l’heure où je publie cette note, il en reste encore.

Que l’on y croit ou que l’on n’y croit pas comme moi, je souhaite de joyeuses Pâques à tout le monde.

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21 mars 2008

Ne pas confondre...

Même si cela fait partie des pièges assez classiques pour étudiant, je ne pensais pas forcément attirer mes chers lecteurs dans un guet-apens perfide puisque ici même j’avais présenté la même plante l’an dernier. Oui, les photos D de la note précédente représentaient bien Potentilla sterilis (L.) Garcke (Potentille stérile). Mon grand-père appelait ça (et ma mère encore) le « Mallouissi bâtard ».

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Et non pas Fragaria vesca L. (Fraisier sauvage). Je mets une photo issue de Wikipedia parce que je n’ai que des diapos de cette espèce.

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On remarquera, entre autres, la petitesse des pétales (qui ne se touchent pas et sont légèrement échancrés au sommet) de la première, la grande taille relative des sépales. Sur la seconde, on distingue moins les sépales, les pétales sont plus grands et se touchent et le « cœur » est plus volumineux et plus jaune.

19 mars 2008

Crépuscules en fleurs

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Voici quelques photos prises en conditions presque crépusculaires ces deux derniers soirs.

A : Hepatica nobilis Schreb. (Anémone hépatique)

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B : Narcissus sp. (Jonquille)

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C : Pulsatilla vulgaris Miller (Anémone pulsatille)

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D : j’ai oublié ce que c’était ; quelqu’un pourrait-il me rafraîchir la mémoire ?

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18 mars 2008

Réputation transrégionale

Samedi, visite presque impromptue et éclaire, mais fort sympathique d’un oncle et d’une tante de S. de passage dans le coin pour un mariage (non, pas le notre). L’air breton a donc soufflé sur la Flandre. Et comme ma chère épouse ne possède aucune réputation vis-à-vis de certains dérivés de Theobroma cacao L., on lui a offert ça :

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16 mars 2008

Anniversaire

C’était hier son anniversaire. Ce n’est pas tous les jours que l’on a cet âge là, mais une seule fois par vie. Cela tombe bien, cette femme est celle de ma vie et je l’aime, tout simplement. Et elle est tout simplement belle. J’ai de la chance.

S

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