Expériences radiophoniques et télévisuelles
KarregWenn évoquait il y a peu sa dernière expérience radiophonique et un peu plus tôt, nous disions que nous n’aimions pas nos propres voix. C’est ça qui justifie de parler des mes propres expériences avec la radio ou la télévision.
Ma première expérience, ce fut avec Radio-France Touraine (avant le changement de nom en France Bleu Touraine), en 1999 il me semble. Doctorant à l’époque, quelqu’un avait donné mon nom pour parler des plantes exotiques envahissantes (« plantes invasives » – c’était la terminologie utilisée à l’époque et qui est encore dominante, mais là n’est pas le problème même si ce vocabulaire mériterait une analyse) qu’on trouvait dans le lit ou sur les berges de la Loire. Déjà à l’époque, il existait de fortes populations de jussies : Ludwigia peploides (Kunth) P.H. Raven (Jussie faux-péplis) et Ludwigia grandiflora (Michaux) Greuter & Burdet (Jussie à grandes fleurs) en plus d’un tas d’autres espèces problématiques.
Le journaliste, la quarantaine bien sonnée, avait fait le voyage jusqu’à Chinon pour me rencontrer et il m’avait laissé du temps pour que je lui explique, avec force pédagogie tous les tenants et les aboutissants de la chose, afin d’éviter des simplifications excessives alors que la problématique scientifique n’est pas si évidente. Après ça, nous étions passés à l’interview. Une fois ma voix dans la boîte, il me dit qu’il me rappellerait très probablement, mais il n’en fut rien. Le lendemain, je passais à la radio à deux reprises (avec des propos différents) dans deux journaux du matin. Mais dans l’un des passages on avait scandaleusement manipulé mes propos. Du genre, une voix affirme une chose et fait mine de me poser une question et on m’entendait répondre à une autre question, de telle sorte qu’en définitive, on me faisait dire le contraire de ce que j’avais expliqué au journaliste en long en large et en travers. Je fus donc extrêmement déçu par cette expérience.
Ma deuxième expérience eut lieu au printemps 2000. Cette fois, il s’agissait de contribuer à un reportage sur la Loire par et pour France 3 (plusieurs régions dont la Bourgogne). C’était un ami qui m’avait demandé de l’accompagner sur le terrain pour cette émission qui était centrée sur le Bec d’Allier.
Je me souviens que nous étions arrivés un jeudi en fin d’après-midi à Nevers et nous avions rencontré le réalisateur et nous lui avions montré notre terrain de jeu pour qu’il se rende compte comment il allait mener son affaire. Le lendemain, le réalisateur fut rejoint par 3 personnes (caméraman, preneur de son et assistant), nous sommes partis dans différents points où nous devions discourir sur la problématique des inondations, des levées, des déversoirs de crue et de l’étude de la végétation (raison de ma présence). Dans une forêt alluviale, on me filma en train de relever le niveau d’eau dans un tube piézométrique tout en donnant des explications sur l’intérêt de faire ça (j’ai recommencé 2 ou 3 fois).
Après, il s’agissait de montrer comment on faisait un inventaire quantifié de la végétation (complètement pipeauté car nous devions être plus démonstratifs que la réalité). Et puis, on nous filma en train de marcher dans la forêt (en train d’arriver là où on devait arriver par l’endroit opposé à celui où on arrivait normalement). Enfin, je m’étais, nous nous étions pliés sans problème à ce genre d’exercice, qui dura quand même toute la matinée. Puis nous allâmes manger dans mon auberge habituelle du Bec d’Allier. Habituelle car j’y allais souvent à l’époque quand je travaillais sur le terrain dans le coin. Un petit restaurant simple, sympa et bon marché. Ne résidant pas habituellement en Bourgogne, je n’avais pas pu voir le reportage, ni le visionner a posteriori car à l’époque je n’avais pas accès à un magnétoscope.
Ma troisième expérience fut avortée. Il s’agissait de France 3 national qui voulait m’interroger pour avoir mon sentiment sur l’inscription de la Loire au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. Avortée, parce que cette inscription échoua dans un premier temps ; il fallut attendre l’année suivante pour que l’inscription soit confirmée, mais on ne me rappela pas.
Ma quatrième expérience, au printemps 2002 si je me souviens bien, fut avec France Bleu Touraine. Compte tenu de mon expérience amère avec cette radio, j’avais posé quelques conditions. Le journaliste voulait m’interroger sur les bords de Loire. Je lui avais proposé un lieu précis, un des plus extraordinaires, non loin du Bec de Vienne. Le sujet de l’interview tournait autour de la biodiversité liée au fleuve et de mon travail de thèse. Je n’ai pas eu l’occasion d’écouter l’émission où ma voix a été diffusée.
Ma cinquième expérience, c’était en 2006, au sujet du pollen et des graminées. Je n’y reviens pas, j’en ai déjà parlé ici et là.
Ma sixième et dernière expérience en date, c’était jeudi dernier (comme annoncé ici). Je me suis pointé aux studios de la chaîne locale (W*é*o) pour l’heure qui m’avait donnée l’attaché de presse du Conseil régional. En fait, je suis arrivé un peu en avance. Je me présente à l’accueil et on me dit que le Vice-président du Conseil régional, retenu ailleurs, ne viendra finalement pas, mais sera remplacé par quelqu’un. Quelques instants plus tard, arrive la journaliste présentatrice de l’émission sur le plateau de laquelle nous devons être interviewés. Elle m’annonce que ce sera finalement une Conseillère régionale qui sera là, qui n’est autre que la Présidente de ma structure. Pas une inconnue, donc… Elle m’emmène me faire maquiller : une première pour moi. Cela me fait une drôle de tête. Puis, la journaliste se fait maquiller à son tour. Cela durera 2 à 3 fois plus longtemps que pour moi et ce n’est pas parce que j’ai une plus belle peau. Ma Présidente arrive, se fait maquiller à son tour et on nous installe des micros. Puis, on se rend sur le plateau. On nous installe dans une banquette à deux places que je trouve bien étroite et qui va me gêner pendant tout l’enregistrement, ne sachant pas que faire des mes bras : bref, c’est mal fichu. La journaliste, elle, est installée dans un fauteuil à une place, tout comme une chroniqueuse belge. Le thème de l’émission, c’est l’actualité transfrontalière avec les régions des pays voisins. Notre travail avec le Kent entrait donc dans le champ de cette émission. La journaliste fait une première annonce, puis la première question s’adresse à moi. On m’a prévenu, il s’agit d’une émission grand public et je ne peux me lancer dans des explications scientifiques, alors ce n’est pas évident. Je ne suis pas très à l’aise (j’ai regardé hier la première diffusion de l’émission et c’était affreux : voix et attitude). Puis, l’émission se poursuit avec plusieurs reportages ou chroniques ponctués de nos interventions. A un moment donné, j’ai très envie de répondre à la place de ma Présidente, mais je me retiens, ne voulant pas mettre par terre cet édifice qui ressemble à du direct. Sur la fin, je suis un peu plus à l’aise (je précise que je n’avais pas préparé mes réponses), mais en me regardant je m’étonne de mes attitudes, de ma gestuelle et même de ma voix, comme si ce n’était pas moi. Curieuse impression.