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Cornus rex-populi
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30 mai 2010

Expériences radiophoniques et télévisuelles

KarregWenn évoquait il y a peu sa dernière expérience radiophonique et un peu plus tôt, nous disions que nous n’aimions pas nos propres voix. C’est ça qui justifie de parler des mes propres expériences avec la radio ou la télévision.

Ma première expérience, ce fut avec Radio-France Touraine (avant le changement de nom en France Bleu Touraine), en 1999 il me semble. Doctorant à l’époque, quelqu’un avait donné mon nom pour parler des plantes exotiques envahissantes (« plantes invasives » – c’était la terminologie utilisée à l’époque et qui est encore dominante, mais là n’est pas le problème même si ce vocabulaire mériterait une analyse) qu’on trouvait dans le lit ou sur les berges de la Loire. Déjà à l’époque, il existait de fortes populations de jussies : Ludwigia peploides (Kunth) P.H. Raven (Jussie faux-péplis) et Ludwigia grandiflora (Michaux) Greuter & Burdet (Jussie à grandes fleurs) en plus d’un tas d’autres espèces problématiques.

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Le journaliste, la quarantaine bien sonnée, avait fait le voyage jusqu’à Chinon pour me rencontrer et il m’avait laissé du temps pour que je lui explique, avec force pédagogie tous les tenants et les aboutissants de la chose, afin d’éviter des simplifications excessives alors que la problématique scientifique n’est pas si évidente. Après ça, nous étions passés à l’interview. Une fois ma voix dans la boîte, il me dit qu’il me rappellerait très probablement, mais il n’en fut rien. Le lendemain, je passais à la radio à deux reprises (avec des propos différents) dans deux journaux du matin. Mais dans l’un des passages on avait scandaleusement manipulé mes propos. Du genre, une voix affirme une chose et fait mine de me poser une question et on m’entendait répondre à une autre question, de telle sorte qu’en définitive, on me faisait dire le contraire de ce que j’avais expliqué au journaliste en long en large et en travers. Je fus donc extrêmement déçu par cette expérience.

Ma deuxième expérience eut lieu au printemps 2000. Cette fois, il s’agissait de contribuer à un reportage sur la Loire par et pour France 3 (plusieurs régions dont la Bourgogne). C’était un ami qui m’avait demandé de l’accompagner sur le terrain pour cette émission qui était centrée sur le Bec d’Allier.

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Je me souviens que nous étions arrivés un jeudi en fin d’après-midi à Nevers et nous avions rencontré le réalisateur et nous lui avions montré notre terrain de jeu pour qu’il se rende compte comment il allait mener son affaire. Le lendemain, le réalisateur fut rejoint par 3 personnes (caméraman, preneur de son et assistant), nous sommes partis dans différents points où nous devions discourir sur la problématique des inondations, des levées, des déversoirs de crue et de l’étude de la végétation (raison de ma présence). Dans une forêt alluviale, on me filma en train de relever le niveau d’eau dans un tube piézométrique tout en donnant des explications sur l’intérêt de faire ça (j’ai recommencé 2 ou 3 fois).

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Après, il s’agissait de montrer comment on faisait un inventaire quantifié de la végétation (complètement pipeauté car nous devions être plus démonstratifs que la réalité). Et puis, on nous filma en train de marcher dans la forêt (en train d’arriver là où on devait arriver par l’endroit opposé à celui où on arrivait normalement). Enfin, je m’étais, nous nous étions pliés sans problème à ce genre d’exercice, qui dura quand même toute la matinée. Puis nous allâmes manger dans mon auberge habituelle du Bec d’Allier. Habituelle car j’y allais souvent à l’époque quand je travaillais sur le terrain dans le coin. Un petit restaurant simple, sympa et bon marché. Ne résidant pas habituellement en Bourgogne, je n’avais pas pu voir le reportage, ni le visionner a posteriori car à l’époque je n’avais pas accès à un magnétoscope.

Ma troisième expérience fut avortée. Il s’agissait de France 3 national qui voulait m’interroger pour avoir mon sentiment sur l’inscription de la Loire au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. Avortée, parce que cette inscription échoua dans un premier temps ; il fallut attendre l’année suivante pour que l’inscription soit confirmée, mais on ne me rappela pas.

Ma quatrième expérience, au printemps 2002 si je me souviens bien, fut avec France Bleu Touraine. Compte tenu de mon expérience amère avec cette radio, j’avais posé quelques conditions. Le journaliste voulait m’interroger sur les bords de Loire. Je lui avais proposé un lieu précis, un des plus extraordinaires, non loin du Bec de Vienne. Le sujet de l’interview tournait autour de la biodiversité liée au fleuve et de mon travail de thèse. Je n’ai pas eu l’occasion d’écouter l’émission où ma voix a été diffusée.

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Ma cinquième expérience, c’était en 2006, au sujet du pollen et des graminées. Je n’y reviens pas, j’en ai déjà parlé ici et .

Ma sixième et dernière expérience en date, c’était jeudi dernier (comme annoncé ici). Je me suis pointé aux studios de la chaîne locale (W*é*o) pour l’heure qui m’avait donnée l’attaché de presse du Conseil régional. En fait, je suis arrivé un peu en avance. Je me présente à l’accueil et on me dit que le Vice-président du Conseil régional, retenu ailleurs, ne viendra finalement pas, mais sera remplacé par quelqu’un. Quelques instants plus tard, arrive la journaliste présentatrice de l’émission sur le plateau de laquelle nous devons être interviewés. Elle m’annonce que ce sera finalement une Conseillère régionale qui sera là, qui n’est autre que la Présidente de ma structure. Pas une inconnue, donc… Elle m’emmène me faire maquiller : une première pour moi. Cela me fait une drôle de tête. Puis, la journaliste se fait maquiller à son tour. Cela durera 2 à 3 fois plus longtemps que pour moi et ce n’est pas parce que j’ai une plus belle peau. Ma Présidente arrive, se fait maquiller à son tour et on nous installe des micros. Puis, on se rend sur le plateau. On nous installe dans une banquette à deux places que je trouve bien étroite et qui va me gêner pendant tout l’enregistrement, ne sachant pas que faire des mes bras : bref, c’est mal fichu. La journaliste, elle, est installée dans un fauteuil à une place, tout comme une chroniqueuse belge. Le thème de l’émission, c’est l’actualité transfrontalière avec les régions des pays voisins. Notre travail avec le Kent entrait donc dans le champ de cette émission. La journaliste fait une première annonce, puis la première question s’adresse à moi. On m’a prévenu, il s’agit d’une émission grand public et je ne peux me lancer dans des explications scientifiques, alors ce n’est pas évident. Je ne suis pas très à l’aise (j’ai regardé hier la première diffusion de l’émission et c’était affreux : voix et attitude). Puis, l’émission se poursuit avec plusieurs reportages ou chroniques ponctués de nos interventions. A un moment donné, j’ai très envie de répondre à la place de ma Présidente, mais je me retiens, ne voulant pas mettre par terre cet édifice qui ressemble à du direct. Sur la fin, je suis un peu plus à l’aise (je précise que je n’avais pas préparé mes réponses), mais en me regardant je m’étonne de mes attitudes, de ma gestuelle et même de ma voix, comme si ce n’était pas moi. Curieuse impression.

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27 mai 2010

Nouvelle visite partielle du jardin

Hier, il a enfin plu, ce qui a permis un très bel arrosage du jardin qui n’était pourtant pas carencé, contrairement aux espaces naturels ou agricoles non irrigués (la règle dans le coin).

Quelques nouvelles du jardin entre la fin de la semaine dernière et hier soir.

J’ai dû éclaircir les salades qui se touchent, le but ultime n’étant toutefois pas de battre des records de taille. Je m’étonne néanmoins de leur aspect impeccable mieux qu’au supermarché en bien meilleur (selon Fromfrom). J’ai juste dû faire un petit traitement anti-limaces (« bio »), sinon, tout aurait disparu.

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Ce qu’est devenu Sneezy.

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La Clématite qui commence à ressembler à une liane.

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Une fleur de Pétunia bleue ?

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Il ne faut pas mettre toutes les fleurs dans le même panier.

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Enfin des œillets qui sentent vraiment bon lorsqu’on prend l’air sur la terrasse.

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Le Camélia continue son chemin.

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Pas de mélancolie chez les Ancolies des Alpes hybrides.

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Et Leucanthemum vulgare Lam. (Marguerite) attire toujours autant mes photos.

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Chez les Iris des bas pays, on commence à se montrer.

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L’Achillée ne me donne pas la jaunisse.

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Comme quoi, on peut en mettre des choses dans un aussi petit jardin ! Et c’est loin d’être fini !

25 mai 2010

Entre autres la semaine dernière

Vendredi, mon collègue démissionnaire (j’en parlais ici) effectuait son dernier jour de travail. Pas un mot de sa part ou presque. J’avais proposé un pot de départ qu’il avait refusé (la première fois que je voyais ça), arguant de « tout le passif ». Le pôvre, la direction et moi-même avons été son bourreau permanent depuis cinq ans qu’il travaillait là. Nous nous sommes comportés comme des esclavagistes. N’importe quoi, alors même que j’ai tenté tant de choses avec lui, sans résultat probant. Désespérant. Avant de partir définitivement vendredi soir, il a envoyé un dernier courriel à l’ensemble du personnel en remerciant certaines personnes ; en fait une courte liste de personnes (dont je ne faisais naturellement pas partie), et encore, ces remerciements étaient mesurés, conditionnés, se rapportant à un contexte de travail particulier. En définitive, je crois qu’il valait mieux ne pas faire partie des personnes remerciées.


Jeudi, c’était le séminaire (à mon boulot – eh oui, il y a un auditorium) de lancement officiel de notre programme européen avec les Anglais dont j’avais déjà parlé ici. Après les élus régionaux, les présentations techniques globales, il y eut la une intervention de la part d’un bureau d’études spécialisé. L’oratrice dépêchée par le bureau d’études fut assez mauvaise (hésitante, presque absente, se disant elle-même pas spécialiste du sujet). En un mot, complètement à côté de la plaque et beaucoup de personnes dans le public s’en sont aperçus. Comment peut-on confier une telle présentation à une personne qui semble avoir surtout des qualités administratives ? Pendant ce temps là, les élus donnaient une conférence de presse en attendant mon intervention qui fut saluée par sa concision (ben oui, je sais aller à l’essentiel). Dans le même temps, les interprètes traduisaient à qui mieux mieux. Préalablement, je leur avais fait parvenir un lexique multilingue pour traduire les termes scientifiques et techniques spécifiques de notre discipline, mais apparemment, ils ne maîtrisaient pas bien le vocabulaire.

Après le repas, nous formâmes deux groupes de 30 personnes pour la visite du jardin principal : ma collègue, rompue à ce genre d’exercice en prit un et je me chargeai du second groupe. J’avais voulu m’entraîner préalablement en suivant une visite avec un de mes collègues, mais de retards en contretemps, je n’eus jamais l’occasion d’y assister. J’ai donc proposé une improvisation totale. Après les deux premières minutes difficiles, je me suis pris au jeu et je n’ai pas vu s’écouler le temps.

Rebelote l’après-midi et le vendredi avec des ateliers de travail bilingues.

Samedi matin, on m’avait demandé de co-animer une visite sur le terrain. Les botanistes de terrain anglais, venus je matin même d’Angleterre arrivèrent à l’heure au rendez-vous, mais les « chefs » anglais, basés à Lille, arrivèrent en deux vagues avec respectivement plus de 30 minutes et une heure de retard.

Ce jeudi, on me demande de participer, au sujet de ce programme, à une émission télévisée à Lille.

19 mai 2010

Résulats du grand concours de mai en images

Voici les résultats du concours ou plutôt une illustration partielle de notre viaduc ascensionnel.

1) Où est-ce ?

Indice : je me tâte si je vous le dis.

Il s’agit effectivement du château de Clos-Vougeot. Il s’agissait du domaine viticole de l’Abbaye de Cîteaux (à partir du XIIe s.). Depuis 1944, c’est la propriété de la célèbre Confrérie des Chevaliers du Tastevin. Le clos, classé grand cru Clos-de-Vougeot occupe 50 ha et concerne près d’une centaine de propriétaires !

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2) Quel est cet édifice (détails extérieur et intérieur) ?

Indice : on ne va pas en faire un livre supplémentaire.

Il s’agit de l’abbatiale romane de La Charité-sur-Loire (Nièvre), la fille aînée de Cluny.

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3) Où se trouve ce lieu ?

Indice : je ne me fais pas de mouron.

La Loire, bien sûr, un peu en aval de La Charité-sur-Loire. On voit perché sur la rive droite, le château de Mouron.

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4) Quel est cet oiseau ?

Indice : hirondelle géante.

Il s’agit de la Sterne pierregarin (Sterna hirundo Linneus, 1758). Les photos ont été prises en aval du pont de la Charité-sur-Loire où on en voyait plusieurs dizaines pêcher de petits insectes ou poissons à la surface de l’eau. Cette espèce reste fort rare, au moins à l’intérieur des terres, y compris sur la Loire. Mais n’en déplaise à Dame K., on trouve aussi de la Sterne naine sur la Loire.

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5) Quelle est cette curieuse forêt ?

Indice : restons polis.

Il s’agit des organes mâles d’une mousse, Polytrichum commune L. ex Hedw. (Polytric commun) que l’on rencontre, entre autres, aux abords des tourbières acides.

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6) Quelles sont ces fleurs ?

Indice : toujours polis pour faire la fête.

Il s’agissait tout simplement du Polygala vulgaris L. (Polygala commun) de la famille des Polygalaceae, qui se développe ici au sein de pelouses acidiclines.

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7) A qui appartient ces choses globuleuses ?

Indice : atlantico-montagnarde.

Bien sûr, des fleurs de Vaccinium myrtillus L. (Myrtille).

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8) Et cette chose là ?

Indice : bonne nuit les petits.

C’était les extrémités femelles de l’inflorescence de Sanguisorba minor Scop. (Petite pimprenelle). Les parties mâles (étamines) surgissent ensuite sur les glomérules inférieures.

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9) Et ce machin qui se mange, c’est quoi ?

Indice : mince, Calystee a trouvé l'essentiel, mais quel est le nom précis ?

Il s’agissait d’une spécialité dijonnaise de pain d’épice, appelée « glacé mince ». J’étais très heureux d’en retrouver lors de notre passage à Beaune. Cela faisait bien plus de 20 ans que je n’en avais pas mangé. Ma grand-mère paternelle en achetait ou en faisait acheter régulièrement à Autun et j’adorais ça (toujours d’ailleurs). On n’en trouve plus à Autun et cela apparaît désormais « presque comme » un produit de luxe.

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17 mai 2010

Grand concours de mai 2010

Bien sûr, avec ce que j’avais dit dans la note précédente, on ne détectera pas de choses très exotiques par rapport au pays éduen, ce qui devrait donc faciliter singulièrement les choses.

1) Où est-ce ?

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2) Quel est cet édifice (détails extérieur et intérieur) ?

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3) Où se trouve ce lieu ?

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4) Quel est cet oiseau ?

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5) Quelle est cette curieuse forêt ?

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6) Quelles sont ces fleurs ?

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7) A qui appartient ces choses globuleuses ?

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8) Et cette chose là ?

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9) Et ce machin qui se mange, c’est quoi ?

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11 mai 2010

Vaccin anti-tornade

Comme nous n’allons pas tarder de partir en viaduc ascensionnel au pays des Éduens, je tenais à mettre les dernières images du jardin au cas où une tornade surviendrait.

Bonne semaine à tous !

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9 mai 2010

Mes visites anglaises

Lancelot a voulu des précisions que j’aurais sans doute données de toute manière. Pas très captivant, mais les voici.

En novembre 2008, une chargée de mission du Conseil régional était venue rencontrer mon ancien directeur pour lui demander si nous pouvions les épauler sur un projet de carto*graphie de la végét*ation de la région, en lien avec le Kent (Kent County Council – un peu l’équivalent du Conseil régional), le tout dans le cadre d’un projet Inter*reg cofinancé par l’Union européenne. Puis, à partir de janvier 2009, on m’a demandé de prendre le dossier en main.

En 2004, on m’avait déjà demandé de participer à des réunions sur un autre projet Inter*reg relatif à la trame verte et bleue. J’étais donc allé pour la première fois en Angleterre, à Maidstone. Les représentants de la région devaient nous prendre, un collègue et moi au passage à proximité d’un arrêt d’autoroute, mais ils se pointèrent déjà avec au moins 20 minutes de retard. Ensuite, ils s’aperçurent qu’ils n’auraient pas assez de carburants et qu’ils devaient faire halte dans une station d’une compagnie pétrolière précise. Nous perdîmes pas mal de temps dans les embouteillages et les travaux d’une ville proche de Dunkerque avant d’arriver enfin au terminal Eurotunnel. Bien sûr, nous ne pûmes pas embarquer dans le train prévu, mais dans le suivant. Et nous arrivâmes à la réunion de Maidstone avec près d’une heure de retard. Et les chargés de mission de la région ne s’excusèrent même pas de leur retard. Ce n’était bien entendu pas à mon collègue et moi de le faire, car nous n’étions que des « experts mandatés ». Le responsable anglais n’a pas apprécié mais est resté très poli (flegme britannique ?). Moi, j’avais honte pour les gens de la région, mais eux n’avaient pas conscience de leur légèreté.

La réunion se fit en compagnie de traducteurs dont une jeune française installée dans le Kent. Ce qui m’avait le plus frappé, c’était l’organisation de la réunion qui se fit en partie en petits groupes de travail, avec des idées que l’on écrivait sur de grands post-it que l’on synthétisait sur des grandes feuilles de papier collées au mur. Je me souviens que j’étais sérieusement resté sur ma faim car nous n’avions abordé que des généralités, somme toute assez peu intéressantes. Le « repas », composé de deux pauvres demi petits sandwichs et d’une pomme faillit nous faire mourir de faim. On a beau savoir qu’on mange peu là-bas à midi, il y avait lieu de se demander s’il ne s’agissait pas d’une vengeance par rapport à notre retard du matin. Bien qu’ayant commencé avec du retard, la réunion se termina pile à l’heure prévue au départ (c’est rare de voir ça en France, et on peut le regretter). Après ça, la traductrice française nous emmena dans un pub de la ville. On nous conseilla une bière artisanale locale, en fait une tisane tiède sans bulles. J’ai un temps cru qu’il s’agissait simplement d’un fond de cuve, mais on m’expliqua ensuite que ce que j’avais bu était assez typique. En bref, un souvenir pas extraordinaire.

Début 2009, je fis deux réunions préparatoires en compagnie des Anglais, mais il ne s’agissait pas des mêmes personnes qu’en 2004. En juillet 2009, les chargés de mission organisèrent une réunion à Ashford avec les représentants du Kent, toujours en voiture via le tunnel. Cette fois-ci, les sandwichs furent très bons. La réunion fut beaucoup plus classique que celle de Maidstone, mais je me suis étonné du fait que les représentants anglais ignoraient beaucoup de choses de la typologie européenne des végétations, alors que lors de son élaboration, ils l’avaient largement inspirée. Et au lieu de « réunioner » normalement, je me suis mis à examiner leur propre typologie pour trouver les correspondances avec la typologie européenne. Je précise que l’Angleterre est le seul pays européen qui ne fait pratiquement pas de phyto*socio*logie, ce qui n’est pas sans poser de problèmes et qu’on avait immédiatement abandonner l’idée de leur en imposer la nomenclature, mais de là à penser qu’on devrait leur dire comment ils devaient s’y prendre, il y avait un pas. Parce qu’ils ne font pas de phyto*socio*logie, ils sont obligés d’utiliser des méthodes fort complexes pour décrire les communautés végétales, qui sont loin d’être inintéressantes, mais pas toujours aisées à mettre en œuvre.

Il y a trois semaines, le responsable anglais du projet est venu me voir pour que je lui présente notre structure (car nous sommes cette fois-ci, partenaire officiel du projet Inter*reg). Je lui ai donc fait une présentation powerpoint écrite en anglais et expliquée en français (car il parle français). Puis, j’ai commencé à lui faire visiter nos jardins, avant de passer le relais à mes collègues, car je devais me rendre à une réunion importante à quelques dizaines de kilomètres de là. Il fut ravi de la visite et je m’aperçus qu’il était bien calé sur la flore sauvage. Très sympa.

Jeudi dernier, trois chargés de mission de la région et moi devions nous rendre dans le Kent pour une nouvelle réunion pour faire le point sur le programme. Cette fois-ci, le voyage s’est fait en Eurostar. Comme je savais qu’il fallait arriver au moins une demi heure avant le départ du train, je suis arrivé suffisamment en avance à la gare de Lille Europe. Une des chargées de mission de la région n’avait pas réussi à remettre la main sur son passeport et sa carte d’identité était périmée depuis plusieurs années. Sachant cela, elle s’est quand même présentée à l’embarquement. Le policier français essaya de faire du charme à sa collègue douanière anglaise, mais rien n’y fit et elle dut renoncer à partir avec nous. De mon côté, j’avais prévu le coup, je venais juste de faire refaire ma carte d’identité. En passant sous le portique, j’ai sonné, mais c’était juste mon téléphone portable dans ma veste qui est finalement passée aux rayons X avec ma malette. Il est quand même fou de voir à quel point on pousse l’inquisition pour aller dans un pays européen voisin. Partis de Lille à 12h05, nous sommes descendus à 12h15 (heure locale, soit 13h15 heure française) à la gare d’Ebbsfleet international, juste avant Londres. Notre responsable anglais nous attendait. Nous sommes montés dans son vieux pick-up et nous sommes allés manger ici (photo internet), avec les autres collègues anglais qui nous y attendaient.

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Ne sachant pas trop quelle boisson prendre, j’ai pris une bière qui fut fidèle à ma première expérience. Pour le plat, je fis confiance à la responsable du projet de la région et j’ai pris un « bangers and mash », autrement dit un plat traditionnel de saucisses sur de la purée de pommes de terre, accompagnées de sauce à l’oignon. Dois-je le dire ? Eh bien, c’était pas mal du tout. Puis, pour le dessert, j’ai suivi la majorité pour un « Apple & Blackberry Crumble & Custard », autrement dit une sorte de crumble avec une sorte de gelée (dont une partie au moins à la groseille, semble-t-il), le tout largement nappé de crème anglaise. Pas mal non plus. Après ça, notre estomac était bien calé et nous avons pu commencer notre réunion, non loin de là, dans une salle louée pour l’occasion. Le sujet de la réunion n’était guère passionnant, mais c’était un passage obligé. Un des jeunes interlocuteurs anglais que j’avais déjà vu à Lille est bilingue et participait à la traduction dans les deux sens. A cette occasion, j’ai remarqué qu’il parlait avec un ton beaucoup plus grave en anglais qu’en français (pratiquement sans accent). Que dire ? Eh bien, ces gens là sont très sympas et je les reverrai avec plaisir dans une dizaine de jours lorsqu’ils vont venir nous voir pour la grand messe de lancement officiel du programme.

8 mai 2010

Cinq ans, un mois et deux jours

J’y ai pensé durant tout le mois de mars, mais je ne me sentais pas prêt à rédiger une nouvelle note sur le sujet à la date anniversaire, d’autant qu’à ce moment là, nous étions en pleins travaux domestiques. Je veux parler du suicide de ma collègue Perrine (ce n’est pas son vrai prénom, mais nous l’appellerons ainsi) survenu dans la nuit du 5 au 6 avril 2005. J’ai parlé plusieurs fois de cet événement de façon cryptée, puis de façon claire, en avril 2007, ici [même si les commentaires de l’époque font référence à des choses dont je ne parlais pas encore ouvertement à l’époque, en particulier mon expérience homosexuelle qui paraît bien loin aujourd’hui, mais que je n’oublie pas]. Après ce temps, je ne suis pas beaucoup plus avancé sur les raisons réelles de ce suicide, mais je crois pouvoir exprimer diverses choses qui m’ont marqué.

D’une part, Perrine était une personne qui avait un profond respect de la vie, à un point maladif. Quelques mois à peine avant son suicide, elle était venue me demander, en début d’après-midi du vendredi, toutes larmes rentrées, si elle pouvait rentrer plus tôt chez elle (en fait chez ses parents). Je n’avais pu en savoir davantage sur ce qui motivait ce départ, mais comme elle ne voulait rien dire, je n’avais pas insisté. Voyant son état, je lui avais juste demandé si ça allait aller et si elle ne voulait pas qu’on l’accompagne. Il y eut un refus catégorique (vu avec le recul, il ne pouvait en être autrement). Ce n’est que lors de ses obsèques que j’ai appris par l’intermédiaire de ses parents, que cet événement avait signé la mort de son chat dont elle avait eu peine à se remettre.

Par la suite, il y eut un jeune chat abandonné (?) qui s’était réfugié au boulot (nos bureaux sont dans plusieurs bâtiments séparés dans une sorte d’écrin naturel) et avec la complicité de quelques autres personnes, elle s’occupa de ce chat. Seulement, le chat restait parfois coincé dans les locaux toute la nuit ou tout le week-end et faisait des dégâts. Il fut donc décidé de « l’extraire ». Selon la version officielle, il fut adopté par un des salariés. Je pense qu’elle ne crut jamais à cette version, pensant à tort ou à raison que le chat avait été éliminé d’une autre façon. Bien sûr, elle n’exprima jamais directement son émotion à ce sujet.

Enfin, j’ai su après qu’elle avait été émue lorsque la direction avait décidé de décaper l’herbe sur un parking afin de remettre les graviers à jour pour éviter la boue. D’abord, l’herbe n’offrait pas une couverture homogène et était dominée par l’espèce de graminée probablement la plus fréquente en France, Poa annua L. (Pâturin annuel) et que beaucoup de jardiniers éliminent couramment de leurs massifs. Enfin, elle était engagée dans diverses associations visant la préservation de la nature.

Par ailleurs, Perrine avait une profonde sensibilité aux injustices, notamment sociales ou dans le cadre du boulot. Par exemple, elle n’avait pas digéré le fait de ne pas avoir été entendue pendant des mois par la directrice administrative pour résoudre un problème, alors qu’un cadre scientifique avait obtenu immédiatement gain de cause. Elle n’avait pas accepté non plus que la direction refuse un aménagement du contrat de travail (travail en partie à domicile pendant l’hiver) pour une autre salariée avec qui elle était copine. Cette salariée était alors partie travailler ailleurs. Comme on le voit, des choses peut-être agaçantes sur le moment, mais pas vraiment violentes dans le monde du travail d’aujourd’hui et qui n’avaient pas de conséquences gravissimes.

Ce respect de la vie et cette aversion aux injustices, je les ai bien sûr trouvés excessifs, mais je n’ai jamais eu son mode de fonctionnement. Chez elle, beaucoup de choses prenaient des proportions qu’on ne soupçonnait pas.

Dans les lettres adressées à la direction ou que la police a pu lire, figurait une mention par rapport à son orientation sexuelle. Elle aurait été moquée ou discriminée à ce sujet. Je n’ai personnellement jamais assisté au moindre commencement de début d’allusion à ce sujet, mais j’étais peut-être trop proche pour le voir. Et par ailleurs, l’ensemble de l’équipe scientifique avait un profond respect pour elle et il était agréable de travailler avec elle (seul un collègue s’était plaint de sa rigueur, notamment pour les départs très tôt le matin pour aller sur le terrain). Outre qu’elle s’imposait une grande rigueur, elle n’avait rien de féminin dans son apparence : cheveux très courts, jean et polo (bleus la plupart du temps) en permanence avec aucune fantaisie, pas de bijoux, pas de sac à main ni autre accessoire, toujours des chaussures de sport… Bien sûr, cela m’interpelait quand même un peu, mais on s’y était fait et en définitive, on ne se posait pas de vraies questions puisque tout avait l’air d’aller bien par ailleurs. Nous n’avions jamais rien su sur sa vie privée et bien peu de choses sur ses ami(e)s en dehors du travail. A part un ex salarié avec lequel elle allait tous les ans assister à un tournoi de tennis à Paris (Bercy ?), on ne lui connaissait que des fréquentations féminines invisibles. Pour ce que j’en sais, uniquement des relations amicales. Dans ses écrits posthumes, elle m’avait demandé de contacter une personne qu’on avait rencontrée lors d’une formation. Cette personne fut presque étonnée de mon appel car elle n’avait pas compris que Perrine avait eu de telles intentions amicales à son égard.

Le 6 avril 2005, après le départ de la police, la direction fit une réunion pour expliquer à l’ensemble des salariés ce qui s’était passé et évoqua entre les lignes l’homosexualité supposée de Perrine. Cela n’étonna personne même si la plupart d’entre nous ne pensaient pas à ce trait de sa personnalité, tant elle semblait le refouler. Elle était aussi sans doute dans le déni de sa personne, du moins de son image. Elle n’avait pas apprécié figurer même de façon à peine visible sur une de mes photos montrant une station d’étude. J’avais d’abord cru à une fausse pudeur du genre « je ne veux pas être photographiée, mais en fait, j’adore ça ». Une autre fois, un collègue nous avait pris en photo elle et moi à bord d’un hélicoptère avant de décollage ; il se fit violemment remettre à sa place.

Il était totalement impossible de parler de choses personnelles avec Perrine. Il est vrai que pour ma part, je n’aurais jamais été lui demander, surtout à l’époque, mais il en était ainsi avec l’ensemble des collègues ou de ses amies connues, y compris probablement avec sa famille. Rien de très étonnant. Tout cela résonnait énormément en moi à l’époque. Quels étaient mes ami(e)s ? Où étaient-ils ? Allais-je un jour me laisser aller à un sentiment amoureux ? Quelle sexualité ? Avec qui ? A cette époque, je n’avais encore rien vécu. Je n’avais même pas dépassé l’adolescence. J’avais juste pris conscience que je ne voulais, ne pouvais pas continuer à vivre seul, qu’il me fallait quelqu’un. La mort de Perrine m’a poussé à agir. Cela n’a pas été immédiat et fulgurant, mais cela s’est révélé inexorable. L’homosexualité refoulée de Perrine m’a sans doute fait peur. Même si ce n’est qu’un aspect des choses, il m’était insoutenable que l’orientation sexuelle puisse être un des éléments qui produit le suicide. Il valait mieux assumer une sexualité. Pour des raisons de facilité ou plutôt de timidité, j’ai surtout été d’abord en contact avec des hommes qui me paraissaient plus accessibles. Bien sûr, c’était un leurre.

Je recherchais l’amour, le vrai. Cela n’a pas été sans circonvolutions complexes sans difficultés, mais je l’ai trouvé. Je le dois forcément à Perrine qui a initié une réaction en chaîne. Je le dois aussi à l’écoute et à la sensibilité de Karagar sans qui je n’aurais jamais rencontré l’amour avec S.

4 mai 2010

Joli début de mois de mai

Aujourd’hui, avaient lieu les entretiens d’embauche et cette fois, je me suis entièrement chargé d’en organiser les tests de bot*anique (sur 20 échantillons frais pour l’essentiel) et de ph*yto*sociologie (diapositives vidéoprojetées). J’étais accompagné de mes supérieurs hiérarchiques. Je m’attendais à ce qu’ils posent les questions, permettant de révéler la capacité de travail en équipe, la rigueur de l’organisation du travail et tout ce qui touche au relationnel ; mais ne voyant rien venir, j’ai dû m’y coller.

Les trois candidats auditionnés aujourd’hui étaient tous des débutants dans le domaine concerné, alors que l’un d’eux occupe déjà un poste de bot*aniste dans une structure homologue. Mais tous les trois ont révélé un bon potentiel, ce qui est loin d’être toujours le cas. Faute d’un nombre insuffisant de personnes formées dans cette discipline (et encore il n’existe pas de formation suffisamment poussée dans le domaine), il nous est de plus en plus difficile de trouver des candidats valables, alors que les besoins augmentent et que les meilleurs sont rapidement recrutés. Et les personnes expérimentées, elles, changent rarement de crèmerie.

Nous avons choisi l’un des trois candidats qui est déjà stagiaire chez nous. C’est lui qui semble offrir la plus grande marge de progression et le connaissant déjà, je sais que je n’aurais pas de problème majeur avec lui. Certes, tout ne sera pas forcément facile, mais je pense que je n’aurais pas de conflits ou de pétages de plomb intempestifs à régler. Il est à la fois posé et dynamique, bref c’est une perle de ce point de vue, ce qui me changera des cas pathologiques passés.

Vue la surcharge de travail qui pèse sur nos épaules et qui ne cesse de nous accabler, il se peut également que nous recrutions pour quelques mois l’un des deux autres.

Voilà, tout n’est pas réglé, mais l’avenir s’éclaircit un peu.

En attendant, en ces premiers jours de mai, voici quelques nouvelles du jardin.

Encore des tulipes.

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La première des trois fleurs de la pivoine arbustive.

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Des fritillaires jaunes.

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Le nouveau venu : le faux « Rhododendron scyphocallix », autrement dit, le ‘Golden gate’.

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Il est épié par ‘Atchoum’ (alias ‘Sneezy’) qui va lui montrer qui est le patron.

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