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Cornus rex-populi
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24 novembre 2007

Bouquet final

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Non, je n’ai pas décidé de tirer ma révérence, c’est juste pour montrer une composition dont on nous a fait cadeau et dont nous n’avons pas pu profiter bien longtemps. En effet, nous étions déjà bien chargés au retour de notre mariage et la dimension des fleurs ne nous a pas permis de les « envoyer avec nous ». Alors, je les ai quand même prise en photo, parce que j’aime ça et S. aussi. Je n’avais aucune idée de ce que pouvait être ces fruits jaunes.

Samedi dernier, à l’issue d’une restitution de la session botanique en Touraine, on m’a offert un splendide livre sur la flore des Antilles françaises (invitation au voyage ?). J’en ai été tellement ému que je suis resté un instant sans voix. Je n’avais pas ouvert le bouquin que je suis tombé sur une photo montrant ces fameux fruits jaunes : il s’agit d’une Solanacée : Solanum mammosum L. (tété-tifi ou pomme-poison ou pomme zombi).

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18 novembre 2007

3 Novembre : 5/5 - un bilan ?

Pour cette cinquième partie de la note, un temps, j’avais pensé vous parler des cadeaux que l’on nous a fait (dans le désordre) : les sept péchés capitaux, presque tous déjà engloutis, une lampe de salon d’un sublime rouge éclatant, un sublime plat fleuri en Quimper (nous hésitons entre son aspect décoratif et son côté utilitaire, je crois que ce sera les deux), un ensemble d’objets décoratifs fait main, diverses friandises, de superbes fleurs que nous avons été de laisser derrière nous, faute de transportabilité, une cafetière italienne, deux peintures qui vont rejoindre la tête de notre lit, des enveloppes qui devraient servir à voyager, des livres qui nous font déjà voyager… Au lieu de cela, j’ai décidé de vous parler de choses beaucoup plus personnelles.

Pourquoi faire un bilan ? Parce que ce mariage religieux, cette fête sont intervenus environ deux ans après que nous avons fait connaissance pour de vrai et après un an et quatre mois de vie commune. Cela semble un peu bête, mais je me demande aujourd’hui si tout cela aurait été possible sans l’internet ? Je ne suis généralement pas quelqu’un de toujours à la dernière pointe du progrès. Certes, j’étais relié à la toile depuis pas mal d’années déjà, mais j’ai longtemps ignoré ce qu’étaient les sites de rencontres, les « tchats » ou les blogs ; je ne me suis longtemps servi de l’internet que dans un but professionnel ou fonctionnel. J’ai déjà raconté ici que cela a commencé à changer à la suite d’un accident qui m’avait totalement immobilisé et la « découverte » de ma solitude dont je voulais nier la réalité.

Je crois que l’internet m’a été d’une aide profondément secourable. Bien sûr, je m’y suis pas mal cassé les dents, je me suis fait pas mal d’illusions, je me suis fait berner, abuser, manipuler. Bien sûr, cela n’a pas eu de conséquences graves sur ma santé ou sur mon intégrité et cela ne m’a pas véritablement découragé. Il me semble qu’en même temps qu’on jouait avec moi ou que l’on se jouait de moi, le naïf que je suis a tout de même fini par apprendre certaines choses. Au départ, je ne cherchais rien de particulier dans l’internet, avec toutefois l’espoir de nouer des amitiés. Pas mal de déceptions de ce côté là aussi.

Et puis il y eut cet électrochoc, cette interrogation sur une partie de mon identité. Je veux dire ici que ma timidité, ma totale inexpérience m’ont conduit vers quelque chose que je pensais, un temps plus « abordable » : l’homosexualité. Par ce biais là, j’ai connu une première forme d’expérience. Il faut bien parler d’expérience et de rien d’autre tant il n’y a pas eu grand chose d’autre. Ayant pris conscience qu’il y avait un problème, que quelque part, je ne constituais qu’un jeu optionnel, j’ai pris l’initiative de la rupture. Bien que déçu, bien que pas à l’aise du tout dans cette sphère homosexuelle (sans même parler de la culture « gay », qui par certains côtés, me paraissait encore trop caricaturale), je me suis entêté, virtuellement parlant. Ce fut encore l’occasion de tromperies, mais aussi quelques découvertes de personnes sans arrière-pensées, désintéressées et qui ont aussi beaucoup compté pour me guider. Parallèlement, prenant peu à peu conscience que je n’étais pas à ma place, j’ai tenté de faire feu de tout bois en allant voir aussi du côté hétérosexuel. J’étais devenu complètement accroc à la machine internautique et aux petites émotions sans lendemain qu’elle provoquait. J’en étais venu à m’attacher de façon excessive à l’image, comme si l’amour était exclusivement attaché à l’image. Quelle bêtise… A cette période, j’avais déjà fait la connaissance du rare lépidoptère pollinisateur de rhododendrons dont, plus tard, le battement des ailes, provoquera bien des bouleversements. Dès que vis S. par la petite lucarne, il se passa quelque chose d’assez difficile à définir. Timidement, je devais m’intéresser à elle. Puis, rapidement, je devins vraiment accroc à ELLE, c’est-à-dire à S. dans TOUTES ses dimensions. Timide, incertain sur le plan sexuel, je devais néanmoins rompre toute autre forme de liens précédents, les considérant soudain vraiment pas à la hauteur et profondément inintéressants. Et puis, le fruit étant probablement mûr, j’ai pris la décision d’aller la voir. La suite est connue : une révolution majeure qui a bouleversé ma vie, notre vie.

Mais il faut néanmoins revenir sur certains points, notamment au sujet de mon orientation sexuelle. J’ai longtemps tourné autour du pot sur ce blog. A part quelques-uns qui auront su décrypter certaines clés, je n’avais osé en parler. Bien entendu, je n’en avais pas parlé à mon entourage direct. A partir du moment où S. et moi nous fûmes rapprochés (novembre 2005), et de façon particulièrement solide et indéfectible (début 2006), et bien sûr après le mariage civil d’août 2006, je n’avais plus à me justifier, tant cela paraissait évident. Évident, cela l’était pour moi, pour nous, depuis longtemps. Mais en avançant, on essaye de comprendre le parcours que l’on a eu.

J’ai toujours eu des liens étroits avec mes parents qui sont toujours restés très proches malgré l’éloignement géographique lorsque j’ai débuté mes études universitaires. De plus, en tant que fils unique et ayant bénéficié d’une certaine éducation, j’ai toujours tout dit ce qu’il m’arrivait, sauf sur le plan sentimental et sexuel. Il faut dire que sur ces derniers points, il n’y eut rien à dire pendant plus de 33 ans. Rien à dire, sauf ma longue absence d’intérêt pour la chose. Chez mes parents, plus généralement dans ma famille, on n’a jamais parlé de cela, ce qui a peut-être aussi expliqué ma longue période asexuée. Mon côté homosexuel latent existait depuis longtemps, mais je n’aurais jamais osé en parler à personne, et je n’avais personne qui aurait été naturellement apte à l’entendre ; du moins, c’est ce que j’imaginais. De plus, je crois que je n’aurais pas été davantage apte à parler d’amour ou de sexe, fût-il hétérosexuel. Il y a au moins d’une douzaine d’années, mon père s’interrogeait innocemment à haute voix sur ma vie privée (il la devinait inexistante). Ma mère lui répondit qu’il n’avait aucune idée de ma vie privée et qu’il ne connaissait bien peu de choses de son fils. Ma mère avait à la fois tort et raison.

Connaissant l’amour réciproque pour mes parents, il paraît tout à fait inconcevable de croire que j’ai longtemps pensé que je serais incapable de leur annoncer un jour que j’aimais quelqu’un et que j’allais vivre avec. Une peur, une forme de castration mentale, une façon de croire qu’aimer quelqu’un était une forme de trahison envers mes parents. Le soir du 13 novembre 2005, je devais pourtant leur annoncer ma rencontre avec S. L’annonce ne fut pas sans provoquer des interrogations, surtout chez ma mère, mais rien de méchant, rien de plus normal. Les circonstances de cette rencontre furent racontées ensuite, mais je n’avais pas tout dit. Je n’étais pas très fier de ne pas avoir tout dit et je n’osais le dire oralement. Alors, à la fin mai de cette année, j’ai écrit une lettre à mes parents (j’ai fait une note sur le sujet ici) pour clarifier les choses et les dire, tout simplement. La réaction de mes parents à cette lettre fut incroyable : ils n’y avaient pas appris des choses fondamentales. Que de craintes infondées.

Alors pourquoi revenir sur le sujet aujourd’hui ? Parce qu’il me semble que ce n’est pas une histoire si anodine que ça, parce que c’est un sujet qui fait beaucoup souffrir et que pas mal de monde y est confronté à des degrés divers. C’est aussi l’occasion pour moi de dire combien je me sens un homme, équilibré et épanoui, que l’amour change bien des choses et ouvre bien des perspectives. Je voulais dire aussi que notre amour à S. et moi s’exprime en toute liberté, au vu et au su de tous et j’aimerais que cela soit aussi le cas pour tout le monde. Nous sommes encore loin du compte. La bêtise, les préjugés et l’intolérance sont encore bien ancrées, mais j’ai quand même bon espoir.

12 novembre 2007

3 Novembre : 4/5 - la soirée

Le trajet vers la salle de restaurant se fit dans un carrosse artésien, magnifiquement décoré pour l’occasion. Nous ne dérogeâmes pas à la tradition des coups de klaxons presque continus. Bien que le trajet ne fut pas très important, le voyage parut assez long tant il fut parcouru à vitesse réduite afin de ne perdre personne en route. Le cortège se terminait par le beau-frère qui, faute de jarretière, se vengea sur la voiture balais.

Le vin d’honneur, que nous avions délibérément voulu assez simpliste fut expédié en à peine plus d’une heure et demie. Alors qu’il touchait à sa fin, S. et moi fûmes attirés dans un traquenard, non pas par un insecte, mais par une autre forme de volatile, mais à caractère ornithologique cette fois : en fait par un(e) « manchot(te) » (si je puis me permettre cette expression) et son compagnon. Nous fîmes l’inventaire des 7 péchés capitaux de S. : la gourmandise, la gourmandise, la gourmandise, la gourmandise, la gourmandise, la gourmandise et la gourmandise. Après quoi, un magnifique objet rouge nous fut apporté : pour une fois, je n’avais pas volé la lumière et je pouvais mérité mon surnom de Lucifer. D’autres amis nous quittèrent à ce moment et j’eus presque un regret.

Le repas commença à près de 18 heures. Certains pourraient dire qu’il était très tôt, mais il fallait compter sur un repas assez long. Ce fut tout d’abord un plateau de fruits de mer qui fut une belle surprise pour nous puisque égoïstement, il comportait les éléments que nous préférons : araignées, étrilles, galathées, langoustines. Et pourtant, je puis vous dire, que cela n’avait presque pas été prémédité. Il fallut plus d’une heure et demi pour que S. en finisse (c’était bien la dernière). Si je n’étais pas intervenu, je crois bien qu’elle serait encore en train de finir les restes de toutes les tablées !

Les autres plats furent ensuite envoyés régulièrement. Durant la soirée, je fus obligé de brandir mon verre pour inaugurer les vins qui me furent servis. Bretagne oblige, le Ligéro-bourguignon fut contraint de se soumettre à la loi locale : s’humilier à trinquer avec du Bordeaux. Enfin, comme cela lui sembla bon quand même, il décida de renoncer à toute vengeance.

E., le « jeune » frère de S. prit les commandes de la sono et je me fis un devoir d’inaugurer le micro par une chanson morvandelle qui fit un magnifique raté (mémoire vide). J’essayai alors de me rattraper aux branches avec « Oural, Ouralou » où deux couplets sur trois furent chantés, interruptions par des applaudissements oblige. A peine plus tard, le Lépidoptère et S. se lancèrent dans une interprétation que mon paternel avait beaucoup appréciée la première fois. Évidemment, l’émotion était à nouveau à con comble. Elle le fut plus encore lorsque vinrent s’adjoindre au duo la flûtiste et surtout la Libellule. La Libellule, dans un jour de gloire essaya en vain de me faire danser, mais j’ignorais encore à cet instant précis que le geste qu’elle avait esquissé était aussi rare et important. La Libellule ignorait aussi que l’apprenti entomologiste avait lui aussi un problème avec le fait de danser.

La soirée, qui devait dans tous les cas de figure se terminer vers 2 heures du matin, se passa à une vitesse folle. Je ne suis ordinairement pas un noctambule et je trouve généralement ce type de soirée pesante et la sono très ennuyeuse. Évidemment, cette fois-ci les circonstances étaient exceptionnelles, mais je dois bien reconnaître que le DJ fut à une hauteur supérieure à mes espérances et que tout compte fait, malgré la fatigue, je n’aurais pas dit non à une éventuelle prolongation. Parfois, je ne me reconnais plus !

11 novembre 2007

3 Novembre : 3/5 - la célébration

Le matin du 3 novembre régnait un temps assez maussade. Je crus que nous étions partis pour une journée entièrement grise comme le jour de la Toussaint. Mais vers midi, le soleil pointa son nez comme pour nous saluer. Il ne nous quittera pas de toute l’après-midi. A 13h30 le soleil brillait en maître à l’entrée sud de l’église.

La cérémonie commença par une entrée pas tout à fait ordinaire. Nous n’avions pas envie de faire comme tout le monde « à la française » ou « à l’américaine ». Le curé nous donna son avis, mais nous n’avions pas vraiment l’intention d’en tenir compte. Il fut donc décidé d’une autre entrée, et le curé s’y plia de bonne grâce. Présent dans l’église avant même la cérémonie (j’y étais obligé à plusieurs titres), j’irai accueillir Madame à la porte. Ainsi fut fait, et nous devions entrer avec « Que serais-je sans toi ? », texte d’Aragon mis en musique et interprété par Jean Ferrat (je précise que c’est S. qui a choisi cette chanson en premier et que j’y avais totalement souscrit). L’émotion était à son comble. Je fus impressionné de voir autant de monde dans cette église (que je n’avais connue que vide ou presque) et surtout autant de parents et amis venus uniquement pour nous.

Que serai-je sans toi, qui vins à ma rencontre,
Que serai-je sans toi, qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au quadrant de la montre
Que serai-je sans toi, que ce balbutiement.

J’ai tout appris de toi sur les choses humaines,
Et j’ai vu désormais le monde à ta façon.
J’ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines,
Comme on lit dans le ciel, les étoiles lointaines.
Comme un pinson qui chante, reprend sa chanson.
J’ai tout appris de toi jusqu’au sens du frisson.


J’ai tout appris de toi sur ce qui me concerne,
Qu’il fait jour à midi, qu’un ciel peut être bleu
Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne.
Tu m’as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l’homme ne sait plus ce que c’est d’être deux
Tu m’as pris par la main comme un amant heureux.

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes.
N’est-ce pas un sanglot de la déconvenue ?
Une corde brisée au doigt du guitariste.
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe,
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ces rades inconnues.

Plus tard, le curé devait gentiment mais fermement s’offusquer du choix de ce texte tant par rapport aux idées politiques de son auteur que vis-à-vis du thème traité, notamment dans le refrain. Pour une totale compréhension, il convient aussi de souligner que le curé n’a pas son cœur à droite. Qu’importe, pour nous deux, cette interprétation nous a toujours profondément émue. En ce qui me concerne, je connais cette chanson depuis très très longtemps et j’étais loin de penser qu’un jour elle puisse devenir cette sorte d’hymne.

La célébration se poursuivit par les mots d’accueil avec notamment le texte présenté en préambule sur lequel je ne reviendrais pas. La cérémonie avançait à une vitesse folle. Elle fut néanmoins coupée par le curé qui fit une sorte de discours personnalisé assez bien vu, tolérant. On eût voulu dans l’idéal que cette intervention soit plus concise et encore moins emprunte de religion, mais c’était déjà tellement bien d’être là, dans cette paix, surnageant dans un bonheur irréel…

L’échange des consentements fut certes un moment fort, mais pour moi, en toute honnêteté, il le fut moins que lorsque nous passâmes à la mairie. Pourquoi ? Parce que ce « oui » a nécessairement moins de force dès lors qu’il se fait auprès d’une entité en laquelle on ne croit pas. Et aussi parce que ce « oui », il a été donné la première fois de façon claire et définitive. Alors je ne voyais ce « oui » que comme une redite. Il me plaisait néanmoins de le renouveler devant mon amour pour S. et devant l’assemblée au grand complet.

Il y eut aussi la remise des alliances au cours de laquelle je fis un mauvais geste. Devant l’émotion, compte tenu de l’atmosphère un peu irréelle qui m’enveloppait, je me vis donner à S. ma main droite au lieu de la gauche. S. insista pour m’enfiler l’alliance et ce n’est qu’à cet instant que je pris conscience de mon erreur. Quel beau loupé, qui ne devait échapper à personne malgré les tentatives de le cacher.

La cérémonie se termina assez vite (j’ignore quelle en fut sa durée effective). L’émotion n’était pas encore retombée lorsque nous fûmes félicités à nos places par nos témoins et nos plus proches parents. La cérémonie était terminée et je n’avais pour ainsi dire pas pleuré, sans doute grâce à la main très secourable que S. eut l’idée de m’apporter aux moments les plus cruciaux. Ce fut un peu l'inverse à d'autres reprises, notamment lorsque la harpe se mit à chanter. Nous sortîmes enfin de l’église et il nous fallut de longues minutes pour être salué et félicité par tout le monde. Puis ce fut le moment des photos. Le hasard avait bien fait les choses puisqu’il avait placé devant l’église un calvaire avec des gradins sur mesure. Le soleil allait néanmoins nous faire cligner des yeux, mais nous n’allions pas nous en plaindre.

A ce moment là, la pression était un peu retombée en moi et je pus reprendre un peu la direction des opérations en indiquant la direction à prendre pour nous rendre sur le lieu des festivités à boire, à manger, à chanter et à danser.

11 novembre 2007

3 Novembre : 2/5 - la semaine avant le jour J

Cette journée avait été imaginée depuis très longtemps. Bien qu’athée, j’avais conçu très tôt la possibilité d’un mariage à l’Église. En effet, dès que nous avons évoqué avec S. l’idée de mariage (avant même de parler du nôtre dans sa réalité, c’est-à-dire bien avant que nous engagions la procédure du mariage civil), j’avais dit que je n’avais rien contre le fait de passer devant le curé dès lors que ce dernier serait informé de mon « état » et qu’il s’y conformerait. Malgré l’évolution de l’Église, les curés ne sont pas tous disposés à être aussi coopératifs ou à nous laisser en paix vis-à-vis des préceptes religieux. Plus jeune, j’étais rentré en conflit avec ce que représentait l’Église, avec son lourd passif, avec tout ce qui fait que les églises sont désertées ou que l’on s’en fait virer, avec ce conformisme, cette « bien-pensance », cet esprit atrophié et parfois cette complicité avec certains obscurantismes… Et puis, j’ai évolué, je me suis adouci. J’ai fait la connaissance de gens proches de la religion. D’abord un ingénieur ayant failli se faire moine à la gentillesse incroyable, même s’il ne partageait pas les mêmes opinions que moi ; j’ai partagé avec lui de bons moments d’amitiés (je regrette de l’avoir perdu de vue). Ensuite, il y a eu un chanoine connu dont j’ai déjà brièvement évoqué le nom. Il m’a dit que dans sa famille, il n’avait guère eu le choix de rentrer en religion (il avait été désigné par l’évêque). Il m’a aussi avoué que s’il n’avait pas été curé, il aurait sans doute été anticlérical dans le sens où il n’a jamais eu beaucoup de sympathie vis-à-vis de la hiérarchie religieuse. Il est également très critique vis-à-vis de certains de ses congénères beaucoup trop orthodoxes à ses yeux. J’ai enfin fait la connaissance d’un curé de moi homonyme et partageant une de mes passions. Si S. n’avait pas pu avoir recours à ses connaissances, ce dernier s’était proposé en dernier recours pour venir nous marier en Bretagne.

Le mariage civil était pour moi le plus important puisque c’est le seul qui avait à mes yeux une valeur d’engagement et surtout parce que c’était le premier (je reviendrai plus tard sur ce point). Les deux mariages avaient été disjoints dès le départ pour des raisons d’organisation et de temps de préparation. Le mariage civil se fit en comité restreint (témoins, parents, et quelques amis et collègues de travail au vin d’honneur). Cela fut quand même un peu frustrant. Le mariage du 3 novembre devait se faire avec l’ensemble de nos familles et amis. Toutefois, en raison de l’éloignement, de la saison, ils furent moins nombreux que nous l’avions primitivement imaginé. D’une certaine manière aussi, pourquoi s’en cacher, nous avons pu constater, dans certains cas, que quelques amis ou membres de la famille n’étaient pas si proches de nous. Ce fut d’abord une déception, puis nous nous fîmes une raison. En tout état de cause, les meilleurs étaient là et ceux qui n’ont pu venir mais qui auraient bien voulu, étaient pourtant, d’une certaine façon, bien présents.

La semaine précédent ce samedi 3 novembre fut assez chargée. Elle commença une semaine plus tôt par notre migration en Bretagne. Le même jour, nous dûmes accueillir mes parents, oncles et tantes qui devaient loger dans un gîte à B. La loueuse nous fit rire et un peu perdre notre temps. Elle se perdait toute seule dans ses papiers alors que nous pensions que depuis le temps elle était aguerrie dans ce genre d’exercice. Parallèlement, contrat oblige, elle entreprit de faire un descriptif touristique de tout ce qu’il y avait à voir dans le coin. Malgré nos protestations (S. et moi), elle voulut aller jusqu’au bout de sa « démonstration » fort peu convaincante. Elle sut quand même « vendre » la Pointe du Raz et la presqu’île de Crozon, mais en ignorant magnifiquement plein de choses majeures : peut-être ne connaît-elle pas Quimper ?

Le dimanche, nous courûmes voir nos amis écrivains au salon du livre de C. (c’était la seconde fois en deux ans). Nous assistâmes avec émotion à la remise du prix à Monsieur K. Pour une fois, je pouvais faire mon malin, chanceux que j’étais de l’avoir lu en avant première. Je fus malgré tout presque surpris par le traitement journalistique « ésotérique » qui en fut fait. De retour du centre Bretagne, nous repassâmes par B. pour y voir la sœur de S. son mari et leurs filles. Il y a un an, j’ai pris soudainement conscience que j’avais pas moins de trois nièces. Ça fait bizarre pour un fils unique, et trois d’un coup en plus ! Et puis me voilà « tonton » pour la plus jeune… Cet après-midi, il fallut toutefois se battre contre la bêtise du beau-frère (je suis un peu méchant, mais personne d’autre que lui ne mérite autant ce nom là) qui voulait se livrer, le jour du mariage, à ce genre de jeux ridicules du style de la jarretière ou de ceux qui mettent mal à l’aise certains protagonistes. Sa femme sut aussi l’en dissuader. Heureusement, parce qu’il passa à deux doigts de la correctionnelle avant mon éclatement.

Le lundi fut, entre autres, consacré à une visite au restaurant. La patronne est sympathique mais très gentiment bavarde. En tout, téléphone et visites comprises, nous avons bien passé 6-7 heures en sa compagnie. A la suite, visite impromptue au château de Madame K. à D., avec la sublime vue sur la mer.

Le mardi, ce fut le moment d’aller voir le curé qui allait nous marier. Une dernière visite préparatoire de moins d’une heure pour préparer la cérémonie, le reste ayant été validé préalablement par voie électronique. Puis, nous servîmes de guide à mes parents, oncles, tantes et cousins pour visiter Quimper (pas de méchant sacristain dans la cathédrale) et la Pointe du Raz (6 méchants euros à acquitter).

Le mercredi matin fut consacré à des achats des meilleurs produits locaux à P.-A. et l’après-midi à l’arrosage anticipé d’un anniversaire.

Le jeudi, ce fut l’accueil d’autres cousins à B., la visite de Q’., du B. et de ses huîtres très spécialement délicieuses, des chaumières de K. et de la Pointe de T.

Le vendredi, après un peu de repos jusque vers le milieu de l’après-midi, ce fut une nouvelle visite au restaurant pour la mise en place un peu laborieuse et le soir venu, l’accueil des amis éduens. La nuit venue, ce fut enfin l’arrivée d’amis dont la dame devait un peu servir de « camériste » de Madame S. Blague à part, ils furent géniaux !

La dernière nuit, comme les trois précédentes furent marquées par une insomnie sur le coup de 3 heures du matin. Comment paraître frais dans ces circonstances ?

Le matin, il fallut se soucier de la sono. Le plus jeune frère de S. devait bien s’en occuper, mais il dut faire face à plusieurs difficultés imprévues, ce qui l’empêcha de participer à la cérémonie. Il fallut accueillir la « camériste » et le chauffeur qui alla préparer la voiture, dans un rare souci du détail. Je dus m’occuper des fleurs. De retour à l’église de B. pour les déposer, je fus accueilli par le curé (pas celui qui devait nous marier, mais celui de la paroisse), complètement dépassé par les événements et qui avait surtout perdu un papier officiel. Grosse colère rentrée car nous nous doutions qu’il l’aurait perdu. Il m’avait soi-disant laissé un message sur mon portable pour me le dire (en fait ce n’est qu’en rentrant à H. que nous avons découvert son message sur le téléphone fixe) et pour nous demander de régler des choses que les bénévoles de l’église avait déjà faites depuis longtemps. De retour auprès de S., alors en pleine préparation, finition de mon rasage (eh oui, ça pousse vite !) et habillage. A ce moment là, on m’apprend qu’il n’y aura pas de préposé aux CD à l’église. Heureusement, je l’avais presque prévu : mon cousin O., chauffeur-photographe fera l’affaire. Une demie-heure avant le début de la cérémonie, je suis sur place, j’accueille bien maladroitement la flutiste-amimatrice et le harpiste et d’autres amis. Les curés arrivent. Je fais la connaissance de plein de personnes que je vois pour la première fois. L’arrivée de S. étant imminente, je presse les gens à entrer dans l’église alors que je charge ma tante M. de distribuer le « programme ».

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9 novembre 2007

3 Novembre : 1/5 - Préambule

Voici tout d’abord un texte introductif dont nous eûmes le loisir de prononcer paradoxalement de façon claire et définitive alors que nous étions pourtant submergés par l’émotion. Je dois dire pour ma part, que lors de la relecture du premier paragraphe le matin même, je n’avais pas pu faire autrement que de bafouiller lamentablement.

« Chers parents, chers amis, nous sommes heureux de vous accueillir aujourd’hui sous cette nef. Il y a à peine plus de deux ans, nous étions encore à des années-lumière de penser que l’on pourrait se retrouver là devant vous, tant une telle perspective nous semblait impensable, enfermés que nous étions dans nos vies de célibataires endurcis. Il a fallu bien des bouleversements dans nos vies respectives pour rendre possible notre rencontre improbable. En effet, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les battements d’ailes d’un papillon atlantique qui ont provoqué le cyclone qui a rapproché la Bretagne des terres septentrionales. Un cyclone de l’amour qui nous a uni de façon décisive, évidente, et en réalité, empreinte d’une très grande sérénité. Cette union entre les contreforts des monts du lyonnais, du Pilat et du Morvan et les terres armoricaines, avec pour témoin la Loire, faisant un pont entre ces différentes racines.

Aujourd’hui, chers parents, chers amis, vous êtes les témoins privilégiés de notre union que nous voulons célébrer devant vous et devant le monde. Certains d’entre vous sont venus de très loin pour fêter cet événement. Nous souhaitons tous vous remercier d’être là et de tous nous faire ce cadeau. De notre côté, nous avons souhaité vous montrer la puissance de notre amour et de la fidélité de notre engagement pour la vie. »

Dans l’assistance, il y avait des acteurs essentiels de cette union. Outre le Lépidoptère déjà évoqué, la famille, des amis importants, il y avait une Odonate. Non pas une Demoiselle furtive et innocente, mais une Libellule expérimentée, qui sans l’air de s’en rendre compte, par la force de sa vie, qui a pourtant vu tant d’Éphémères se rompre les ailes, qui a traversé elle aussi les embûches du mauvais temps, a apporté une consistance, une assise, et si j’ose me permettre, un surcroît d’intelligence aux individus et au couple en cours de formation. Je suis heureux de m’être découvert, sur le tard, une passion pour l’entomologie. Nul doute aussi que j’ai encore des progrès à faire dans cette science et que les insectes, aux ailes si magiques, sauront nous guider longtemps de leur amitié.

7 novembre 2007

Bonnes et mauvaises nouvelles

J’avais raconté, l’hiver dernier, si je me souviens bien, les caractéristiques de nos voisins :

§  Ils s'engueulaient très régulièrement avec des noms d'oiseaux impossible à vous retranscrire ici.

§  Elle « incendiait » (cris de bête sauvage) son gamin d’environ 3 ans plusieurs fois par jour. Nous avions commencé à en parler autour de nous et j’attendais l’avis d’un ami pour savoir comment s’y prendre.

§  Une absence presque totale de communication avec eux, particulièrement elle qui n’a jamais eu l’idée de nous saluer ; pire, elle se cachait ou se retardait pour nous éviter. En 14 mois de voisinage, nous n’avons pu la saluer que 3-4 fois : une fois seulement, elle a esquissé un début de semblant de commencement de sourire.

§  Un comportement curieux avec le chien : j’ai l’impression qu’ils ne le sortaient que rarement, celui-ci se laissant aller sur le balcon. Je me souviens d’odeurs qui ne sentaient pas que la rose. Les plantes de notre balcon se souviennent des nettoyages intempestifs à grandes eaux chlorées (nous sommes à l’étage en-dessous). Bref, du grand n’importe quoi. Et moi qui ne comprenait pas pourquoi les feuilles des plantes étaient tachées (brûlées).

Du côté des bonnes nouvelles, c’est un certain ouf de soulagement puisqu’ils viennent de déménager. S., perspicace, l’avait deviné dès hier en rentrant de Bretagne en s’apercevant qu’un sac de déchets recyclables avait été laissé dans le couloir. En effet, nos voisins n’auraient jamais eu l’idée de trier leurs déchets. Et puis, depuis quelques temps déjà, nous avions des soupçons. Résultat des courses : ils ont quitté leur appartement. J’en ai eu confirmation ce matin par une amie des nouveaux occupants qui ont commencé l’emménagement vendredi (ils n’habitent pas encore là). Je ne puis que formuler le vœu que les nouveaux seront plus sympas que les précédents. Il faudrait qu’ils fassent fort pour que cela ne soit pas le cas.

Du côté des mauvaises nouvelles, c’est que leur situation ne s’est pas nécessairement améliorée. Se séparent-ils ? Nous soupçonnons fortement des fins de mois très difficiles, mais surtout que va devenir le gamin ? Nous l’ignorons complètement.

7 novembre 2007

Chapelle de Trébalay

Cette note a pour objet de répondre en image à la petite devinette de la note précédente. La croix qui était en photo est celle de l'un des deux calvaires de la chapelle de Trébalay (une des huit chapelles de la commune de Bannalec). Il y a un an, elle ressemblait à ça :

T1

Il n'y avait aucun toit. Seuls les murs avaient été restaurés à partir des années 1970-80. L'association qui s'occupe de cette chapelle a néanmoins réussi à trouver les financements nécessaires à la construction d'un toit couvert d'ardoises angevines. Il a même été organisé une souscription pour l'achat d'ardoises par la population. 700 ardoises à 2 € ont été vendues ainsi. Elles sont gravées du nom des donnateurs. Personnellement, l'idée n'était peut-être pas mauvaise, mais le fait de graver les noms me déplaît fortement, d'autant plus que nous avons appris que des "clans" ont été constitués sur la toiture. Lamentable mentalité...

Voici la chapelle telle qu'elle apparaissait il y a deux jours.

T2T3T4

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