Astrologie
De nombreuses radios, des télévisions, une forte proportion de la presse hebdomadaire, notamment féminine et la quasi totalité des quotidiens régionaux arborent des émissions, des pages ou des rubriques axées sur l’astrologie. Je ne compte pas les autres pages, l’internet ou d’autres médias qui font également la promotion, la propagande de cette discipline, de la voyance ou toutes autres formes de divinations et de sciences occultes.
Inutile de dire combien tout cela m’agace, même si la plupart du temps j’ignore tout ce matraquage (les médias que j’écoute, que je regarde ou que je lis sont heureusement épargnés). Alors voilà déjà un jugement de valeur fort peu favorable à l’astrologie, mais ceux qui me connaissent ne peuvent pas douter combien je suis farouchement allergique à de telles pratiques.
Je me demande si c’est encore utile de le dire, tant cela a été rabâché çà et là, mais je fais un rappel succinct. Depuis la plus haute Antiquité, comme dirait l’autre, en fait probablement depuis les époques préhistoriques, l’homme a contemplé la voûte céleste, a repéré les positions des objets (des étoiles la plupart du temps, en plus de quelques planètes du système solaire) qu’il voyait les uns par rapports aux autres. Il s’est vite aperçu que tout cela bougeait, qu’il y avait des cycles journaliers, saisonniers, annuels… Son imagination fertile lui a fait établir des liens entre ces observations et leur vie, introduisant rapidement des aspects magiques, divinatoires, légendaires, religieux… D’autant que longtemps, cette voûte céleste portait bien son nom, elle n’avait pas ou peu d’ « épaisseur », tout apparaissait plus ou moins sur le même plan, avec des objets de caractéristiques et de tailles variables (encore que cette variabilité était encore assez limitée à l’époque).
Aristote, au IVe s. av. J.-C. posa le principe du géocentrisme. Ses idées furent redécouvertes vers le XIIe s. et reprises par l’Église et furent intégrées au dogme (je résume peut-être un peu, mais cela revient à ça). Jusque vers la fin du Moyen-Âge, l’astrologie avait assez peu évolué sur le plan scientifique, aucune découverte majeure ne venait contredire les idées aristotéliciennes. Les choses allaient changer avec les idées, les expériences et les théories scientifiques de Copernic, Kepler et Galilée, notamment. Les observations astronomiques, notamment grâce à la lunette et toutes les expériences mises en œuvre, allaient de façon décisive, faire diverger astrologie et la science astronomique. La première resterait avec ses croyances, son extrême pauvreté en terme références scientifiques et qui resteront assez figées durant les siècles suivants. La seconde, véritable discipline scientifique, alliée à la physique allait connaître des progrès scientifiques extraordinaires (gravitation de Newton, relativités d’Einstein…), aidée en cela par les progrès fulgurants des techniques d’observation (télescopes géants, radioastronomie…), voire par de nouvelles sciences naissantes (physique nucléaire, mécanique quantique…).
L’astrologie fait une place primordiale à la notion de constellation, c’est-à-dire à des regroupements apparents d’étoiles qui portent des noms le plus souvent d’animaux ou de créatures plus ou moins mythologiques et auxquelles, pour faire simple, on associe des caractères propres, ces caractères que l’on retrouve dans les signes zodiacaux en fonction des dates de naissances des individus. D’un part, ces constellations n’ont pas une forme bien définie. La constellation du Sagittaire aurait très bien pu s’appeler la constellation du fer à repasser si l’on avait relié les points autrement. Seulement, c’est moins joli. Ensuite, ce qui est presque encore plus risible, c’est que les étoiles qui composent ces constellations ne se trouvent absolument pas sur le même plan, mais peuvent êtres relativement « proches » ou éloignées de plusieurs centaines d’années-lumière ou davantage. L’astrologie a donc encore du mal à tenir compte de la troisième dimension de l’espace et ne parlons pas du temps ! Notons par ailleurs que l’astronomie a abandonné depuis fort longtemps le concept de constellations, celles-ci ne servant aujourd’hui que comme points de repère. A noter aussi que l’astrologie n’a pour ainsi dire pas su faire évoluer, depuis l’Antiquité, la position des constellations au sein de la voûte céleste. Or, insensiblement, celles-ci se sont notablement déplacées et déformées.
L’astrologie va plus loin, puisqu’elle voit des interactions entre les planètes du système solaire (dont elle méconnaît la liste exhaustive) et les constellations. Je dois dire que c’est à mourir de rire quand on entend que « Vénus entre dans la Verseau ». Il faut alors s’imaginer, avec d’autres proportions que Vénus se trouve au bout de mon bras et que les étoiles du Verseau se situent, par exemple entre Paris, Alger, Le Cap ou la Lune !
Immanquablement, la Lune et le Soleil ont une influence sur les forces gravitationnelles et sur l’ensemble des constituants physiques et biologiques de la Terre. Les autres planètes du système solaire, sans doute un peu aussi, bien que là, ça devienne extrêmement ténu, voire négligeable. Enfin, admettons. En revanche, l’influence des étoiles de la Petite Ourse, il ne faut pas pousser. Et même s’il y en avait une, ce ne sont pas les grandes modélisations mathématiques du docteur Élizabeth T e i s s i e r qui vont apporter de l’eau au moulin à tout ce ramassis de fadaises moisies qu’est l’astrologie.
Les horoscopes, me dira-t-on s’avèrent souvent pertinents. Oui, ils sont fort bien rédigés, restent suffisamment vagues pour tout y voir a posteriori ce qu’on a vécu. Des expériences en aveugle ont été menées et ont montré que l’horoscope fonctionnait de la même manière quand le tirage au sort du signe se faisait de façon aléatoire. Alors quoi ? Eh bien, on trouve régulièrement dans les horoscopes, des conseils de prudence que pourraient délivrer n’importe qui. Le reste, c’est du vent, bien évidemment.
Et alors, l’astrologie, ce n’est pas dangereux ? C’était mon sentiment, mais beaucoup d’esprits peu cultivés ou fragiles y croient, se font abuser par des charlatans de tout poil. Certaines personnes, certaines familles, déjà dans la misère se font dépouiller et influencer psychologiquement, avec des effets parfois destructeurs. L’astrologie, comme beaucoup de sciences occultes doit être combattue. Un combat d’arrière garde ? Cela ne sert à rien ? On n’y peut rien ? Un petit peu comme pour les injustices et la misère, il faut baisser les bras ? Oui, on est impuissant. Mais il m’arrive encore parfois de m’indigner, contre l’injustice et la misère, contre plein de choses inadmissibles, et aussi parfois contre l’astrologie et autres fadaises.