Eau de chêne
Cette année encore, les cieux éduens de juillet ne nous ont guère été favorables. Pas de température suffisante qui aurait permis à mon corps d’athlète d’épouser les eaux rédemptrices de l’étang Saint-Georges. Car oui, celui que je suis, celui qui paraît, celui qui ne voudrait pas être autrement mais rêve parfois d’être autre, alors même qu’il réussit parfois, de plus en plus souvent, à oublier qu’il est… eh bien il croit à la force de cette eau miraculeuse qui guérit bien des choses, et même pour de vrai. Qui croira que je suis devenu fou, qui croira que j’ai bu autre chose que de cette eau ? Je l’ai déjà dit, cette eau est un concentré de tout, et tout ne s’explique pas, du moins je ne veux pas.
Alors ce chêne dont j’ai parlé comme étant le mien, parce que mes parents me l’ont dédié tout gamin quand ils l’ont dégagé du dense fourré qui bordait l’étang. Il était encore tout chétif à l’époque. Il ne pousse pas sur un bon sol (trop argileux, trop humide et fort pauvre). Ce ne sera jamais un géant, mais il a de l’allure. Égalera-t-il un jour les deux frênes éternels qui l’entourent ? Peu importe, il sera là jusqu’à la fin.