Seconde Guerre mondiale
Lorsqu’au détour d’une conversation, il m’arrive d’évoquer avec des collègues, des événements liés à la Seconde Guerre mondiale, j’ai souvent l’impression de passer soit pour un vieux fossile, soit pour quelqu’un qui m’embête inutilement. Ce n’est pas d’aujourd’hui que je m’en suis aperçu et pourtant il semble que je ne sois pas la cause principale de cette impression.
La première raison, c’est sans doute l’âge. Mon âge, mais aussi celui de mes parents et celui qu’avaient mes grands-parents. Evidemment, parmi mes collègues, beaucoup sont plus jeunes que moi, mais je dois quand même me situer dans la moyenne d’âge. Seulement, mes parents ont connu la guerre (9 et 10 ans en 1945) et mes grands parents y ont été directement impliqués et en ont tous souffert. Ils n’y sont pas morts, mais tous ont eu des séquelles physiques ou psychologiques plus ou moins importantes. En bref, dans l’entourage familial et amical de mes parents, j’ai toujours entendu parler de la guerre, avec parfois des détails extrêmement précis et qui marquent. Une large part de mes collègues a échappé à ça.
La deuxième raison, ce n’est pas moi qui l’ai directement diagnostiquée, elle provient probablement d’un certaine méconnaissance des faits historiques, géographiques, économiques, sociaux, politiques…Dans ces circonstances, on a souvent salué ma culture, et une ex collègue (elle me le rappelait il y a peu) a été qualifiée de dictionnaire. Curieux quand même dans une structure où le niveau d’études est loin d’être au ras des pâquerettes. Bien sûr, il y a de notables exceptions, mais je note incontestablement un manque de curiosité (scientifique ou autre), un manque d’intérêt évident pour tout ce qui nous entoure, une faible capacité d’indignation apparente vis-à-vis des injustices. Bref, je ressens ça comme une certaine résignation.
J’aimerais que dans des conversations à l’occasion des pauses ou des repas de midi, on me donne davantage la contradiction, que l’on interagisse. Les débats contradictoires sont rares et c’est bien dommage.
Pour en revenir à la Seconde Guerre mondiale, je ressens donc un progressif mais long « glissement », c’est-à-dire, une certaine banalisation de l’événement qui rentre dans l’histoire comme les autres. Je ne sais trop quoi en penser. Bien que loin de l’avoir vécue, j’ai été trop baigné dans les souvenirs de cette guerre pour avoir du mal à comprendre ce lent mais inéluctable « glissement » chez les plus jeunes. Autrement, je ne me fais aucune illusion, je sais depuis longtemps que l’on a oublié bien vite les « leçons » de la guerre. Demain comme hier, les hommes se combattront avec une violence inouïe, avec la faculté cette fois de s’autodétruire plusieurs fois. Et ça fait toujours froid dans le dos.
Agriculture biologique
L’intérêt majeur de l’agriculture biologique réside dans le fait qu’elle pollue beaucoup moins que l’agriculture conventionnelle (laquelle se pare souvent du trompeur qualificatif de raisonnée). Autre élément très important, l’agriculture biologique favorise la biodiversité dans les sols et en surface en n’empoisonnant pas ou moins la faune. En ce qui concerne la flore adventice, elle n’est en principe guère tolérée dans les parcelles cultivées, en revanche les plantes des parcelles adjacentes ne ressentent pas les retombées d’herbicides par voie atmosphérique ou par reuissellement. L’agriculture biologique n’utilise ni engrais chimiques (uniquement de la fumure organique), ni pesticides (hormis quelques-uns qui restent autorisés, mais l’ensemble en quantités extrêmement faibles par rapport à l’agriculture conventionnelle). Bien sûr, il y a bien d’autres obligations quand on est en « bio », mais je passe sous silence, ce n’est pas mon propos.
Beaucoup de consommateurs sont persuadés qu’il est plus sain de consommer « bio ». Seulement, les études peinent à le démontrer en général, même si elles sont néanmoins formelles pour certains produits. Le pain complet « bio » n’est en principe pas toxique puisque l’enveloppe des graines de céréales n’ont pas accumulé des toxiques (pesticides) utilisés en agriculture conventionnelle. Il se trouve aussi qu’en terme de toxicologie humaine, on a du mal à démontrer la toxicité de la multitude de pesticides que l’on retrouve notamment dans les fruits et légumes, l’eau ou le vin… Tous ces pesticides sont en principes présents dans des concentrations inférieures, voire très inférieures, aux normes, lesquelles ne sont pas toujours faciles à évaluer. Le problème est que durant ces dernières dizaines d’années, les molécules se sont multipliées et que l’on ne sait rien des leur interactions ni des problèmes de biaccumulation ou de biomagnification. Avec les pollutions atmosphériques diverses, ne faudrait-il pas chercher plus loin les raisons de certains cancers ? Je ne m’avancerais pas, la pente est glissante.
Le fait de ne pas utiliser certains produits phytosanitaires peut néanmoins poser problème notamment pour la conservation des produits. C’est un souci particulier lorsque cela peut avoir des conséquences funestes sur la santé (ergot du seigle par exemple).
Actuellement, le « bio » est sous-développé en France et on en importe beaucoup. Quel est alors l’intérêt du « bio » lorsqu’on transporte les produits sur de longues distances, générant d’autres pollutions. Et je ne parle pas du suremballage dont la grande distribution est coutumière. Non, le « bio » s’il veut conserver son intérêt doit nécessairement passer par des filières courtes du producteur au consommateur (objet, entre autres, des AMAP). Et ce n’est vraiment pas facile, notamment dans le nord de la France (en dehors des grandes villes) où le « bio » y est encore plus balbutiant qu’ailleurs (probablement pour des raisons culturelles et conservatrices). Et il reste la question du prix : j’ai du mal à accepter de payer deux à trois fois plus cher (parfois plus), surtout quand on sait que le producteur est rémunéré à peine 20 % plus cher (chiffre sans doute très variable en fonction des produits) qu’en conventionnel.
Encore aujourd’hui, le « bio » n’est pas bien compris. On fantasme beaucoup avec ça. La ménagère citadine se fait aussi beaucoup d’illusions. Tant qu’on n’aura pas mis en place une agriculture biologique « massive » et dans toutes les régions pour une majorité de produits, l’impact environnemental restera négligeable. Reste le souci de la formation des agriculteurs. Certains pensent généralement que c’est pas plus difficile qu’en conventionnel. Il n’y a rien de plus faux. Le conventionnel offre la possibilité de corriger certaines erreurs ou certains problèmes par voie chimique, alors que le « bio » ne permet pas cette facilité. Le « bio » impose une technique et un savoir-faire de hauts niveaux. Enfin, le « bio » ne permet pas de faire les mêmes produits. Un vin « bio » ne ressemble pas à un vin conventionnel. C’est une question de goût, mais les vins « bio » que j’ai été amené à goûter ne m’ont jamais enthousiasmé. Selon un vigneron de notre connaissance, les vignerons « bio » n’arrivent à faire un vin semblable au sien que lors des très grandes années comme 2003.
Un autre argument souvent énoncé par les détracteurs du « bio » est la prétendue insuffisance des rendements qui ne permettraient pas de nourrir toute la planète, alors que dans le même temps, les surfaces des terres cultivables ne cessent de diminuer dans le monde. C’est exact, les rendements sont sensiblement inférieurs, mais le coût énergétique pour la production est très inférieur. De plus, une agriculture respectueuse des cycles biologiques évite aussi la destruction de certains sols (salinisation de certains sols par irrigation excessive en climat aride, stérilisation des sols par destruction progressive de la faune endogée…).
Complément du 28/09/09 :
Il convient de préciser que les produits « bio » ne sont pas forcément synonymes de qualité comme il est aussi vrai que l'agriculture non biologique peut, à l'aide de cahiers de charges privilégiant la qualité (exemples : certains labels rouges, certaines AOC), aboutir à d'excellentes qualités gustatives des produits. Cependant, sur certains produits, ces critères de qualité sont parfois insuffisants et ne sont pas une garantie d'inocuité environnementale, même si certains cahiers des charges intègrent partiellement cet aspect. Enfin, je connais (ou j'ai connu) quelques producteurs qui font du « bio » sans le savoir ou s'en approchent fortement. Enfin, il reste, quand on en a la possibilité, la solution de la production « du jardin », et celle-là, lorsqu'elle est bien mise en oeuvre et économe en moyens chimiques, se révèle être la meilleure solution.