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Cornus rex-populi
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19 septembre 2009

Mutuelle

Je vais peut-être enfoncer des portes ouvertes, mais je constate que dans mon entourage, particulièrement professionnel, on ne sait pas ce qu’est une mutuelle et qu’on dit souvent n’importe quoi sur le sujet, surtout quand il s’agit d’envisager la mise en place d’une mutuelle d’entreprise.

Les mutuelles, dans le sens « moderne » de la chose sont à l’origine des structures de coopération, de solidarité et d’entraide, nées au XIXe s. dans la classe ouvrière qui était opprimée par le patronat tout puissant. Elles ont été également en partie les ancêtres des syndicats ouvriers.

Actuellement, les mutuelles de santé, du moins certaines d’entre elles, en sont les héritières. Elles ont donc précédé la sécurité sociale. Après 1945, elles ont subsisté, mais elles se sont surtout développées à nouveau à compter de la fin des années 1970 ou le début des années 1980 lorsqu’on a vu apparaître puis s’agrandir le « trou » de la sécurité sociale et où les gouvernements successifs ont commencé à donner des coups de canif dans la protection sociale, que ce soit les retraites, l’indemnisation du chômage et bien sûr la couverture maladie. On a commencé à dérembourser certaines prestations, phénomène qui s’est amplifié de façon quasi exponentielle jusqu’à aujourd’hui. Pour compenser, les mutuelles, les mutuelles d’assurance et les assurances se sont largement développées. Mais quelles différences entre ces différents modes ?

  • Une assurance est une entreprise capitaliste lucrative qui a pour vocation de faire des bénéfices et de les redistribuer à ses actionnaires. Elle n’est pas démocratique et n’est pas signataire du Code de la mutualité. Elle peut sélectionner les risques et décider de ne pas ou ne plus assurer une personne.

  • Une mutuelle d’assurance (type M A C I F, M A I F, M M A, M A A F, M A T M U T…) a un fonctionnement démocratique et est sans but lucratif. Elle n’est pas signataire du Code de la mutualité et peut, comme une assurance, sélectionner les risques et décider de ne pas ou ne plus assurer une personne.

  • Une mutuelle a aussi un fonctionnement démocratique et est sans but lucratif. Elle est signataire du Code de la mutualité et a interdiction de sélectionner les risques ou de ne plus assurer une personne.

La ministre de la santé, qui ne brille pas par sa compétence et pas son désintéressement, c’est le moins que l’on puisse dire, avait dit, il y a quelques mois, que les mutuelles pouvaient contribuer davantage au financement des dépenses de santé en complément de la sécurité sociale en pleine déconfiture. Les mutuelles possèderaient, selon elle, « un bas de laine ». Il s’agit là d’un formidable mensonge éhonté. Peut-être que les mutuelles (au sens strict) n’ont pas un fonctionnement optimal, mais par définition, elles ne font pas de bénéfices et le montant des cotisations reflète essentiellement l’importance de la couverture et les augmentations des cotisations sont dues surtout aux déremboursements imposés par les gouvernements. Ah si, les mutuelles possèdent bien un bas de laine que le dernier premier ministre socialiste suicidé avait imposé au début des années 1990, soit une réserve de cotisations d’un an, en cas de faillite et à laquelle elles n’ont pas le droit de toucher.

Inutile de vous dire quel type de complémentaire santé je peux avoir. Mais mon idéal n’est pas là. Il serait une sécurité sociale prenant en charge 100 % des dépenses de santé avec des cotisations indexées sur TOUS les revenus. Et même s’il existe la CMU dont certains peuvent heureusement profiter, d’autres, à peine mieux lotis n’y ont pas droit. Alors ils se ruinent avec leur complémentaire santé ou plus couramment, ils y renoncent pour faire des économies, parfois bienvenues. Vive le progrès !

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Commentaires
C
A Lancelot> Ceci dit pour compliquer un peu plus, je me suis aperçu que certaines mutuelles d'assurance peuvent, sur une partie de leurs activités, être signataires du code de la mutualité, ce qui ajoute un peu de confusion. En tout état de cause, il convient d'être attentif à tout ça et parfois, cela manque cruellement de transparence. Cela n'est pas forcément fait sans malice. Les assurances pures, elles peuvent proposer des tarifs très compétitifs car ils sont bien organisés, ciblent des clients intéressants financièrement (peu malades) ou peuvent se rattrapper sur d'autres produits à côté (assurances habitation, voiture, produits financiers...).<br /> Oui, j'ai entendu pour le forfait hospitalier. La "légère" augmentation que l'on nous sert fait oublier la forte augmentation précédente dont on nous avait assuré qu'elle était exceptionnelle et qu'on y toucherait plus. Beaucoup ont oublié. Et les retraités, ce forfait hospitalier, ils doivent le payer intégralement, sauf si la mutuelle le prend en charge. Et de toute façon, cette augmentation du forfait se répercutera sur le montant des cotidsations mutuelle ou sur la durée de prise en charge qui sera réduite. Il n'y a pas de miracle.
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L
Hum, explications claires et précises, je ne savais pas tout ça. Comme 80% des français, l'organisation interne des divers organismes de santé est une nébuleuse très floue dans ma tête.<br /> <br /> Ceci dit, ce qui me fait BONDIR (mais on en avait déjà parlé chez toi, je crois) c'est les petites phrases venues d'en haut, du genre "oh, bah, une augmentation de deux euros du forfait journalier hospitalier, c'est pas la mer à boire". Ben, si on ne passe qu'un ou deux jours à l'hôpital, d'accord. Si on a une maladie grave nécessitant des hospitalisations longues et fréquentes, c'est la catastrophe. Et il paraît évidemment utopique de croire naïvement que ce sont les mutuelles qui se pourront se charger du reste de l'ardoise....
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C
A Karagar> Je ne connais pas vraiment. J'imagine que les banques mutualistes fonctionnent à la manière des mutuelles d'assurance, avec des administrateurs élus et ne doivent pas avoir d'actionnaires rémunérés. Pour le reste, elles ne doivent pas forcément faire de cadeaux.
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K
Bon mon comm est arrivé sous Amiens ! C'est à n'y rien comprendre !!
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C
A Patriarch> Oui, il y a des organismes de retraite complémentaire mutualistes.<br /> <br /> A Armogn> Tant mieux alors si des fois je peux servir ! ;-)<br /> <br /> A Comprendre> Bon complément d'explications au sujet de tous ces nantis qui ne peuvent pas se payer une mutuelle. Au sujet de Bérégovoy, je ne me suis pas trompé, car j'avais bien mis "suicidé". Il est vrai que j'ai été tordu sur ce coup. Et c'est vrai que Jospin a commis une forme de suicide politique au soir du premier tour de l'élection prsidentielle de 2002.
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C
Je ne maitrise pas le domaine de la santé, tes explications enrichissent un peu ce "trou" :) Les classes sociales intermédiaires, c'est à dire entre les gens "pauvres" (eux-mêmes au-dessus des très pauvres) et les "middle-classe" (cadre moyen), qui correspondent grosso modo aux ouvriers non spécialisés, certains artisans, à une bonne partie des travailleurs intérimaires ou des salariés à temps partiels, sont clairement les moins bien lotis dans notre France moderne. Trop riches, ils ne peuvent prétendre à toutes les aides existantes, ou du moins à leur taux plein. Trop pauvres, ils ne peuvent avoir les à côtés pratiques, tels que les mutuelles, pour améliorer leur quotidien. D'accord avec ton constat. Une précision, le dernier premier ministre socialiste français n'était pas Pierre Bérégovoy (93) mais Lionel Jospin (de 97 à 2002).
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A
Merci pour cette note fort instructive, tout ceci n'était pas bien clair dans ma tête !
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P
je suis resté à celle du bâtiment à la retraite. Comme je reçois une partie de ma pension par ce même organisme, mon prélèvement est effectué sur cette pension, plus pratique pour nous.<br /> <br /> Bon samedi.
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Cornus rex-populi
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