Mutuelle
Je vais peut-être enfoncer des portes ouvertes, mais je constate que dans mon entourage, particulièrement professionnel, on ne sait pas ce qu’est une mutuelle et qu’on dit souvent n’importe quoi sur le sujet, surtout quand il s’agit d’envisager la mise en place d’une mutuelle d’entreprise.
Les mutuelles, dans le sens « moderne » de la chose sont à l’origine des structures de coopération, de solidarité et d’entraide, nées au XIXe s. dans la classe ouvrière qui était opprimée par le patronat tout puissant. Elles ont été également en partie les ancêtres des syndicats ouvriers.
Actuellement, les mutuelles de santé, du moins certaines d’entre elles, en sont les héritières. Elles ont donc précédé la sécurité sociale. Après 1945, elles ont subsisté, mais elles se sont surtout développées à nouveau à compter de la fin des années 1970 ou le début des années 1980 lorsqu’on a vu apparaître puis s’agrandir le « trou » de la sécurité sociale et où les gouvernements successifs ont commencé à donner des coups de canif dans la protection sociale, que ce soit les retraites, l’indemnisation du chômage et bien sûr la couverture maladie. On a commencé à dérembourser certaines prestations, phénomène qui s’est amplifié de façon quasi exponentielle jusqu’à aujourd’hui. Pour compenser, les mutuelles, les mutuelles d’assurance et les assurances se sont largement développées. Mais quelles différences entre ces différents modes ?
Une assurance est une entreprise capitaliste lucrative qui a pour vocation de faire des bénéfices et de les redistribuer à ses actionnaires. Elle n’est pas démocratique et n’est pas signataire du Code de la mutualité. Elle peut sélectionner les risques et décider de ne pas ou ne plus assurer une personne.
Une mutuelle d’assurance (type M A C I F, M A I F, M M A, M A A F, M A T M U T…) a un fonctionnement démocratique et est sans but lucratif. Elle n’est pas signataire du Code de la mutualité et peut, comme une assurance, sélectionner les risques et décider de ne pas ou ne plus assurer une personne.
Une mutuelle a aussi un fonctionnement démocratique et est sans but lucratif. Elle est signataire du Code de la mutualité et a interdiction de sélectionner les risques ou de ne plus assurer une personne.
La ministre de la santé, qui ne brille pas par sa compétence et pas son désintéressement, c’est le moins que l’on puisse dire, avait dit, il y a quelques mois, que les mutuelles pouvaient contribuer davantage au financement des dépenses de santé en complément de la sécurité sociale en pleine déconfiture. Les mutuelles possèderaient, selon elle, « un bas de laine ». Il s’agit là d’un formidable mensonge éhonté. Peut-être que les mutuelles (au sens strict) n’ont pas un fonctionnement optimal, mais par définition, elles ne font pas de bénéfices et le montant des cotisations reflète essentiellement l’importance de la couverture et les augmentations des cotisations sont dues surtout aux déremboursements imposés par les gouvernements. Ah si, les mutuelles possèdent bien un bas de laine que le dernier premier ministre socialiste suicidé avait imposé au début des années 1990, soit une réserve de cotisations d’un an, en cas de faillite et à laquelle elles n’ont pas le droit de toucher.
Inutile de vous dire quel type de complémentaire santé je peux avoir. Mais mon idéal n’est pas là. Il serait une sécurité sociale prenant en charge 100 % des dépenses de santé avec des cotisations indexées sur TOUS les revenus. Et même s’il existe la CMU dont certains peuvent heureusement profiter, d’autres, à peine mieux lotis n’y ont pas droit. Alors ils se ruinent avec leur complémentaire santé ou plus couramment, ils y renoncent pour faire des économies, parfois bienvenues. Vive le progrès !