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Cornus rex-populi
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20 décembre 2007

En attendant 2008

Demain, nous partons sous d'autres cieux plus au sud. Pour autant, si tout va pour le mieux, Fromfrom devrait être ravie de voir de la neige ici :

1

Sinon, nous grimperons plus de 1000 m plus haut :

2

S'il n'y a pas de neige ici, je me fais curé !

Joyeux Noël à tous, bonnes fêtes et à l'année prochaine !

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16 décembre 2007

Colère (2)

Madame Bout*in est extrêmement satisfaite puisque tous les sans-logis qui le demanderont pourront avoir un toit pour dormir la nuit. Les fameuses places à leur disposition sont tellement confortables et sympathiques que ces salauds de SDF ne veulent même pas y aller. Oui, Madame Bout*in, heureusement qu’on vous a pour régler si brillamment les problèmes. Le pire dans cette affaire, c’est que beaucoup de nos concitoyens marchent dans cette histoire. Mais en même temps, ce n’est pas très étonnant, cela procède du même syndrome que je décrivais dans une ancienne note : on considère que ces sans abri ont bien « mérité » la situation dans laquelle ils se trouvent. Je crains que cela ne soit pas près de changer, surtout avec le magnifique gouvernement que nous avons la chance d’avoir. En relisant cette note, je me suis aperçu que le cadeau fiscal de 15 milliards fait cet été par le président était largement suffisant pour régler durablement le problème puisque j’estimais qu’on pouvait le faire avec 10 milliards. Or, Madame Bout*in, parle elle de millions, voire tout au plus de dizaines de millions d’euros qu’elle offre généreusement à ces gens là. Et le sous-ministre transfuge d’Emmaüs, il dit quoi pendant ce temps là ? Je ne veux pas l’accabler, mais je l’ai entendu la semaine dernière à la radio : soit il a vraiment rien compris à rien, soit c’est un fieffé arriviste.

N.B. : pour certains lecteurs inconnus de passage, avant de m’incendier dans un commentaire, prenez le temps de bien lire ce que j’ai pu écrire. Il se peut que je succombe parfois à certains brins d’ironie.

14 décembre 2007

Retrait du voile

Puisque nous en sommes arrivés à lever le voile, allons-y jusqu’au bout ! Voici donc Madame Fromfromgirl et Monsieur Cornus un certain 3 novembre. Je crois que ce jour là, nous n’étions pas trop mal !

F_C 

14 décembre 2007

Compromission

Un Ligéro-bourguignon qui boit du Bordeaux à son mariage est une compromission, un sacrilège. Bref, une honte. Certains étaient trop contents d'immortaliser la scène. Une photo doublement compromettante, parce que le marié, non seulement était ravi de boire le breuvage, mais il a de surcroît trinqué à de multiples reprises parce qu’il a trouvé le nectar à la hauteur des promesses de « Parle-guère », la patronne des lieux. Comme quoi, même les Bretons, même s’ils ont globalement tendance, depuis des siècles, à s’obstiner à la monoculture œnologique liée au tropisme naturel bordelais, n’en ont pas moins bon goût ! Je n’en ai jamais douté.

C_K

14 décembre 2007

Colère

On a fait des cadeaux à ceux qui en ont le moins besoin (15 milliards d'euros, sans compter les milliards accordés par les précédents gouvernements). Or, les gens dans la misère, qui s'apprêtent à mourir de froid dans la rue sont toujours aussi nombreux, voire de plus en plus nombreux. Je me suis déjà exprimé là-dessus. Et pendant ce temps là, la France, d'une rare générosité, fait parader les dictateurs sanguinaires dans les palais de la république.

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9 décembre 2007

Mes grands-parents maternels

Ce texte correspond à un mélange de souvenirs directs ou d’éléments qui m’ont été rapportés notamment par mes parents. Il s’agit néanmoins d’une évocation très personnelle et sensible de mes grands-parents maternels que j’ai connu tous les deux.

Mon grand-père est issu d’une famille paysanne des Monts du Lyonnais. Il est né en 1905. Jeune, ayant quitté l’école publique très tôt, il travailla très dur dans la ferme de ses parents. Tellement dur que, dans l’entre-deux-guerres, effectuant son service militaire, il y terminera sa croissance. Mon grand-père était un homme assez petit, râblé, mais plutôt costaud. Ayant eu deux enfants (deux filles dont ma mère) et alors âgé de 35 ans, il fut parmi les plus âgés à être mobilisé en 1940. Il fut capturé par les Allemands et emmené comme prisonnier en Bavière. Ce fut un voyage passablement éprouvant. Avec d’autres, il fut mis à la disposition de paysans. Il eut la malchance de tomber dans une ferme dont les patrons étaient particulièrement frustres et incultes. Les prisonniers y étaient traités avec bien peu d’égards. Le menu se composait invariablement de lait caillé et de pommes de terres cuites à l’eau, le tout déposé à même la table. Toutefois, les patrons n’avaient pas un régime beaucoup plus varié et équilibré. Les conditions d’hygiène et de confort, inutile de le préciser, étaient assez épouvantables. Exceptionnellement, les travaux des champs imposaient d’aller travailler chez les voisins. Et là, c’était une toute autre chose : les prisonniers étaient bien traités et surtout, ils mangeaient bien. C’est ainsi qu’il fallut attendre 1945 pour que mon grand-père soit libéré.

Ma grand-mère est née en 1906 dans une famille paysanne dans les Monts du Pilat. Jeune, ses parents possédaient une exploitation en altitude. L’hiver y était particulièrement rude. Mon arrière-grand-père faisait un vin de myrtille (Vaccinium myrtillus L.), très probablement une « horrible piquette ». Ma grand-mère est allée, elle aussi, assez peu à l’école (jusqu’à 12 ans). Entre temps, la famille avait déménagé et avait repris une exploitation plus bas dans la « plaine », dans des endroits où on trouvait de la vigne. Tout ceci a permis la rencontre de mes grands-parents (ils se sont mariés en 1933). Dès lors, ils habitèrent dans la ferme où résidait mon grand-père. Il était le seul à y exploiter la terre. Une terre malgré tout assez ingrate : une altitude assez modérée (400 m), mais des terrains souvent très encaissés et pentus. Certains travaux ne pouvaient se faire qu’à la main. Mon grand-père était un faucheur comme on n’en voit plus. Il était capable de s’attaquer à des prés de plus d’un hectare. Évidemment, sa faux coupait (il fallait la « battre » et savoir l’aiguiser), évidemment il savait faucher. Ce savoir faire a aujourd’hui quasiment disparu. J’ai vu quelques-unes des faux qu’il utilisait (ces modèles là n’existent plus). Mon père l’a vu en action et pourtant, il n’a jamais été capable de reproduire le geste. Ma mère, elle, se souvient de son geste quand il semait le blé à la main dans ses terres : un geste non seulement particulièrement élégant, mais surtout d’une précision et d’une efficacité extraordinaire : il ne s’agissait pas de semer en paquets ou en faisant des « trous ». Celui qui n’a jamais essayé ne perçoit pas forcément la difficulté du geste, d’autant que ce geste, il fallait de répéter avec la même maîtrise des milliers de fois.

Pendant la guerre, la situation de ma grand-mère fut pour le moins délicate. Ma mère et sa sœur étaient encore assez jeunes et ma grand-mère devait s’occuper en grande partie seule de la ferme. A partir de 1942, il n’y eut plus de zone libre. Les Allemands venaient régulièrement se servir à la ferme : sans discussion, ils prenaient de la volaille et des œufs, mais ils payaient (sans doute pas le prix que cela valait, mais ils payaient tout de même). Plus tard, certains « résistants » feraient de même, mais sans payer.

Avant la guerre, mon grand-père pouvait se caractériser comme quelqu’un de son temps et plein de mordant. Hélas, la guerre a brisé définitivement cet élan, l’a brisé tout court. Tout d’abord, après la guerre, on a dû lui enlever un lobe pulmonaire, conséquence directe de ce qu’il avait subi en Allemagne. Son caractère a changé : il est devenu acariâtre. En revanche, il a sans doute toujours été têtu (je crois que j’ai sans doute eu un héritage de ce côté là). Têtu, disais-je, très peu enclin au changement, à l’innovation, mais lorsqu’on lui montrait les bénéfices d’un changement, il finissait quand même par le reconnaître (il le disait à une autre personne que celle avec qui il s’était affronté). Ce caractère de cochon était son principal défaut. Ma grand-mère a entendu des plaintes, des reproches, des contestations, des critiques à n’en plus finir. Et elle ne disait rien à part de rares « mais oui… ». Je pense que c’était une personne particulièrement difficile à vivre au quotidien quand il partait dans ces obsessions. Et ça, je l’ai vécu en direct. Il était aussi parfois pris par des sensations d’étouffement absolument terribles. A la fenêtre de sa chambre, il y avait là tout proche, un pommier ou un poirier et il était persuadé que cet arbre lui apportait l’oxygène qui lui manquait.

Après la guerre, il dut s’occuper de remettre l’exploitation en état. Il refusa l’aide qu’on lui offrait (on voulait lui mettre un Allemand à disposition pour l’aider ; il ne voulait pas qu’un homme subisse ce qu’il avait subi, même si cela n’était pas du même ordre). Mon grand-père n’aimait pas les Allemands, c’est certain, mais quelque chose me dit que s’il avait vécu plus longtemps, il se serait largement adouci. Il n’était donc pas particulièrement moderne et son exploitation ne fut jamais motorisée (jusque dans les années 1960), fait non exceptionnel dans cette région à cette époque. Il n’avait que ses bœufs et, en général, un cheval. Ce fut particulièrement dur après guerre. Ma mère se souvient des bêtes qui ne faisaient pas ce qui fallait, des engueulades mémorables envers ses filles et ses bœufs. En général, les bêtes lui obéissaient au doigt et à l’œil, mais dès qu’il avait le dos tourné ou qu’il était parti à d’autres occupations, bœufs et cheval relâchaient l’effort, devenaient méchants, en faisaient qu’à leur tête. Le grand-père revenu, ma mère et ma tante se faisaient invariablement engueuler, supposant qu’elles étaient en tort, et comme par miracle, les sales bêtes se remettaient à travailler correctement. Dans la seconde moitié des années 1960, la ferme fut reprise par mon oncle (le mari de ma tante). Ce fut alors une succession de « tragédies », car par vagues successives, il y eut bien des modernisations. Au niveau de l’exploitation, bien sûr, mais pas seulement. L’exemple le plus frappant est celui des WC. Pendant de longues années, mon grand-père a refusé d’aller dans des toilettes modernes, préférant utiliser les anciens WC qui se situaient dans la cour, avant que mon oncle ne les supprime.

Mon père était mieux vu que mon oncle. D’abord parce qu’il n’était pas paysan et qu’il ne venait pas le contrarier dans sa vie quotidienne. Et puis ma mère avait depuis longtemps quitté le domicile parental pour son métier d’infirmière et mes parents vivaient en ville. Enfin, mon père avait un avantage, il partageait avec lui un loisir : la chasse. La chasse était quelque chose qui était en lui, comme une seconde peau. Pas un chasseur viandard comme on en voit encore, mais un gentleman de la chasse. C’était avant tout un fin chasseur de lièvre, le plus grand chasseur de lièvre de la commune (je l’ai moi-même entendu dire par de vieux chasseurs alors que lui-même ne chassait plus). Il avait une connaissance parfaite du territoire de chasse (il y avait toujours vécu), et puis il y avait cet instinct, ce truc en plus que tout le monde n’a pas. Il avait des chiens particulièrement doués et entraînés. Il savait exactement où le gibier allait passer. Et s’il ne passait pas là, il passerait là. Et si jamais il y avait du vent, ce serait comme ça. Et si c’était l’après-midi et non le matin à la rosée, la chasse serait comme ceci… Bref, une rare connaissance dont mon père a assez bien profité. Mon grand-père allait en général à la chasse avec une petite équipe d’amis, et donc avec mon père. Après quelques années, mon père eut une assez mauvaise réputation dans la communauté des chasseurs à cause de sa réussite. Et puis parce que mon père n’avait pas l’éthique de mon grand-père. Il y a eu une époque où le gibier tombait comme des mouches. Trop, c’était trop. Mon père a arrêté la chasse, pour d’autres raisons, pendant plusieurs années. Entre temps, il a aussi évolué. Mon grand-père a évolué aussi. Après avoir arrêté de chasser, il m’a avoué qu’il préférait voir courir lapins, faisans et lièvres et qu’il ne voudrait plus en tuer. Certains pourraient croire qu’il s’agissait d’une curieuse attitude. Et pourtant, mon grand-père a toujours prélevé le gibier avec parcimonie, même aux époques où il abondait encore. Il considérait qu’il ne « fallait pas tuer la mère ». Une attitude très moderne en somme.

J’avais 13 ans quand mon grand-père nous a quittés. Il a succombé à un second accident cardio-vasculaire (le premier, quelques années plus tôt, ayant été sans conséquences graves). Au moment même où il succombait, il eut le temps de dire ; « cette fois, ça y est ». Je n’ai pas « profité » de mon grand-père autant que je l’aurais souhaité. Par exemple, je n’ai pas profité de son exceptionnelle connaissance des oiseaux. Mais je crois que quelque part, inconsciemment, il m’a communiqué son amour de la nature.

Ma grand-mère était une femme d’une douceur et d’une gentillesse extrêmes. C’était aussi une personne très discrète qui ne voulait jamais déranger personne. Je me souviens des promenades que nous allions faire ensemble parmi les chemins. Souvent, j’étais avec mes cousins, mais parfois, j’étais seul avec elle. Parfois, on emmenait le « petit char », une petite charrette à deux roues que l’on tirait et sur laquelle on mettait les paniers et des outils. On allait à la vigne, c’est-à-dire l’endroit où se trouvait non seulement la vigne (mon grand-père produisait un petit vin qui, à la meilleure période, était apprécié au village), mais aussi les produits maraîchers et les fabuleux arbres fruitiers à noyaux, et en particulier les cerisiers. Mes souvenirs où je me vois encore grimper dans les cerisiers sont bien ancrés. Et puis les extraordinaires cerises. Pour les ‘burlat’, il n’y avait aucune limite pour en manger et elles ne m’ont jamais mis malade, contrairement aux ‘reverchon’, plus difficiles à digérer. Parfois, nous allions « aux Envers », c’est-à-dire l’endroit, principalement exposé au nord, où se trouvait le verger de pommes et secondairement de poires. Une extraordinaire variété de pommiers grands vents. Des pommes de toutes sortes (dont certaines immangeables crues). Ce verger a complètement disparu depuis une bonne vingtaine d’années. Et puis il y avait aussi un peu plus loin les châtaigniers, de très très vieux châtaigniers greffés dont le plus majestueux était un ‘Saint-Michel’ qui avait de belles châtaignes rousses. C’était le plus précoce. Après, nous allions ramasser d’autres variétés (pas plus de 4 arbres en tout, mais tellement immenses, que nous avions de quoi faire). Dans la prairie en contrebas, c’est là que j’ai vu pour la première fois des colchiques (Colchicum autumnale L.).

Chez mes grands-parents, nous étions souvent dehors à gambader parmi les prés et les champs. Seul ou avec mes cousins, combien de fois ai-je cueilli des bouquets variés pour ma grand-mère. A l’époque, j’étais encore très loin de connaître toutes ces plantes, mais elles m’étaient néanmoins très familières, car beaucoup avaient néanmoins un nom. Ma mère s’y mettait parfois : qui connaît la fleur de saint Joseph ou la pomme de terre du diable ? Il s’agit en fait respectivement de la Stellaire holostée (Stellaria holostea L.) et du Saxifrage granulé (Saxifraga granulata L.). Nul doute là encore qu’inconsciemment, ces promenades m’ont influencé.

Ma grand-mère n’était pas une cuisinière de premier plan, même si elle se débrouillait de façon plus qu’honorable. Parfois, je mangeais chez eux, il m’arrivait d’y dormir, même en l’absence de mes parents. Je me souviens de trois choses en particulier. D’abord le saucisson des cochons de la ferme. Ce n’était pas mon grand-père ni mon oncle qui les fabriquait, mais le mode de fabrication n’avait guère évolué depuis des générations. Un goût inimitable. On trouve encore dans le coin des fabrications artisanales qui se rapprochent de ce goût là. Il y avait aussi le fromage. Du temps où ma mère était à la ferme, ma grand-mère faisait du fromage de chèvre, de brebis et de vache. Moi, je n’ai connu que la rigotte de vache, mais sous toutes ses formes : fromage blanc, frais, demi-sec, sec, très sec, bleu. Bref, beaucoup de plaisir. Et puis il y avait les « pâtés », ou plutôt ces grands chaussons aux fruits qu’elle faisait cuire au four de la cuisinière à bois. Ces pâtés, elle en coupait de généreuses parts que nous mangions toujours avec gourmandises. A chaque fois que j’allais voir ma grand-mère, il était rare qu’il n’y ait pas de pâté. Le plus courant était celui aux pommes, mais tous les fruits de saison y passaient. Ce pâté, ma mère s’est essayée plus d’une fois à le reproduire ; elle n’est pourtant pas particulièrement maladroite en pâtisserie, mais elle n’est jamais arrivée à faire aussi bien (elle le reconnaît elle-même). Il devait y avoir un truc.

Dans les années 1980, ma grand-mère a été opérée à de multiples reprises : prothèses de hanche, opération cardiaque sérieuse. Elle s’en est remise à merveille (surtout pour la seconde) et avait étonné ses médecins. Une force de la nature. A la fin des années 1990, elle avait fait plusieurs séjours à l’hôpital compte tenu de ses problèmes cardio-vasculaires et pulmonaires. En décembre 1999, je reçois un coup de fil de mes parents qui me disent que le médecin a eu un pronostic réservé, craignant qu’elle ne termine pas la nuit. Non seulement, elle finira bien la nuit, mais elle quittera l’hôpital quelque temps après, allant même jusqu’à marcher à nouveau. Il faut bien dire que les médicaments avaient été d’une rare efficacité. Pourtant, quelques mois plus tard, elle retournerait à l’hôpital pour les mêmes raisons. Lors du Noël 2000, je la vis pour la dernière fois à l’hôpital. Elle avait du mal à me reconnaître, mais lorsque la lucidité était suffisante, son visage s’éclairait. Il s’éclairait comme il s’était toujours éclairé, comme il avait toujours rayonné. A chaque fois que mes parents allaient la voir, elle demandait toujours de mes nouvelles. Elle s’est éteinte tout doucement en janvier 2001.

Depuis, bien des choses ont changé dans l’ancienne ferme de mes grands-parents. Mon oncle a cessé toute activité et c’est mon cousin qui a repris la ferme. J’ai un peu perdu mes repères là-bas, d’autant que j’y retourne rarement. Mon cousin, avec lequel j’ai de bons rapports, a tout changé : le logement de mes grands-parents n’existe plus en tant que tel. La vigne, les cerisiers n’existent plus ; ils ont été remplacés par une « usine à œuf ». Alors, tout est foutu ? On a détruit bien de mes souvenirs ? Je ne sais pas. Si tout restait comme c’est aujourd’hui, j’aurais encore de bons espoirs, mais il est prévu qu’une autoroute passe par ici. Et là, je n’aurais plus que mes yeux pour pleurer.

5 décembre 2007

Agriculture vue du ciel

Hier soir, la télévision publique (France 2) nous a proposé, une fois n’est pas coutume, un programme de qualité et relativement courageux : Vu du ciel « 6 milliards d’Hommes à nourrir » par Yann Arthus-Bertrand. Cette émission faisait le point sur les agricultures dans le monde et en particulier l’agriculture ultra-productiviste et ses épouvantables dérives qui nous détruisent. Cette émission a présenté des faits très ennuyeux que l’on entend très rarement dans les médias parce qu’ils déplaisent fortement aux grandes entreprises multinationales du secteur, voire aux gouvernements. Cette émission fera incontestablement beaucoup parler dans le monde agricole, notamment chez les chantres de l’agriculture intensive du tout puissant syndicat FNSEA à caractère totalitaire. En dehors de la frange de téléspectateurs déjà convaincue, si au moins une partie de la population qui a regardé cette émission pouvait prendre conscience de l’ampleur du problème…

2 décembre 2007

Meurtre crépusculaire : les vraies conclusions d’Hercule Poirot

Il est vrai que l’auteur (Karagar Le Frère) a honteusement essayé de clouer le bec d’Agatha Christie, en particulier celui de son plus fin limier : Hercule Poirot.

Eh bien, moi, Hercule Poirot, je puis vous dire aujourd’hui que les conclusions auxquelles sont arrivées les Rachel Kleger, Yves Karagar, Charles Marple et Eganthon Kergrist sont complètement erronées. Je m’en vais vous démontrer par les faits les plus indubitables que le meurtrier n’est pas Périne Disto.

Rappelez-vous du premier meurtre. Sans que le doute ne soit permis, il est fait allusion à l’arme du crime : un fusil et non un revolver (celui-là même que Périne a utilisé contre Charles). Or, l’enquête ballistique est sans appel, ce sont bien des balles de calibre 7x65R qui ont tué les victimes brittonophones, celles-là même que les chasseurs de renards anglais utilisent de façon presque exclusive. Rien à voir donc avec les balles d’un revolver.

Mais vous me direz que lors du premier meurtre, il est fait allusion à des « habits noirs et moulants », du même type que ceux que possède Périne. Tout cela ne prouve rien bien entendu.

Je vais maintenant vous révéler la vraie identité du meurtrier. Mais avant cela, revenons un petit peu sur les forces en présence.

Tout d’abord Yves Karagar. Cet homme a été très peu loquace tout au long de cette enquête, ce qui semble quand même quelque peu étonnant. Nous le connaissons généralement bien plus en verve, assez prompt à défendre les idées auxquelles il croit ; et là, rien ou presque. Que s’est-il donc passé ? Tout porte en effet à penser qu’il souhaitait protéger quelqu’un. Mais qui ? Nous le comprendrons mieux tout à l’heure.

Le cas de Rachel Kleger est aussi particulier. Je trouve pour ma part que son expertise apportée dans cette affaire a été pour le moins modeste. En fait, sa seule participation véritablement active a été celle de son chien Bastard (encore qu’il faudra y revenir), parce que du côté des neurones, cela n’est allé très loin. A part bien entendu sa sœur qui a essayé de me conduire dans des impasses avec les histoires à dormir debout qu’elle a publiées sur son blog. Mais heureusement, Hercule Poirot ne s’est pas laissé piéger.

Bien sûr, l’enquêteur Eganthon Kergrist paraît d’emblée hors de cause. Mais est-ce bien si sûr ? Pour ma part, j’en aurais bien fait un suspect potentiel tant il me semblait qu’il ne mettait bien peu de ferveur, de hâte, d’entrain, de célérité à mener à bien cette enquête. La plupart des éléments contributifs de la réalité de ces meurtres ont été fournis par les autres protagonistes de l’affaire. Alors, j’ai tourné le cas Eganthon Kergrist dans tous les sens et la seule chose criante de vérité qui soit apparue est qu’Eganthon est tout simplement un piètre enquêteur que même Balaf’s News refuserait d’embaucher pour ses chroniques judiciaires people.

Reste Charles Marple. Personne ne s’est posé la question pourquoi à un âge si jeune il était déjà à la retraite car chacun sait que les régimes spéciaux de Scotland Yard ne sont pas si avantageux que ça. Or, j’ai mené ma petite enquête. En effet, j’ai de longue date, noué de profondes amitiés à Scotland Yard et j’ai trouvé que Charles Marple avait été mis à la porte depuis plusieurs années après que sa hiérarchie eut découvert ses liens avec les milieux bretonnants nationalistes. Ensuite, personne ne s’est posé la question pourquoi Charles connaissait Yves Karagar et Rachel Kleger. Évidemment qu’il les connaissait puisqu’ils avaient tous fréquenté le même Groupe Activiste de la Brittonitude Exacerbée (GABE). Et puis, bien sûr Charles et Yves avaient été amants et ce dernier n’ignorait rien des sombres desseins de Charles, ce que explique largement son silence et même sa complicité. N’avez-vous pas non plus remarqué que l’on n’a jamais véritablement su où se trouvait Charles lors de cette enquête ? N’avez-vous pas remarqué qu’il a été souvent le premier sur les lieux du crime ? N’avez-vous pas remarqué que c’est lui qui a véritablement mené l’enquête dans le sens dans lequel il souhaitait qu’elle aille ? N’avez-vous pas remarqué que c’est lui qui a tout manipulé ? Alors, moi, Hercule Poirot, j’ai aujourd’hui l’honneur de vous annoncer que le meurtrier n’était autre que Charles Marple.

L’arme utilisée pour les crimes, comme nous l’avons vu, est un calibre presque exclusivement utilisé en Angleterre. Je doute qu’on retrouve l’arme : elle a été probablement jetée à la mer à la suite du dernier crime, car Charles savait qu’elle ne devrait plus servir. Car Charles a en fait voulu se débarasser de Périne Disto qui lui faisait de l’ombre par rapport à ses projets de fondation d’une maison d’édition pan-britannique. Or, Périne Disto, conservatrice en chef de la plus pure langue bretonne se serait vivement opposée à un tel projet et comme elle possède, grâce à sa seconde revue littéraire Ar brezhoneg glan, un droit de vie ou de mort sur l’ensemble des écrivains bretons, il fallait donc l’éliminer. La meilleure façon était donc de faire croire que Périne était la meurtrière, ce qui fut en fait assez facile. Charles n’avait donc qu’à commettre ces meurtres et la sale réputation de Périne ferait le reste. Et je dois dire que cela a failli marcher. On me dira avec justesse que c’est Périne qui menaçait Charles avec un revolver : tout cela avait été bien entendu calculé. Périne, se sachant menacée, portait toujours ce revolver dans son sac à main. Enfin, un revolver, je devrais dire une simple imitation, une simple arme d’alarme complètement inoffensive. Mais que s’était-il passé au restaurant avant que Charles et Périne n’en sortent ? Des indices ont été donnés : « Où avait-elle déjà vu cet anneau artisanal d’or et d’argent ? ». Eh bien, j’ai mené ma petite enquête : cet anneau est le signe distinctif du GABE et Périne en remarquant cela venait de tout comprendre. En effet, malgré sa grande culture, elle s’adonnait pourtant à de viles lectures : elle ne ratait aucun numéro de Balaf’s News. Or, elle avait lu dans les colonnes de ce journal les articles traitant de ces crimes brittophones. A la différence d’un Eganthon Kergrist, elle eut vite compris que Charles voulait lui coller tous ces crimes sur le dos. Craignant pour sa propre vie, elle put se saisir de son revolver d’alarme et menacer Charles. Tout cela, Charles l’avait prévu, comme il avait prévu qu’elle ôterait ses vêtements (il savait Périne très fétichiste). Il savait enfin qu’Yves et Rachel voleraient à son secours et que le chien Bastard s’attaquerait à l’agresseur.

Voilà chers amis comment moi, Hercule Poirot, j’ai pu, une fois de plus, trouver le véritable meurtrier.

1 décembre 2007

Évocation d'une amitié

Dimanche dernier, nous avons reçu à la maison un de mes anciens collègues (D.) qui nous avait quittés fin 2004. C’est avec un incroyable pincement au cœur que je l’avais vu s’en aller. Je l’avais toujours apprécié, mais je n’avais jamais réellement eu de dialogue personnel avec lui.

Après son départ, il s’était passé à peine plus d’un mois avant que nous n’entamions un dialogue par courriels interposés (des messages peu fréquents, mais souvent très riches et denses). C’est alors que put se développer à distance une amitié que nous n’avions pas pu vraiment amorcer quand nous nous croisions régulièrement au moins une fois par semaine.

Nous avions déjà institué un dialogue très personnel quand se produisit un événement effroyable dont j’ai déjà parlé ici : le suicide d’une collègue. Cela correspond à la période où débutèrent véritablement beaucoup d’évolutions (et de révolutions) dans ma vie intime. D. fut informé, sans doute avec un peu de retard, de beaucoup de ces évolutions. Il constitua même la seule personne de mon entourage qui fut au parfum de bien des choses, en particulier au plus fort de la crise. Mais c’est aussi grâce à son éloignement et parce que je le savais compréhensif que j’avais pu ainsi me confier à lui à ce point.

Cette amitié possède quelque chose de très paradoxal. Sur bien des plans, nous ne possédons pas les mêmes idées, notamment pour tout ce qui touche au spirituel ou à la métaphysique. Évidemment, certains de mes lecteurs ne seront pas surpris par mes côtés « cartésiens » (guillemets plus qu’indispensables) qui ressurgissent encore souvent malgré moi. D. n’a pas du tout cette approche de la vie, baigné qu’il est dans des affaires souvent très ésotériques. Bref, une amitié entre la carpe et le lapin, entre l’eau et le feu. Eh bien, aussi curieux que cela puisse paraître, j’ai mis beaucoup d’eau dans mon vin et j’ai même trouvé dans les idées de D. sans doute une certaine logique. Une logique que je ne partageais pas et que je ne partage toujours pas, mais que je sais empreinte d’une vraie générosité, d’une vraie volonté d’harmonie des corps et des esprits et surtout une gentillesse, une capacité d’écoute qui font triompher bien des choses.

D. possède à présent un mode de vie, qu’il doit sans doute beaucoup à ses parents. Sa vie relève d’une certaine philosophie qui ne lui coûte pas : il vit dans une quasi harmonie qui fait plaisir à voir.

D. a donc logé à la maison presque toute la semaine et a passé ses journées à fouiner dans la littérature rubologique (ce n’est pas une blague, c’est l’étude des ronces). Un de ces soirs, il s’arma de sa guitare et entreprit l’interprétation de quelques morceaux qui ne furent pas sans provoquer beaucoup d’émotions. L’émotion était si palpable à un moment qu’elle se mua dans un silence incroyable. Lors de son départ en train hier soir, je me rendis compte que je n’avais pas senti le temps passer.

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