Meurtre crépusculaire : les vraies conclusions d’Hercule Poirot
Il est vrai que l’auteur (Karagar Le Frère) a honteusement essayé de clouer le bec d’Agatha Christie, en particulier celui de son plus fin limier : Hercule Poirot.
Eh bien, moi, Hercule Poirot, je puis vous dire aujourd’hui que les conclusions auxquelles sont arrivées les Rachel Kleger, Yves Karagar, Charles Marple et Eganthon Kergrist sont complètement erronées. Je m’en vais vous démontrer par les faits les plus indubitables que le meurtrier n’est pas Périne Disto.
Rappelez-vous du premier meurtre. Sans que le doute ne soit permis, il est fait allusion à l’arme du crime : un fusil et non un revolver (celui-là même que Périne a utilisé contre Charles). Or, l’enquête ballistique est sans appel, ce sont bien des balles de calibre 7x65R qui ont tué les victimes brittonophones, celles-là même que les chasseurs de renards anglais utilisent de façon presque exclusive. Rien à voir donc avec les balles d’un revolver.
Mais vous me direz que lors du premier meurtre, il est fait allusion à des « habits noirs et moulants », du même type que ceux que possède Périne. Tout cela ne prouve rien bien entendu.
Je vais maintenant vous révéler la vraie identité du meurtrier. Mais avant cela, revenons un petit peu sur les forces en présence.
Tout d’abord Yves Karagar. Cet homme a été très peu loquace tout au long de cette enquête, ce qui semble quand même quelque peu étonnant. Nous le connaissons généralement bien plus en verve, assez prompt à défendre les idées auxquelles il croit ; et là, rien ou presque. Que s’est-il donc passé ? Tout porte en effet à penser qu’il souhaitait protéger quelqu’un. Mais qui ? Nous le comprendrons mieux tout à l’heure.
Le cas de Rachel Kleger est aussi particulier. Je trouve pour ma part que son expertise apportée dans cette affaire a été pour le moins modeste. En fait, sa seule participation véritablement active a été celle de son chien Bastard (encore qu’il faudra y revenir), parce que du côté des neurones, cela n’est allé très loin. A part bien entendu sa sœur qui a essayé de me conduire dans des impasses avec les histoires à dormir debout qu’elle a publiées sur son blog. Mais heureusement, Hercule Poirot ne s’est pas laissé piéger.
Bien sûr, l’enquêteur Eganthon Kergrist paraît d’emblée hors de cause. Mais est-ce bien si sûr ? Pour ma part, j’en aurais bien fait un suspect potentiel tant il me semblait qu’il ne mettait bien peu de ferveur, de hâte, d’entrain, de célérité à mener à bien cette enquête. La plupart des éléments contributifs de la réalité de ces meurtres ont été fournis par les autres protagonistes de l’affaire. Alors, j’ai tourné le cas Eganthon Kergrist dans tous les sens et la seule chose criante de vérité qui soit apparue est qu’Eganthon est tout simplement un piètre enquêteur que même Balaf’s News refuserait d’embaucher pour ses chroniques judiciaires people.
Reste Charles Marple. Personne ne s’est posé la question pourquoi à un âge si jeune il était déjà à la retraite car chacun sait que les régimes spéciaux de Scotland Yard ne sont pas si avantageux que ça. Or, j’ai mené ma petite enquête. En effet, j’ai de longue date, noué de profondes amitiés à Scotland Yard et j’ai trouvé que Charles Marple avait été mis à la porte depuis plusieurs années après que sa hiérarchie eut découvert ses liens avec les milieux bretonnants nationalistes. Ensuite, personne ne s’est posé la question pourquoi Charles connaissait Yves Karagar et Rachel Kleger. Évidemment qu’il les connaissait puisqu’ils avaient tous fréquenté le même Groupe Activiste de la Brittonitude Exacerbée (GABE). Et puis, bien sûr Charles et Yves avaient été amants et ce dernier n’ignorait rien des sombres desseins de Charles, ce que explique largement son silence et même sa complicité. N’avez-vous pas non plus remarqué que l’on n’a jamais véritablement su où se trouvait Charles lors de cette enquête ? N’avez-vous pas remarqué qu’il a été souvent le premier sur les lieux du crime ? N’avez-vous pas remarqué que c’est lui qui a véritablement mené l’enquête dans le sens dans lequel il souhaitait qu’elle aille ? N’avez-vous pas remarqué que c’est lui qui a tout manipulé ? Alors, moi, Hercule Poirot, j’ai aujourd’hui l’honneur de vous annoncer que le meurtrier n’était autre que Charles Marple.
L’arme utilisée pour les crimes, comme nous l’avons vu, est un calibre presque exclusivement utilisé en Angleterre. Je doute qu’on retrouve l’arme : elle a été probablement jetée à la mer à la suite du dernier crime, car Charles savait qu’elle ne devrait plus servir. Car Charles a en fait voulu se débarasser de Périne Disto qui lui faisait de l’ombre par rapport à ses projets de fondation d’une maison d’édition pan-britannique. Or, Périne Disto, conservatrice en chef de la plus pure langue bretonne se serait vivement opposée à un tel projet et comme elle possède, grâce à sa seconde revue littéraire Ar brezhoneg glan, un droit de vie ou de mort sur l’ensemble des écrivains bretons, il fallait donc l’éliminer. La meilleure façon était donc de faire croire que Périne était la meurtrière, ce qui fut en fait assez facile. Charles n’avait donc qu’à commettre ces meurtres et la sale réputation de Périne ferait le reste. Et je dois dire que cela a failli marcher. On me dira avec justesse que c’est Périne qui menaçait Charles avec un revolver : tout cela avait été bien entendu calculé. Périne, se sachant menacée, portait toujours ce revolver dans son sac à main. Enfin, un revolver, je devrais dire une simple imitation, une simple arme d’alarme complètement inoffensive. Mais que s’était-il passé au restaurant avant que Charles et Périne n’en sortent ? Des indices ont été donnés : « Où avait-elle déjà vu cet anneau artisanal d’or et d’argent ? ». Eh bien, j’ai mené ma petite enquête : cet anneau est le signe distinctif du GABE et Périne en remarquant cela venait de tout comprendre. En effet, malgré sa grande culture, elle s’adonnait pourtant à de viles lectures : elle ne ratait aucun numéro de Balaf’s News. Or, elle avait lu dans les colonnes de ce journal les articles traitant de ces crimes brittophones. A la différence d’un Eganthon Kergrist, elle eut vite compris que Charles voulait lui coller tous ces crimes sur le dos. Craignant pour sa propre vie, elle put se saisir de son revolver d’alarme et menacer Charles. Tout cela, Charles l’avait prévu, comme il avait prévu qu’elle ôterait ses vêtements (il savait Périne très fétichiste). Il savait enfin qu’Yves et Rachel voleraient à son secours et que le chien Bastard s’attaquerait à l’agresseur.
Voilà chers amis comment moi, Hercule Poirot, j’ai pu, une fois de plus, trouver le véritable meurtrier.