J’avais consacré, il y a de cela une éternité (octobre 2006), une note sur les arbres forestiers de Bretagne, laissant entendre qu’il pourrait y avoir une suite. Voici donc la suite, davantage documentée, avec les principaux arbustes, arbrisseaux et lianes ligneuses sauvages de Bretagne. On trouvera ici les noms scientifiques complets, les noms communs français et après le tiret, les éventuels noms bretons.
Juniperus communis L. (Genévrier commun – gwez-jenevrez)
Cet arbrisseau holarctique est le seul conifère indigène non arborescent de Bretagne. En France, se développe surtout sur des sols calcaires, notamment au sein d’anciens complexes agropastoraux de coteaux avec pelouses pâturées par des moutons. Mais on rencontre aussi cette espèce au sein de landes acidiphiles, voire aux abords de tourbières (cas en Bretagne). Il semble avoir disparu de ses rares stations finistériennes.
Buxus sempervirens L. (Buis – beuz)
Espèce probablement d’origine introduite en Bretagne, actuellement assimilée indigène. Espèce de demi-ombre thermophile des sols plutôt secs calcaires à siliceux, le Buis se rencontre plutôt dans des boisements ou des haies en Bretagne.
Calluna vulgaris (L.) Hull (Callune commune – balan-brug)
Cette bruyère, qui ne dit pas son nom, se développe sur des sols acides à humidité variable, au sein de landes, tourbières ou bois clairs sur sols pauvres et acides. Contrairement aux Erica, elle n’a pas de caractère atlantique, c’est une eurasiatique.
Clematis vitalba L. (Clématite vigne-blanche – rouanez-weüs)
Cette liane circumboréale et eurasiatique est commune dans les haies et les lisières et clairières forestières à sols riches secs à frais.
Cornus sanguinea L. (Cornouiller sanguin – gwez-hili-ho)
Espèce des bois, lisières forestières, haies, fourrés sur sols riches en bases, basiques à légèrement acides. Pousse sur des sols secs à frais jusque dans des boisement alluviaux. Plutôt rare en Bretagne, notamment dans le Finistère où il n’est présent que dans le nord-est, le sud-est et le centre-ouest du département.
Corylus avellana L. (Coudrier, Noisetier – gwez-kelvez)
Il s’agit d’un arbrisseau eurasiatique que l’on rencontre notamment dans les haies et les manteaux forestiers. Il affectionne des sols drainés neutres à légèrement acides plus ou moins riches.
Crataegus monogyna Jacq. (Aubépine monogyne – spern-gwenn)
Espèce des bois et des lisières forestières sur des sols frais à relativement secs, basiques à modérément acides. Une autre espèce, Crataegus laevigata (Poiret) DC. (Aubépine épineuse) n’est pas indigène du littoral français et d’une large partie occidentale de la Bretagne ; elle est cependant plantée et se naturalise çà et là.
Cytisus scoparius (L.) Link (Genêt à balais – balann)
Cette espèce de pleine lumière des landes, lisières forestières externes ou des jeunes fourrés sur sols sableux à caillouteux, pauvres et acides, secs à frais. La sous-espèce type est très commune en Bretagne. En revanche, Cytisus scoparius (L.) Link subsp. maritimus (Rouy) Heywood (Genêt maritime – balan-kivin), rare en France, est inféodée aux falaises maritimes exposées aux embruns. En Finistère, uniquement présent à l’île de Ouessant, presqu’île de Crozon, Cap Sizun et Riec-sur-Belon.
Daphne laureola L. (Lauréole – lore-bihan)
Petit arbrisseau des forêts ou fourrés neutro-calcicoles, peu commun à rare en Bretagne. En Finistère, se rencontre surtout en contexte arrière-dunaire.
Erica ciliaris L. (Bruyère ciliée – brug-ruz)
Espèce de pleine lumière des landes atlantiques humides sur sols pauvres et acides plus ou moins tourbeux.
Erica cinerea L. (Bruyère cendrée – gourvrug)
Bruyère subatlantique des landes littorales ou intérieures acides sur sols relativement secs et pauvres. Exceptionnellement, sur sols davantage basiques (serpentines de la baie d’Audierne).
Erica scoparia L. (Bruyère à balais – gourvrug)
Grande bruyère (dépassant souvent les 2 m) méditerranéo-atlantique atteignant sa limite de répartition nord-ouest dans le Morbihan. Elle a été cependant introduite de façon ancienne dans le Finistère d’où elle a pu se naturaliser, notamment dans le centre-ouest du département. Plante thermophile de pleine lumière sur sols pauvres et acides sableux à caillouteux plus ou moins humides.
Erica tetralix L. (Bruyère à quatre angles – brug-kroaz)
Espèce atlantique à subatlantique de pleine lumière sur sols pauvres et acides, caractéristiques des landes humides ou des tourbières. Bien représentée dans le Finistère, elle est cependant en régression
Erica vagans L. (Bruyère vagabonde – brug-du)
Bruyère de pleine lumière ou de demi-ombre des landes littorales sèches sur sols à richesse et pH variable. Espèce en limite d’aire nord-ouest, indigène dans le Morbihan, probablement plantée en Finistère.
D’autres bruyères existent en Bretagne, indigènes ou non : Erica ×watsonii Benth. (Bruyère de Watson) [hybride naturel de Erica ciliaris × Erica tetralix], Erica lusitanica Rudolphi (Bruyère du Portugal) [non indigène], , Erica carnea L. (Bruyère carnée) [non indigène].
Euonymus europaeus L. (Fusain d’Europe – boned-kornek)
Arbuste commun des haies et lisières forestières sur sols plutôt riches modérément calcaires à légèrement acides.
Frangula alnus Miller (Bourdaine – koad-evor)
Arbuste très répandu en Bretagne, sur sol siliceux acides, en contexte de landes tourbeuses ou de boisements humides (existence d’un écotype sur substrats nettement calcaires et secs dans d’autres régions).
Genista anglica L. (Genêt anglais – brug-marc’h)
Espèce ouest-européenne, ce petit genêt épineux se rencontre sur sols pauvres acides sablo-limoneux en contexte de landes sèches à humides, de prairies plus ou moins humides voire tourbeuses. Assez peu commune en Bretagne et Finistère.
Genista tinctoria L. (Genêt des teinturiers – balanig)
Ce sous-arbrisseau, très rare en Finistère, affectionne les prairies pelouses, lisières forestières des sols neutres et frais. Signalé sur une falaise mritime à Cléden-Cap-Sizun.
Hedera helix L. (Lierre – iliav)
Le Lierre est très répandu en Bretagne. Cette liane sempervirente d’ombre ou de demi-ombre ne grimpe pas systématiquement aux arbres. Elle se développe sur des sols variés assez frais.
Hippophae rhamnoides L. (Argousier faux-nerprun)
Espèce rare en Bretagne, non indigène en Finistère. La sous-espèce type est caractéristique des fourrés dunaires atlantiques (sols secs à largement humides, basiques à neutres). Planté dans certaines dunes finistériennes.
Hypericum androseamum L. (Androsème officinal – gwenterc’henn)
Ce sous-arbrisseau méditerranéo-atlantique d’ombre ou de demi-ombre est commun en Bretagne au niveau des bois humides, des haies et des bords de cours d’eau sur sols assez riches à pH variable.
Ilex aquifolium L. (Houx – kelenn)
Arbuste de demi-ombre très répandu en Bretagne, dans les haies, les lisières, mais surtout au sein de forêts (chênaies-hêtraies) caractéristiques d’un climat atlantique à forte humidité atmosphérique. Espèce se développant sur des sols variés mais de préférence acides, assez secs à frais.
Ligustrum vulgare L. (Troène commun – lugustr)
Arbrisseau indigène très répandu bien que souvent confondu avec des troènes exotiques naturalisés. Affectionne les haies, lisières, fourrés, forêts claires, y compris en contexte alluvial. Il se développe sur des sols riches, légèrement calcaires à acides, secs à modérément humides.
Lonicera periclymenum L. (Chèvrefeuille des bois – gwezvoud)
Liane commune en Bretagne dans les sous-bois, les haies, lisières forestières, les landes et les fourrés sur sols plutôt pauvres et acides frais à drainants.
Myrica gale L. (Piment royal – reed)
Cet arbrisseau subatlantique se rencontre sur des landes, marais et boisement tourbeux humides acides. Espèce rare en France et peu commune en Bretagne. Il s’est raréfié dans le Finistère mais reste assez bien représenté sur une bande centrale barrant d’ouest en est le département.
Prunus spinosa L. (Prunellier – spern-du)
Arbrisseau des haies, lisières forestières, fourrés et bois clairs très commun en Bretagne sur sols riches, basiques à acides secs à un peu frais.
D’autres Prunus arbustifs se rencontrent en Bretagne, non indigènes ou d’indigénat douteux, en particulier Prunus ×fruticans Weihe (Prunier à rejets), Prunus domestica L. (Prunier domestique), Prunus cerasus L. (Cerisier), Prunus mahaleb L. (Cerisier de Sainte Lucie), Prunus padus L. (Cerisier à grappes).
Rhamnus cathartica L. (Nerprun purgatif – spern-melen)
Cet arbrisseau à répartition plutôt eurasiatique est d’indigénat douteux, au moins dans le Finistère. Affectionne généralement les sols plutôt secs neutres à calcaires, il est rare en Bretagne et représenté en une seule station (douteuse) finistérienne. Il convient de noter qu’il est également présent en contexte alluvial (ripisylves de la Loire moyenne notamment).
Rosa arvensis Hudson (Rosier des champs – roz-gouez)
Cet arbrisseau de demi-ombre, malgré son nom, pousse dans les bois et lisières forestières. Se développe sur des sols riches basiques à légèrement acides. Quasi absent du Finistère nord.
Rosa canina L. (Églantier commun– agroaz)
Il s’agit du rosier le plus commun. Il pousse dans les haies, lisières forestières, les bois clairs et les pelouses sèches sur des sols assez secs plutôt riches, basiques à peu acides.
Rosa pimpinellifolia L. (Rosier pimprenelle)
Ce rosier se rencontre sur des sols secs calcaires à neutres. En Finistère, il se cantonne surtout à la frange littorale.
D’autres rosiers indigènes sont présents en Bretagne mais globalement rares notamment en Finistère ; la plupart affectionnant des sols plus ou moins calcaires : Rosa micrantha Sm. (Rosier à petites fleurs), Rosa rubiginosa L. (Rosier rouillé), Rosa stylosa Desv. (Rosier à styles soudés), Rosa tomentosa Sm. (Rosier tomenteux), Rosa villosa L. (Roier velu), Rosa agrestis Savi (Rosier agreste).
Rubus caesius L. (Ronce bleue)
Sous-arbrisseau des sous-bois, des haies et des friches sur sols humides riches basiques à peu acides. Globalement commun en France, il est très rare dans le Finistère.
Rubus fruticosus L. (Ronce des bois – bod-drez)
Sous ce nom, on dénomme souvent un groupe d’espèces proches parfois difficiles à distinguer. Cette ronce de pleine lumière est très commune en Bretagne sur sols à richesse variable et globalement acides.
Les ronces, sont fort mal connues en France (détermination délicate et écologie mal connue) mais les espèces y sont très nombreuses (taxons apomictiques). La Bretagne ne doit pas y faire exception.
Ruscus aculeatus L. (Fragon petit houx – kelenn-bleiz)
Ce sous-arbrisseau méditerranéo-atlantique pousse est une espèce de demi-ombre des haies et des forêts sur sols limono-argileux plus ou moins sableux, peu riches en bases, neutres à acides. Commun en Bretagne, il est plus rare en centre Finistère.
Salix atrocinerea Brot. (Saule roux – haleg-du)
Arbrisseau subatlantique très commun en Bretagne. Caractéristique des zones humides et des bords de cours d’eau en contexte acide, il se rencontre également en zone littorale.
Salix aurita L. (Saule à oreillettes)
Arbrisseau subboréal des milieux tourbeux humides acides. S’hybride régulièrement avec le précédent. Commun en Bretagne.
Salix repens L. (Saule rampant – haleg-mors)
Sous-arbrisseau rampant ne dépassant pas 1 m de haut. Espèce eurasiatique plutôt commune en Bretagne. La sous-espèce type se rencontre au niveau des landes humides et tourbeuses de l’intérieur alors que la sous espèce dunensis Rouy, élevée au rang d’espèce Salix arenaria L. est une plante des dépressions humides arrière-dunaires.
Salix triandra L. (Saule à trois étamines)
Espèce eurasiatique rare en Bretagne, son indigénat est incertain dans le Finistère. Cet arbuste n’y apparaît qu’aux abords du littoral. Espèce de pleine lumière du bords des eaux et des zones humides sur sols riches neutres argileux à sableux.
Salix viminalis L. (Saule des vanniers – aozilh)
Ce saule eurasiatique est assez commun en Bretagne mais n’est pas indigène dans le Finistère. Il se développe dans des milieux similaires au précédent.
Sambucus nigra L. (Sureau noir – skav)
Cet arbuste eurasiatique est très commun en Bretagne. Au sein des bois frais, des bords des rivières, des lisières forestières et des haies, il affectionne les sols frais riches basiques à neutres.
Solanum dulcamara L. (Douce amère – frond)
Cette liane grimpante de pleine lumière ou de demi-ombre est très commune en Bretagne. Elle se rencontre sur sols humides riches argileux à sableux voire tourbeux ou dans des milieux plus secs enfrichés.
Ulex europaeus L. (Ajonc d’Europe – lann)
Cet arbrisseau, pouvant atteindre jusqu’à 4 m de hauteur, est une espèce subatlantique de pleine lumière. Il pousse sur des sols limoneux à sableux pauvres et acides. Très commun en Bretagne dans les landes et les lisières forestières, les haies et les délaissés routiers. Il peut aussi coloniser les prairies abandonnées. On le trouve également en milieu dunaire. Il existe une forme prostrée ou en boule présente sur le littoral.
Ulex gallii Planchon (Ajonc de Le Gall – lann-brezhoneg)
Arbrisseau euatlantique commun en Bretagne, surtout dans le Finistère. Espèce des sols limoneux, sableux ou caillouteux des sols relativement secs. Il affectionne les landes. Se rencontre sous une forme prostrée sur les falaises d’Ouessant, de Crozon et du cap Sizun.
Ulex minor L. (Ajonc nain)
Arbrisseau subatlantique relayant vers l’est l’espèce précédente. Se rencontre dans des milieux semblables aux deux autres ajoncs. Très rare en Finistère, cette plante a seulement été observé à Scaër.
Vaccinium myrtillus L. (Myrtille – lus)
Sous-arbrisseau circumboréal de demi-ombre. Se développe sur des sols pauvres acides peu secs à modérément humides. Espèce commune en Bretagne en dehors du littoral. Particulièrement bien représentée dans les monts d’Arrée et les montagnes Noires.
Viburnum opulus L. (Viorne obier – gwenngoud, penn-mann)
Arbrisseau eurasiatique des sous-bois, des haies, des lisières forestières et du bord des eaux. Se développe sur des sols frais riches basiques à légèrement acides. Assez commun en Bretagne.
Viscum album L. (Gui - uhelvarr)
Sous-arbrisseau hémiparasite épiphyte. Eurasitique, cette plante est répandue en Bretagne, mais est rare ou absente de l’ouest du Finistère. Elle se développe sur les pommiers, peupliers, tilleuls, saules et aubépines.
Sources : Coste (1901-1906) pour les dessins, Rameau et al. (1989) pour l’écologie et la répartition générales, Queré et al. (2008) pour la répartition finistérienne et Cornus rex-populi pour la synthèse critique.