Cette note n’est pas forcément facile à écrire car ce que j’y raconte n’est que ma vision, forcément très partielle et parce qu’elle touche de plein fouet S. et parce que la situation décrite est toujours d’actualité et embarrassante à plus d’un titre.
Avant que je ne débarque dans la vie de S., n’ayant ni frère ni sœur, je ne connaissais pas certaines « joies familiales » et je dois dire que cela ne m’a pas manqué, vu ce que j’ai pu constater.
Ainsi donc, j’ai une belle-sœur, V., sœur de S. et trois beaux-frères : T. et E., frères de S., ainsi qu’A., « ex » mari de V.
Commençons par V. et A. Je ne vais pas retracer l’historique de leur vie commune, déjà longue, car je suis fort mal placé pour le faire, même si cela pourrait largement expliquer la situation actuelle. Je les ai rencontré pour la première fois, ainsi que leurs trois filles un certain 31 décembre 2005. Rien à redire à cette époque là. La seconde rencontre fut aussi assez plaisante même si je me suis aperçu qu’A. voulait avoir des infos sur les arbustes de son jardin, au demeurant très peu nombreux, rachitiques et dont l’intérêt se limitait à un quelconque troène. Disons que c’était pour lui une manière, certes un peu maladroite, de rentrer dans mon univers. Mais au fil des mois, j’en ai appris plus long sur leur parcours à tous les deux et j’ai pu ensuite constater de moi-même les problèmes familiaux et domestiques, avec un curieux sens des priorités qui s’est répercuté et se répercute encore potentiellement ou réellement sur la santé ou l’avenir de leurs filles. Les deux plus âgées devraient s’en sortir, mais la plus jeune n’est pas à l’abri, d’autant que les deux se sont séparés et n’ont, semble-t-il, pas les moyens de divorcer. Nous ne voyons plus A., ce qui ne constitue certes pas un gros manque et V. pourrait vivre dans de meilleures conditions. La gamine, elle, est trop souvent « livrée » à son père ou à la mère de son père, ce qui risquerait à terme, d’être assez catastrophique (et ce ne sont pas des paroles en l’air, c’est un vrai risque).
T., frère aîné de S. et E., le plus jeune de la fratrie (39 ans quand même) sont célibataires et vivent chez Maman. Enfin, quand je dis qu’ils vivent chez leur mère, c’est inexact, c’est leur mère qui vit chez eux. Cela vient du fait qu’en gros, ils ont racheté la maison familiale pour éponger les dettes de l’entreprise parentale (père aujourd’hui décédé). T. et E. vivent donc là-bas comme à l’hôtel. Maman les nourrit et les blanchit avec un service de haute qualité. Même quand ils se lèvent le matin et qu’il fait grand jour, ils n’ont même pas le courage d’ouvrir les volets et préfèrent allumer la lumière. Le café est toujours fait d’avance, le couvert est mis matin midi et soir. Parfois, d’un effort surhumain, on daigne retirer son assiette de la table. La moitié du temps, on ne dit ni merde ni mâche quand on s’en va. La moitié du temps, on ne dit pas qu’on ne vient pas manger ou on se scandalise parce qu’on n’a pas attendu leur retour… Je pourrais multiplier les exemples à l’infini sur ce qu’ils devraient faire dans LEUR maison mais ils n’ont même pas conscience d’un quelconque manquement. Mais Maman, certes coincée par la situation, voire prise partiellement en otage, est trop gentille et est littéralement leur bonne. Ils ont juste dû se débrouiller quand leur mère était à l’hôpital. C’est à peu près à cette période qu’ils ont appris où se trouvaient le magasin ou le supermarché ou encore qu’ils ont appris l’existence de ces fabuleux instruments que sont l’éponge et le balai. Mais ils n’ont pas dû trouver le robinet d’eau de la cuisine, complètement mort, et dont leur mère les supplie de le changer depuis des années. J’arrête là le tableau, mais on pourra peut-être comprendre une partie du malaise dont je suis la proie quand nous allons loger là-bas pendant nos vacances. Chez ma belle-mère, mais pas vraiment. Invité, mais pas vraiment par les propriétaires. Ayant un très bon accueil chaleureux et extraordinaire de ma belle-mère, mais avec ces deux « coucous » de fils qui pourraient être suspicieux à mon encontre ou à l’encontre de S. D’ailleurs, un incident, une prise de bec de courte durée survenue samedi soir entre S. et son plus jeune frère, alors que j’étais dans le jardin, m’invite à penser que nous ne sommes absolument et définitivement pas les bienvenus. Je ne suis qu’une pièce rapportée, mais cet incident, même peu spectaculaire, m’a mis très mal à l’aise et je l’ai dit à ma belle-mère et j’ai envisagé de quitter les lieux sur le champ. Et je déplore que dans cette famille, on ne se dise pas ses quatre vérités en face et qu’on joue encore régulièrement de l’hypocrisie, qui ne résout rien mais amplifie encore le malaise. Pour ma part, je veux être réaliste, ce n’est pas moi qui vais résoudre les problèmes. Néanmoins, il faut être logique et je songe sérieusement à ne plus remettre les pieds dans LEUR maison… Toutefois, j’ai aussi conscience que les deux frères ne sont pas totalement responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent car ils en sont aussi les victimes. Victimes de certains manques dans la « progression » d’un homme de notre temps, victimes de leur père, sans doute aussi un peu de leur mère (c’est difficile à dire ou à croire, mais je le pense), déphasés, n’ayant pas coupé eux-mêmes le cordon ombilical qui les enferme et qui explique sans doute des manques et le fait qu’ils n’aient pas trouvé l’âme sœur ou un autre déclic émancipateur ou libérateur. Et je dis cela en connaissance de cause, car moi aussi, j’ai eu du mal à couper un certain cordon ombilical, alors qu’il n’était que virtuel et que c’est surtout moi que me l’imposais.