Ce qui est écrit à propos du 24 décembre, je ne l’écrirais déjà plus comme cela aujourd’hui, mais comme cela a été écrit dans la foulée, je laisse ainsi.
Lundi 24 décembre
Le matin, nous allons dans deux magasins pour acheter deux bricoles comme cadeaux pour mes parents. Puis, nous allons à la pêche aux huîtres devant la charcuterie-traiteur la plus réputée du coin. Des huîtres vendues par un producteur de l’étang de Thau que nous avions déjà appréciées l’an dernier.
Vers la fin du repas de réveillon, à la suite de je ne sais quelle conversation, la duchesse mère évoque la problématique de l’agriculture biologique, en faisant mine de la dénigrer, sans doute par méconnaissance. Après plusieurs tentatives pour rétablir la vérité, y compris de la part de Fromfrom, elle s’est enfoncée dans les idées toutes faites généralement véhiculées par les personnes qui dénigrent le bio. Cela m’a mis hors de moi, et au fur et à mesure que les arguments étaient avancés, je les ai violemment combattus. La duchesse mère ignore à quel point ce genre de choses est sensible chez moi, d’autant que cela fait des années que je suis en guerre contre l’agriculture productiviste et ses représentants malhonnêtes qui possèdent un pouvoir énorme et inadmissible, singulièrement dans le Nord de la France. Mon énervement, ma virulence, mon intransigeance ont provoqué un véritable malaise, et je me suis fait engueuler par Fromfrom et ma mère. Personne n’a compris les raisons profondes de ma colère, qui n’était pas l’expression d’une simple sensibilité ou d’une opinion, mais des arguments évidemment et fortement étayés scientifiquement. Mais je n’ai pas pu avancer d’argument sans qu’il soit immédiatement contrecarré par une contrevérité éculée. Ma mère, Fromfrom ont voulu que je m’excuse pour mon comportement auprès de la duchesse mère. Il en est évidemment hors de question. On ne s’excuse pas d’avoir raison. Et puis il ne faut pas me chercher. Cela a provoqué des larmes difficilement consolables chez Fromfrom qui est hypersensible à ce genre de choses. Personnellement, cela ne me dérange pas de hausser le ton et d’être extrêmement désagréable quand je suis sûr de mes arguments. Je considère que mes « adversaires » doivent soit se ranger à mes arguments, soit avoir des contre-arguments recevables, sinon ils subissent mes foudres. Je tiens à préciser que je suis loin d’être sourd au débat (j’en suis même friand), mais à condition bien sûr que l’on ne déroule pas les poncifs habituels. Dans certains cas, je me tais, parce que je ne suis pas sûr que cela ne se finira pas en eau de boudin, soit parce que je suis fatigué, soit parce que je ne maîtrise pas suffisamment le sujet, soit encore parce que je sais le débat perdu d’avance (cas où personne n’en tire profit). L’ex compagne de mon cousin est adepte des sciences occultes et autres fadaises pseudo-scientifiques. Dès que je l’ai connue il y a une bonne quinzaine d’années, j’ai croisé le fer avec elle, mais elle abandonnait très vite. Depuis, elle s’est enfermée dans des certitudes, court les séminaires, parfois à la limite du sectarisme. Depuis que Fromfrom la connaît, elle a déjà déroulé ses arguments, que je n’ai même pas cherché à discuter. Il y a des cas désespérés. Débattre, oui, mais avec des gens qui sont en capacité de réfléchir et qui sont respectables. La mère de Fromfrom en fait évidemment partie. Mais Fromfrom a toujours autant de mal à comprendre la différence entre un débat sur un sujet précis et un combat stérile de personnes qui se détesteraient. Je suis excessivement rarement confronté à la seconde option. Ce cas ne concerne qu’une seule et unique personne que j’ai traitée ouvertement de raciste en public (ce n’était pas le seul compliment que je lui ai fait). Parmi ses amis (je ne suis pas de ses amis, mais ses amis sont mes amis), personne ne lui avait jamais dit ça. Cela n’a servi à rien, le bonhomme, pas foncièrement méchant pour autant, est toujours aussi con.
Mardi 25 décembre
L’épisode de la veille, qui pour moi aurait dû rester un non événement, a été oublié. Je n’envisageais pas qu’il en fût autrement. Le repas de Noël, comme souvent, avait lieu chez ma cousine. Il est toujours agréable de s’y retrouver. C’est la seule occasion de voir mes cousins et leurs parents. Comme de coutume, chaque famille invitée s’occupe d’un plat et une fois encore, ce fut la viande pour mon père : cuissot de sanglier. La mère du compagnon de ma cousine, que je connais peu, s’est un peu vantée des ses « exploits » en pâtisserie. Elle refuse de donner certaines de ses recettes, y compris à sa belle-fille. A quoi cela rime-t-il, alors même qu’elle avoue elle-même en piquer une bonne partie sur internet ? Fromfrom m’a fait justement remarquer que l’un de ses desserts n’avait rien de spécialement original puisque Fromfrom l’avait mis en œuvre la première fois et de manière plus réussie, à l’occasion de mon anniversaire. Moi, je dis qu’il ne faut pas énerver Fromfrom, elle pourrait se venger.
Mercredi 26 décembre
Avec Fromfrom, nous avons déjeuné assez tôt pour nous rendre à Lyon pour 13 heures devant l’entrée des musées des Tissus et des Arts décoratifs. Nous avions en effet défini un rendez-vous avec l’ami Calyste. Je m’étais dit que ce serait une idée de se voir enfin à Lyon, en profitant de la visite d’un édifice ou d’un musée. Comme Fromfrom peine encore à marcher, l’endroit était idéal par rapport au parking de Perrache. Bien que ne l’ayant vu que très partiellement il y a longtemps sur une photo assez ancienne, j’ai immédiatement reconnu Calyste. J’avais dit au téléphone que je porterai, comme souvent, un chapeau de feutre, mais il faisait tellement beau et bon, que je suis venu sans. Mais il n’a eu aucune peine à nous reconnaître, vu que nos portraits sont réguliers sur le blog. Petite vue sur le Rhône avant d’entrer au musée (notez bien que Calyste habite dans cette direction).
La partie Arts décoratifs du musée n’est pas inoubliable, à part quelques meubles assez sobres et des ustensiles modernes d’argenterie qui valent de coup d’œil dans une salle et une vitrine très particulières. La partie Tissus est plus intéressante. Elle débute par des pièces de l’Égypte copte, se poursuit par la Perse, la Turquie ottomane, l’Asie, le Moyen Âge, la Renaissance… Je remarque Bien sûr, la soierie lyonnaise n’est pas oubliée, jusqu’à nos jours. Nous avons par ailleurs été assez intrigués par une exposition temporaire « Lyon et Dragons – Dessicateurs de la Condition des Soies », et en particulier par de magnifiques plaques émaillées qui formaient des cylindres pour le dispositif complexe de pesée de la soie. En effet, cette dernière se gorge facilement d’humidité et les tisseurs lyonnais avaient intérêt à n’acheter que la matière sèche. Avec Calyste, nous déplorons de ne pas être autorisés à photographier. Et en ce qui me concerne, mon appareil manquant singulièrement de discrétion, je ne pouvais guère m’autoriser une photo « volée ».
Avec Calyste, nous nous félicitons de nous rencontrer enfin. Cela doit faire pas loin de quatre ans que je visite régulièrement le blog de Calyste et à peine moins longtemps que je l’envahis de mes commentaires. Calyste est également un lecteur fidèle de ce blog. Cette longue période de prise de connaissance par blogs interposés a sans doute fait que nous ne sommes assez fidèles à l’image que nous donnons de nous-mêmes. Il faut dire que d’un côté comme de l’autre, nous ne travestissons pas la réalité. Après un petit coup à la terrasse d’un café (oui, une terrasse non chauffée, un lendemain de Noël), nous nous quittons à regret, en espérant vivement nous revoir à d’autres occasions. Calyste, il est très chouette !