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Cornus rex-populi
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14 mars 2010

Un tout petit morceau de mon Ferrat à moi

Enfant, à la maison, nous n’étions pas très bien équipés en musique, mais nous disposions d’un tourne-disque sur lequel on écoutait quelques 33 tours, un 45 tours et une collection de 78 tours craquants, complètement épuisés. Parmi les premiers, deux Jean Ferrat que j’ai toujours vus à la maison. Nous les écoutions assez rarement, mais c’est là qu’allait la préférence de mon père. De tout temps, j’ai entendu du Ferrat, d’autant que mon père interprétait régulièrement en travaillant à la maison ou au jardin des extraits de « La montagne », « La Commune », « Les derniers Tziganes », « Potemkine ». Un peu plus tard, une cassette audio était venue compléter la collection.

Bien sûr, à l’époque, je ne comprenais à peu près rien de ces chansons. Je ne recevais que certaines caractéristiques de la musique et du chant. Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai commencé à comprendre ce qui était dit et il a fallu attendre ma vingtaine bien entamée pour que j’achète cassettes puis CD.

Jean Ferrat n’a certes pas fait que des chefs d’œuvre, mais je considère qu’il y a une grande diversité dans ses chansons. Bien sûr, des chansons retranscrivant la poésie, majoritairement de Louis Aragon, sa poésie à lui (dont « Oural Ouralou » qui me plaît particulièrement), des chansons d’amour, parfois touchantes comme « Deux enfants au soleil », et bien sûr des chansons « engagées » (je suis assez allergique à cette appellation), dont « Nuit et brouillard », découverte assez tardivement, m’a fait pas mal tremblé d’effroi.

Je n’ai pas (bien) connu cette époque, et il n’a certes pas été le seul dans ce cas là, mais il a été la victime de la censure : certaines salles de spectacle lui restaient fermées, il n’était pas toujours le bienvenu à la radio ou à la télévision.

Il y a des chansons de lui que je n’aime pas particulièrement, notamment toute une série des années 1960-70 qui ont mal vieilli ou qui consacrent de façon excessive « l’idéal cubain ».

Après un album de chansons personnelles en 1991, il sort son dernier disque entièrement consacré à Aragon en 1995 et depuis, il n’avait pour ainsi dire plus chanté.

L’homme n’était pas consensuel, était atypique, ne faisaient guère de concessions, n’était pas une « star » (comme d’autres, certes), a été un compagnon du parti communiste français, mais il est resté libre, s’en est désolidarisé, parfois de façon assez violente (« Le bilan » en 1980).

Voilà, j’ai été « bercé » par ses chansons depuis le plus jeune âge, mais je suis tombé sous le charme plus tard. Artiste majeur, chansons incontournables pour moi. Ce n’est pas par hasard, si nous avions choisi « Que serais-je sans toi » pour notre mariage après avoir hésité avec « Aimer à perdre la raison ».

Nous avons appris en coup de vent sa mort hier après-midi et ce matin, j’ai entendu quelques courts extraits d’ « hommages et récupérations » à mourir. Lamentable. S’il pouvait ressusciter quelques instants pour venir leur botter le cul à ces bandes d’incultes, d’abrutis, de manipulateurs, de salopards…

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Commentaires
C
A Gem> C'est vrai, Ferrat c'était aussi ces quelques chansons. Ce n'était pas ce que je préférais nécessairement, mais on ne peut pas faire l'impasse. Longtemps habitant voisin de l'Ardèche, je n'ai pourtant guère mis les pieds dans ce beau département. Merci de ton passage.<br /> <br /> A Lancelot> Eh bien Christine, je ne la connais que dans un duo avec lui.<br /> Egoïstes ? Je ne dirais pas ça. Et je sais que tu n'es pas dans ce schéma là (je n'arrive pas à l'exprimer ce soir).<br /> Pour ce qui me concerne, je crois sincèrement qu'il n'y a désormais plus de grand chanteur français en vie. Terrible.
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L
Une belle voix, un très grand monsieur.<br /> <br /> Désolé de ne pouvoir en dire plus, mais moi, Ferrat, ça me rappelle surtout Christine, qui l'aimait.<br /> Et moi , j'aimais Christine...<br /> <br /> Curieux comme tous ces artistes, finalement, semblent n'être là que pour nous rappeler les trajectoires de nos vies, égoïstes que nous sommes...
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G
Très heureux de trouver ce bel hommage sur un blog ami. Moi aussi, j'adorais Ferrat qui est l'auteur de quelques unes des plus belles chansons d'amour françaises - parfois il allait jusqu'à un érotisme aussi troublant qu'élégant. Je me souviens, voici de nombreuses années, avoir aperçu sa silhouette à la fière moustache sur la place du village d'Ardèche où il jouait aux boules.
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C
A Calystee> En général, celles-là, je les "zappe", sauf une ou deux qui "jouent" bien.<br /> Mais même si nous n'avions pas été en accord, il n'aurait pas fallu que cela nous attriste chacun de notre côté.<br /> <br /> A Patriarch> Bien sûr, je les connais toutes et je les trouve formidables.<br /> Bon dimanche. Nous aussi, on aime la vie et on ne va sûrement pas se laisser abattre.
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P
Comme tout artiste engagé, il avait ses opinions personnelles et très tranchées. Il les mettait en chansons, il y en a de formidables, comme "maria avait 2 garçons"," je ne suis qu'un cri"_ "viens mon frelot"-"le chataigner"-"l'embellie"-"deux enfants au soleil"-"la fête aux copains"-"le petit jardin". et même Intox où il met en boite les TV aux ordres !!<br /> <br /> Allez passez un bon dimanche, car en plus il aimait la vie !
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C
Nous disons et pensons la même chose, Cornus, et j'en suis content. Entre autres, même allergie pour la "cubanité".
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Cornus rex-populi
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