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Cornus rex-populi

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16 décembre 2012

Presque rien sur pas grand chose (28)


Qu’elles soient politiques ou autres, les idées de « Mi-s(h)el Sarre-doux », sont loin d’être ma tasse de thé, et plus encore mon tastevin de Chambertin. Toutefois, ce que le chanteur a pu dire à propos de l’exil fiscal de « J’ai-rare De Part-Dieu » en Belgique n’était pas une connerie. D’ailleurs, cet exilé, lui, n’a jamais cessé de descendre dans mon estime. Qu’il est loin de temps de l’acteur dans Fort Saganne, Jean de Florette ou Cyrano de Bergerac. Depuis des années déjà, combien de provocations, de vulgarités, de propos moisis pour ne pas dire complètement pourris ? Et l’acteur, pourrait être avantageusement remplacé par d’autres, meilleurs, et à qui on ne ferait pas de ponts d’or pour leur prestation.


Vendredi après-midi, réunion pour un site Na*tu*ra deux-mille à la lointaine extrémité du département. Malgré les autoroutes, une heure trois quarts de trajet à l’aller et une demi-heure de plus au retour à cause des bouchons lillois. Le président du comité de pilotage (maire du chef-lieu de canton et vice-président du Conseil général), qui n’a vraiment rien d’un écolo (c’est malheureusement le cas dans la quasi-totalité des sites Na*tu*ra deux-mille que je connais), m’a presque surpris en disant, au sujet de la présentation des résultats partiels des études écologiques, qu’il se disait intéressé, étonné par autant de choses qu’il ignorait jusqu’alors. Et bien qu’ayant un peu pris la présidence du comité par défaut, il voyait désormais les choses d’une manière différente, surtout depuis la naissance de sa petite-fille. Parole d’élu (donc suspecte) ou véritable évolution ? En tout cas, il n’a pas fini d’en entendre parler et je veux bien croire, cette fois, qu’il a évolué. Le monde agricole aussi, curieusement, s’est montré sensible à certains discours. Une toute petite pierre à l’édifice, mais c’est aussi comme cela que l’on peut croire que l’on sert encore à quelque chose, à la longue.


Autre bonne nouvelle, nous avons encore récupéré 80 000 € supplémentaires de l’État. Ce n’est pas encore tout à fait suffisant, mais cela vas nous permettre d’aborder 2013 avec plus de sérénité.

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10 décembre 2012

Presque rien sur pas grand chose (27)

Ce soir, en sortant du boulot, je fonce dans une grande surface de bricolage pour acheter une nouvelle vanne thermostatique pour un de nos radiateurs (c’est la septième qui nous lâche depuis que nous avons acheté la maison, mais elles sont aussi très vieilles). La caissière, alors qu’elle ne m’a pas encore rendu la monnaie dit « votre code postal ? », avec un ton mal poli. Je m’y attendais, j’avais entendu la question au client précédent. Et comme ce genre de question m’agace au plus haut point, surtout quand il s’agit de commerce et que l’on n’y met pas les formes, j’ai répondu poliment « je ne souhaite pas vous répondre ». Et ça, c’est parce que j’étais bien luné, parce que cela aurait mérité un « cela ne vous regarde pas » ou un « quelle remise vous me faites contre ce renseignement ? ». La caissière n’a pas insisté. Elle avait intérêt.


Comme j’avais eu l’occasion de le dire ici, j’avais perdu (pas pour tout le monde, assurément) mon alliance dans un hôtel quand nous étions allés au Louvre début mars. Bien sûr, elle ne m’a pas été restituée depuis. C’était un achat effectué en juin 2006 à Lorient, deux bons mois avant notre mariage civil. Il y a un peu plus de quinze jours, en prévision de Noël, lorsque nous sommes allés nous renseigner sur les modèles disponibles et les prix, je n’en suis pas revenu. C’est que depuis, le prix de l’or s’est envolé. Le prix « presque » abordable il y a six ans et demi atteint désormais des sommets. Cela peut paraître très mesquin de dire cela, mais je crois qu’à qualité équivalente, le prix a pour ainsi dire doublé. Cependant, sans que cela soit une nécessité vitale, je dois dire que mon alliance me manquait vraiment à certains moments. C’est idiot, mais c’était comme si je ne pouvais plus affirmer clairement mon union avec ma Fromfrom. Il faut bien que l’on sache que je n’ai pas cessé de l’aimer et que je ne peux pas m’en passer. Je ne sais pas si les autres sont sensibles à ça, mais depuis que je suis marié, il m’arrive d’y être attentif, notamment lorsque je vais en réunion avec des gens que je connais peu. C’est sans doute ridicule, mais je me sentais « nu ». Voilà que la chose est réparée. Il faut dire en plus que cela ne me déplaît pas, d’autant qu’il s’agit de ma seule « ornementation ».

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9 décembre 2012

Trinqueballons dans les bois...

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C’est Karagar qui m’y a fait repenser hier soir avec son diable. La réponse à la question qui se trouvait ici est donc trinqueballe et le verbe associé est naturellement trinqueballer.

Le trinqueballe est une sorte de char à deux roues qui servait (qui peut encore servir) à débarder des grumes en forêt. Celui que nous avons vu à l’abbaye de Cîteaux était particulièrement imposant puisque les roues de bois dépassaient largement les deux mètres de diamètre. Ce terme est utilisé dans le Morvan et en Bourgogne en général, mais on l’entend sans doute ailleurs. Pour ma part, je connais ce mot depuis l’enfance puisque nous utilisions le mot pour désigner d’autres « chars » à deux roues. Inutile de dire que cet engin était extrêmement dangereux quand il était utilisé en descente sur des pentes fortes et qu'il fallait embarrer les roues et conduire les animaux (chevaux, bœufs). Combien de blessés graves, combien de morts revendiquent ces engins ? Quand j’entends certaines personnes, plus ou moins écolos de salon, vanter les mérites tellement extraordinaires du débardage par traction animale (cheval), cela m’agace un peu, car elles n’ont aucune idée des galères qu’il y a derrière. D’autant que les mérites sont assez limités puisqu’il existe aujourd'hui des engins qui ne tassent pas plus les sols forestiers que les animaux (engins relativement légers à gros pneus à basse pression). Alors les chevaux, pourquoi pas, mais de grâce, arrêtons de leur donner toutes les vertus.

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8 décembre 2012

8 décembre : illuminons-nous

Il fallait bien fêter les illuminations du 8 décembre. Nous le faisions systématiquement quand j’étais gamin en mettant des bougies dans des verres sur les fenêtres ou sur la rampe du balcon. Ma mère continue cette « tradition » aujourd’hui. Ici, en Flandre, cela ne se fait pas. Sacrilège, profanation, j’ai allumé les quelques 43 bougies, des veilleuses aux neuvaines, résultat des pillages fromfromocornusiens.

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7 décembre 2012

Compte rendu de lecture et éclairage partiel sur l'auteur

GENEVOIX M., 1969. – Au cadran de mon clocher. Plon, Paris, 295 p.

Je viens de terminer la lecture de ce livre. Il ne s’agit pas d’un roman, mais d’un récit autobiographique. J’avais déjà lu des éléments autobiographiques de l’auteur dans la trilogie Tendre bestiaire, Bestiaire enchanté et Bestiaire sans oubli, mais ceux-ci n’étaient évidemment pas cohérents. J’avais trouvé plus de cohérence dans Trente mille jours, publié en 1980, année de sa mort.

Ce récit n’est assurément pas le meilleur livre de Maurice Genevoix, mais on y retrouve les ingrédients classiques de son œuvre. Quelques constructions de phrases peu classiques, un vocabulaire rare et précis invitant à ouvrir le dictionnaire (pas à chaque phrase bien sûr). Mais surtout l’enfance de l’auteur dans son village ligérien, l’indispensable recours à la poésie du fleuve. En clair, j’étais en terrain connu. Les éléments les plus intéressants, ce sont les descriptions des mœurs villageoises, des métiers de l’artisanat, du commerce, de la paysannerie (…) au début du XXe siècle. Certains aspects économiques sont également abordés et sont à mon avis mal connus : les prix agricoles très bas, surtout sur des terres solognotes peu productives, la misère des paysans et de leurs filles, les bûcherons qui se tuaient à la tâche alors que les tronçonneuses n’existaient pas encore… Et puis, la description des mœurs et querelles politiques locales, souvent hautes en couleurs, les confrontations entre Droite et Gauche, d’un autre temps (elles étaient déjà complètement dépassées lorsque le livre a été écrit). Je crois que c’est le seul livre où l’auteur parle de politique même s’il prend garde à ne jamais s’impliquer, s’engager. Il faut dire que le récit montre le ridicule des affrontements, d’un côté comme de l’autre et montre aussi le côté finalement bon enfant de ces querelles, à quelques exceptions près. En bref, pas un grand livre, mais quelques passages intéressants.

A l’occasion des cérémonies du 11 novembre, certains ont évoqué l’éventualité d’un transfert des cendres de Maurice Genevoix (une simple hypothèse à mon avis). Pourquoi cette idée ? L’écrivain a certes participé à la guerre, y a été grièvement blessé, puis a écrit plusieurs romans de guerre qui ont largement marqué leur temps et révélé l’auteur après 1918. Je dois dire pour ma part que je n’ai pas tout lu de cette première œuvre, d’autant que cela n’incite guère à la poésie. D’ailleurs, dès les années 1920, Maurice Genevoix n’a pour ainsi dire plus véritablement écrit sur la guerre. Sa seconde épouse est décédée en 2012, tout comme sa fille Sylvie, qui était mariée à Bernard Maris, économiste universitaire que les auditeurs de France inter doivent connaître. Est-ce que la disparition récente de ces personnes qui explique cette idée de transfert de cendres ?

Maurice Genevoix, issu d’une famille plutôt modeste est normalien, a obtenu le prix Goncourt en 1925 (Raboliot) et est devenu immortel en 1946, avant d’occuper longtemps le fauteuil de secrétaire perpétuel. Est-ce suffisant pour en faire un homme de droite ? C’est pourtant ce que j’ai entendu à la radio, où on l’opposait à Louis Aragon. Je ne suis néanmoins pas d’accord. Je ne connais pas bien les prises de position de Maurice Genevoix lorsqu’il était à la tête de l’académie française (on n’en trouve pas trace), mais ce que je puis dire, c’est que dans l’ensemble de son œuvre littéraire (je n’ai pas tout lu, mais j’en ai quand même beaucoup lu), rien ne permet de classer cet homme à droite. Certes, on ne trouve pas dans cette œuvre des positionnements clairs à gauche. Mais qui ne se positionne pas clairement, caricaturalement à gauche, à un respect des écrivains prétendus à droite, des institutions (…) serait-il automatiquement classé à droite ? Je ne suis pas l’avocat de Genevoix, mais je constate néanmoins que dans son œuvre, on observe des positionnements humanistes clairs et répétés (désintéressés), un refus de l’embrigadement, une liberté certaine, une sympathie pour la philosophie fouriériste (dans Rémi des Rauches il me semble)… Cela ne veut rien dire. Peut-être l’homme votait-il à droite, mais même si c’était le cas, est-ce que cela en fait un écrivain de droite ? Clairement non pour moi. Un homme de droite ? Pas davantage. Alors, Mesdames, Messieurs les journalistes, éclairez nos lanternes avant de mettre des gens dans des catégories qu’ils auraient eux-mêmes refusé. N’avait-il pas lui-même été qualifié d’écrivain régionaliste, ce qu’il avait refusé, à juste titre.

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6 décembre 2012

Placard

Fromfrom a reçu une lettre aujourd’hui pour l’informer qu’après 3 mois d’arrêt, elle n’aurait plus droit à un salaire complet. Avant la signature et le nom de la signataire, il y avait le placard ci-dessous. En plus du « bon » usage de la majuscule, on n’ira pas me dire que le mammouth a été dégraissé. Combien y a-t-il encore de niveaux hiérarchiques au dessus avant le ministre lui-même ?

Pour le Directeur Académique
Des services de l’Education Nationale,
Directeur des services départementaux
De l’Education Nationale du Nord,
Par délégation, la Secrétaire Générale,
Par autorisation, le Chef de division,
Et par empêchement, l’Adjointe au Chef de division

3 décembre 2012

Presque rien sur pas grand chose (26)

L’an dernier, à l’occasion d’un repas au restaurant avec des collègues, Fromfrom avait été séduite par les propos érudits et baignés de tolérance d’un chercheur algérien (professeur d’université en botanique) qui vient tous les ans nous rendre visite au travail afin d’effectuer des recherches dans notre bibliothèque à rayonnement international. Et vendredi soir, nous l’avons reçu à la maison pour poursuivre des discussions très intéressantes. Nous sommes d’ailleurs invités à nous rendre là-bas dès le printemps. Cela me tente bien un peu, mais je ne suis pas sûr d’être encore tout à fait prêt pour cette « aventure ».


Hier, j’ai arraché deux rosiers. Le premier est un rosier tige de type pleureur à petites fleurs blanches, très florifère de variété ‘white dorothy’ que j’avais planté début 2011. Je trouve qu’il est trop encombrant et me semble trop sensible à l’oïdium.

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(photo internet)

 

Le second est un rosier grimpant à grandes fleurs, de la variété ‘André Le Nôtre’, initialement planté en novembre 2008. Il a tendance à produire beaucoup de « bois » et peu de fleurs. Cela s’explique sans doute par l’exposition et le sol qui ne lui sont sans doute pas suffisamment favorables.

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(photos internet)

Ce matin, j’ai proposé dans un courriel (avec les mêmes photos) à tous les salariés de mon boulot, de donner les deux rosiers. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que mes plants ont eu un succès fou, puisqu’on était presque prêt à se battre pour les obtenir. Bon, il est vrai que les photos présentaient bien. Pour le rosier tige, il n’y a pas tromperie sur la marchandise, mais pour le grimpant, il ne peut y avoir que des progrès (nombre de fleurs) dans son nouvel emplacement.

 

Du coup, à la place, j'ai replanté respectivement un Piscali et un Black Baccara

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(photos internet)


Demain direction le Kent, sans doute pour mon avant dernière réunion là-bas, la dernière du projet étant prévue début mars.

29 novembre 2012

Je suis pour, mais je ne le dirai pas

Début septembre, nous avons été sollicités pour donner un avis à une vaste structure intercommunale sur les effets que produirait sur les arbres une inondation artificielle (bassin d’expansion de crue) dans une forêt déjà pas très sèche. En effet, le gestionnaire de la forêt de l’État (O-haine-effe) considère, dans une position strictement dogmatique et simpliste que cela aurait de toute manière des effets dévastateurs. J’ai donc formulé un avis sur la base de l’étude hydraulique et j’ai conclu que les arbres ne craignaient rien si l’inondation avait lieu en hiver selon les modalités décrites par l’étude, mais que si la crue avait lieu au printemps ou en été, on ne pouvait pas se prononcer sans investigations complémentaires. La structure intercommunale a conclu maladroitement, face à certains services de l’État et à l’O-haine-effe que nous soutenions le projet et ces éléments ont été repris par la presse. Et le directeur de l’O-haine-effe, de m’interpeler vendredi dans une réunion, vis-à-vis d’un article paru dans un journal local, alors que je n’avais pas encore pris connaissance de l’article en question. J’appelle cela être le dindon de la farce, vu qu’en ce qui me concerne, je n’avais fourni qu’un avis strictement scientifique, ce qui n’a rien à voir avec le fit d’être favorable ou non à ce projet. J’ai donc dû le dire haut et fort à la structure intercommunale, mais également aux représentants des associations environnementales et de riverains qui soutiennent le projet.

Il se trouve, que ces associations m’avaient invité (avec d’autres personnes) hier en soirée pour une conférence-débat. L’exercice a duré près de deux heures et demi et, à ma grande surprise, il y avait foule : une bonne centaine de personnes dans la salle des fêtes d’une petite commune rurale. J’ai rappelé mon positionnement strictement scientifique. Je n’ai pas dit qu’à certains égards, je suis plutôt favorable au projet, parce qu’il y a un évident intérêt public, parce que cela pourrait même avoir un intérêt écologique et parce que je me moque de la gêne occasionnée dans la gestion sylvicole, même si je pense que les mortalités d’arbres seront faibles, même si la crue a lieu en période de végétation. Les élus étaient eux aussi très nombreux et tous largement favorables au projet. Dans le public, il y a toujours des troublions qui racontent des bêtises (il y en a d’ailleurs eu un de gratiné), mais dans l’ensemble, les débats ont été de qualité, y compris un naturaliste qui est contre ce projet, y compris nombre d’élus qui se préoccupent aussi d’écologie et pas seulement de soutenir les riverains en les caressant dans le sens du poil.

A la fin de la conférence, je me suis fait interpeler par une dame, qui m’a demandé si j’étais le mari de Fromfrom. C’était bien la première fois que l’on me reconnaissait via mon épouse et je dois dire que cela m’a fait plaisir. En fait, il s’agissait d’une ancienne collègue de Fromfrom lorsqu’elle travaillait dans une autre école en 2007-2008 et qui est actuellement à la retraite.

25 novembre 2012

L'affaire du broc d'eau

Je disais ici il y a quelques temps qu’un jour j’avais envoyé le contenu plein d’eau à la figure de mon père, mais sans avoir donné les détails de l’affaire. J’y reviens donc à la demande de Lancelot.

Tout d’abord, je dois faire un petit retour en arrière pour mettre les choses en perspective. Que l’on n’aille pas croire que je n’aime pas mon père ni que je n’aie aucun respect pour lui. Entre nous deux, c’est un peu compliqué.

Quand j’étais enfant, il m’arrivait de faire des bêtises. Pour être honnête, ces bêtises n’avaient vraiment rien de grave, et même sans doute beaucoup moins fréquentes et beaucoup moins importantes que la moyenne de celles des gamins de mon âge à l’époque. J’étais un enfant sage, calme et timide, et à la maison, il n’y avait en général aucun autre enfant avec qui j’aurais pu éventuellement interagir ou qui aurait stimulé l’émergence de bêtises. Mon père n’était pas toutefois quelqu’un à se laisser emmerder, et si problème il y avait, il y avait sanction : par les vives réprimandes d’abord, par les gifles ensuite (par deux fois, mes lèvres ont amorti sa montre, ce qu’il a regretté immédiatement), par des coups de ceinturon (rarement, il est vrai, mais donnés avec une rage certaine) et plus rarement encore, des coups donnés avec des objets divers (dont une fois une grande pompe à vélo qui a rendu l’âme à l’occasion). Je précise tout de suite qu’en dehors de la lèvre ouverte malencontreusement par deux fois, je n’ai jamais été blessé et je ne considère pas avoir été un enfant battu. Il devait y avoir dans ma personnalité, dans mon attitude de l’époque un quelque chose qui énervait particulièrement mon père qui était peut-être aussi excédé parfois par d’autres éléments (son ulcère à l’estomac, le travail…). Mais le résultat était là : j’avais peur de mon père et je n’ai pas toujours compris le niveau de la sanction, qui ne devait pas toujours être très bien proportionné vis-à-vis de l’importance de la faute.

Plus tard à l’adolescence, avec l’échec scolaire, j’ai ressenti, très probablement à tort, une forme de brimade, lorsque mes parents, mon père en tête, ont décidé de me priver de télévision le soir (on me l’accordait davantage auparavant) et ce jusqu’à un âge assez avancé. J’étais censé faire mes devoirs et réviser mes leçons pendant ce temps là, ce que je faisais en bonne partie d’ailleurs, mais avec une efficacité proche de zéro (je parle de mes premières années de 4e et de 1ère) : d’une part, j’avais décroché sur plusieurs matières et je n’ai pas eu l’aide dont j’aurais eu besoin au moment le plus opportun et d’autre part, il ne servait à rien de s’obstiner des heures sur des choses où le déclic ne pouvait pas venir.

Je le répète, j’étais timide et sans doute aussi peureux. D’ailleurs, devrais-je parler au passé à ce sujet ? Je fais mine de ne plus l’être. Disons, que je sais sans doute mieux le cacher et que j’ai fini par connaître instinctivement quelques artifices pour donner, en partie, le change.

Mon père a toujours des accès de colère, s’emporte, dit des choses abominables, le plus souvent sur des choses assez dérisoires. C’est quelqu’un d’extrêmement têtu, tenace, coriace, qui ne tolère pas beaucoup qu’on remette en cause ses certitudes. Je suis sans doute pareil, pour ne pas dire bien pire, car outre l’héritage paternel, j’ai sans doute l’atavisme que m’a transmis mon grand-père maternel. Toutefois, mon père ne m’impressionne plus du tout depuis un bon moment, ce qui ne nous empêche pas de nous engueuler cordialement. C’est peut-être aussi un sport familial qui a beaucoup impressionné Fromfrom quand elle en a été témoin les premières fois, puisque cela l’a mise très mal à l’aise et en larmes. Un malaise fromfromien qui faisait écho à ce qui se passait avec son père et qui n’avait pas les mêmes conséquences. Car oui, chez Cornus père et fils, les engueulades ne durent pas longtemps et tout rentre rapidement dans l’ordre, comme s’il ne s’était rien passé (Fromfrom est toujours étonnée de cette capacité particulière qui est en réalité une règle immuable de fonctionnement).

J’en viens à présent à l’objet premier de la note : le broc d’eau. Cela se passait au printemps ou en été, très probablement en 1996 ou en 1997. Un dimanche en fin de matinée, j’étais parti chercher ma grand-tante qui habitait encore sa maison de La Cel*le-en-Mor*van. Ma mère et mon cousin J.-L. m’accompagnaient. En repartant de chez ma grand-tante, qui habitait le long d’une route avec une circulation relativement importante, j’ai démarré devant une voiture que j’avais jugée comme étant loin derrière, alors même que la vitesse était limitée à cet endroit. Et du fait de la vitesse probablement excessive de la voiture en question, elle s’était retrouvée assez vite derrière nous. Il ne s’était rigoureusement rien passé (pas de queue de poisson, pas de coup de frein intempestif, pas de mise en danger, rien, rien du tout), mais ma mère qui se situait à l’arrière de la voiture, avait trouvé le moyen de faire un commentaire désagréable et largement erroné sur ma façon de conduire. Arrivés à la maison, elle a répété l’affaire à mon père et mon cousin n’avait pas cru bon de dire ce qu’il en pensait, mais son silence devait valoir approbation des propos de ma mère. Bien sûr, je m’étais défendu et j’avais dû rabaisser largement les propos et les capacités de ma mère. Et un peu plus tard au cours du repas, mon père a remis le couvert sur le sujet (alors qu’il n’avait pas été témoin et prenant sans doute la défense de ma mère). Une chose complètement disproportionnée sur un non événement. Une situation complètement surréaliste, alors que mon père continuait à me mettre en défaut de façon complètement injuste et ridicule. N’y tenant plus, je me suis levé, et probablement en hurlant de rage, je lui ai envoyé le contenu complet du broc d’eau à la figure, puis je suis sorti dehors puis je me suis réfugié dans la pièce du haut de l’autre bâtiment.

Après cela, que s’est-il passé ? Eh bien rien ou presque. Ma mère est venue toute penaude me demander de revenir manger le fromage ou le dessert. Je ne me suis pas excusé (ah ça, non !) et mon père n’a rien dit (rien de rien). Il a dû comprendre qu’il (et ma mère) étaient allés trop loin. Et l’affaire a été oubliée très rapidement.

Mon père n’est pourtant pas du genre à se laisser prendre une puce sur le nez, ni à se faire ridiculiser impunément. Il n’est pas du genre à se lier d’amitié avec le premier inconnu venu. Faut-il rappeler le « round » d’observation glacial qu’il avait réservé à Fromfrom quand ils se sont rencontrés pour la première fois ? Cela n’avait pas duré longtemps (sans doute pas plus de 24 heures), mais Fromfrom en a encore le souvenir. Et depuis, ils ne cessent de se dire de vaches amabilités, et lui a gagné le surnom de « joli papa ». Cela me fait penser qu’il faudra qu’à l’occasion, je lui demande s’il se souvient de cet épisode du broc d’eau.

Dois-je considérer que psychanalytiquement parlant, cet événement a marqué une certaine forme d’émancipation vis-à-vis de mon père ? Eh bien, je n’en ai rien à faire. Ce n’était pas la première, ni la dernière. J’aime mon père et il me le rend bien.

 

Complément rédigé le 25 novembre à 10 heures

Ma mère aussi m’a giflé nombre de fois, mais je ne la craignais pas. Et cela ne m’a pas empêché aussi d’entretenir de grandes complicités avec mon père quand l’atmosphère se détendait. Je précise a contrario que par peur de mon père, il m’est arrivé, quand cela allait mal à l’école, de le cacher, de dissimuler mes mauvaises notes (phénomène qui m’a entraîné assez loin dans le silence, voire dans le mensonge, souvent par omission). Le tout n’avait guère arrangé ma situation. Et cela a duré. Même en classe de 1ère ou en terminale, il m’est arrivé de cacher des notes peu flamboyantes ou d’en retarder l’annonce pour l’associer à une note plus valorisante dans la même matière ou dans une autre. Après, j’ai évolué.

Dois-je préciser que mes parents, et singulièrement mon père ont toujours voulu que je fasse des études les plus poussées possibles. Mon père n’aurait pas accepté que je fasse le même métier que lui (tourneur sur métaux dans l’industrie métallurgique) ou un quelconque métier manuel peu qualifié. Quelque part, il avait placé énormément d’espoirs en moi. Il espérait que j’aille loin dans les études, que j’agisse d’une certaine manière par procuration, car lui n’avait pas su, pas pu, faire des études très importantes (même s’il faut préciser que l’apprentissage qu’il a suivi était d’un très grand niveau à l’époque, par exemple en trigonométrie). Même si mes parents auraient sans doute préféré que je fasse un métier plus rémunérateur, ils sont, j’en suis sûr, très fiers de ce que je suis devenu dans l’ensemble.

21 novembre 2012

Pour faire suite à une note chez Calyste sur les iris

En France, en dehors des zones méditerranéennes et montagneuses, on reconnaît deux espèces d’iris assez différentes.

Iris pseudacorus L. (Iris faux-acore ou Iris des marais) est un iris à fleurs jaunes que l’on rencontre sur les berges de cours d’eau ou de plans d’eau ou encore dans des zones marécageuses. Il s’agit d’une espèce commune un peu partout. Néanmoins, quand on se promène à la bonne saison dans les stations où elle abonde (peuplements souvent assez denses car l’espèce est adepte de la multiplication végétative), je trouve que cela donne un cachet particulièrement flatteur au paysage.

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Iris foetidissima L. (Iris fétide) est une espèce forestière ou d’ourlets forestiers à tendance calcicole, de taille plus modeste que la précédente et aux fleurs pâles plus petites (les plantes fleurissent même assez peu). Les feuilles possèdent une odeur fétide expliquant son nom. Elle est absente sur les sols clairement acides.

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