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Cornus rex-populi

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12 novembre 2009

Événement intergalactique

Hier, malgré ça (oui, c’est encore du plagiat)…

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… c’était pas la joie pour cause de préparatite aiguë, en vue de la Grande Exécution Inspection de S. Je m’y attendais, mais cette fois ce fut pire que les fois précédentes et à mon grand désarroi, je suis allé me coucher seul, trouvant le sommeil avec angoisse en lisant une nouvelle karagarienne car je me doutais que la Grande Stressée viendrait se coucher peu de temps avant de se lever. Il n’en fut rien, elle ne vint jamais, ce qui ne manqua pas de me perturber davantage. Ce matin, je la découvre, non pas pétante de santé, mais pas visiblement fatiguée par sa nuit blanche.

Avant de partir pour l’école, encore plus en avance que d’habitude, elle me fait son couplet habituel sur sa prétendue nullité ou autres compliments ultra connus dans le genre. Je peine à lui faire dire qu’elle est la meilleure (car je suis plus que convaincu qu’elle possède un talent qui surclasse la plupart de ses collègues). Bien sûr, comme d’habitude, elle ne me croit pas et prise d’une folie, me parie un restau si elle réussit. La suite est à lire chez elle ici. Et il s’agit d’une nouvelle note, c’est ça le vrai événement intergalactique.

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11 novembre 2009

Un anniversaire d'enfant gâté

Il y a quelques secondes ou minutes sonnaient exactement les 4 ans de ma rencontre avec S. Elle m’attendait en haut de l’escalier de la gare de Lorient. Je l’avais aperçue depuis la moitié de la rampe d’escaliers. Je l’ai déjà écrit, j’étais pétrifié d’émotion. Jusqu’à l’arrivée à sa maison de Quimperlé, j’avais été peu bavard, me forçant quand même à parler. Je sentais que j’avais déclenché quelque chose de très fort chez S. qui la submergeait, alors que moi, il m’a fallu un peu plus de temps pour réaliser ce qui m’arrivait. Et même quand ça m’arrivait, j’avais du mal à comprendre ce qui se passait réellement.

Il a fallu attendre deux jours plus tard mon retour à mon domicile nordiste pour mieux me rendre compte. Avec mes parents, il ne se passait pas un week-end sans que je ne les appelle. Je ne leur avais pas parlé du tout de mon week-end du 11 novembre. Ma mère était affolée, ella avait laissé des messages sur mon fixe et mon portable éteint. En rentrant, je leur annonçais que j’avais rencontré quelqu’un en Bretagne. C’était presque un « coming out » pour moi, mais si j’avais fait cette annonce, c’est que j’avais déjà un sacré capital confiance dans la relation qui m’unissait désormais à S. Chez mes parents, même si elle ne fut que partiellement exprimée, la surprise était assez colossale. Je parle naturellement de « coming out » et cela paraîtra effectivement excessif, mais je crois que ce ne faut pas si facile que ça pour moi. Je ne vais pas revenir précisément là-dessus, mais dans mon passé de célibataire, j’avais longtemps raisonné comme si je m’étais condamné à vivre seul, sans personne à mes côtés. Alors que cela faisait quinze ans que je n’habitais plus avec mes parents, le cordon ombilical n’était pour ainsi dire pas rompu. Je n’avais jamais ramené de petit(e) ami(e) à la maison, autrement dit aussi dans le cadre éloigné qui m’unissait à mes parents. Imposer une personne dans ce système imaginaire m’était inconcevable. Quelque part, faire venir quelqu’un dans ma vie était un peu trahir mes parents. Une pensée totalement ridicule en réalité, peut-être en partie due à ma psychologie d’enfant unique. Une pensée qui peut aussi s’expliquer par une sorte de castration mentale : on était très pudique à la maison, on ne parlait jamais de sexe ni d’amour. Et puis mes interrogations personnelles, mes expériences récentes ne m’invitaient pas à en dire davantage.

Que cela soit clair, je ne veux pas mettre mon expérience d’enfant gâté sur le même plan que les vrais « coming out » aux parents, qui sont des expériences autrement plus difficiles, voire douloureuses, quand cela n’induit pas de vrais drames familiaux que l’on ne peut que déplorer.

Après avoir téléphoné à mes parents, je me suis connecté sur MSN où j’ai retrouvé S. Au bout de quelques minutes, j’ai eu des sortes vertiges, comme si j’étais un peu dans du coton. Je n’étais pourtant pas particulièrement fatigué, ni malade, ni sous l’emprise de quelque drogue. C’était la première fois qu’il m’arrivait un truc pareil et cela ne s’est jamais reproduit depuis. Au bout d’un moment, j’ai dû quitter S. et aller me coucher. Curieuse expérience (c’est quand même pas ça le coup de foudre !). J’allais avoir un mal fou à trouver le sommeil puisque cet état de vertige avait réveillé en moi ma peur irraisonnée d’étouffer en m’endormant (la peur d’oublier de respirer, peur très probablement d’origine traumatique à la suite de mon hospitalisation après le choc anaphylactique consécutif à des piqûres de guêpes). Cette peur semble avoir disparu aujourd’hui.

Pour en revenir à S., je devais la revoir une semaine plus tard chez moi. Le tourbillon était désormais irrésistible. S. fut invitée pour Noël chez mes parents. Après une phase silencieuse et glaciale d’observation de mon père, un déclic se produisit et S. fut rapidement « adoptée ».

Et c’est donc en ce 11 novembre 2005 que toute notre histoire a véritablement commencé et ce n’est qu'un commencement. Ah, j’oubliais, on s’aime, je l’aime chaque jour un peu plus. Quand je dis que je suis un enfant gâté.

9 novembre 2009

Angers et grains nobles

Maître Cornus, sur son arbre perché agit souvent avec préméditation, même s’il ne dédaigne pas improviser. Depuis de longs mois, pour ne pas dire davantage, il avait songé faire une halte vinicole en Anjou, chez un vigneron qu’un ami lui avait fait découvrir il y a plus de 13 ans. Mais, il rechignait à faire un détour le long de la base la plus large du triangle, considérant la route déjà suffisamment longue comme ça. C’était sans compter sans sa gourmandise, celle de Dame Fromfrom et de quelques autres. Dès le samedi des vacances, donc, il avait pris rendez-vous avec le vigneron. Dans un optimisme fou, il avait dit qu’il serait sur place en fin de matinée.

Hélas, bien qu’il eût pris toutes ses dispositions pour aller « cueillir » les décapodes promis aux premières lueurs de l’aube à l’ouverture du magasin, il fallait compter avec le petit retard de départ et surtout les distances incompressibles qui nous séparaient de la vallée du Layon.

A quelques encablures de la capitale angevine, Maître Cornus, comprenant enfin son coupable optimisme fit appeler la vigneronne qui nous conseilla de venir plutôt en début d’après-midi, pour cause de repas des vendangeurs.

Il fut donc décidé de faire une escale « déjeunatoire » à Angers. Maître Cornus connaissait déjà cette ville pour y être allé à plusieurs réunions ou colloque, ou encore d’avoir été baladé par l’ami évoqué plus haut. Ceci dit, les rues dans lesquelles il s’engagea l’emmenèrent près de la cathédrale où il gara presque par erreur sa voiture. L’édifice ne faisait nullement partie d’un programme prédéfini, ni d’un vague rêve, mais comme il se présentait là, il fallait quand même voir ça plus précisément. En pénétrant à l’intérieur, on est surpris par l’existence d’une nef unique, très large, voire massive qui ne plut guère à Dame Fromfrom, mais Maître Cornus ne détesta pas tout à fait, même s’il regrettait l’évident manque d’élan, la lourdeur écrasante. Mais il vit quelques signes très positifs dans la pierre, sa couleur, les arrêtes, les piliers… Et puis les orgues puissantes en train de triompher. Et puis ces rosaces et autres vitraux du XVe s. Et en sortant, un petit coucou à cette demeure médiévale, la Maison d’Adam.

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Comment, des vendanges fin octobre ? Eh bien, oui, ceux-ci étaient en train de récolter les grappes promises à un encore hypothétique « Sélection de Grains Nobles ». Nous avons pu voir à quoi ressemblaient ces grains nobles, confits et gorgés de sucre. Puis, nous sommes repartis avec quatre sortes de Coteaux du Layon et un flacon de SGN, que je n’ai jamais eu l’honneur de goûter.

8 novembre 2009

Du mur de Berlin à la paix européenne

Les médias en font des tonnes sur la chute du mur de Berlin, tellement que ça donne la nausée. Je me souviens bien à l’époque que notre prof d’histoire l’avait vu venir et nous avait annoncé ce qui allait se passer avant même que les médias en parlent. Ce n’est pas la première fois que l’on s’aperçoit que ces derniers sont archi nuls pour décoder ce qui se passe sous leurs yeux : soit ils sont vraiment nuls, soit ils ne nous informent pas volontairement. Idem pour la chute de Ceausescu en Roumanie, où ils se sont rendus coupables de manipulation. Les temps changent, mais eux continuent de nous manipuler, souvent avec la complicité d’une certaine classe politico-économique.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, j’ai été très touché par les récits de la Seconde guerre mondiale dans le cercle familial ou amical. Mon grand-père paternel avait une réelle rancœur envers les Allemands, on le comprendra aisément, vu ce qu’il avait dû endurer. Il est mort six ans avant la chute du mur. Ma mère disait heureusement qu’il n’avait jamais vu ça. Et en même temps, elle se ravisait, car le ronchon qu’il était, aurait fini par faire la part des choses.

Je me souviens de cette poignée de main Mitterrand-Kohl en 1984 à Douaumont, geste ultra célèbre, mais qui m’émeut toujours aujourd’hui. Je suis peut-être naïf ou à côté de la plaque, mais je crois que c’est une des plus grandes choses qu’a faite Mitterrand à l’époque.

Du temps du premier mandat de Chirac, il avait été question d’accorder la double nationalité franco-allemande à tous les citoyens des deux pays. J’avais rêvé un instant, j’étais super enthousiaste à cette idée (alors que j’ai tout oublié ou presque de mon allemand), et puis on a oublié cette idée. Je trouve ça détestable, car je continue de penser que cela aurait pu se faire avec la plupart des pays européens. Oui, je me sens Européen et je veux que tout le monde s’aime, parce que l’objectif européen de paix n’est jamais à perdre de vue et est à conforter tous les jours. Hélas, j’ai l’impression que les états européens n’ont plus guère d’ambition européenne aujourd’hui, et ça me navre. Qu’avons-nous fait de cette idée ?

7 novembre 2009

En différé du Kap

Nous avons passé une bien agréable soirée au koin du feu, en charmante kompagnie. Kelle chance d’être là, komme chez soi. Vers 1h30 du matin, nous avons été surpris par l’heure. A regret, Madame K a dû nous kitter. Puis, nous sommes allés nous koucher. Nous n’avons pas trouvé de kadavre dans le plakard. Le mardi matin, pourtant pas levés tard, nous avons trouvé Monsieur K en train d’ékrire des vilaineries sur un boukin qui traînait et k’il nous destinait. Komme nous ne sommes pas du tout bavards, nous avons retenu Monsieur K du mieux ke nous avons pu avant k’il n’aille bosser. En tant que dokteur, je lui aurais bien fais un mot s’exkuse, mais komme cela n’aurait pu être brittonikement korrekt, ça ne serait pas passé. Bref, nous avons dû le libérer.

Puis, komme on avait bien entendu l’océan, on est allé voler kelkes photos au Seigneur des lieux.

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Direction la Baie des Trépassés où les surfeurs sont bien présents.

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Puis, nous tombons là dessus.

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Et parce k’on y était pas retourné depuis le 1er janvier 2006, date lakelle Mademoiselle S. m’avait fait prendre le phare de la Vieille pour une vulgaire balise, nous sommes allés à la Pointe du Van. Je dékline toute responsabilité en kas d’akusation de plagiat de l’œuvre des K.

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3 novembre 2009

Deux ans

Déjà deux ans aujourd'hui que nous nous sommes unis à l'église et 1173 jours que nous sommes passés par la case mairie. Le mariage à l'église, bien que non croyant pour ne pas dire carrément athée, j'en avais accepté le principe potentiel bien avant de connaître celle qui allait devenir mon épouse. Le prêtre devait néanmoins accepter le principe de mon état, ce qui fut fait avec brio grâce aux connaissances de S. Partant de là, rien ne s'opposait à notre union religieuse qui n'avait de sens pour moi que parce cela en avait un pour S. Un sens chrétien auquel je pouvais d'ailleurs adhérer, c'est-à-dire celui du message d'humanisme et d'amour délivré par Jésus-Christ, et non celui repris par nombre d'églises sous forme de multiples tentatives d'embrigadement et d'asservissement.

Voici donc une photo vieille de 2 jours où l'on pourra à loisir mesurer combien nous sommes malheureux. Merci à tous ceux qui nous ont accompagné et qui nous accompagnent toujours dans notre bonheur.

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2 novembre 2009

Toussaint et chrysanthèmes

Toussaint rime, à tort, avec hommage aux morts. Toussaint rime avec cimetière. Toussaint rime avec chrysanthèmes.

KarregWenn parle de cimetière et des visites imposées qu’elle y fit. Pour ma part, je me souviens des visites que je fis jusque vers l’âge de 19 ans à la tombe de mon grand-père paternel que je n’ai jamais connu, de l’entretien du monument, du blanchiment des graviers, de la mise en scène des chrysanthèmes que l’on achetait chez l’ami fleuriste ou que mon père produira lui-même plus tard. Les chrysanthèmes que l’on préférait à petits capitules (« pomponnettes ») parce que ça craint moins le gel, déjà bien mordant à cette époque de l’année. Dès début octobre, on s’affairait pour mettre tout en ordre. Et une semaine environ avant la Toussaint, les fleurs des morts embellissaient la tombe grand-paternelle. J’accomplissais cette tâche avec mon père, parfois accompagné de ma grand-mère. En fin d’année ou au début de la suivante, on vérifiait ou on échangeait les immuables (et laides) roses rouges artificielles.

A l’âge de 20 ans, j’ai découvert qu’en Touraine, on disposait aussi, de façon traditionnelle, des chrysanthèmes devant les entrées de maisons et que l’on renouvelait l’opération en mars (je ne sais pas à quelle date).

Mais Toussaint rime aussi avec mon anniversaire que je n’ai jamais vécu de façon morbide au sein de ma famille. Je me suis aperçu que cette façon de « faire la fête » le 1er novembre n’était pas forcément de mise dans bien des familles où il était (il est toujours) de bon ton de faire la tournée des cimetières. Depuis la mort de ma grand-mère paternelle il y aura 20 ans dans quelques jours, je ne suis jamais retourner visiter une tombe familiale. Je ne vais dans des cimetières que pour visiter des églises ou pour y inventorier la flore (ce n’est pas une blague).

Depuis une petite dizaine d’années, je m’achète presque systématiquement un pot de chrysanthèmes que j’apporte à la maison. Comme à cette période, je suis toujours en séjour chez mes parents, ma mère m’avait d’abord cru à moitié fou, avant de se faire à cette folie.

L’autre jour, parce qu’il l’avait ouvertement dit et parce que je le savais, je n’ai guère été étonné lorsque je vis un chrysanthème pourpre trôner sur la table du salon karagarien. Je n’ai pratiquement rien dit, mais la vue de cette plante m’a ému, tant elle est peu commune dans nos intérieurs. Sauf à aller visiter les cimetières pour leurs fleurs, ne serait-il pas plus opportun d’en profiter égoïstement à la maison ? C’est ce que nous faisons aussi.

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24 octobre 2009

Triangle Septentrio-britto-éduen

Nous sommes en vacances et je crois que c'est mérité. On part.

Je ne montrai que l'un des sommets du triangle. Chacun reconnaîtra lequel. Les plus doués pourront dire précisément le lieu.

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20 octobre 2009

Carpe crépusculaire

On était au cœur de l’été. Avec le soleil déclinant, le vent qui avait animé la journée, se calmait enfin, comme par enchantement. La chaleur, accumulée durant toute la journée, commençait à rayonner, délivrant une douceur sereine, imprégnant chaque brin d’herbe, chaque bouquet d’arbres. Les hirondelles, prises d’une folie collective, arrivaient par escadrilles entières afin de se désaltérer et se baigner sur l’étang. Le miroir était encore perturbé par des mouchages de rotengles, tentant, avec des réussites diverses, de gober des diptères noyés ou d’autres hyménoptères en voie de perdition. Les lapins, les lièvres hésitaient encore avant de sortir de leurs repaires. Seuls les ramiers et autres colombins se risquaient de bosquets en fourrés afin d’aller étancher leur soif à la source. Les ombres des grands frênes s’étiraient interminablement sur la pâture. Les enfants s’amusaient à imiter des géants en regagnant leur foyer, alourdis d’une friture de gardons et d’une poignée de grenouilles attrapées à grande peine sous le cagnard de l’après-midi.

Le dîner terminé, Charles, craignant la rosée, chaussa à nouveau ses bottes en caoutchouc et se couvrit d’un paletot noir. Il ne faisait pas encore nuit, mais la lumière électrique avait envahi la maison depuis un bon moment déjà. Il sortit. D’un pas feutré, il avança sur la grande pâture avant de faire un crochet pour longer la grande haie double que la nuit n’avait pas encore noircie. Il était déjà à plusieurs centaines de mètres de la maison qu’il entendait encore des éclats de voix des convives que n’arrivaient pas à couvrir la symphonie « ranesque » de l’étang. Avec l’humidité qui tombait enfin, la raideur diurne des chaumes et autres touffes graminéennes s’était muée en une souplesse caressante que les bottes de Charles contrariaient à peine.

Furtivement, Charles se retrouva bientôt sur la chaussée de l’étang. La lueur résiduelle du soleil se reflétait encore, comme capturée par l’onde sombre de l’étang. La gaule à carpe, tendue avec une précision scientifique et horlogère depuis le milieu de l’après-midi était toujours là. Charles, depuis un moment déjà, s’était aperçu qu’un « départ » avait eu lieu lorsqu’il avait traversé la mégaphorbaie à reine des prés, jouxtant l’ancien embarcadère. Il avait donc dû hâter le pas, sans pour autant provoquer la moindre vibration fatale. D’une main fébrile mais assurée, il se saisit de la vieille Shakespeare, fit faire quelques tours au gros moulinet clusien, puis dans un mouvement ample et décidé, pratiqua un ferrage appuyé. A une bonne centaine de mètres de là, tel un sous-marin nucléaire en plongée profonde, on ne fit mine de rien, comme lorsqu’on engloutit un petit chalutier par inadvertance. Cependant, sur la berge, Charles se livrait à une course effrénée contre la montre. Décimètre par décimètre, mètre par mètre, le monofilament de polyamide s’enroulait, s’entrecroisait sur la bobine. Le scion, la canne entière se transformait en une improbable parabole. Les anneaux éprouvés brillaient au son de la lune qui se levait enfin. Les tours de la puissante manivelle se faisaient de plus en plus pénibles. Enfin, à trente mètres de là, Charles aperçut un remous puissant parmi l’eau lourde et noire. Alors que le poisson semblait vouloir se faire plus coopératif, Charles se saisit de l’épuisette à long manche et la disposa devant lui entre deux eaux. Mais à la reprise de contact, la carpe se lança dans un « rush » sourd et profond, irrésistible. Charles, pour ne pas rompre, dut abandonner une bonne quinzaine de mètres, pourtant chèrement acquis. La lumière se faisait de plus en plus rare, mais Charles ne craignait nullement ce détail. Ce qui l’inquiétait davantage, c’était de ne point casser au dernier moment et surtout de réussir à glisser le filet de l’épuisette au bon endroit au bon moment, alors qu’il avait déjà besoin de ses deux mains pour venir à bout de la récalcitrante créature des fonds.

Quelques minutes plus tard cependant, la victoire fut totale : la carpe reposait sur l’herbe. Alors qu’il s’apprêtait à quitter les lieux, Charles eut une pensée bienheureuse. En contemplant la voûte de feuilles de chêne qui marquait une découpure parfaite sous le ciel étoilé, Charles revit ses ancêtres à la pêche au même endroit. Comment ces derniers auraient-ils pu imaginer leur descendant en train de faire ce truc de dingue en pleine nuit ? A cette pensée, il rit en silence. Son seul souci maintenant était de satisfaire enfin son épouse Pétronille, qui raffolait de carpe en meurette.

19 octobre 2009

Ciel impossible

Voilà plusieurs semaines que je tente de photographier des levers ou des couchers de soleil lors du départ ou du retour du boulot. Hélas, c’est l’échec total. Soit, je pars trop tôt ou rentre trop tard, soit le soleil est déjà ou encore trop brillant par manque de nébulosité à l’horizon, soit il joue exagérément à cache-cache, soit enfin, je n’emporte pas mon appareil et il en profite pour faire un coucher extraordinaire.

Ce soir, j’ai décidé de prendre quand même une photo coûte que coûte, avec un premier plan qui ne serait pas trop moche. Evidemment, comme j’ai fait ça à la volée, le résultat est exécrable. Alors, je me suis livré à quelques bricolages assez pitoyables (je suis très nul à ce jeu), histoire de ne pas mettre l’originale, qui finalement n’aurait pas été pire…

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