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Cornus rex-populi
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9 août 2016

Brèves cornusiennes (60)

D’habitude, début août, c’est relativement calme au boulot. Cette année, des « drames » se jouent.

Ma directrice « scientifique » continue à m’emmerder, même au cœur de l’été,quand l’ambiance pourrait être à un peu plus de détente.

Elle est tombée malade pendant les vacances et m’a demandé qu’une partie de ses vacances ne soit pas décomptée de ses jours de congés. J’ai commencé par dire non, parce que je suis un chef autoritariste dénué de la moindre empathie c’était la première fois que l’on voyait arriver une telle demande et ce n’est pas dans le code du travail et puis parce que quand elle peut demander un traitement de faveur et des dispositions d’exception, c’est la première à en user et surtout à en abuser. Mais la convention collective dont nous relevons autorise des choses après autorisation de l’employeur, et j’ai autorisé (comme quoi je ne suis pas si mauvais que ça).

Moins de 24 heures plus tard, alors qu’elle est en arrêt de travail, elle diffuse depuis chez elle un document dont j’étais l’auteur du texte de départ où elle propose à tout le monde, entre autres, un nouveau travail pour la fin de l’année ou le début 2017, qui est à peu près sûr de désorganiser les équipes et est surtout complètement irréaliste vus les délais et les impondérables. Je lui explique gentiment (je suis le seul à pouvoir lui répondre sur le sujet, tous les autres sont en vacances) et elle répond, toujours à tout le monde, en se justifiant, mais sans répondre à mes préoccupations de faisabilité technique, de charge et calendrier de travail et surtout de gestion de projet et plus généralement de travail en équipe. Et comme elle se moque de tout cela, je réponds de manière un peu plus vive que ce n’est pas de cette manière que j’entends que les choses se passent (dire ça à une directrice super sénior de 61 balais est plus que surréaliste, mais elle ne comprend pas). Et après ça, je reçois en retour à ma seule adresse, un message de plaintes et d’accusations : je la décrédibilise « un peu plus » vis-à-vis des autres (comme si le « un peu plus », voire le « beaucoup trop » n’avait pas été dépassé depuis très longtemps), que je suis rien qu’un méchant, que je ne lui fais pas confiance, et elle remet le couvert pour justifier sa marotte. Et là, je suis pris d’un doute : que faire ? Le Cornus doutant et en colère est une espèce imprévisible. Il écrit une réponse cinglante, très cinglante, mais ne l’envoie pas. Il demande un avis un peu extérieur, en l’occurrence Fromfrom, qui connait un peu le contexte et en gros les turpitudes de la dame (invisibles pour qui ne la subit pas au quotidien au travail). Contrairement à mon autre directrice, Fromfrom m’a conseillé de ne pas envoyer ce que j’avais écrit, parce qu’elle était incapable d’entendre mes arguments « pour le moment ». Je pense que ce n’est pas que « pour le moment » mais un état permanent de surdité, mais je prendrai plus tard le temps de lui dire tout ça de vive voix, même si je sais qu’elle fera tout pour esquiver, noyer le poisson, rejeter la faute sur d’autres… J’ai aussi peur qu’elle finisse par m’accuser de harcèlement (même si tout ce que je peux dire est réel), notamment si je suis trop vif et il me semble délicat de savoir où placer le curseur. Qu’est-ce qu’on peut perdre son temps avec ces conneries. Tout cela est usant. Vivement qu’elle soit à la retraite.


Lors de ma participation à mon premier conseil scientifique en 2003 (réunion une fois l’an), à peu près un an après mon arrivée, j’avais assisté à l’élection du nouveau président et c’est encore lui aujourd’hui. A l’époque, je le côtoyais peu, à part quelques heures tous les ans. Peu à peu, au fil des discussions, nous nous sommes trouvés un intérêt commun pour les vins (lui est Alsacien) et nous avons participé avec d’autres, à plusieurs repas sympathiques le soir en marge des conseils scientifiques. Fromfrom a même participé à plusieurs de ces événements.

Puis, il y a environ six ans, il a pris sa retraite d’ingénieur de collectivité territoriale (il était directeur d’une équipe) et a créé une entreprise individuelle. Soit. Mais en tant que bénévole dans notre conseil scientifique, il s’est mis à nous faire des notes de frais au nom de son entreprise, en feintant sur les coûts kilométriques qu’il affiche plus de 50 % plus cher que les tarifs votés au sein de notre CA (correspondant à une voiture de 5 CV parcourant 20 000 km par an). En plus, il nous facture de la TVA à 20 % alors que parfois, elle lui avait été facturée à lui à des taux inférieurs. Je passe aussi sur le fait qu’il avait comme par hasard oublié de retirer de sa facture les repas de sa compagne. Depuis deux ans, notre comptable ne s’était rendu compte de rien et le commissaire aux comptes non plus, mais cette année, cela n’est pas passé et c’est normal. Mais Monsieur conteste pour la TVA et les coûts kilométriques, parce qu’il a une « petite retraite » et qu’il doit financer ses autres activités scientifiques et congrès en Chine, en Suisse et je ne sais quoi. Quel rapport avec le fromage ?

Au fil des ans, je me suis aperçu peu à peu que l’homme n’était pas seulement « précieux », mais carrément mondain, avec des allures parfois hautaines, ce que j’avais déjà du mal à admettre. Que l’on s’entende bien, cela ne remet aucunement en cause ses qualités scientifiques indéniables, notamment dans les domaines des om*belli*fères ,dont il est le spécialiste français incontestable, et de la conservation des espèces végétales. La découverte de l’année, c’est qu’il s’agit d’une personne excessivement vénale et qui ne se gêne pas pour tricher par inadvertance. Qu’il n’ait pas une retraite importante par rapport à son ancienne rémunération de salarié, c’est un fait, car on sait que fonctionnaires territoriaux, même les ingénieurs, ont beaucoup de primes qui ne sont pas comptabilisées dans le calcul de leur retraite, mais il a fait une carrière complète et avait un statut un peu plus enviable qu’une femme de ménage. Il ferait pleurer dans les chaumières. Maintenant, il dit que dans ces conditions, il ne viendra pas au conseil scientifique de l’an prochain, ce qui est gênant pour un président, mais je crains qu’il ne veuille pas démissionner. Donc, on s’est dit qu’on allait s’arranger pour ajouter des articles dans le règlement intérieur de l’association à l’occasion de notre CA du mois de novembre et nous allons organiser son « abdication ». Car oui, sauf démission personnelle ou décès, les conseillers scientifiques sont indécrottables, élus à vie. Je vais revoir tout ça. Non mais.

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31 décembre 2017

Force doit rester à la vie

Calyste disait ces jours que c’était la trêve des confiseurs, qu’il ne se passait généralement rien d’essentiel dans le monde. Pourtant, pour Saint-Sylvestre 1983, je me souviens parfaitement de l’enterrement de mon grand-père maternel (seule date d’enterrement de mes proches dont je me souvienne précisément). Il avait 78 ans. Une cousine (germaine de ma mère), A., est décédée hier d’un cancer, à l’âge de 70 ans. Ma mère la considérait un peu comme une sœur (de douze ans plus jeune qu’elle) car pour commencer leurs parents étaient très proches : frère et sœur avaient épousé sœur et frère de l’autre famille, avec deux filles dans les deux cas. La première cousine, un peu plus âgée, est décédée depuis plusieurs années.

De mon côté, je me souviens très bien que A. avait dit aux obsèques de mon grand-père en 1983, qu’elle l’avait considéré comme un second père. Quelques années plus tard, elle fut victime d’un cancer du sein très grave dont elle parvint à se remettre. Elle fut tranquille une grosse quinzaine d’années, mais une récidive est apparue il y a une douzaine d’années, et ce ne fut depuis qu’une longue descente jusqu’à l’extinction d’hier. Je dois dire qu’elle a fait preuve d’une extrême résistance et d’un courage incroyable. Je pense qu’à sa place, je serais mort depuis longtemps. Je ne l’avais pas vue depuis des années, mais j’ai eu des informations régulières par ma tante. La concomitance entre la mort de mon grand-père et A. à 34 ans d’écart me frappe un peu. Par ailleurs, c’était quelqu’un que j’appréciais beaucoup. On se voyait assez régulièrement avant que je ne parte faire des études à Tours et même après, on se voyait toujours lors des fêtes de fin d’année. Donc, pour moi, elle est aussi associée au contexte festif (son mari également). C’était une femme forte, de conviction, engagée syndicalement. Elle avait réalisé l’essentiel de sa carrière chez Creusot-Loire (pas au Creusot, dans la Loire), une aciérie qui appartenait autrefois aux Marrel, et ayant ensuite appartenu à différentes sociétés qui changeaient de nom comme de chemises : Usinor-Sacilor, Industeel, Arcelor(-Mittal).

Oui, moi aussi, je suis triste, mais on ne doit penser qu’à ceux qui restent et à la vie.

21 janvier 2018

Triangle 2017-2018 (2)

Durant les quelques jours autour de Noël, outre la duchesse mère, nous avons vu le frère aîné de Fromfrom qui a la mauvaise idée d’avoir le même prénom que moi (ce qui me fait sursauter quand sa mère l’appelle, même si elle y met un ton particulier) et qui reste on ne peut plus fidèle à lui-même (peu bavard, ours et furtif). Son frère cadet travaille de nouveau dans la capitale finistérienne, s’est révélé plus enjoué qu’à l’habitude et s’est même montré un peu plus prévenant avec sa mère (en comparaison avec son état d’esprit d’avant sa période maritimo-africaine).

Le jour de Noël, nous avons vu la sœur aînée de Fromfrom (qui, je le rappelle avait été victime d’un AVC il y a plus de deux ans) et dont nous avons pu constater que son état de santé (marche et parole) n’avait pour ainsi dire fait aucun progrès depuis deux ans (contrairement à ce que laissait entendre sa mère). Une situation à vrai dire très triste et un peu embarrassante, tant pour Fromfrom que pour moi. En effet, il est difficile d’avoir une conversation un peu relevée avec elle, d’autant que nous avons un peu de mal à la comprendre, sans compter qu’elle ne nous appréciait guère avant son accident (une vieille dent contre Fromfrom un peu inexplicable).

La plus âgée de nos nièces a un bébé de quelques mois que nous avons pu voir (d’où mon statut de grand tonton). C’est elle qui a le mieux réussi de nos trois nièces et c’est vrai qu’elle se « défend » bien. Elle était avec son compagnon (plus âgé qu’elle et séparé d’une première union avec enfants) que nous connaissons au moins depuis cinq ans et qui semble quelqu’un de bien (prévenant, capable de parler de sujets divers intéressants et intéressé par les autres).

La deuxième nièce est également venue avec son compagnon (il y a deux ans, elle en avait un qui nous était apparu sympa, mais elle l’avait jeté moins d’un an après). Là, on a vu un type assez mal dégrossi (pas méchant, mais pas bien évolué non plus). Elle, est restée une parfaite gamine, sans formation, manœuvre de base dans une usine agroalimentaire, chose que Fromfrom avait connue à une époque de sa vie et qu’elle avait fui. Elle, au contraire, semble bien s’en accommoder. La troisième nièce, 17 ans tout mouillé, n’est pas venue et n’a d’ailleurs donné de nouvelles à sa grand-mère depuis des mois. Elle ne fait plus rien de sérieux à l’école depuis un certain temps (devrais-je dire depuis plusieurs années ?), alors qu’elle est (était ?) dans une filière spécialisée dans l’hôtellerie (ou quelque chose du genre). Depuis quelques mois, elle est en ménage avec un gars plus vieux qu’elle et ne doit plus guère fréquenter les bancs de l’école. Je ne vais pas faire un dessin, cela me heurte (ce n’est pas nouveau). Le père est un abruti irresponsable et la mère « démissionnaire » depuis longtemps (son AVC, les multiples aspects de sa maladie n’ayant rien arrangé). Si cette gamine arrive à s’en sortir à peu près, ce sera un miracle.

Peut-être pourra-t-on trouver mes propos parfois très prompts à juger, acerbes, méchants. Il n’en est rien, c’est juste un constat que je peux considérer comme assez neutre malgré tout. On pourra me rétorquer que je me fie trop aux apparences. Oui, sans doute, mais ces apparences sont quand même corroborées par certains faits. Le pire n’est jamais sûr et espérons que ceux qui sont dans les difficultés (sans toujours en avoir conscience, ou du moins pas encore), sauront s’en tirer sans gros dégâts. Et c’est encore le moment des vœux.

28 août 2019

Une lettre de 69 ans

J’ai retrouvé une lettre chez mes parents (qui n’était pas perdue mais aurait pu être mise à la poubelle) que ma grand-mère Jeanne a écrite le 24 novembre 1950 à son fils aîné (André) qui faisait son service militaire en Allemagne. Ce fils, elle ne l’avait revu tout au plus que quelques rares fois depuis 1940 et sans doute en coup de vent. Il vivait avec son père et était aussi sous l’emprise du curé de la paroisse (La Celle-en-Morvan), sa mère étant considérée dans tout le village comme une mauvaise mère suite à son divorce. A l’époque, les mères n’avaient pas les droits qu’elles ont aujourd’hui, surtout avec un père déficient. Heureusement, mon père et sa sœur avait suivi leur mère dans la Loire (Rive-de-Gier) suite à la mutation du nouveau futur mari de ma grand-mère (Maurice Renault). Et puis, c’était la guerre et on ne peut définitivement pas comparer avec la situation actuelle…

Cette lettre est la seule du genre et elle a avait été retrouvée chez le père d’André car André est mort en 1986 (de mémoire) et avait donc dû récupérer cette lettre à sa mort, laquelle a été conservée jusqu’en 1991.

Je reproduis donc la lettre de ma grand-mère, en retirant les fautes d’orthographe (elle n’était allée à l’école que jusqu’à 12 ans) et en ajoutant la ponctuation. Elle a 44 ans lorsqu’elle écrit à son fils de 20 ans. En italique entre accolades, des précisions de ma part.

 

Rive-de-Gier, vendredi 24 novembre

Mon Cher André,

Depuis quelques jours, je remets à t’écrire, mais le temps passe, ce n’est pas pour cela que tu es oublié, bien au contraire, nous parlons de toi et nos pensées de suivent. Aujourd’hui, nous avons reçu une lettre de notre mémère {la mère de ma grand-mère, restée dans le village du Morvan} qui nous donne ta nouvelle adresse. Nous sommes heureux de te savoir en bonne santé. J’espère que tu ne seras pas trop malade de tes piqûres ; tu nous raconteras cela car j’espère que tu nous donneras toi-même de tes nouvelles. Si tu as besoin de quelque chose, dis-le car tu sais bien que tu es pour moi et même Maurice, autant que ton frère et ta sœur : tu nous diras ta vie à la caserne et si tu es bien nourri. J’espère que vers toi, il ne fait pas trop mauvais, ici il pleut un peu mais presque rien et pas froid, c’est toujours ça. Roland {mon père qui avait 14 ans} travaille bien à l’école, toujours quelques fautes ; il est 9e sur 33, ce n’est pas bien mal. Il fait 2 heures d’atelier par jour, enfin il te racontera, je le ferai écrire. Mireille {ma tante, alors âgée de 11 ans} fait ce qu’elle peut, mais n’a pas encore eu de classement. Quant à ton beau-père, lui roule toujours {mécanicien SNCF sur machines à vapeur, autrement dit, l’équivalent des conducteurs de train actuels} et moi comme d’habitude, je reste à la maison.

Je vais te quitter mon Cher petit André en te disant surtout fais bien attention à toi et prends soin de ta santé. Nous nous joignons tous les quatre pour t’envoyer toutes nos amitiés et nous t’embrassons tous bien fort.

Ta maman qui ne t’oublie pas et à bientôt de tes bonnes nouvelles.

Excuse mes fautes.

Jeanne

Voici l’adresse : Renault – 35 grande rue Feloin, Rive-de-Gier, Loire.

 

J’avais déjà vu cette lettre auparavant, mais je ne l’avais pas lue, contrairement à cette fois. Et certains mots m’ont ému. Ma grand-mère faisait semble-t-il un nouvel effort pour entrer en contact avec son fils aîné, profitant peut-être qu’il était au service militaire, donc pas sous l’influence de son père et du curé. Je ne sais pas s’il lui a répondu cette fois-ci, mais je sais qu’il n’y a presque plus jamais eu de contact puis plus du tout après. Il refusait le contact avec ses frère et sœur. Il est mort quand j’avais 16 ans et je n’ai jamais entendu ma grand-mère parler de lui (ni de mon grand-père biologique, mais ça c’est davantage compréhensible). Cela a été une blessure épouvantable pour elle, de sorte qu’elle avait fini par faire un « black-out » complet et définitif.

28 décembre 2019

Mes visions du vin (1)

Avant d’aller plus loin, il me semble important de préciser que mon approche est nécessairement très personnelle, subjective et n’est que le reflet d’expériences en partie conjoncturelles. Néanmoins, la somme d’expériences, de connaissances certes très partielles, captées çà et là, fondent pourtant quelques éléments d’appréciation que je souhaite communiquer.

Au commencement

Je pense que des choses se jouent dès le plus jeune âge, même si cela n’est pas forcément décisif. Pour ce qui me concerne, cela fait partie de mon histoire et il me semble que cela a joué sur mon rapport actuel avec le vin. Lorsque j’étais enfant ou jeune adolescent, je ne buvais pas du tout de vin, mais j’ai néanmoins des souvenirs précis du vin. Bien que je ne m’y intéressais guère, certains pourront être néanmoins surpris par la teneur de ce que j’ai pu retenir. Voici les vins dont je me souviens :

  • des vins de table, bas de gamme du style des litres « étoilés » dont l’archétype était la marque « Kiravi », aujourd’hui disparue. Mon père en achetait rarement, mais il en buvait de temps à autre chez sa mère ; il buvait peu ou pas en semaine ;
  • des vins rouges plus qualitatifs, parfois en litres, des Côtes-du-Rhône le plus souvent, à bon rapport qualité/prix. Mon père en achetait pour la consommation occasionnelle et pour la cuisine (en blanc aussi). Dans le reste d’une partie de la famille (côté maternel), les Côtes-du-Rhône étaient déjà des vins de fête ;
  • des vins blancs d’Alsace à prix modéré, surtout bus dans la famille maternelle (Sylvaner voire Riesling) ;
  • des Beaujolais chez mon oncle et ma tante (toujours côté maternel), plus rarement à la maison (venant de relations familiales ou amicales) ;
  • des Bourgognes d’appellation régionale (rouge, Aligoté) pour des occasions plus affirmées chez mes parents et des appellation village plus prestigieuses pour les grandes fêtes comme c’était le cas pour le Pommard (rouge) ou plus rarement le Meursault (blanc) ; plus tard, les prix de ces deux derniers ayant flambé, mon père se tourna plus volontiers vers Mercurey (rouge) et Mâcon (blanc et rouge) ; il y eut plus tard d’autres orientations, mais j’en fus en partie à l’initiative ;
  • des Champagnes de maisons plus ou moins connues, chez mes parents et dans beaucoup d’endroits ;
  • des rosés de Provence de temps à autres l’été, mais finalement assez rarement ;
  • de la Clairette de Die en premier lieu chez mes oncle et tante de la Drôme, lesquels étaient aussi amateurs de grands vins de la vallée du Rhône (Crozes-Hermitage ou Hermitage, Châteauneuf-du-Pape), en plus des grands Bourgognes de la Côte de Beaune, plus rarement de la Côte de Nuits ;
  • le vin de mon grand-père maternel puis de mon oncle, dans ces monts du Lyonnais méridionaux. J’ai participé pas mal de fois aux vendanges, lesquelles étaient pour moi et mes cousins, une forme d’amusement, mais pas pour mon grand-père qui prenait les choses très au sérieux. Il fallait le voir s’occuper de ses tonneaux, les décercler, isoler les douelles, les racler une par une, remonter le tout. Un véritable cérémonial pour tout ce qu’il faisait à la cave. Hélas, mon grand-père, déjà peu en forme depuis longtemps, est mort alors que je n’avais que treize ans. Il était bourru, ronchon avec ses petits-enfants et pas uniquement avec eux. Il semblerait que j’aie hérité d’un de ses défauts : me mettre en rogne pour des conneries. Mais, je le dis, je le sais, c’était un homme bon. Et en parlant de « bourru », nous en buvions : dès le jour des vendanges, le raisin grossièrement écrasé faisait qu’on avait du jus au fond de la cuve. Un jus de raison pur qui jour après jour gagnait en picotement et en alcool (les gamins buvaient de ce « vin nouveau ») avant le passage au pressoir quelques jours plus tard).

Un point à souligner dans cette présentation : je n’ai vu durant cette période que de manière très occasionnelle du Bordeaux. J’ai encore moins vu les autres vins du sud-ouest (sauf Monbazillac, plus rarement encore Sauternes) ou les vins de Loire (sauf Muscadet et encore). En définitive, une relative pauvreté, mais dans l’ensemble, une majorité de vins de provenance locale à supralocale.

A suivre…

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2 janvier 2020

Cela ne va pas si mal finalement...

Nous sommes arrivés chez mes parents à RDG la veille de Noël au soir. Le lendemain, mon oncle et ma tante du cru venaient à la maison pour le repas de Noël. Tout s’est bien passé. Le lendemain après-midi, après quelques courses et une micro-balade, nous rentrons à la maison où mon père se sent de plus en plus mal dans le bas ventre et sans arrêt envie d’uriner sans pouvoir le faire. Je précise qu’il a été opéré de la prostate fin novembre où tout s’était bien passé. Mais il semblerait que la prise d’un médicament lui cause ce souci. On veut l’emmener aux urgences, mais il ne veut pas : « qu’est-ce qu’ils vont me faire de plus ? ». Et puis il se rend compte que la situation est de plus en plus problématique et qu’il ne pourra pas tenir comme ça la nuit. Vers 20 h 30, nous allons aux urgences de Saint-Chamond. Il y a quand même pas mal de monde avant nous. Ils le prennent en charge une petite heure plus tard, on attend encore une bonne heure avant qu’on (Fromfrom et moi) nous appelle. Cela va mieux, il a pu enfin uriner. On suspecte une infection urinaire, l’échographie est OK, mais on attend des résultats pour dans 2-3 heures. Fromfrom et moi revenons à RDG pour manger un morceau et avertir ma mère, qui ne semble pas particulièrement inquiète (elle ne s’inquiète plus trop à présent, contrairement à avant), en attendant le feu vert de l’hôpital. Il est finalement libéré vers une heure du matin. On retourne le chercher. Ouf !

Le lendemain en début d’après-midi, bis repetita. Après une rapide course en ville pour me permettre de faire un changement de joint d’évacuation de WC, mon père est dans une situation pire que la veille. Comme je suis en pleine guerre dans les WC, je laisse Fromfrom emmener seule mon père aux urgences. Cela ira quand plus vite que la veille (moins de monde aux urgences). Moi, je me battrai avec les WC pendant un bon moment (cela n’a pas été évident), mais j’ai vaincu les fuites ! Fromfrom et mon père reviennent avant 20 heures. Re-ouf !

Finalement, pas besoin de nouvelle intervention, cela a été un peu mieux chaque jour depuis. Mais du coup, sa visite de contrôle chez le chirurgien-urologue prévue en février a été avancée à la semaine prochaine. Autre bonne nouvelle, mon père a été notifié, pour ma mère, pour bénéficier d’une aide-ménagère. Ils en ont déjà une, mais cette fois, ils seront davantage pris en charge et aurons plus d’heures. La jeune femme actuelle est très sympa et efficace. Alors, ce n’est pas si mal. Demain, j’installe un siège rétractable dans la douche.

29 juillet 2019

Brèves cornusiennes du 29 juillet 2019

Nous sommes de retour à la maison après cette première partie des vacances. La seconde dans quelques temps… Nous sommes passés par la Normandie (Lisieux, j’en ai déjà parlé), la Bretagne (dont Plumeville), puis nous avons remonté Talleyrand à l’envers jusqu’en terres éduennes.

A Augustodunum, nous avons passé une douzaine de jours sans mes parents. Nous avons un peu remis la maison en ordre, mais j’ai fait le minimum dans le jardin pour cause de fatigue dans un premier temps, de sécheresse puis de canicule. Heureusement, rien ne nous obligeait.

Du coup, la canicule m’a un peu permis de regarder les transmissions du tour de France cycliste. Jusqu’en 1998 (affaire Festina), je suivais pas mal cette course, mais dégoûté par les affaires de dopage qui n’ont fait que rebondir depuis, j’ai cessé de suivre autant qu’avant, me contentant de regarder en partie quelques étapes de montagne. Cette année, la situation était différente puisque des coureurs français se sont brillamment illustrés, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Je me suis pris un peu au jeu, et Fromfrom aussi, ce qui m’a étonné.

En débroussaillant (débroussailleuse thermique) le long de l’étang du Dragon terrassé, je me suis fait piquer par un Frelon européen. Je m’en suis aperçu dans un second temps lorsque j’en ai vu voler d’autres (nid). Du coup, excité par la douleur, par la peur de me faire piquer par d’autres et par la crainte d’avoir une réaction allergique, je me suis retrouvé prestement près de la voiture et avec l’inertie du mouvement de la lourde débroussailleuse, j’ai cassé un clignotant. En moins de deux, je me retrouvais à la maison, je prévenais le voisin pour lui demander de se tenir prêt pour me descendre à l’hôpital en cas de symptômes inquiétants pour ne pas faire comme il y a 19 ans où après 6 piqûres de guêpes, urticaire géant, œdème de Quincke, j’avais pris le volant pour aller à l’hôpital, sans penser que je pourrais faire un choc anaphylactique (j’étais passé à côté d’un accident grave, voire bien pire). Heureusement cette fois, aucune réaction allergique à part un enflement local normal (coude). Il faut dire que je n’avais jamais été piqué par un frelon et que je suis en principe de nouveau insensible au venin de guêpe (4 piqûres simultanées théoriquement), mais il vaut mieux faire gaffe. Mais qu’est-cela fait mal, les guêpes, c’est un peu de la rigolade à côté.

19 janvier 2020

Mes visions du vin (3)

En posant l’hypothèse selon laquelle je ne m’intéresserais qu’aux aspects esthétiques de la floraison des plantes, ce ne serait pas seulement l’anthèse qui m’attirerait, mais aussi tout ce qui précède (la croissance végétative, l’émergence des bourgeons floraux, l’épanouissement progressif des fleurs) et après (fructification, dissémination des graines). Pourquoi évoquer cela ? Parce que si j’apprécie les pleines et parfaites floraisons, j’aime aussi les choses plus bancales ou imparfaites. De la même manière, si je peux apprécier un bon vin irréprochable, constant, comme peuvent le proposer certains Champagnes ou Bordeaux, j’aime plus encore la diversité, les petites « flétrissures », en un mot les surprises, dès lors qu’elles ne sont pas mauvaises. Ces surprises, les différents millésimes les proposent déjà bien sûr, mais au-delà de ça, les terroirs, les micro-terroirs, les vignerons (culture, conditions de croissance et de fructification du raisin), les méthodes de vinification (qui évoluent d’ailleurs en fonction des vignerons, des millésimes, des cuvées, des expériences) et aussi les parcelles.

Les climats de Bourgogne sont délimités au niveau d’un petit ensemble de parcelles (lieux-dits précis, clos…), mais parfois cela se joue à un niveau infra-parcellaire. Autrement dit, des vignerons vinifient des vins de manière spécifique parfois à l’échelle de quelques ares, même s’ils sont propriétaires de parcelles plus grandes. Bien entendu, il faut qu’il y ait une plus-value à le faire, mais on ne voit pas cela que dans des parcelles classées en premiers ou grands crus, mais aussi dans certaines appellations villages. Il est vrai que ce n’est pas non plus une généralité, mais cela me semble néanmoins typique de l’état d’esprit que l’on rencontre en Bourgogne (pas uniquement là, il est vrai) et qu’il s’agit bien là en partie d’un héritage d’origine médiévale. Je précise tout de suite que l’on peut aussi observer le phénomène exactement inverse pour lequel des vignerons ou leurs regroupements pratiquent des assemblages pour tenter de stabiliser certaines caractéristiques organoleptiques des vins. Ces assemblages se font la plupart du temps avec un seul cépage, mais aussi à deux comme dans les Mâcons rouges ou pour des appellations plus « basiques » somme le Bourgogne passe-tout-grains ou le Coteaux-bourguignons (ex Bourgogne grand ordinaire dont le nom n’était pas vendeur). Pour de tels vins, si tout reste équivalent par ailleurs, se sont donc surtout les effets du millésime qui se feront sentir, ce qui peut déjà être important.

Mais de mon point de vue, un des effets les plus remarquable en Bourgogne reste quand même la formidable multiplicité des parcelles dans lesquelles s’expriment localement une extraordinaire diversité des conditions géologiques et édaphiques à laquelle viennent s’ajouter des microclimats différents (exposition, pente, altitude, courants d’air liés à la topographie environnante). Enfin, il faut ajouter les différences culturales, les vendanges et bien sûr la vinification, ce qui est également fondamental. En définitive, pour une seule appellation village, parfois bien peu étendue, on arrive à élaborer des dizaines, voire des centaines de vins différents pour un seul et même millésime. Parmi ces derniers, certains peuvent ne pas être extraordinaires et d’autres particulièrement remarquables. Certains vont se ressembler très fortement. Pour certains millésimes, il arrive que des vins issus de villages différents ne soient pas facilement distinguables. Je me souviens de cela en 2003 où je n’avais pas perçu, pour un même vigneron, de différence entre un Maranges 1er cru et un Hautes-Côtes-de-Beaune, mais cela reste exceptionnel. Par ailleurs, il faut avoir à l’esprit que certains villages possèdent une variabilité intrinsèque des vins et qu’il existe parfois moins de différence entre deux villages qu’au sein d’un seul village. J’ai justement il y a peu lu un article sur le sujet entre Volnay et Pommard, ce qui ne fait que me conforter dans mes observations des Pommards qui oscillent entre la force brute et une certaine délicatesse soyeuse.

A suivre…

31 décembre 2019

Mes visions du vin (2)

L’ouverture ligérienne

Ma mère a toujours fait preuve d’une forme d’hygiénisme à mon égard et je pense qu’elle avait raison même si c’était parfois excessif. Même à l’âge de 12-14 ans, je n’avais pas droit à une tasse complète de café. Et entre 18-20 ans, le vin m’était versé qu’avec parcimonie.

Mais l’année de mes vingt ans, je me suis retrouvé en Touraine et c’est là-bas que j’ai commencé à boire… des vins de Touraine et du Saumurois, notamment chez les personnes chez qui je logeais et qui m’invitaient régulièrement le dimanche. Et c’est là, véritablement que j’ai commencé à glisser du côté rouge et blanc de la force !

Cependant, si j’ai bu, c’était chez les autres car encore jeune et étudiant, je n’avais pas mes moyens et je vivais aux crochets de mes parents et avec un minimum de moyens. Je n’ai jamais manqué de quoi que ce soit de fondamental, mais je ne faisais aucune folie.

Ce n’est que bien plus tard, après mon service militaire, que je me suis retrouvé de nouveau en Touraine et que j’ai pu, avec mes premiers salaires, me permettre de goûter d’acheter des vins de Touraine et d’Anjou… tellement différents des Bourgognes et des Côtes-du-Rhône… Et je les ai appréciés, même si aucun rouge de la vallée de la Loire ne peut tenter de faire oublier un Bourgogne !

Je connaissais les Vouvrays et Montlouis, deux communes-appellations qui se font face de chaque côté de la Loire en amont de Tours et qui produisent des vins à base de Chenin blanc, secs à liquoreux, tranquilles à puissamment effervescents, mais c’est bien plus tard que j’ai connu des angevins Côteaux-du-Layon et autres vins liquoreux proches (par le cépage d’abord), et je suis tombé dedans.

Le Sancerre, ce vin blanc sec (même s’il existe des rouges et des rosés), j’ai été presque immédiatement épaté par ce que je trouve la plus belle expression du Sauvignon blanc si caractéristique, si aromatique (impossible de ne pas reconnaître le cépage au nez, du moins dans les vins jeunes).

J’ai parcouru les Saumur et Saumur-Champigny, les Bourgueil et Saint-Nicolas-de-Bourgueil : il y a de bonnes choses, mais faute de connaissance approfondie des vignerons ou cuvées spéciales, je trouvais que cela tournait assez vite en rond.

En revanche, je suis allé plus loin, jusqu’au début des années 2000, sur les Chinons rouges. Il est vrai que j’étais sur place. Cravant-les-Côteaux est réputé produire des Chinons corsés et tanniques ; ce dernier caractère n’ayant que peu ma faveur en général. Mais il faut quand même savoir ce qu’ignorent nombre de prétendus spécialistes : le vignoble de la commune possède des parcelles dans la plaine alluviale de la Vienne, lesquelles sont en partie inondables ! Lors de mes promenades, j’ai vu des laisses de crue dans les vignes à un bon mètre de haut. Donc Cravant-les-Côteaux ne signifie pas nécessairement vignes inondées de soleil, mais parfois inondées tout court ! N’oublions pas que dans ses stations primaires classiques, la Vigne (Vitis vinifera susbsp. sylvestris) est une grande liane ligneuse des forêts alluviales plus ou moins inondables. Il n’en demeure pas moins que Cravant-les-Côteaux possède aussi de très beaux côteaux ensoleillés aux sols bien drainés. J’ai eu l’occasion de goûter à beaucoup de Chinons, qui ne se valent pas tous. J’en avais notamment découvert un que je trouvais très bon et pas très cher, réalisé par les étudiants d’un lycée agricole qui possédait son domaine à Chinon.

Enfin, il y eut aussi quelques vins blancs effervescents de Saumur que je ne peux pas passer sous silence. Ce qui m’attirait le plus, c’était le côté fruité.

A suivre…

16 février 2020

Biographie de Maurice Genevoix

Ce ne sera pas une révélation, je suis un admirateur de l’œuvre écrite de Maurice Genevoix, en particulier ses romans, j’ai déjà eu l’occasion de le dire. Ma mère me lisait certaines lignes qu’il avait écrites à l’âge où l’on raconte des contes de fées aux enfants. Je précise qu’elle ne me lisait pas un livre pour les enfants (car il en a écrit quelques-uns), mais un roman « classique », La dernière harde (1938). Inutile de dire que je ne comprenais pas bien ce qu’elle me lisait, mais la poésie était bien là, elle… Il faudra attendre tardivement l’adolescence pour que je découvre ce roman, qui est mon préféré et sans doute son meilleur. Avant ça, j’avais lu La Boîte à pêche (1926), qui me paraissait plus accessible. J’y avais découvert la Loire, mais à l’époque, cela ne me préoccupait pas plus que cela. Après, j’avais lu l’un des plus connus, Raboliot (1925), qui lui valut le prix Goncourt. Un peu plus tard, ce fut l’excellent Rémi des rauches (1922) où je retrouvais la Loire, au moment où moi-même, je commençais à être sérieusement tombé dedans. Et puis bien d’autres romans ou récits plus ou moins autobiographiques. Lavant dernier livre que j’avais lu de lui, c’était un recueil de textes inédits ayant trait à la Loire, publiés il y a une bonne quinzaine d’années.

Maurice Genevoix, blessé par trois balles près de Verdun en avril 1915, faillit mourir. Encouragé par son « maitre » (Paul Dupuy) de l’École normale supérieure (rue d’Ulm), il publia son premier livre de mémoires de guerre en 1916, Sous Verdun. Malgré la censure, ce fut un succès, car cela fut considéré comme au plus près de la réalité des horreurs vécues. C’est ainsi qu’il fut vite reconnu comme l’un des meilleurs témoins de la boucherie de la Grande Guerre. Il publiera cinq livres en tout sur la guerre, rassemblés plus tard dans le recueil, Ceux de 14, mais très rapidement, il traitera de plein d’autres sujets, en particulier naturalistes.

Je ne sais pas si c’est la perspective de sa panthéonisation, qui devait avoir lieu le 11 novembre 2019, finalement repoussée au 11 novembre 2020, mais deux auteurs se sont associés pour réaliser la première vraie biographie de Maurice Genevoix. Assez étonnamment, le second auteur (Jacques Tassin), j’avais évoqué un de ses livres ici. Si ce chercheur en écologie est passionné par Maurice Genevoix et qu’il lui a déjà consacré plusieurs livres, ce n’est sûrement pas tout à fait par hasard. J’ai découvert l’existence de cette biographie sur l’internet. L’auteur principale, Aurélie Luneau, historienne, y déplorait dans une vidéo le fait que Genevoix n’avait curieusement fait l’objet d’aucune biographie, ce qui tranchait de manière assez singulière avec l’importance qu’il avait occupée dans la vie littéraire. En effet, élu à l’Académie française en 1946, élu secrétaire perpétuel en 1958 (jusqu’en 1974), il y fut très actif et était régulièrement invité dans les médias, en particulier diverses radios pour des interviews (Radioscopie 3-4 fois avec Jacques Chancel) ou seul aux commandes ou à la télévision, avec Jacques Chancel encore ou Bernard Pivot quelques mois avant sa mort en 1980 (à près de 90 ans). C’était donc ce qu’on appelle un « bon client ». Toutefois, en 1974, il décide de reprendre sa liberté, de quitter la vie parisienne, de retourner une fois encore dans sa maison des bords de la Loire…

Pour en revenir à la biographie, je l’ai trouvée bien documentée. Toutes les citations de Genevoix ou d’autres auteurs sont précisément référencées, gage de sérieux. Ce livre avance globalement dans le sens chronologique, mais avec de fréquents allers et retours en amont ou en aval pour aller chercher des arguments, des citations dans l’œuvre de l’auteur, ses notes, discours… Une façon de procéder qui m’a plu, moi qui ne suis pourtant pas familier des biographies.

Après la biographie, les « Notes des temps humiliés », rédigées entre mai 1941 et fin 1942, restées inédites (découvertes dans une enveloppe par sa fille Sylvie après sa mort). Ces notes ont été rédigées alors qu’il résidait dans une maison de campagne aveyronnaise qui appartenait aux parents de sa première épouse (décédée l’année suivant leur mariage), alors en zone libre. Ces textes correspondent à des réactions d’indignation et de dégoût au sujet des actualités qui lui parvenaient surtout sur le gouvernement de Vichy et autres collaborateurs. Mais certaines personnes de la France libre, dont De Gaulle, en prennent aussi pour leur grade. Je n’avais jamais lu de textes aussi acides et indignés de la part de Genevoix. Il fustige aussi les écrivains et les artistes qui ont fricoté avec les Allemands (notamment l’Union européenne des écrivains à Weimar, organisée par Goebbels), y compris son grand ami le peintre Maurice de Vlaminck. Très paradoxalement, cela ne l’empêchera pas, bien des années plus tard, devenu secrétaire perpétuel de l’Académie française, de faire rentrer sous la coupole Henry de Montherlant et Paul Morand. Ces auteurs avaient été innocentés ou « pardonnés », mais la question demeure posée : quel était le réel intérêt de faire rentrer ses écrivains à l’Académie ? Il a arrêté l'écriture de ces notes au moment où la zone libre fut à son tour occupée et où il rencontra sa future seconde épouse, avec laquelle il revint au bord de la Loire en amont dOrléans.

Pour enfin en revenir à la couleur politique de Maurice Genevoix que j’évoquais ici, prétendue de droite par certains journalistes (évoquée aussi dans la biographie, sans s’y attarder), je ne puis que réfuter une nouvelle fois cette allégation idiote. L’homme qui avait été durement et à jamais traumatisé par la Grande Guerre, était un homme simplement et profondément sensible, humaniste, et libre.

 

LUNEAU A. & TASSIN J., 2019 – Maurice Genevoix. Biographie. Suivie de Notes des temps humiliés. Éditions Flammarion, 308 p.

5 avril 2020

Des nouvelles du front (suite 1)

Lundi, mon père a reçu des nouvelles au sujet de son test au sujet du Betacoronavirus SARS-CoV-2. Le résultat était négatif. Son état intestinal n’était pas encore brillant, mais n’a cessé de s’améliorer durant la semaine. Mais il est ressorti assez fatigué/éprouvé par cette histoire. Heureusement, la femme de ménage (qui est aide-soignante au départ) fait les courses en ce moment, ce qui est une bonne chose. Je pense qu’il va néanmoins reprendre des activités, ce qui sera aussi une bonne chose.

L’état de santé de mes trois collègues malades ou présumés malades du COVID-19 (tu vois Karagar, je suis passé au masculin comme presque tout le monde) s’améliore. C’est encore une bonne chose.

Des sociétés de maintenance informatique profitent de manière honteuse de la crise du COVID-19 en pratiquant parfois des tarifs trois fois supérieurs à l’habitude. Nous en avons eu une nouvelle illustration vendredi au travail. Du coup, nous allons tenter d’esquiver ces voleurs.

11 avril 2020

Journée-type du télétravailleur confiné

Cela a été demandé, voici ma journée-type.

 

Lever entre 6 h 30 et 7 h, soit plus tard que d’habitude.

Allumage de la radio.

Allumage de l’ordinateur du travail (sur la table de salle à manger) et prise de connaissance des courriels envoyés tard dans la soirée (en général, rien le matin de très bonne heure). Quelquefois, envoi d’un message ou deux, mais assez rarement.

Récupération et lavage des oranges ou autres agrumes à presser et parfois préparation de la table de petit-déjeuner.

Allumage de l’ordinateur personnel à mon bureau habituel, visionnage des courriels reçus dans la nuit, parfois, passage par les blogs, développement/post-traitement de quelques photos.

Lever de Fromfrom.

Petit-déjeuner.

Premières vraies réponses aux courriels du travail.

Toilette.

Coupure de la radio.

Retour à l’ordinateur de télétravail. Et là, cela dépend du travail à faire. Appels ou réceptions d’appels avec les collègues, en particulier aux directeurs et aux cadres, plus rarement d’autres personnes.

Lecture des courriels en continu (j’en reçois facilement trois fois plus que d’habitude, c’est de la folie).

Fromfrom allume la télévision vers 12 h et coupe le son à chaque fois que je suis au téléphone.

Fromfrom fait le repas, nous déjeunons peu avant 13 heures. Je lave la vaisselle, Fromfrom l’essuie. Café en regardant la fin des infos.

Vers 14 heures, reprise du télétravail selon les mêmes modalités que le matin.

Vers 15-16 h, je regarde par courts instants ce que regarde Fromfrom en sourdine (Affaire conclue). Idem après 17 h.

Café vers 16 h.

Je fais une nouvelle séance de travail qui se termine, selon les cas entre 18 h 15 et dépasse parfois très allègrement 19 h.

En même temps, Fromfrom regarde Chacun a son mot à dire, Question pour un champion puis N’oublions pas les paroles.

Fromfrom fait la soupe ou autre chose et on mange dans la foulée.

Informations télévisées : toujours et encore le COVID-19. Vaisselle.

On mange des fruits. On regarde souvent Scènes de ménages.

Retour à la télévision ou courriels personnels, blogs…

Coucher vers 23 h (un peu plu tard qu’à l’accoutumée).

 

Voilà les aventures confinées particulièrement palpitantes de Cornus et Fromfrom !

Dans les variations et les écarts majeurs à ce schéma-type, il y a de temps en temps une course de Fromfrom, moi qui vais environ une fois par semaine au travail, Fromfrom qui fait des visioconférences avec le syndicat et moi avec mes homologues directeurs de France métropolitaine et d’outremer.

29 mars 2020

Des nouvelles du front

La deuxième semaine s’est bien passée. J’ai été en télétravail toute la semaine, sauf mardi, jour où nous avons appris que deux autres collègues étaient soupçonnés d’être infecté par le Betacoronavirus SARS-CoV-2, même si cela paraît moins clair. Pour l’un la contamination vient de l’extérieur (son fils) et pour l’autre, on ne sait pas. Ils sont malades, mais vont plutôt bien dans l’ensemble et le premier va mieux. Pourvu que ça n’aille pas plus loin et que cela s’améliore.

Mon père, qui avait un dérèglement intestinal et gastrique depuis une bonne quinzaine de jours (et avait consulté son médecin pour cela) a eu sa situation qui s’est détériorée en début de semaine, avec, cette fois, de la fièvre. Il est assez coutumier de cela et ça finit par passer, mais cette fois, son médecin ne sait pas très bien ce qu’il a et lui a demandé de passer un test « COVID-19 », ce qu’il a pu faire dans un laboratoire ce samedi matin. Résultat demain lundi. C’est une précaution compte tenu de sa fragilité car il n’a aucun symptôme classique de la COVID-19. Il s’inquiète énormément pour ma mère, car il a peur de finir à l’hôpital. Même si je suis loin, je pense que nous nen sommes pas loin.

Tout cela est un peu anxiogène dans ce contexte de confinement et alors qu’au boulot, il y a énormément d’inconnues et que l’on subit plus qu’on ne contrôle quelque chose. Certains collègues ne semblent pas se rendre compte de la réalité et de la gavité de la situation, ce qui me met en rogne (pas que moi dailleurs). Mais on tient le coup. Notre présidente a appelé ma collègue directrice pour lui dire que le message sur notre site internet pour dire que nous étions fermé était trop laconique, comme si les visiteurs potentiels pouvaient avoir un doute sur le pourquoi du comment. Pas un mot pour demander comment se déroulait le confinement ou pour savoir si quelquun était malade. Non, juste une autre question, légitime, sur la trésorerie. Ma collègue lui a juste répondu « on gère ». Je pense quelle est toujours vexée de sa élimination après le premier tour des élections municipales et que nous ne layons pas appelée pour la plaindre. Pourquoi ne ma-t-elle pas appelé ?

Demain, je retourne au travail pour récupérer 2-3 bricoles et saluer mon assistance dont ce sera l’avant-dernier jour de travail après presque 35 ans de bons et loyaux services (rarement de tels termes auront eu autant de sens pour moi). Celle-ci, qui n’a pas encore l’âge de la retraite nous quitte pour aller travailler dans l’entreprise d’ambulances de son mari, suite au départ de son associée. Je vais la regretter énormément, à la fois sur le plan humain, mais aussi au sujet de la qualité du travail qu’elle effectuait (elle n’était plus qu’à 3/5 de temps et souvent à 2/5 cette année). Nous ne la remplacerons pas, nous allons confier le travail à d’autres personnes (une en particulier pour le secrétariat pur), mais je sais que je vais perdre beaucoup en efficacité, en rigueur, en sérénité. Je n’ai pas pour autant l’intention de réduire mon niveau d’exigence et je crois que je n’ai pas fini de pester. Enfin, nous verrons bien.

5 juillet 2020

Brèves cornusiennes du dimanche 5 juillet 2020

A la suite des événements policiers à consonnances racistes aux États-Unis d’Amérique, en France et un peu partout, on a évoqué l’idée (ou on l’a mise en œuvre directement) de déboulonner les statues des esclavagistes et autres dictateurs de tous poils. Très bien, pour le symbole. Personnellement, j’ai immédiatement pensé à la statue équestre de Louis XIV sur la place Bellecour à Lyon. Au-delà du symbole, légitime mais fort tardif, je ne crois pas que cela soit une bonne idée. Je préfèrerais un panneau qui expliquerait les vertus (s’il y en a) et surtout les limites (ou les exactions) des personnages. J’ai entendu une personne qui aurait bien vu que l’on mette à côté des personnages controversés des œuvres qui justement dénonceraient ces exactions. Mais mettrait-on en face une statue de Charles de Gaulle, une œuvre rappelant, entre autres, l’abandon actif des Harkis en Algérie ?


 

Nous n’avons plus d’électricité dans une partie de la maison, mais la situation n’est pas encore trop handicapante en pareille saison. Un électricien et un plaquiste vont venir cette semaine pour des premiers devis, mais je ne crois pas à la moindre indemnisation par l’assurance compte tenu de la vétusté des installations. Nous verrons bien. Peut-être quand même l’occasion pour nous de faire refaire la cuisine de manière complète ?


 

A B., un ancien collaborateur de Martine A. de Lille a remporté l’élection municipale. Un grand soulagement pour moi. Il me tardait que l’ancien maire soit viré, tant c’était devenu insupportable et injuste pour le boulot. Par l’intermédiaire d’une collègue, j’ai été invité au premier conseil municipal d’installation (une première pour moi). Gros bémol (cela m’a bien contrarié), le large non-respect des gestes barrière et des distances de sécurité. Nous pourrons prochainement organiser une rencontre avec la nouvelle équipe et nous ne pouvons qu’y gagner (puisque nous avions tout perdu).

11 septembre 2022

Virée ligéro-éduenne (1)

Pour cette seconde séquence de vacances fin juillet, nous partons un peu plus tôt que prévu (le mercredi dans laprès-midi). Nous faisons une escale technique à Langres dans un hôtel déjà fréquenté une fois et dont nous avions une opinion neutre. Hélas cette fois, nous avons décidé d’y diner et là, ce fut d’une incroyable misère : comment peut-on proposer des légumes (notamment des courgettes, tomates haricots verts) aussi mauvais en pareille saison ? Et je ne parle même pas du poisson. Tout était congelé et infect.

Le lendemain midi, nous oublierons la chose pour le repas méridien chez mes parents à RDG.

Le vendredi, plusieurs rendez-vous sont programmés. D’abord, le dépôt de la voiture parentale pour refaire le plein de liquide de climatisation (mon père considère que ce n’est pas vraiment un luxe en pareille saison). Puis, dans la journée, visite en compagnie de mon père des trois EHPAD mutualistes conseillés par la dame du Département qui suit le dossier APA de mes parents. Nous verrons à quoi cela ressemble. C’est très similaire d’un établissement à l’autre (c’est la même maison-mère). Nous verrons des pensionnaires en situation. Dans un des établissements, mon père parlera de « mouroir » à la secrétaire qui nous accueillait. Effectivement, ce n’est pas une partie de plaisir de voir ça, mais je voulais que mon père puisse voir comment cela se passe pour qu’il se rende un peu plus compte. Il en a préféré deux sur les trois, mais plus par rapport aux accès et au cadre. Un des établissements est celui où ma mère avait travaillé entre 1984 et 1995. Toutefois, cela n’a plus rien à voir, car les anciens bâtiments ont été détruits il y a quelques années et refaits à neuf et un peu décalés, de sorte que cela n’est plus du tout reconnaissable. Pour prendre le rendez-vous, j’avais eu au téléphone une personne que ma mère avait connue lors des dernières années de sa carrière alors qu’elle en était à son début. Je me souviens qu’alors que ma mère était peut-être à moins d’un an de sa retraite, elle avait été sidérée de voir rentrer une dame de tout juste 60 ans dans un studio (non médicalisé). Cependant, ces studios correspondaient dans les années 1970-80 au besoin des retraités valides et indépendants, qui sortant de leur campagne ou même en ville, n’avaient pas les moyens physiques ou financiers de faire rénover leur logement pour avoir un minimum de confort « moderne ». Ma mère, si elle avait toute sa tête, vivrait très mal l’idée d’être pensionnaire dans l’établissement où elle a travaillé. Et en même temps, elle pense souvent qu’elle travaille encore. D'ailleurs, la semaine suivante à A., elle nous dira quil fallait qu’on prévienne la directrice, parce qu’elle prolongeait ses vacances (la directrice en question est partie en retraite entre 1995 et 2000). D’où l’idée que pour lui faire admettre en douceur l’idée de rentrer dans un de ces établissements, ce serait de lui dire qu’elle irait pour donner un coup de main au personnel ou un truc du genre. Cela dit, ma mère délire désormais presque en permanence. Cela n’a rien de dangereux, mais cela reste surprenant. Il faut garder la tête froide.

Le samedi, nous préparons la voiture et les bagages de mes parents qui viendront à A. le mardi (car le lundi, rendez-vous à l’hôpital prévu depuis longtemps pour ma mère). Mon père, 86 ans, se débrouille encore très bien au volant. Le soir, nous gagnons A. Là-bas, les nuits seront plus fraiches. Les deux semaines qui ont suivi ont été chaudes, mais quand même supportables. Honnêtement, j’ai connu pire. Idem pour la sécheresse (je parle d’A., pas de la Bourgogne en général). Cependant, durant les deux bonnes semaines, nous ne ferons pas beaucoup de sorties à cause de la chaleur et du besoin de se reposer… Au rayon travail, il y eut quand même des tontes, tailles, débroussaillages, la réparation du toit de « l’abribus » autrement dit de la réserve de bois prêt à brûler et le remplissage de cette dernière grâce au voisin qui a une scie extra montée sur la prise de force du tracteur et qui évacue les bûches via un convoyeur à bande. C'est agréable de travailler avec du matériel performant car tout le a été fait en à peine deux heures là où plus d’une journée aurait été nécessaire avec notre scie.

6 juin 2022

Vrai ou faux : les réponses

1. Des personnes non identifiées ont lâché trois lapins domestiques devant l’entrée de mon lieu de travail. Des collègues en ont récupéré deux à des fins d’animal de compagnie. Le troisième, je m’en suis chargé, il est au congélateur. D’autres collègues ont continué à le chercher en vain…

Les deux premières phrases sont VRAIES mais le reste est FAUX. En effet, il y avait quatre lapins en tout et surtout je n’ai pas cherché à en attraper un, bien que je fus tenté.

2. Enfant, j’ai pris plaisir à cogner un élève pour me venger du fait qu’il me tapait régulièrement et que j’avais réussi à coincer et à mettre à terre.

Le contexte est VRAI (école primaire) mais le plaisir pris est FAUX. Au contraire, à cette occasion, j’ai pris conscience qu’il m’aurait été aisé de lui faire extrêmement mal (voire pire) car il m’aurait suffit de lui cogner la tête contre le bitume de la cour de récréation. Après cet épisode, je ne fus plus embêté par cette peste.

3. J’ai conduit à trois reprises dans ce que l’on peut appeler clairement un état d’ivresse.

C’est VRAI, dont une fois à Autun et une fois à Chinon. Heureusement, il n’y avait que quelques kilomètres à faire.

4. J’ai contribué à faire un sale coup le dernier jour de mon service militaire en introduisant un virus dans l’ordinateur de ma compagnie.

C’est FAUX pour le virus, mais si je n’en ai pas été l’acteur direct, c’est VRAI pour le sale coup. Mon complice était le gars avec lequel nous tenions les différents fichiers informatiques, en particulier les effectifs et autres âneries que nous avions créés sur un PC plus qu’à bout de souffle. Nous considérions qu’ils ne devraient pas nous survivre après notre départ…

5. J’ai pris le café avec le préfet de l’Aisne dans son bureau.

C’est VRAI, durant l’été 2015. Nous étions quatre en tout. Ce type était pas mal vis-à-vis de la prise en compte des enjeux environnementaux et pour l’écoute. Hélas, certains de ses successeurs n’ont pas été à la hauteur.

6. J’ai salué Ro*se*ly*ne Bac*he*lot dans le jardin lors des portes ouvertes.

C’est FAUX. Je ne l’ai qu’une fois en vrai à Tours lors d’un colloque en 2000 ou 2001.

7. Je suis intervenu avec des collègues dans une enquête de police sur une affaire d’homicide dans laquelle la présence d’un fragment de plante sauvage constituait un élément de preuve déterminant.

C’est FAUX. Néanmoins, des collègues d’un autre organisme homologue d’une autre région ont eu à intervenir comme je le dis.

8. Je suis le récent co-auteur d’une publication typifiant plusieurs nouvelles et proches espèces végétales pour la science, présentes uniquement en France pour l’instant.

C’est FAUX. Néanmoins, je suis co-auteur d’une publication typifiant plusieurs nouvelles associations végétales pour la France : saulaies et autres forêts ou fourrés alluviaux comportant des saules.

9. Nous avons désormais cinq ruches dans les jardins au travail. En début de semaine dernière, je me suis approché trop près en faisant des photos de plantes sans faire attention et je me suis fait piquer par une dizaine d’abeilles et je n’ai eu aucune réaction allergique.

C’est FAUX, je ne me suis jamais fait piqué par la moindre abeille (contrairement aux guêpes, que je ne compte pas), mais il est VRAI que nous avons désormais cinq ruches.

10. Une vieille dame très aisée avait décidé de nous octroyer un don important qui a servi à nous former et à lancer les premiers inventaires sur les lichens de la région.

C’est FAUX. Néanmoins, un organisme homologue au nôtre, a eu cette chance.

4 décembre 2022

Brèves cornusiennes du dimanche 4 décembre 2022

Ma mère fait tourner mon père en bourrique car bien entendu, rien ne va en s’améliorant. Et toujours pas de place qui se libère dans les EHPAD, malgré les relances… En revanche, son cancer du sein est stabilisé par les médicaments.


Un cousin (le mari de la cousine décédée le 31 décembre 2017 dont je parlais ici) est décédé avant-hier, comme s’il avait été au bout du rouleau, à l’âge d’environ 80 ans. Il avait eu plusieurs problèmes de santé assez graves depuis de longues années : cancer de la prostate, diabète sévère associé avec une forme de cécité, problèmes cardio-vasculaires et avait fait plusieurs séjours à l’hôpital. Il y a moins d’un mois, il tombe et se casse le col du fémur et depuis rien n’allait bien. Il a fait un séjour d’au moins quinze jours en soins intensifs, dans la même unité que celle où était mon père quand il était au plus mal au printemps 2018. Un de ses fils habitait près de chez lui et l’autre, installé au Canada, est rentré juste avant que le cousin ferme son ombrelle. Il était d’origine ardéchoise (ils y passaient une partie de l’été) et quand il était encore en pleine forme, c’était quelqu’un d’assez doué de ses mains qui entreprenait beaucoup de choses. Pour moi, lui et sa femme étaient largement associé à la joie et à la fête. On se voyait toujours pour les fêtes de fin d’année, elle étant une cousine très proche et appréciée de ma mère.


Il y a huit jours, le sèche-linge tombe en panne, il indique une erreur avec l’indication « 07 ». La notice est très prolixe : « consultez le service après-vente ». La machine n’est pas neuve, elle a dix ans. Lorsqu’elle était encore sous garantie, un capteur ne fonctionnait pas et avait été remplacé. Il y a 3-4 ans, une grosse panne (la commande électronique qui a coûté plus de la moitié du prix de l’appareil neuf). Et à présent, il s’avère que c’est la courroie d’entraînement du tambour qui est cassée. Fromfrom a trouvé rapidement un tutoriel vidéo sur l’internet correspondant quasiment au même modèle de sèche-linge. Avec ça, ce fut un jeu d’enfant. Fromfrom a commandé le bon modèle de courroie, reçue mercredi et la réparation fut faite jeudi soir. Quinze euros de courroie, quelques tournevis et clés et le tour était joué. L’ennui était quand même qu’il y avait pas mal de choses à démonter et remonter. Il n’en demeure pas moins que je trouve quand même plus que limite que l’on mette une courroie aussi fine et étroite : obsolescence programmée, assurément !

13 mai 2023

Brèves cornusiennes du samedi 13 mai 2023

Dans mes brèves du 6 mai, je disais que je ne parlerai plus de l’état de santé de ma mère, mais je fais une entorse à la promesse. Ma mère est retournée hier en fin de soirée aux urgences, mais je le savais car j’avais appelé l’EHPAD juste avant qu’elle ne soit embarquée. Les urgences ont cherché a m’appeler plusieurs fois entre minuit et une heure, mais je ne garde pas à dessein mon portable près de moi la nuit. J’ai découvert la chose ce matin lorsque je me suis levé peu avant 6 h 30 et j’ai immédiatement appelé. Elle est désormais de nouveau dans le service de gériatrie. La médecin de garde m’a appelé vers midi pour m’expliquer la situation. Rien de fondamentalement nouveau en réalité : elle est faible, ne sature pas en oxygène, se réinfecte via de fréquentes fausses routes, a la glycémie qui crève le plafond, est déshydratée, dort presque sans arrêt et est agitée en même temps… La médecin a commencé à m’expliquer ce que je sais déjà et c’est moi qui ai conclu l’explication : elle est sur le fil du rasoir.

21 avril 2023

Brèves cornusiennes du vendredi 21 avril 2023

Les choses se bousculent. Mercredi après-midi, ma mère est rentrée à l’EHPAD et elle ne voulait pas rester. Pourtant, hier jeudi, la journée s’était bien passée (mon père a appelé deux fois pour avoir des nouvelles dans la journée). Mais ce matin, un peu avant neuf heures, alors que nous sommes en escale en terres éduennes, le téléphone sonne pour m’annoncer que ma mère est aux urgences et au plus mal et me demander s’il y a des directives anticipées. Je ne suis qu’à moitié surpris. On ne devait aller voir mon père (et un peu ma mère à l’EHPAD) que samedi, mais du coup, nous allons partir dans les minutes qui viennent. Les médecins m’ont dit ainsi quà mon père un plus tard, qu’ils ne feraient pas de l’acharnement thérapeutique car elle ne supporterait pas. Elle aurait fait un AVC, est inconsciente et ne souffre pas. Peu de chance qu’elle tienne la journée.

29 mai 2023

Ma mère (4 et fin provisoire) : ce qu’elle fut

Un dernier épisode (pour le moment) avec des éléments un peu mis en vrac...

Ma mère n’était pas une personne délicate. Fille de paysans dans des terroirs pas très productifs et pentus malgré des altitudes relativement modestes, les conditions de vie étaient assez rustiques, mais pas pires que dans bien des endroits. Née en 1935, elle n’a pas vécu que les moments faciles pendant la guerre, comme beaucoup de monde à l’époque. Mon grand-père était prisonnier en Allemagne pendant toute la durée du conflit et il n’était pas évident pour ma grand-mère de faire tourner une exploitation (polyculture, élevage) avec deux filles en bas âge. Même après la guerre, les choses n’étaient pas faciles d’autant que mon grand-père, n’a jamais opté pour la mécanisation. Sans la guerre, il l’aurait probablement fait, mais après le conflit, ses ardeurs à se moderniser ont été coupées. Ma tante, de trois ans la cadette de ma mère, s’est dirigée vers la paysannerie et ma mère fut un temps aide à la ferme, eut quelques cours de « ménagère » avant de s’émanciper quelque peu, presque tardivement, en réussissant le concours d’entrée à l’école d’infirmières. Cela n’a pas été facile pour elle dans un premier temps, car elle faisait partie de la minorité de celles qui n’étaient pas passées par la case baccalauréat. Elle fit donc ses études à l’école d’infirmières de Saint-Chamond, dirigée par des sœurs et où elle restait toute la semaine. Son diplôme en poche, ses premières années d’exercice furent surtout consacrées à un « asile de vieux » au Chambon-Feugerolles. Je sais que ce ne furent pas des années faciles car les conditions de travail n’étaient pas évidentes et elle était quelque peu isolée. La plus grande partie de sa carrière, elle la passa à l’usine dans le cadre de la médecine du travail et c’est là qu’elle rencontra mon père. Là, elle avait pour ainsi dire deux patrons : son employeur (usine de métallurgie : forgeage de grosses pièces, entre autres) et le médecin de ville qui passait tous les matins à l’usine. Ma mère n’était pas une personne délicate ni une bourgeoise. Toutefois, avec son éducation catholique (même si son père n’était pas croyant ni aligné), elle devait être encore une personne assez « docile » et peu encline à revendiquer ses droits. La fréquentation de mon père l’a changée et l’a amenée à se défendre. Le premier médecin en contrat avec l’usine était un ancien combattant de la Grande guerre, déjà très vieux dans les années 1960 et en décalage complet avec son époque. Ainsi, il était habillé à l’ancienne avec une forme de redingote, de faux cols et fausses manchettes de chemise. Et il voyait la tuberculose partout alors qu’elle avait énormément régressé. Toutefois, cet homme suranné et dépassé était une bonne personne. Mes parents (et moi aussi durant trois bonnes années) habitèrent le même immeuble que lui. Ensuite, il y eut un médecin plus jeune, mais autoritaire voire cassant et qui sut profiter largement du système en étant grassement rémunéré. Des « mises au point » furent faites aussi avec certains responsables de l’entreprise qui essayèrent d’emmerder ma mère, mais mon père était là, avec l’appui du syndicat, si besoin (à l’époque, le patron se méfiait). Je me souviens vaguement de quelques-uns de ces épisodes. Elle travailla par la suite avec d’autres médecins à la page et d’abord très sympathiques. Un en particulier qui, à la fin des années 1970, traquait partout l’amiante, plus de vingt ans avant que l’État ne s’en soucie enfin.

En 1983, après la réduction drastique des effectifs dans l’usine, elle fut licenciée car une infirmière n’était plus obligatoire. Elle fit quelques remplacements dans différents établissements avant d’être embauchée comme contractuelle dans une maison de retraite gérée par la commune dans une ville voisine. Elle y restera les douze années suivantes, avant sa retraite. Les conditions de travail, bien différentes de celles des années 1950-60, n’étaient néanmoins pas optimales car l’infirmière chef était de la vieille école, quelque peu radine. La directrice de l’établissement s’en moquait royalement et le maire n’était pas contre le fait de faire des économies de bouts de chandelles. C’est ainsi qu’outre sa faible rémunération elle ne put pas bénéficier du matériel adéquat ni des consommables qui commençaient  déjà à exister à l’époque (et qui sont la norme de nos jours, comme s’ils avaient toujours existé). Par ailleurs, le personnel embauché n’était pas toujours à la hauteur, parfois sous-qualifié, sans les diplômes requis et d’un niveau scolaire de base non maîtrisé. Je me souviens de la fois où ma mère avait laissé des consignes écrites pour des médicaments en écrivant un truc du genre « ¼ de comprimé » et la jeune femme n’avait jamais entendu parler de ce genre de fraction. Une des choses qui l’épuisait le plus, c’était de bouger les malades, en particulier les grabataires du lit au fauteuil ou autres, alors qu’il n’y avait aucune aide mécanique et que la majorité de ses collègues avaient « autant de force qu’un pouillot ». Dans le cadre de son travail, ma mère était précise, incisive, entraînante et efficace. Ce n’était pas forcément facile de s’en rendre bien compte, mais plusieurs témoignages depuis 2018 de la part d’aides-soignantes et d’infirmières qui ont travaillé avec ma mère dans leur jeunesse viennent le confirmer. Mieux, elles appréciaient travailler avec ma mère plutôt qu’avec les autres qui étaient un peu molles, pas participatives et pas suffisamment organisées et rigoureuses. Je peux enfin ajouter que ma mère était une « piqueuse » réputée. Je ne parle pas des piqûres simples que n’importe quelle andouille réussirait, mais de certaines intraveineuses, prises de sang, poses de perfusions, notamment chez les personnes qui « n’ont pas de veines ». Elle était systématiquement appelée quand les autres ne réussissaient pas. Le fait d’appeler quelqu’un d’autre après deux échecs est classique. Mais elle, elle ne ratait pas ou du moins pas deux fois de suite !

Alors qu’elle était encore en activité, elle voulait aider dans des associations plus ou moins humanitaires (au moins une en tout cas), comme elle l’avait fait durant les années 1980 dans le cadre d’un jumelage de la commune avec une ville du Mali. Par exemple, elle s’occupait de collecter et trier des médicaments et il y avait du boulot car les gens apportaient des trucs entamés ou périmés. Ce genre de choses n’existe plus de nos jours ou plus sous cette forme. Ma mère avait laissé tomber quand le responsable (de l’association ?) avait cessé son activité (tombé malade) et parce que les autres ne tenaient pas la route. Une fois, à la retraite, elle aspirait à la paix et à se reposer et elle n’a rien fait de particulier dans ce domaine ni dans aucun autre. Elle n’a jamais su faire d’activités extra-domestiques. Toutefois, quand elle était en pays éduen, à la belle saison, elle passait de nombreux après-midis à se balader à vélo sur l’ensemble des petites routes du plateau d’Antully, qu’elle avait fini par connaître comme sa poche et pourtant, il y a de quoi faire. Elle marchait encore pas mal. Mais après 70 ans, ce fut complètement fini, elle ne pouvait plus (mal aux jambes dont les hanches, souplesse insuffisante…).

Ma mère n’a jamais été une grande lectrice, en particulier de romans. Toutefois, il y a eu des périodes où elle lisait pas mal de périodiques, en particulier deux revues d’infirmières pour lesquelles elle avait été longtemps abonnée et dont elle avait conservé tous les numéros au garage avec l’idée d’aller s’y replonger. Elle lisait aussi les revues auxquelles étaient abonnées ma grand-mère puis ma tante (La Vie et Les veillées des chaumières). En 1986, mes parents m’avaient abonné à la revue mensuelle « Science et vie » et je le suis toujours 37 ans après. Jusqu’en 2018, je lui rapportais toujours mes anciens numéros et elle les dévorait, en particulier les articles ou les numéros spéciaux consacrés à l’astronomie ou à l’astrophysique. Elle s’achetait d’ailleurs quelquefois des magazines traitant d’astronomie. Pour son départ en retraite, ses collègues lui avaient acheté une lunette astronomique. Elle s’y était intéressée au départ, mais la qualité, insuffisante, de l’engin avait de sérieuses limites (ce type de matériel optique doit être très qualitatif et est donc très cher, sinon, c’est rapidement décevant, ce qu’ignoraient ses collègues et mon père qui avait été mis dans la confidence).

Ma mère était une cuisinière assez ordinaire, mais il y a quelques plats qu’elle réussissait très bien, ainsi que certains desserts. En particulier, elle réussissait très bien le civet au lièvre. Et elle faisait des pâtisseries d’assez bonne tenue. Et un petit peu sur le tard, elle faisait une excellente pâte semi-feuilletée pour ses diverses tartes aux fruits.

Lorsque j’étais enfant, elle était assez exigeante sur le ménage, mais au fil du temps, elle s’en soucia de moins en moins, au point de ne plus y attacher d’importance (je ne parle pas de la période récente).

Je l’ai dit, elle n’était pas délicate et avait une certaine force et une bonne endurance physique. Les années après que mon père eut conclu le viager du dragon terrassé (il ne connaissait pas encore ma mère), il y eut énormément de travaux à faire, d’autant que le régisseur de mon arrière-grand-tante ne faisait rien et mes parents n’avaient absolument pas les moyens. Il fallut après 1965 réparer la digue de l’étang qui fuyait comme un panier (cela se voit sur une photo aérienne de 1963), débroussailler à la main (serpe et vonge = goyard = croissant) la digue puis la zone qui le sépare de la prairie de sorte qu’il a fallu attendre au moins 1978 pour rendre de nouveau l’étang visible depuis la maison (et cela, je vous assure que cela n’a pas de prix). Ma mère a traîné des branches en n’en plus finir pour faire des feux. Plus tard, elle apportera une large contribution pour dégager à plusieurs reprises les épicéas plantés entre 1968 et 1970 (une belle ânerie d’ailleurs, il aurait mieux valu ne rien planter – j’ai également participé aux travaux). Il avait aussi fallu retaper les deux maisons, dont une était une véritable ruine. Là, ma mère avait moins mis la main à la pâte, mais moi si et encore très jeune, au tout début des années 1980 – que de moellons de béton trimbalés – et jusqu’au milieu des années 1990.

Ma mère a toujours été un peu tête en l’air. Cet aspect, un peu légendaire et dont je suis aussi en partie l’héritier a été un de ceux qui avaient fait que je ne m’inquiétais pas, à tort, de ses pertes de de mémoire. Alors à quand remontent les premiers signes de sa maladie ? En 2016, c’était déjà évident (un sketch de perte de clés qui aurait dû m’alerter). Je pense que me suis laissé à penser que l’âge était le seul responsable « normal » de ses pertes de mémoire et c’est longtemps ce qu’avait dit le médecin. Tout se passait comme si l’âge exacerbait certains penchants naturels du caractère, mais cela ne m’inquiétait pas. Si je remonte beaucoup plus dans le temps, je me retrouve un certain 19 août 2006 avec un autre sketch, celui des chaussures perdues le jour de notre mariage à H. N’y avait-il pas déjà un souci ? À l’époque, j’étais loin de le penser et puis le contexte était très particulier : jour spécial, pas chez elle (maison qu’elle ne connaissait pas…). Je crois pouvoir dire qu’un tourant s’est cependant opéré dans les années 2005-2007 car c’est à cette époque qu’elle a presque entièrement arrêté de conduire. Je me souviens d’un épisode en 2007 où elle nous avait fait très peur en conduisant sur la route de Vézelay. Bon, j’avoue que mon père et moi n’étions pas tendre avec elle et ses erreurs de conduite et ce, de tout temps. Elle n’était pas une très bonne conductrice (conduite heurtée, trajectoire peu progressives) mais n’avait en principe jamais été un danger public (respect du code de la route). Un autre éventuel signe avant-coureur de ses problèmes cognitifs est peut-être la brutalité de certains gestes qui ont commencé à se révéler de manière plus aiguë à cette période. Avant cela, ma mère a toujours été un peu vive dans ses mouvements, ce qui l’a amenée à casser de nombreux objets pas très solides par ailleurs, c’est vrai. J’ai toujours connu ça et je déplore aussi ces fragilités. Mais cela s’est aggravé. Fromfrom n’a connu que cette période après aggravation et cela l’a toujours un peu agacé. L’exemple le plus typique : la façon d’apporter un plat lourd ou imposant sur la table et de faire le service en en renversant presque systématiquement un peu à côté. Bon, cela semble anecdotique et facile à dire a posteriori, mais cela m’apparaît à présent comme assez révélateur. A contrario de ce caractère « tête en l’air », elle avait aussi des formes d’intuitions, de fulgurances d’autant plus surprenantes qu’on pensait, souvent à tort, qu’elle « n’imprimait pas ».

Oui, j’aimais ma mère, y compris par certaines de ses formes d’outrances, son côté décalé, son côté avocat de l’orphelin ou du diable (par pur esprit de contradiction et dont j’ai également hérité). Je l’aimais aussi parce qu’elle se fichait totalement des apparences, du quand dira-t-on. Pour sa gentillesse essentielle. Tout cela s’est atténué petit a petit jusqu’à disparaître totalement ces dernières années. Cela fait longtemps que je n’ai plus vu cette générosité primordiale dans le regard de ma mère lorsqu’elle me considérait. La maladie a détruit tout cela et c’est sans doute ce qui m’aide à faire mon deuil de manière prématurée.

17 juin 2023

Week-end en chanson

Ce n’est pas un scoop, je poste les chansons en lien diffusées lors des obsèques de ma mère qui n’ont pas une tête d’enterrement. Il m’arrive de chanter la première, non pas parce que ce fut un tube avant Ioutube, mais parce que je l’aime bien.

 

 

 

Et pour rappel, à l’entrée de Fromfrom dans l’église de la Lande à genêt, il y avait eu ça.

 

Je pars, seul, en train de nouveau (voiture néanmoins réparée à prix d’or et soi-disant remisé) en tout début d’après-midi à RdG dans la perspective de voir le notaire lundi matin avec mon père. Fromfrom, elle, a kermesse ce dimanche.

26 septembre 2023

Brèves cornusiennes du mardi 26 septembre 2023

Mon père a subi l’intervention de pose d’une prothèse de valve aortique mardi dernier. Il devait rester 2-3 jours, il sera resté guère plus de 24 heures. Il est à présent question d’une seconde intervention pour une seconde valve, mais ce n’est qu’en octobre qu’une évaluation sera faite. On lui a dit que le bénéfice de cette opération narriverait pleinement qu’après 8-15 j. Il dit qu’il y aurait déjà un petit mieux. Il faut dire que la situation antérieure devenait très problématique, surtout le matin au réveil.


Je reçois des messages (liste de diffusion) d’une structure associative bretonne militante (de la langue bretonne, mais peut-être pas que) depuis des années alors que je ne la connais pas et que je ne l’ai jamais sollicitée. Je m’étais manifesté en répondant pour dire que je ne souhaitais plus recevoir ces messages. La première fois, je n’avais pas reçu de réponse. Quelques mois après, nouvelle réception de message et nouvelle réponse de ma part, mais là je m’aperçois qu’il s’agit d’une adresse d’expédition et non de retour. Je laisse tomber. Je continue de recevoir des messages, heureusement pas trop fréquents, auxquels je ne comprends pas grand-chose bien qu’ils soient au moins bilingues. Je pense que je ne reçois qu’une partie des messages pour une raison étrange. Ce week-end, après un énième message, je trouve une adresse dans l’un des supports diffusés et je leur écris, de manière courtoise. Et voilà qu’on me répond en breton. J’ai vaguement réussi à traduire, sans même demander l’aide à Fromfrom et je lui réponds que je ne suis pas bretonnant, de manière toujours tout à fait correcte. Et de me répondre à moitié en breton et à moitié en français de manière très désordonnée que « bretonnant » est un terme ringard et condescendant et qu’il faut dire « brittophone ». Bon, il me semble que Fromfrom, les amis Bretons qui maîtrisent parfaitement le sujet, semblent plutôt utiliser le mot « bretonnant » et ne m’ont jamais dit qu’il aurait été désobligeant de l’utiliser. Si tel avait été le cas, nul doute je ne l’aurais pas utilisé, ou alors en connaissance de cause. Me trompé-je ? Bon, c’est un détail insignifiant mais sur le coup, cela m’a énervé. Je ne m’interdis pas de lui renvoyer un message moins courtois en retour en commençant par lui dire que la moindre des politesses aurait voulu qu’il répondît en français à une sollicitation dans cette langue. Mais en même temps, je n’ai pas envie de contredire Michel Audiard « J’parle pas aux cons, ça les instruit. »

Cela n’est pas tout à fait équivalent, mais cela me fait penser au mot « thésard » qui définit les étudiants pendant leur travail de thèse, que personnellement je trouvais moche et péjoratif. Le terme « doctorant » était encore assez peu usité il y a 20-25 ans, mais semble davantage consacré depuis et paraît dominant aujourd’hui (sous toute réserve, ce n’est qu’une impression).


Je dis peu de choses ici sur ce qui m’agace dans l’actualité et pourtant, je vous assure que cela me rend parfois très grognon, râleur… Fromfrom subit cela et je la prie de m’en excuser, d’autant que ce sont toujours un peu les mêmes sujets qui me hérissent le poil. Parmi les trucs qui m’énervent, mais pour le coup, qui n’est pas une rengaine de ma part, il y a une certaine « Cent-Drine*Roux-Sot » qui ne cesse de dire des âneries à chaque fois qu’elle s’exprime. Cela fait environ 14 ans que je la connais (avant qu’elle soit connue au niveau national pour dénoncer, à juste titre, des cas de harcèlement / agression sexuels dont elle avait été victime au sein de son parti). À l’époque, elle était vice-présidente de la Région septentrionale, chargée de la recherche (c’est une enseignante-chercheuse, dans le domaine de l’économie si je me souviens bien). Elle présentait avec son collègue vice-président chargé de l’environnement, un projet de GIEC régional et j’assistais en quelque sorte à la réunion de lancement de ce dispositif (qui a été abandonné lorsque la Région a changé de bord). À l’époque, je l’avais sentie déterminée, dynamique, positive, mais pas dérangée du ciboulot comme on la connaît aujourd’hui. Je ne dis pas que tout ce qu’elle dit est à mettre à la poubelle, mais comme systématiquement à présent, elle est soit dans l’outrance soit dans la vérité tronquée, dans l’inexactitude scientifique ou autre, je me pose la question de savoir si elle ne ferait pas un transport au cerveau comme dirait mon père. Ses propos font qu’elle tire contre son camp, même si ses collègues ne sont pas beaucoup mieux dotés qu’elle. Son parti n’est hélas pas le seul en déshérence, bien peu voire aucun ne tient la route. Cela n’est pas nouveau, mais j’ai le sentiment que cela ne cesse de s’aggraver.

25 novembre 2023

Ma mère m'accompagne

Le 3 décembre, cela fera six mois que ma mère est décédée. Même si je la voyais assez peu finalement, les derniers mois, les dernières années étaient devenues assez pénibles de la voir ainsi diminuée, surtout sur le plan intellectuel, mais pas seulement. La dernière année où la situation était encore acceptable à défaut d’être bonne, c’était 2018. C’est surtout mon père qui a subi la chose pendant toute ces années. À présent, je pense que je minimise ces dernières années pénibles et je retiens surtout les années précédentes où cela allait encore bien et les bons souvenirs ressurgissent. Cependant, je ne peux pas me défaire totalement de ces visions où je vois ma mère perdue, dans une forme de souffrance, ces pleurs inexpliqués…

Ces derniers mois, mon père exhume des photos de famille prises à l’occasion de fêtes ou d’anniversaires des uns et des autres. Ma mère est présente sur nombre d’entre elles. Ce ne sont pas des photos que j’ai prises car je fais assez peu de photos de famille. C’est sympa de revoir cela plusieurs décennies après. La très large majorité des gens sont morts depuis, mais ils restent très vivants et assez caractéristiques des souvenirs que l’on a d’eux.

On l’aura compris, je pense que quelque part, ma mère m’habite plus que cela ne semble avoir été le cas auparavant et cela m’émeut régulièrement. Mon père pense très souvent à elle aussi, je le sais. Lui, il s’en tire bien chez lui. Sans avoir retrouvé un cœur tout neuf, cela va mieux, il se plaint moins de ses problèmes d’essoufflement. Et moralement, il tient le choc aussi.

15 octobre 2023

Noms vernaculaires trompeurs

Je reviens sur un sujet relatif à une note que Plume avait faite cet été à propos des noms vernaculaires des êtres vivants. En tant que naturaliste, je suis souvent agacé par la façon dont on (les journalistes et autres présentateurs divers) nomme les êtres vivants, sans aucun respect de la classification et de sa hiérarchie. Cette lacune repose assez souvent sur une grande méconnaissance de la taxonomie. Dans la population générale, on ne connaît souvent que le terme « variété » de manière très souvent impropre puisqu’il désigne soit des espèces soit des cultivars soit encore une forme de diversité. Cela ne me dérange pas. En revanche, quand il faut parler de manière précise, ce pose de sérieux problèmes et il faut faire attention. Sans aller dans les détails de la définition, la notion d’espèce est souvent assez inconnue alors qu’il s’agit d’une unité fondamentale de classification. La notion de genre est, elle, encore moins connue, alors qu’on nomme (trop) souvent des organismes par un nom de genre : saule, laitue, zèbre, bolet… Cela n’aurait pas d’importance si un genre considéré était représenté par une unique espèce dans une région, une localité donnée. Mais bien souvent, cela n’est pas le cas. Il y a peu, je constatais dans un rapport d’étude d’un collègue en relecture qu’on mentionnait un « trèfle » sans redire lequel, alors même que deux espèces étaient citées plus haut, mais il fallait que le lecteur devine duquel on parlait.

Même des scientifiques ou prétendus tels font des erreurs manifestes avec des noms vernaculaires qu’ils pensent traduire du latin. L’exemple typique que j’ai vécu est le Quercus robur [syn. Q. pedunculata] traduit en Chêne rouvre alors que par ce nom, les forestiers pensent en réalité à Quercus petraea [syn. Q. sessiliflora] qui est le Chêne sessile. À noter que le premier devrait être nommé correctement et exclusivement Chêne pédonculé. En écrivant cela, je jette un œil sur l’internet et stupeur : dans le dictionnaire du CNRTL, je vois à la définition de « Rouvre », « Chêne moins haut que le chêne commun ». Eh mais c’est quoi le « chêne commun » ? Le chêne pédonculé ? Certainement pas, c’est n’importe quoi ! Deuxième erreur : la feuille du « rouvre » sur la photo de cette définition est celle d’un Chêne pédonculé. Je n’ai pas regardé plus loin, mais il est évident que les confusions sont nombreuses, alors même qu’à de rares exceptions près, la distinction phénotypique (morphologique) entre les deux espèces, ne pose aucun souci, même pour un botaniste ou un forestier débutant. On n’est pas sorti de l’auberge ! Pour être tout à fait clair, je précise les choses suivantes :

  • « rouvre » est bien la traduction du latin « robur » ;
  • les deux espèces de chênes mentionnées sont largement dominantes voire exclusives à l’état spontané en France, en dehors des zones subissant d’influences méditerranéennes et les changements climatiques ;
  • les deux espèces s’hybrident très souvent et sont elles-mêmes toutes deux très introgressées génétiquement, mais conservent le plus souvent leurs caractères propres morphologiques et surtout écologiques car les deux cohabitent assez rarement à l’état spontané.

Je n’évoque pas le cas des tas de noms vernaculaires utilisés notamment dans le commerce dont certains sont trompeurs.

20 janvier 2024

Éco-anxiété

Depuis quelques années, dans les médias, on parle d’éco-anxiété (voir des précision sur la page Ouiqui ici). Personnellement, je m’interroge sur ce phénomène, non pas qu’il n’existerait pas, mais sur le fait que son importance soit en partie construite par les médias. Ce qui me semble plus intéressant, c’est la crainte qui peut exister sur la destruction ou la dégradation de la nature. Et je vais parler de ma propre expérience, d’autant que mon activité professionnelle est clairement engagée vers un objectif de protection de la nature. Et sans faire des déductions à la petite semaine, il n’y a pas véritablement de hasard.

J’en viens à m’interroger sur un fait qui m’inquiétait très jeune. Jusqu’à l’âge d’environ trois ans et demi, j’habitais le logement de fonction de ma mère, en ville très proche d’une chute d’eau de la rivière Gier qui n’était pas encore recouverte par une route. Cette couverture avait aussi pour vocation de cacher un égout à ciel ouvert pour une des rivières les plus polluées de France. Cela, je ne le savais pas encore, mais à l’époque, il n’y avait aucune forme d’assainissement et les très nombreuses usines en tous genres rejetaient directement leurs effluents à un point que l’on peine à imaginer aujourd’hui : sidérurgie, métallurgie, verreries, galvanoplastie, constructions mécaniques, teintureries en nombre très élevés entre Saint-Chamond et Rive-de-Gier / Châteauneuf, sans compter ce qui venait du Janon, de l’extrémité sud-ouest de Saint-Étienne. Au final une eau extrêmement et perpétuellement contaminée par la pollution d’origine domestique mais surtout par des produits hautement toxiques : ce qu’on appelle communément les métaux lourds (mais pas que des lourds) ou plus correctement « éléments trace métalliques – ETM » qui n’avaient rien de traces à l’époque mais avec de fortes concentrations assez peu concevables aujourd’hui, d’autant que la surveillance de la qualité de l’eau ne se faisait pas bien ou était encore en partie balbutiante, sans compter le fait que les pouvoirs publics, les hommes politiques s’en moquaient royalement. Finalement, une rivière aseptisée, sans aucun poisson sur plusieurs dizaines de kilomètres. Je ne vais pas dire qu’il n’y avait pas de vie, mais cela devait se résumer aux bactéries / cyanobactéries voire à quelques champignons résistants et à quelques larves d’insectes les plus polluorésistants même si j’ai quelques interrogations. Les végétaux qui ne trempaient pas directement dans l’eau devaient encore s’accrocher sur les berges. Pour quoi je parle de cela ? Parce que même si l’enfant que j’étais n’y connaissait rien, la pollution crevait les yeux. Je m’en émouvais alors auprès de mes parents alors que j’étais à l’école (classes élémentaires, très certainement). Pour apaiser mon inquiétude, ma mère m’avait évoqué certes le cycle de l’eau et les phénomènes de filtration et d’évaporation, de sorte qu’on récupérait de l’eau « pure » en haut des montagnes. Cela m’avait à moitié tranquillisé, mais je me demandais quand même comment cette « filtration » pouvait se faire. Ma mère avait en partie raison et aussi tort dans le détail, on le sait, car la pollution ne disparaît pas comme cela. Même l’eau récupérée dans les montagnes peut être polluée, en particulier par la pollution atmosphérique, mais bien sûr infiniment moins que l’épouvantable cloaque qui s’écoulait dans le Gier. Je pense pouvoir dire que ma première préoccupation environnementale a d’abord été liée à l’eau : celle que l’on boit, celle des rivières et plans d’eau aux eaux d’excellente qualité. Mes références à l’époque étaient celles d’un affluent du Gier et plus encore les cours d’eau des environs de l’étang du Dragon terrassé.

Après cela, j’avoue que ma prise de conscience a stagné. Mes études supérieures n’ont pas été guidées au départ par une « conscience écologique », mais sans doute en partie par un attrait pour la nature, ce qui est un peu différent. Mais au cours de la deuxième année postbac, la situation a commencé à changer puisque les enseignements, les choses vues sur le terrain m’ont clairement ouvert les yeux sur la pollution des eaux douces, en particulier dans les rivières, mais pas seulement. La suite de mes études allait clairement m’orienter vers des activités qui tenteraient de mettre en évidence les pollutions pour tenter de les corriger (oui, on peut, quelquefois). En même temps, la sauvegarde de la biodiversité (que l’on ne commençait que timidement à appeler ainsi) faisait clairement partie de ma motivation. La composante végétale de ma motivation n’était pas encore complètement identifiée, mais elle le devint au cours du temps. Mon travail de thèse, même si cela n’apparaît pas forcément au premier regard, comportait clairement cette dimension, cette finalité de préservation de la biodiversité floristique et phytocénotique. Le fait de vouloir travailler (souhait aigu) dans un établissement spécialisé comme celui où je suis depuis bientôt 22 ans résulte de la volonté d’agir et de ne pas être le plus mal armé pour le faire de manière correcte. Cela étant, on est confronté à d’autres réalités, souvent assez difficiles et éloignées des objectifs. Capitaine dans la tourmente ? Oui et non, mais là n’est pas la question.

Pour en revenir à la question initiale, j’ajoute les éléments suivants. Si l’on est éco-anxieux, il faut en sortir, soit en comprenant vraiment ce qu’il en est sur le plan scientifique et technique. Cette compréhension n’est pas forcément accessible à tous, certes, mais on peut avoir des éléments qui ne sont pas que de l’intox. La compréhension peut apaiser ou au contraire déprimer davantage encore. Mais dans un tel cas, on a encore la possibilité de se mobiliser. Certains font le choix du militantisme pacifique ou un plus revendicatif, voire violent (je ne puis approuver cette dernière option). D’autres font le choix du professionnalisme. Ce dernier est parfois vérolé, je l’ai constaté chez plus d’un responsable de bureau d’études en environnement, ce qui m’a d’ailleurs incité à quitter une association qui avait pourtant institué un code de déontologie. En parlant de vérole, il y en a aussi chez les militants prétendument écologistes, j’en connais quelques-uns. Personnellement, en tant que détenteur d’une voix scientifique dans certaines instances, il m’est arrivé à plusieurs reprises de me taire officiellement et d’agir en toute discrétion. On parle parfois des lanceurs d’alerte, je n’en suis pas là, mais clairement, j’ai (eu) des craintes, non pas sur ma vie, mais sur les budgets de ma structure. D’ailleurs, cela n’a pas été que des craintes, mais il y a carrément eu des sanctions, ce qui reste une honte, même à la minuscule échelle où j’ai connu cela. La protection des lanceurs d’alerte (les vrais) est très loin d’être assurée, contrairement à ce que certains ont voulu faire croire, les exemples sont multiples. Et cela ne serait pas aussi un peu ça, l’éco-anxiété ?

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