Force doit rester à la vie
Calyste disait ces jours que c’était la trêve des confiseurs, qu’il ne se passait généralement rien d’essentiel dans le monde. Pourtant, pour Saint-Sylvestre 1983, je me souviens parfaitement de l’enterrement de mon grand-père maternel (seule date d’enterrement de mes proches dont je me souvienne précisément). Il avait 78 ans. Une cousine (germaine de ma mère), A., est décédée hier d’un cancer, à l’âge de 70 ans. Ma mère la considérait un peu comme une sœur (de douze ans plus jeune qu’elle) car pour commencer leurs parents étaient très proches : frère et sœur avaient épousé sœur et frère de l’autre famille, avec deux filles dans les deux cas. La première cousine, un peu plus âgée, est décédée depuis plusieurs années.
De mon côté, je me souviens très bien que A. avait dit aux obsèques de mon grand-père en 1983, qu’elle l’avait considéré comme un second père. Quelques années plus tard, elle fut victime d’un cancer du sein très grave dont elle parvint à se remettre. Elle fut tranquille une grosse quinzaine d’années, mais une récidive est apparue il y a une douzaine d’années, et ce ne fut depuis qu’une longue descente jusqu’à l’extinction d’hier. Je dois dire qu’elle a fait preuve d’une extrême résistance et d’un courage incroyable. Je pense qu’à sa place, je serais mort depuis longtemps. Je ne l’avais pas vue depuis des années, mais j’ai eu des informations régulières par ma tante. La concomitance entre la mort de mon grand-père et A. à 34 ans d’écart me frappe un peu. Par ailleurs, c’était quelqu’un que j’appréciais beaucoup. On se voyait assez régulièrement avant que je ne parte faire des études à Tours et même après, on se voyait toujours lors des fêtes de fin d’année. Donc, pour moi, elle est aussi associée au contexte festif (son mari également). C’était une femme forte, de conviction, engagée syndicalement. Elle avait réalisé l’essentiel de sa carrière chez Creusot-Loire (pas au Creusot, dans la Loire), une aciérie qui appartenait autrefois aux Marrel, et ayant ensuite appartenu à différentes sociétés qui changeaient de nom comme de chemises : Usinor-Sacilor, Industeel, Arcelor(-Mittal).
Oui, moi aussi, je suis triste, mais on ne doit penser qu’à ceux qui restent et à la vie.