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Cornus rex-populi
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5 décembre 2021

Brèves cornusiennes du dimanche 2 décembre 2021

On aurait bien été tenté de donner le bon dieu sans confession à l’ancien présentateur de l’émission « Ouchoïaïa » et ancien ministre. Il y avait bien eu une alerte alors qu’il était ministre, mais personnellement, j’avais naïvement pensé que c’était uniquement pour entraver son action qui pouvait déplaire à certains… Ce n’est que bien plus tard qu’il avait démissionné. A posteriori, je me pose la question sur la motivation réelle de cette démission. Je n’ai jamais été un admirateur béat de cet individu mais je pense qu’il avait fini par être sincère dans son engagement. Sans vouloir faire son procès, je pense néanmoins que les témoignages et les enquêtes journalistiques récents insistent pas mal son passé supposé de prédateur. Nul doute que tout ça ne sera pas sans conséquences dans l’opinion publique : négativement par rapport à l’environnement et la biodiversité et j’espère positivement pour la libération de la parole, mais j’ai quelques doutes pour ce second cas.

La semaine dernière, j’ai entendu des présentateurs de journaux radiodiffusés passer sans transition franche entre l’actualité du précédent et les « soupçons » qui pèsent sur le désormais archevêque émérite de Paris. Sans vouloir assurer la défense de ce triste individu (c’est un représentant de l’aile dure contre le mariage pour tous et de bien d’autres positions réactionnaires), il n’y a rien de grave dans le fait qu’il ait eu quelque intimité avec une femme du moment qu’elle était d’accord. Mais il n’est pas interdit de penser qu’il a aussi démissionné pour d’autres raisons…

Vendredi, en fin d’après-midi, on m’a injecté ma troisième dose vaccinale anti-COVID-19 (Fromfrom, c’était deux jours plus tôt). Je voulais faire cela avant le week-end parce que je redoutais une réaction assez forte. Dans l’ensemble, elle a été plus faible que lors des deux premières injections (moins de fièvre, meilleur sommeil).

Mon deuxième conseil d’administration de l’automne (vendredi) s’est bien passé. Le prochain sera en février. Amusant, le représentant du Erre-Haine, un jeune con presque premier communiant, n’est pas venu comme prévu : sa troisième dose de vaccin l’a terrassé. Je rigole.

Je ne dirai rien des candidats supposés à l’élection présidentielle, parce que c’est lamentable. Je pensais que notre « malheureux » président de Région gagnerait sa « primaire », mais il a été défait bien comme il faut. Je rigole. Ne va-t-il pas voir pour être candidat au poste de premier ministre du président actuel ?

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2 février 2022

Les coins, s’ils a z’veulant, faut qu’a s’approchant

Comme j’ai eu l’occasion de le dire il y a quelques mois, mon père a été obligé de licencier son aide-ménagère car elle ne voulait pas se faire vacciner et qu’elle avait l’obligation d’être doublement vaccinée au 15 octobre. A la place de la jeune femme dynamique, volontaire, efficace, moderne, pleine d’humour avec laquelle il s’entendait fort bien, il a récupéré une presque retraitée de 65 ans très planplan, vieillotte d’esprit, que je trouve anormalement familière avec ma mère, pas très efficace et de peu d’esprit. Elle ne comprend que l’humour au premier degré et encore et mon père, très adepte de l’humour pince sans rire, n’est pas à la fête avec elle. Il faut le dire qu’il a la tendance naturelle de dire assez régulièrement le contraire de ce qu’il pense ou à arranger certaines choses à sa façon. Voici un exemple d’un échange qu’il m’a rapporté et que je peux retranscrire assez fidèlement de cette façon :

L’aide-ménagère : Il fait quoi votre fils comme travail ?

Mon père : Rien.

L’aide-ménagère : Ah bon ? Rien, c’est-à-dire ?

Mon père : Il fait rien, il fait gratter les autres.

L’aide-ménagère : Ah bon, mais c’est quoi ça ?

Mon père : Il est directeur de…

L’aide-ménagère : Ah ben c’est un travail aussi, ça !...

Elle l’a pris au premier degré, même en layant fréquenté depuis deux mois cinq jours par semaine. Bon, cela ne vole pas haut. Il est obligé de la guider en permanence pour faire le ménage correctement car elle ne fait preuve d’aucune initiative. En discutant d’elle, il m’a ressorti la phrase de ma grand-mère morvandelle, qui était tout sauf une bourgeoise, mais qui au contraire avait travaillé dur étant jeune pour faire des boulots, entre autres, de femme de ménage : « Les coins, s’ils a z’veulant, faut qu’a s’approchant ! », autrement dit les coins des pièces, s’ils veulent être nettoyés, il faut qu’ils migrent temporairement au milieu de la pièce ! Bon et c’est vrai que ce n’est pas top vu le nombre d’heures d’intervention, on a pu constater une différence plus que très significative avec l’ancienne ménagère, mais en même temps, il n’était guère possible de faire mieux, et puis l’âge n’est pas le même. La dame a même des manies très limites que je ne vais pas détailler et pour lesquelles elle aurait mérité un sérieux recadrement (dailleurs, elle ne comprend rien et recommence les mêmes conneries). Par ailleurs, mon père a arrêté de l’emmener pour l’aider à faire les courses car elle l’entravait plus qu’autre chose ou voulait lui faire acheter des choses (aliments) dont il n’avait nul besoin (c’est lui seul qui continue à cuisiner). Cela n’a rien de grave dans l’ensemble, parce que l’essentiel est quand même fait, mais c’est aussi parce que mon père reste encore en forme et attentif. Pourvu que ça dure encore ainsi un petit moment !

12 février 2022

Brèves cornusiennes du samedi 12 février 2022

Ma mère a dit à mon père que j’avais une sœur qui vivait dans la commune de naissance de ma mère. Je précise qu’il n’en est évidemment rien. Elle a peut-être confondu avec sa propre sœur ?


Après l’avoir soupçonné, mon père a eu la certitude que l’aide-ménagère lui volait de l’argent dans un porte-monnaie. Cela faisait longtemps qu’il trouvait bizarre de ne plus retrouver certains billets qu’il mettait de côté dans un porte-monnaie ou une pochette dans le tiroir du bureau. Il a d’abord pensé qu’il se trompait, ensuite que ma mère y avait touché et avait égaré l’argent. Mais lundi matin, il a tout bien vérifié avant et après le passage de l’aide-ménagère pour se rendre compte qu’elle avait volé 15 €. Il a donc fait le nécessaire avec l’association qui gère les aide-ménagères, pour la mettre à la porte. Au téléphone, elle a d’abord nié les faits, avant d’avouer d’avoir pris 10 €. Cependant, mon père estime le cumul des vols à près de 200 € en quelques mois et semaines et il la soupçonne aussi d’avoir volé des bijoux de ma mère qui ont disparu depuis longtemps (mais là aussi, mon père pensait que ma mère les avait égarés). En tout cas, pas possible de prouver quoi que ce soit. Auprès de l’association, l’aide-ménagère a dit qu’elle démissionnait pour raisons de santé. Tout cela a mis mon père hors de lui et moi aussi, je dois le dire. Rien n’est plus révoltant d’aller voler des gens en général et ici des vieux pas en bonne santé. Combien de personnes ainsi volent des personnes en état de faiblesse ?


Ma collègue directrice administrative et financière (DAF) a fait fin janvier l’entretien annuel du comptable, mais comme souvent, c’est un dialogue de sourds, elle ne peut pas en placer une sur presque tous les sujets. Ce comptable est une personne très investie sur son travail (le travail est sa seule valeur personnelle), mais il fait des heures de dingue et est sans arrêt stressé. Nous craignons beaucoup et ce depuis des années, qu’il craque, surtout en avançant en âge (il a un an de plus que moi et fait des migraines terribles). En termes de comptabilité, c’est un horloger suisse, autrement dit un perfectionniste, quelqu’un qui détaille tout, même lorsqu’il n’y aucun intérêt à le faire, souvent juste pour se rassurer, alors qu’à l’évidence, un résultat global est suffisant dans la majorité des cas. Depuis des années, le commissaire aux comptes dit qu’on n’a pas besoin de toutes ces précisions, il lui a dit, mais il continue toujours de « faire comme avant » et il n’y a que ça qui le rassure. La moindre innovation, même superficielle est un fardeau pour lui. La DAF lui demande depuis des années de simplifier, de moins travailler, de se détendre, sans effet. Cette fois, elle a décidé de mettre plus de détails des problèmes dans le compte rendu de l’entretien car elle souhaite se couvrir si jamais il avait un « burn-out » ou autre pépin de santé. Et couvrir l’ensemble de la direction par la même occasion. En effet, il serait terrible d’avoir des ennuis non pas parce qu’on fait trop bosser une personne mais au contraire parce qu’on lui dit d’en faire moins. Quand il a reçu le compte rendu, il a fait une crise et il m’a fait une scène un soir en partant. C’est hallucinant. Le lendemain, après discussion, après avoir envisagé un instant de nous faire aider par un psychologue (pour nous, pour tenter de mieux comprendre son fonctionnement), nous avons décidé de faire appel à un coach ou mentor d’entreprise. Il est tellement entêté qu’on doute de l’intérêt de la chose, mais on y croit quand même. Lui (le coach que nous avons longuement rencontré en début de semaine), dit qu’il n’a jamais vraiment connu d’échec et en tout cas, libérer la parole ne fera pas de mal… mais ce n’est pas gagné. A l’annonce de ce « coaching », il n’a pas opposé de refus, pour l’instant.


En juin 2022, la maison parentale a été isolée entièrement par l’extérieur, ce qui a permis de faire concomitamment un ravalement de façade qui était plus que nécessaire. Mes parents avaient droit à deux primes : une prime via les fournisseurs d’énergie, qui est passée par l’entrepreneur et qui vient seulement d’être versée, après avoir été obligé de compléter le dossier à trois reprises (la dernière fois en octobre de mémoire). Et puis il y avait « Ma Prime Rénov », la prime gouvernementale versée par l’Agence nationale de l’habitat, un établissement public administratif de l’État. Je m’étais chargé de m’en occuper (pas trop le choix de faire autrement, je pense, mes parents n’étant pas branchés internet et cela ne peut se faire que via un site dédié ; et par ailleurs, je ne suis pas sûr que l’entreprise pût s’en charger directement). Je pensais que cela irait. En effet, j’ai pu déposer la demande d’éligibilité, ce qui a été fait, puis ils m’ont demandé une pièce justificative complémentaire non prévue au départ, mais par courriel, donc pas de souci, le dossier avait pu être validé et accepté avant le début des travaux. Avec l’achèvement des travaux, j’avais obtenu la facture et je dus donc me rendre sur le site de « Ma Prime Rénov » pour demander le paiement de la prime en question. Pas de chance, le site se bloque, après avoir renseigné je ne sais plus quoi, je ne trouvais plus le moyen d’avancer car on revenait toujours sur la même page. Alors je trouvai sur le site (pas de manière aussi aisée que cela), un formulaire (mal fait) pour faire une réclamation pour avancer. On me répondit deux jours plus tard avec un courriel où il était indiqué « ne pas répondre » et où me donnait des instructions qui s’avérèrent inopérantes. Pas le choix que de retourner sur le site et refaire une demande. Rebelotte, on me répondit quelques jours plus tard, en m’indiquant presque la même chose qui ne permettait pas d’avancer d’un iota. A la troisième tentative, je me rendis compte qu’on pouvait quand même répondre à « ne pas répondre ». Le temps passa, cela n’avança pas, ça bloqua toujours. Fromfrom trouva un numéro de téléphone et appela et rappela, fut accueillie diversement (parfois très bien, parfois très mal), mais cela ne servit rigoureusement à rien. À leur demande, on fit des captures d’écrans pour expliquer pourquoi et comment ça bloquait, en vain. À la fin, on devait me rappeler, mais rien. À la fin de l’été, idem, on renouvela toutes les opérations, mais rien ne bougea, on me promit qu’on avait bien pris en compte mon problème et qu’on allait me rappeler. Idem fin novembre. Je laissai faire. Quoi d’autre ? Des tas d’autres personnes ont eu le même souci, les associations de consommateurs tirent la sonnette d’alarme, en vain. La ministre fit des promesses. Et rien. Et on devauit me recontacter, c’était promis. Mais rien ne vint. En fin de semaine dernière, je refais un courriel (toujours avec une politesse minimale, bien que j’eusse surtout l’envie de les insulter) sur la base de leur réponse de fin novembre. Et là, on recommence les mêmes âneries. Ils me redisent de faire la même chose que depuis début juillet (eux, ont oublié tout ce qu’ils m’ont dit). Je réponds encore, plus agacé, une dernière fois. Et on finit par me répondre avec les mêmes éléments. Je suis en rage puisque je sais que cela ne sert à rien depuis sept mois ! Mais je retourne sur le site, qui a changé un peu d’apparence. Je supprime une pièce jointe, qui paraissait pourtant indispensable. Fromfrom prend le relais car on me demande un RIB : alléluia, la page qui bloque depuis sept mois semble débloquée. Et effectivement, une fois le RIB de la banque parentale téléchargé, c’est un succès, la demande est validée et je reçois un message de confirmation ! Je n’en crois pas mes yeux ! Bon, je ne m’emballe pas, je m’attends à ce qu’ils me recontactent, mais j’ai toutes les pièces pour leur répondre. La morale de cette histoire est que cette agence est très probablement sous-dimensionnée en termes de personnel, qu’ils ont bâti un site internet à la petite semaine qui ne cesse de dysfonctionner (les témoignages sont légion) et qu’ils ne sont pas capables d’assurer une maintenance minimale pour corriger ces malfaçons. On soupçonne fortement que ce site, inaccessible aux personnes non aguerries à internet, a été fait pour décourager les demandes de financement tout en ayant fait de grosses annonces pour que chacun puisse profiter d’aides pour les économies d’énergie. Bref, c’est lamentable. On verra ce qui va se passer dans les semaines ou mois qui viennent pour savoir si la prime arrive pour de vrai sur le compte bancaire de mes parents.

28 novembre 2011

Titres

Lancelot et Laplumequivole ont indiqué un chemin. J’en ai pris un autre. J’ai rassemblé ici que des titres de Maurice Genevoix (en italique).



Décris-toi : je suis Rémi des Rauches

Comment te sens-tu : Gai-l'amour

Décris là où tu vis actuellement : Derrière les collines près de la Forêt voisine

Si tu pouvais aller n’importe où, où irais-tu : au Canada

Ton moyen de transport préféré : la Route de l'aventure

Ton/ta meilleur(e) ami(e) est : Mon ami l'écureuil

Toi et tes ami(e)s, vous êtes : Les Compagnons de l'Aubépin

Comment est le temps : Au Cadran de mon clocher

Ton moment préféré dans la journée : La Perpétuité

Qu’est-ce que la vie pour toi : La Joie

Ta peur : les Nuits de guerre (Hauts de Meuse)

Quel est le meilleur conseil que tu as à donner : lire La Dernière Harde

Pensée du jour : L'Aventure est en nous

Comment aimerais-tu mourir : dans Trente mille jours

La condition actuelle de ton âme : Bestiaire enchanté

13 juillet 2019

Mes initiateurs (5)

Grâce à la personne évoquée dans l’épisode 4, j’ai été amené à connaître, dans le cadre de mon DEA un professeur d’université à Grenoble qui avait énormément travaillé sur les végétations alluviales du Rhône et de ses affluents. Ce fut pour moi une belle découverte, celle de l’écologie fonctionnelle et de l’écologie du paysage appliquée. Ses travaux ainsi que ceux de ses collaborateurs faisaient passer les travaux anciennement menés sur la Loire comme singulièrement archaïques et incomplets. J’allais justement suivre le chemin tracé par le Grenoblois. J’ai donc « appliqué » sans vergogne certains principes du Rhône à la Loire. Cela n’était pas facile, car on partait pratiquement de zéro, alors qu’il y avait vingt ans de recherches pluridisciplinaires derrière nous sur le Rhône. Cet homme, qui prit peu de temps après sa retraite (il ne pouvait pas être mon directeur de thèse pour cette raison) était une personne très humble et avait eu un parcours un peu atypique puisqu’il était de formation littéraire au départ, on le ressent d’ailleurs à la lecture de sa thèse d’État. Il avait déclaré en plaisantant un jour « Je suis comme Marcel Proust, je ne sais jamais comment je vais finir une phrase ». Il était le « patron » du laboratoire d’écologie alpine, mais n’avait pas été du tout aidé par son ancien chef entré à l’académie des sciences, alors qu’il aurait pu (dû) asseoir Grenoble comme LE pôle d’écologie alpine à l’échelle européenne. Plus tard et bien que « retiré des affaires », je lui enverrai la version minute de ma thèse, qu’il approuvera.

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8 juin 2008

YBB

J’ai déjà évoqué combien certaines personnes avaient compté dans ma vie estudiantine et professionnelle. Aujourd’hui, je souhaite parler d’une personne (YBB) qui n’a jamais été véritablement un modèle pour moi, mais qui a eu une importance majeure. Je l’ai connu il y a près de 18 ans, alors que je débutais mes études à Tours. En tant que professeur d’université, YBB enseignait, entre autres, la biologie du développement, autrement dit l’embryologie, sujet dont il s’était fait le spécialiste chez les amphibiens. Son cours était assez brouillon. Il dessinait au tableau des embryons dans toutes les positions. Il écrivait extrêmement mal. Néanmoins, il avait quelque chose d’attachant dans sa nonchalance apparente et puis il avait attisé ma curiosité lorsqu’une fois, il avait évoqué toutes les disciplines que recouvraient les sciences naturelles.

Deux ans après notre première rencontre, je retrouvais YBB en maître de cérémonie à la tête d’une nouvelle formation, créée un an plus tôt, sur les fleuves et les milieux aquatiques. Dès lors, sans le savoir, mon avenir était tracé. Je n’étais pas particulièrement passionné par les matières qu’il enseignait, mais je me débrouillais plutôt bien. Par ailleurs, un autre enseignant (de botanique) avait dû lui parler de moi en bien puisqu’un jour il parla de moi en public en termes élogieux. Évidemment, cela me fit plaisir, mais en même temps, j’eus pour la première fois le sentiment que je n’étais pas à la hauteur de cette réputation. Alors que j’effectuais ma soutenance de stage de maîtrise de sciences et techniques, il voulait me proposer un boulot. Malheureusement, j’étais programmé pour aller effectuer mon service militaire dans les jours qui suivaient.

Dix mois plus tard, alors que j’étais encore en train de manœuvrer du côté de Belfort, YBB téléphona à mes parents pour leur dire qu’il avait un travail à me proposer. A peine libéré, je me retrouvais donc à Chinon pour participer à une étude écologique. C’est alors qu’il commença à me parler de poursuites d’études. J’y étais opposé. Quelques jours plus tard, son intervenant en botanique pour ses stagiaires de formation continue ayant déclaré forfait, il me proposa d’assurer moi-même les cours et TP. Il fallait que je sois à la hauteur. Inutile de dire que le stress fut intense, mais je réussis à me débrouiller de façon honorable. Quelques semaines après, il revint à la charge en me proposant d’aller à un entretien pour rencontrer quelqu’un qui voulait initier un travail sur la flore et la végétation de la Loire, avec la possibilité de le faire dans le cadre d’un DEA. L’entretien avec cette personne se passa bien et je fus coincé : je n’avais plus le choix que d’accepter le boulot et de poursuivre des études…

Plus d’un an plus tard, YBB joua un rôle majeur dans l’obtention du financement de ma thèse, ce qui lui causa d’ailleurs quelques inimitiés ou jalousies supplémentaires. Je n’en dis pas plus, mais la recherche de ce financement fut un véritable parcours du combattant pour moi et j’ai pu alors toucher du doigt combien le système universitaire était un véritable panier à crabes ou la combine était la règle. YBB, lui, naviguait avec aisance dans ce système. Il ne se fâchait jamais. Quand il avait une idée derrière la tête, il ne renonçait jamais. Même quand on lui opposait un refus catégorique, il essayait de contourner la difficulté en empruntant une voie inédite. Il faut dire que l’homme avait une connaissance intime des rouages du système et des personnes et n’avait peur de rien.

Ce panache avait son revers, c’était quelqu’un de très mal organisé, autrement dit de bordélique. Ce qu’il intéressait, c’était d’avancer, les détails techniques l’ennuyaient. Un ami doctorant en fit les frais. Pour éviter d’être toujours débordé, et comme il devint mon directeur de thèse, je pris toujours les devants. J’anticipais toujours les urgences pour éviter d’être submergé au dernier moment. Je préparais le travail et il n’avait plus qu’à valider. Il faut dire que cela m’arrangeait aussi beaucoup qu’il n’y connaisse pas grand chose en botanique et en écologie végétale (je précise que j’avais une co-directrice de thèse qui, elle, faisait plus que s’y connaître).

Avant la soutenance de ma thèse, YBB voulait me trouver un poste à l’université. Seul un problème de calendrier et une motivation limitée de ma part l’en empêchèrent.

Enfin, le jour de la soutenance de ma thèse, il sut retracer avec émotion mon parcours et bien sûr, il ne manqua pas de me complimenter.

Alors, je crois pouvoir dire que j’ai eu une chance inouïe de croiser ce monsieur sur ma route. En rédigeant ce texte, je remets en perspective toutes les actions positives qu’il a eues sur moi. Et de me dire que les personnes qui ont été autant soutenues par un professeur d’université doivent être bien rares. Cela reste quand même mystérieux. Pour ma part, j’essaye d’une certaine manière, de lui rendre hommage en soutenant les stagiaires qui passent entre mes mains.

18 avril 2012

Questionnaire cornusien

J’ai répondu bien volontiers au questionnaire de la Laplumequivole (voir note précédente), mais cette dernière a osé me lancer un autre défi. Voici donc un questionnaire auquel elle est vivement invitée à répondre. Mais en prime, elle devra également émettre les hypothèses de mes propres réponses. S’il y a d’autres personnes qui sont tentées par le jeu, qu’elles n’hésitent pas.

  1. Votre conjoint, votre amoureux, votre enfant ou votre plus cher ami a commis un homicide sans être découvert immédiatement et se réfugie chez vous. Que faites-vous ?
  2. Si vous vous rendez compte, après la sortie d’un magasin, que vous aviez dissimulé, sans le vouloir, un objet sans le payer, que faites-vous ?
  3. Dans une pièce où se déclare un incendie, si vous avez la possibilité de sauver soit un chat soit l’originale d’une peinture célèbre parmi celles que vous préférez, que choisissez-vous de sauver entre le chat et la peinture ?
  4. Vous êtes le chef de tous les états de la planète en lutte contre un envahisseur agressif et vous avez la possibilité d’appuyer sur un bouton pour l’exterminer de façon définitive, mais en rayant de la carte et en contaminant de façon irrémédiable et éternelle 90 % de la planète. Que faites-vous ?
  5. Vous avez horreur du football. On vous propose une somme équivalente à trois mois de salaire si vous allez voir un match d’une grande équipe nationale ou internationale. Que faites-vous ?
  6. En bêchant votre jardin vous découvrez un trésor archéologique. Comment partagez-vous cette découverte ?
  7. On vous propose un magnifique tour du monde tous frais payés pendant un an ou un voyage aller retour sur la lune nécessitant une intense préparation physique et sportive d’une durée de trois ans. Quel voyage choisissez-vous ?
  8. Vous devez changer vos fenêtres. Pour le même prix, vous avez la possibilité d’opter pour des fenêtres imputrescibles en PVC ou en aluminium ou bien en bois local avec un haut label environnemental, mais qui nécessite de fréquents traitements contre les intempéries. Que choisissez-vous ?
  9. Vous avez la certitude d’être élu(e) pape(sse) ou ministre du travail avec des pouvoirs étendus. Quelle serait votre préférence ?
  10. Vous avez la possibilité de faire un questionnaire ou de répondre à trois questionnaires de même importance. Que préférez-vous ?
22 août 2013

Un oui vieux de sept ans

Je n’en ai pas parlé en temps et en heure, mais il me faut en parler cependant. Lundi, donc, nous fêtions nos sept ans de mariage. Bien sûr, on n’oublie pas tous les éléments, les faits qui ont précédé ou accompagné cet événement, qui pour moi (je peux dire sans me tromper, pour nous) était une véritable fondation, un engagement pour la vie.

Or qu’est-ce que je constate ? Je ne compte pas les couples, mariés ou non qui se défont autour de moi. Au travail, dans la famille, chez des amis et proches, on divorce, on se sépare à tour de bras. Personnellement, je ressens une grande sérénité vis-à-vis de la durabilité de notre engagement dont je ne doute absolument pas. Je pense qu’il en est de même pour Fromfrom, mais elle évoque souvent pour s’en moquer, les statistiques ou les âneries des donneurs de leçons de pacotille sur la durée du mariage ou du couple, qui indiquent des durées critiques de l’engagement : 3, 5, 7 ans… Nous avons franchi les premiers caps. Pourtant, cela n’était pas gagné d’avance puisque nous avons trouvé le moyen de nous marier alors que nous n’avions pas encore expérimenté la vie en commun pour de vrai. Mais peut-être avons-nous bénéficié de circonstances exceptionnelles, dues à nos attentes antérieures, à nos âges respectifs plutôt avancés, à notre façon de « fonctionner » pas si conventionnelle que ça ? Je ne sais pas, mais je pense qu’on s’en tire plutôt bien et je souhaite à tout le monde cette tranquillité qui nous anime et que j’ai du mal à percevoir dans tant de couples. Rien n’est jamais parfait en ce bas monde, mais je vous le dis, je ne regrette pas mon oui d’il y a sept ans à mon amour de Fromfrom.

22 septembre 2008

Trois ans

A quelques jours près, cela fait déjà trois ans que j’ai rencontré pour la première fois virtuellement S., la personne qui allait m’accompagner dans la vie. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le raconter çà et là, c’était ce fameux soir où un « individu fort peu recommandable » m’avait piégé en m’invitant avec sa webcam dans son studio de K. La plaisanterie avait duré un certain temps, mais j’avais assez vite détecté qu’il y avait anguille sous roche. Avant de la voir, je l’avais entendue rire car elle me voyait alors qu’elle restait invisible à mes yeux. Puis, le propriétaire des lieux tourna la caméra et je pus enfin voir son visage. Il faut bien dire que je n’y étais pas resté insensible, notamment à cette puissance joyeuse, à cette simplicité, à ce sourire sur ce merveilleux visage qui émanaient d’elle, même si je ne dis rien sur le coup.

Le lendemain soir, alors qu’il était déjà assez tard et que je terminais une conversation avec l’« individu fort peu recommandable », je commençai à lui faire part de mes premières impressions positives sur S. Il me donna donc immédiatement son adresse MSN. Je lui précisai alors que comme il était tard, je ne la contacterai que le lendemain. C’est alors que l’« individu fort peu recommandable » m’intima l’ordre de rentrer en contact avec elle sur le champ (pas étonnant, il conversait avec elle sur MSN en même temps, ce que j’ignorais encore). Ce que je fis, et je fis bien. Cette première conversation privée fut très positive. Le lendemain (je crois bien), nous pûmes entamer une conversation plus poussée par webcams interposées. Ce que nous nous souvenons très bien, c’est le fait que nous nous sommes observés mutuellement sans rien dire, ou presque, pendant plusieurs dizaines de minutes.

A la même période, j’étais encore empêtré dans des histoires assez invraisemblables avec plusieurs personnes. Une période pendant laquelle j’étais devenu très accroc des discussions sur les sites de rencontres homo, même si par d’autres moyens, je ne laissais jamais totalement tomber le côté hétéro. Depuis l’été, j’avais eu des contacts assez « intéressants » avec une jeune femme avec jeunes enfants et en instance de divorce, mais je dus déchanter assez rapidement. Peu de temps auparavant, j’avais eu aussi, entre autres, des contacts assez curieux avec deux hommes. L’un, porteur « quasi sain » du VIH et que je faisais fantasmer malgré mes refus et ma froideur. L’autre, qui vivait avec sa mère relativement âgée en région parisienne et qui aurait voulu que j’aille le rejoindre. Ces deux personnes, surtout la seconde, me paraissaient sincères. Lorsque j’entrevis plus qu’un espoir avec l’arrivée tumultueuse de S. dans ma vie, il était nécessaire de mettre un terme aux relations virtuelles qui existaient avec ces deux hommes. Pour le premier, ce fut facile puisqu’il ne s’était rien passé. Pour le second, les choses étaient allées un tout petit peu plus loin (surtout lui qui s’était imaginé des choses alors que je l’avais mis en garde très tôt), alors il prit mal la chose…

Ceci explique ce que j’ai déjà dû évoqué ailleurs, ma période d’indécision relative qui succéda à ma rencontre virtuelle avec S. L’« individu fort peu recommandable » n’en sut rien (S. non plus), mais s’agaça un peu de cette indécision qui me faisait aussi souffrir. Sans rien n’exiger, il me poussa à me déterminer. Ma décision fut prise un dimanche : mettre un terme définitif aux discussions sur les sites de rencontres et couper les ponts avec tous les prétendants potentiels. Alors que je devais déjà sentir des choses extrêmement positives, je décidai donc de mettre tous les œufs dans le même panier. Peu après la mi-octobre, j’achetais mes billets de train qui allaient me conduire, le 11 novembre chez S. à K’.

En définitive, vu avec le recul, que de choses se sont passées en à peine quelques semaines. Que de bouleversements dans ma vie en si peu de temps. Et surtout des décisions importantes, un engagement décisif, serein et confiant. Les énormes qualités de S. ont fait le reste. Et merci pour les ailes du papillon de l’« individu fort peu recommandable ».

16 janvier 2014

De 2013 à 2014 (5) : cheveux [hors série]

Je ne vais pas dire que j’ai un complexe avec mes cheveux, mais je n’en suis peut-être pas si loin.

Quand j’étais gamin, mon père m’emmenait chez son coiffeur pour hommes qui avait son salon dans le quartier où il avait passé sa jeunesse, c’est-à-dire en bas de chez ma grand-mère. C’était déjà un homme d’un certain âge. En grandissant un peu, mes épis, un à l’arrière de la tête et surtout un énorme devant, absolument indomptable, faisaient beaucoup causer. Le coiffeur avait décidé de me coiffer avec la raie au milieu, ce qui vu avec un minimum de recul, était une horreur absolue. Et surtout, mes cheveux alors très abondants, et surtout excessivement raides, avaient tôt fait de revenir dans une autre position d’équilibre, surtout que je ne mettais pas de gel ou de laque (cela ne se faisait pas à l’époque par chez nous, surtout pour des gamins, et quand bien même, je ne me serais moi-même jamais astreint à ce genre de choses). Et il était hors de question de couper les cheveux de mon épi de devant, d’autant qu’on m’avait dit, de façon fort sympathique que j’avais un trop grand front. Un épi qui me vaudra à l’école primaire et au collège le surnom de Tintin, entre autres qualificatifs, moins glorieux qui m’étaient donnés pour d’autres raisons liées à mon caractère ou à ma façon d’être.

Une fois, pour tester d’autres possibilités de coupes de cheveux, ma mère m’avait emmené chez sa coiffeuse, qui m’avait littéralement massacré avec une coupe en escaliers (non volontaire car j’ai vu depuis que cela se pratiquait à dessein). Il avait alors fallu le lendemain m’emmener corriger le tir chez le coiffeur habituel. Plus tard, le coiffeur en question ayant pris sa retraite, je dus aller chez un autre qui, sans corriger les défauts d’implantation pour lesquels on ne peut pas faire grand-chose, eut néanmoins la bonne idée de pratiquer une coupe plus sobre et fort simple qui est encore dans les grandes lignes celle que je fais réaliser aujourd’hui.

A partir du lycée et particulièrement la classe de première, je ne fus plus l’objet de railleries ouvertement assumées sur mon physique ou d’autres choses. Et il faut dire que ma coiffure était vraiment passe partout par comparaisons avec certaines excentricités qui se pratiquaient volontiers chez les individus de mon âge.

Je fais un saut dans le temps et je me retrouve au service militaire à 24 ans. Bien que passé par la case coiffeur quelques jours avant l’incorporation, je me retrouve tondu uniformément à quelques millimètres dès le premier jour. Ma densité de cheveux avait déjà diminué, mais on ne pouvait pas encore parler de calvitie. Mais c’est à cette occasion que je m’aperçus que quelques rares cheveux blancs commençaient à apparaître sur les tempes.

Quelques années plus tard (28-29 ans), mes parents me font remarquer à juste titre que j’ai perdu beaucoup de cheveux et que ma calvitie est déjà bien entamée. Je retrouve effectivement régulièrement beaucoup de cheveux dans la douche. Je vais alors acheter dans une pharmacie un produit miracle que je trouvais excessivement cher à l’époque (300 francs), puis à la suite quelques flacons un peu moins chers qui venaient du supermarché. Que l’on attribue la chose au produit, à un miracle ou à autre chose, le fait est que la densité de mes cheveux n’a pas évolué depuis quinze ans.

J’aimerais avoir davantage de cheveux sur le dessus du caillou, mais je me satisfais de ma situation qui pourrait être bien pire compte tenu de la trajectoire qui s’était esquissée il y a quinze ans. Quant à mon aspect poivre et sel de plus en plus salé, cela ne déplaît pas à la principale intéressée, alors…

2 octobre 2013

Brèves cornusiennes (11)

Hier, j’ai eu une bonne et une mauvaise nouvelle. Je commence par la mauvaise. J’ai perdu un appel d’offre avec le Con*seil géné*ral septentrional. Quand je dis « je », ce n’est pas moi à titre personnel bien sûr, mais j’y avais consacré beaucoup de temps et d’énergie. C’est le deuxième appel d’offre que je perds cette année avec cette collectivité et cela m’a particulièrement énervé. Nos prix n’étaient pas, de mon point de vue, particulièrement élevés, mais un bureau d’étude a proposé un prix plancher et comme le prix comptait pour 40 % dans la note, nous avions perdu d’avance. Pour les notes techniques, nous frisons les 60 points sur 60, mais cela n’a pas suffit d’avoir la meilleure note sur ce plan pour l’emporter. Le problème est que j’ai passé un temps énorme à monter cet appel d’offre et que j’ai l’impression d’avoir bossé pour rien. Et le sentiment aussi que notre statut ne devrait pas nous contraindre à répondre à des appels d’offres, mais comme il faut bien vivre, on n’a pas le choix. La bonne nouvelle, c’est que j’ai remporté un autre appel d’offre, d’un montant supérieur et pour lequel j’avais investi moins de temps. Le bilan de la journée a donc été positif. Si je navais eu que la mauvaise nouvelle, jaurais fait un malheur.


Je suis en ébullition très régulièrement face à l’actualité, mais je ne dis rien. Je me tais, mais cela mest très difficile. Alors je cède un tout petit peu (vraiment très peu). Nous avons eu une augmentation d’environ 50 % du montant à payer de notre impôt sur le revenu. Nous avons certes gagné un tout petit peu plus en 2012 que l’année précédente et cela n’est pas scandaleux. Je ne suis pas du genre à me plaindre à ce niveau (jen ai trop entendu le faire, jai envie de leur coller des baffes). Il est normal de payer ses impôts, dès lors que les plus riches payent plus (et ça, ce n’est hélas pas gagné).

On nous dit que la Grèce est en faillite et qu’il faudra encore mettre de l’argent sur la table. Et ça, franchement, ça commence à m’agacer quand je vois certains cas particuliers qui ne sont sûrement pas si particuliers que ça. Un ami d’enfance de mon père a fait construire une maison immense, somptueuse, d’un luxe incroyable il y a quelques années sur l’île de Corfou. Il n’y habite plus et comme il n’a pas trouvé à la vendre, il la loue entre 6000 et 8000 € la semaine selon la saison basse ou haute ! Oui, vous avez bien lu. Et à votre avis, quel est le montant total des impôts liés à cette habitation ? 650 €, soit moins que pour notre vieille cage à poules. Je n’invente rien, il a un site internet qui donne les détails. Ne serait-il pas juste de coller au moins 20 000 € d’impôts par an à cet homme qui ne sait que faire de son fric ? Et il n’est sûrement pas le seul dans ce cas sur les îles grecques ou ailleurs. N’y aurait-il pourtant pas là de quoi faire tourner la machine sans asphyxier quoi que ce soit ?

8 janvier 2014

De 2013 à 2014 (1) : diagnostic partagé [hors série]

Les notes qui suivent ont été écrites pendant ces dernières vacances. Celles qui concernent les événements qui se sont produits à cette occasion ont été écrites immédiatement après lesdits événements.

Viendrait-il à l’esprit de demander au charcutier, à la coiffeuse, au boulanger, à la poissonnière ou à l’agent immobilier leur avis sur le fait que votre médecin vous a diagnostiqué un cancer ou je ne sais quelle maladie ? Eh bien dans le domaine de l’environnement ou du patrimoine naturel, si ! Le charcutier, la coiffeuse, le boulanger, la poissonnière et l’agent immobilier ont un avis sur la question de savoir si oui ou non, telle plantouille menacée pousse dans telle prairie ou que telle insignifiant escargot vit dans tel marais. Car bien entendu, la présence de ces espèces sur un espace donné est un avis et non un fait avéré. Les scientifiques naturalistes sont-ils plus que les autres sensibles aux hallucinations ou à raconter des sornettes ? Peut-être… Comme tous les médecins ne sont pas d’une égale compétence. Il y a quelques années, un agriculteur en colère m’avait dit qu’il fallait absolument qu’il accompagne les scientifiques sur le terrain parce que lui savait plus que les naturalistes quelles étaient les plantes hygrophiles caractéristiques des zones humides (car, c’est bien connu, les agriculteurs ne drainent que des zones non humides). Je lui ai alors demandé qu’il m’emmène sur le terrain afin qu’il m’explique son inventaire floristique et qu’on allait bien rire. Je n’avais guère de doute sur ses capacités réelles. Effectivement, n’ayant rien à redire, il n’avait plus ouvert la bouche de toute la réunion.

En attendant, quand il s’agit des politiques d’aménagement du territoire et de travailler avec des élus et des socioprofessionnels que sont en particulier le « lobby » de l’agriculture intensive (ah, il ne faut pas parler d’agriculture intensive, la réalité les vexe), il faut faire des diagnostics partagés dans tous les sens. Certains bureaux d’études en environnement sont passés maîtres dans ce genre d’exercice. Ils sont capables de remplir des dizaines, des centaines de pages de rapports verbeux, d’organiser des tas de réunions aux discours creux. Il ne faut pas croire que la nature en ressorte gagnante. On fait croire que l’on sauvegarde la nature, mais en réalité, c’est une autre façon de continuer à la grignoter ou à la détruire, dans une région où on l’a déjà énormément massacrée.

27 janvier 2014

Brèves cornusiennes (18)

Ce matin au boulot, alors que je me prépare à une journée de cadrage des temps de mon équipe et de moi-même pour le programme 2014, le téléphone sonne pour m’annoncer qu’une de mes collègues d’un autre service a eu un accident de vélo la veille qui va l’immobiliser un bon moment et que par conséquent on a pensé à moi pour la remplacer au pied levé à une sorte de colloque à la Région devant 150 personnes, auquel je n’avais pas prévu de participer (cest un truc pour léducation nationale et de lanimation scientifique). On m’annonce le sujet de l’intervention et c’est tout à fait dans mes cordes. Et ce colloque, c’est demain, le matin pour ce qui me concerne. On me dit que le diaporama est en partie prêt et qu’il n’y a plus qu’à mettre le titre. En réalité, il s’avèrera que la présentation (40 minutes quand même) devait se faire en brodant autour de 3 présentations déjà existantes, dont une de moi – ça aide quand même. Je ne savais pas ce que la collègue avait derrière la tête, mais du coup ce sera davantage cornusien et donc un peu plus assis sur le fond. Mon travail de la journée est passé à la trappe, mais je vais gagner un repas à l’œil. Et puis, je pourrai faire comme les grandes vedettes : arriver tard le matin et partir presque après mon intervention, pour montrer que je suis quelquun dabsolument indispensable et très demandé.

29 janvier 2014

Ah, la barbe !

J’ai déjà parlé de mes cheveux, alors je peux bien continuer avec la barbe.

Je ne saurais dire l’année exacte où cela a commencé, mais je sais que c’était pendant les vacances estivales. C’est là que le duvet sur mes joues s’étant notoirement densifié, mon père avait suggéré que cela soit rasé. Un duvet très blond à l’époque, encore souple, mais bien fourni. Après ce premier rasage, il ne s’était rien passé avant plusieurs semaines, puis on a fini par m’acheter un rasoir électrique, car le mécanique du genre de celui qu’utilisait mon père, c’était pas forcément très pratique. C’était aussi une période où les boutons d’acné explosaient en nombre sur mon visage (j’étais loin d’être le moins atteint dans les classes du collège que je fréquentais à cette période). Et puis à partir de la fin de la 4ème, je me suis mis à me raser 2 fois par semaine parce que le duvet était devenu plus dru et poussait plus vite, tant et si bien que tout compris, je devais donner l’impression de quelqu’un d’assez négligé. Puis, de mois en mois, d’années en années, les rasages ont fini par devenir quotidiens. Il a fallu ensuite acheter un rasoir plus performant, changer les lames plus souvent. Et en définitive (là je suis bien des années plus tard), aucun rasoir électrique n’était en mesure de venir à bout du crin facial. J’ai petit à petit remplacé un rasage électrique sur deux par un rasage mécanique, puis je suis passé au rasage mécanique quotidien, parce que le premier avait fini par être extrêmement long, irritant pour la peau et mal fait. Évidemment, je fais partie de ceux qui ont du poil sombre épais, qui pousse vite et bien plus haut qu’à mi-joue.

Dès le milieu des années 1990, j’ai commencé à me faire pousser la moustache. Seulement, je ne supportais pas la chose plus d’une semaine, et je rasais très rapidement les premières esquisses. J’ai essayé une petite dizaine de fois, avant d’y parvenir définitivement en 2005. La fois précédente, en 2003-2004, des collègues s’étaient réjouies que je la coupe, car cela me vieillissait, paraît-il. Et à l’automne 2005, Madame Fromfrom ayant dit que cela me convenait ainsi, je pouvais la garder. Il faut dire que j’avais fini par me trouver tarte sans ces fines moustaches, qui me faisaient un peu trop ressembler à mon père dans certaines lumières ou circonstances (encore que cela ne soit pas un problème de ressembler à mon père, mais quand même). Depuis, c’est toujours la même chose, elle est de plus en plus salée, comme le reste.

15 janvier 2014

Nouvelles du front septentrional

Le dernier jour avant les vacances en décembre, Fromfrom s’est fait mal au genou (toujours le même) en classe (pas d’accident). Elle a passé quinze jours à boiter, parfois de façon sérieuse, pensant que cela allait passer. Cela n’est pas passé et elle est allée enfin consulter (ce n’est pas faute de lui avoir dit) l’après-midi de la rentrée. Résultat des courses : quinze jours d’arrêt, une grosse genouillère et des antalgiques… Et quinze jours ne suffiront probablement pas. Rien de grave en principe, mais c’est à suivre.


Les messieurs de l’internet et du téléphone étaient venus mardi de la semaine dernière et avaient décidé que le problème venait de notre installation intérieure. Il est vrai que la boîte vivante est branchée sur la prise rebranchée sur une prise, rebranchée sur la prise d’arrivée. Enfin rien de très orthodoxe mais jusque là, ça fonctionnait et je ne suis pas complètement une bille dans le domaine. Enfin, il y avait une forte perte de puissance internautique entre le boitier de la rue et la boite vivante. Donc c’était forcément de notre faute. Les messieurs ont donné un morceau de rouleau de câble spécial ADSL à Fromfrom en lui disant que l’on devait nous-mêmes le poser en direct de la prise vers l’extérieur et qu’ils reviendraient eux-mêmes faire les branchements (sous-entendu que si c’était eux qui s’en chargeaient, cela allait nous coûter une fortune). Je me suis donc pressé avec Fromfrom pour poser le fil en me brûlant les doigts en le fixant au pistolet à colle, percer cloison, plafond et mur extérieur. Tout devait être rétabli lundi, mais nouveau contretemps, la nacelle est tombée en panne. Je leur fais un premier gros reproche : ils ne préviennent pas quand ils ne viennent pas, ne rappellent jamais malgré leurs promesses. Et encore, Fromfrom était à la maison, sinon je ne sais pas quand le rétablissement aurait été possible. Ils ont finalement rebranché le câble ce matin. Second reproche : le câble était en fait abîmé à l’extérieur, ils l’ont eux-mêmes reconnu. Mon hypothèse est que la tempête pré-noëllienne a accéléré la détérioration du câble. Enfin, tout est rétabli et je pense que ça tiendra un bout de temps de ce côté-là.


Les notes suivantes vont paraître prochainement, peut-être à un rythme un peu accéléré, compte tenu du retard pris.

30 janvier 2014

On n’est plus au Moyen Âge

Après les notes pileuses, venons-en à une problématique, un peu moins légère : les dents.

Quand j’étais jeune, je n’ai pas échappé à la perte de mes dents de lait. Seulement, il y avait eu pas mal de récalcitrantes dans le fond qui refusaient de tomber. Leur arrachage sonna le vrai début de mes « ennuis » dentaires. C’était un dentiste d’âge mûr, une bête sauvage. Je me souviens très bien des souffrances infligées. Je précise que mon père, pas particulièrement douillet, avait dû passer entre ses griffes. Il avait eu si mal qu’il l’avait menacé de lui arranger le portrait s’il recommençait. Quand le patient a mal, on arrête les frais, c’est ainsi que cela se passe le plus souvent aujourd’hui. Dans les années 1970, avec ce dentiste, on en était pas là. Je me souviens des piqûres déjà douloureuses et de l’extraction des dents qui me faisait pleurer.

Au début des années collège, j’avais dû être appareillé (par le même dentiste) pour redresser mes dents du bas, mais là au moins, je n’avais pas souffert.

Plus tard encore, j’avais changé de crèmerie pour soigner à plusieurs reprises, mes caries à répétition. En février 1988 (à l’époque des jeux olympiques d’hiver de Calgary), j’ai probablement eu ma pire rage de dents : une carie caverneuse qui mettait le nerf à vif. Peu de temps après, j’eus mes deux premières dents côte à côte couronnées (métal).

Après 1989-90, je n’ai jamais remis les pieds chez un dentiste pendant plus de 10 ans. Je dus néanmoins pratiquer des soins, assez mineurs en 2002 chez un dentiste assez ours de la ville, puis en 2007 chez le fils du premier, qui lui, ne cessait de se plaindre. J’y ai gagné ma troisième couronne, également métallique.

Enfin, depuis le début du mois d’octobre dernier, je suis en soin chez une autre dentiste que je trouve pas mal professionnelement parlant (Fromfrom n’est pas du même avis). J’y ai gagné deux dévitalisations de molaires et un autre couronnement pour l’Épiphanie. En revanche, elle a découvert à la radiographie une carie sous un plombage de l’une de mes dents de sagesse, mais ne peut intervenir elle-même. Alors mardi, je suis allé au premier rendez-vous chez le stomatologue, dans de nouveaux locaux. J’ai été reçu par une homme assez jeune qui m’a raconté comment cela allait se passer. Alors que je lui contais, plus pour l’anecdote que par réelle crainte, ma mésaventure avec mes dents de lait. Et c’est là qu’il m’a dit par deux fois, probablement pour me rassurer : « On n’est plus au Moyen Âge ». Je n’avais pas conscience d’être aussi vieux. Il m’a annoncé le prix de l’intervention (en cabinet donc plus cher qu’en milieu hospitalier, sauf si bien sûr si on devait y passer quand même si l’anesthésie locale s’avérait insuffisante) et m’a demandé d’interroger ma mutuelle, car dans tous les cas, il ne voulait pas que ses patients y soient de leur poche. Et là, je me suis dit que cet arracheur de dent était vraiment différent de tous ceux que j’ai connus jusque là. L’intervention est prévue en mars.

12 février 2014

Inculture vertueuse

Quand j’écoute une station de radio généraliste comme France inter, de surcroît à l’occasion d’une émission non spécialisée, je n’aime guère que l’on se mette à parler dans un langage qui m’est incompréhensible. Je ne parle pas du charabia diffusé sur certaines radios peu enclines à parler dans un français vaguement à peu près correct, je veux juste parler de ces journalistes ou autres animateurs, qui se mettent à parler de musique, d’artistes, de styles musicaux ou de je ne sais quoi du même genre où je n’entends rien, rigoureusement rien. Je mets de côté la musique « classique » qui semble moins victime de cette maladie, du moins sur ce type de radio généraliste.

Je veux bien admettre que je sois particulièrement inculte en la matière, mais en même temps, il n’y a aucun effort de pédagogie. Les personnes parlent de façon entendue entre elles, utilisent des mots presque exclusivement anglo-saxons, avec des codes et un vocabulaire que je ne comprends pas. Ils palabrent sur des nuances que je ne suis nullement en mesure de percevoir. D’ailleurs, non seulement je ne perçois pas ces nuances, mais je suis incapable de reconnaître les styles, les époques, les caractéristiques disciminantes des musiques que tout le monde doit reconnaître immédiatement sans se poser de question.

Inutile de dire que cela m’agace au plus haut point, ce qui accentue plus encore le phénomène de rejet qui s’est immiscé en moi depuis mon enfance vis-à-vis d’une immense majorité de musiques, chanteurs, groupes, surtout quand ils ont l’outrecuidance de ne pas s’exprimer dans la langue de Molière. Je ne suis pas pour autant en train d’expliquer que je n’aime pas entendre chanter dans diverses langues, car rien ne serait plus faux. Mais disons qu’à l’époque de mon adolescence, dans tout ce qu’écoutaient mes semblables, rigoureusement rien ne me plaisaient. Dans tout ce qui passait sur les radios musicales (de « jeunes » ou autres), rien ne trouvait grâce à mes oreilles. Je précise que je n’écoutais jamais ces radios, je ne les supportais pas. À ma décharge, mes parents, en dehors d’un peu de variété ou de musique classique à doses homéopathiques, écoutaient très peu de musique, ce qui n’aidait pas mon « éducation ». En même temps, je dois dire, que je n’ai pas été perverti par des modes ou par des phénomènes de masse auxquels succombaient les gens de mon âge.

Je connais mon inculture sur bien des registres (pas tous, je suis paradoxalement un peu moins mauvais dans le domaine du « classique »), mais je me demande en même temps si tout ne s’est pas organisé autour de moi depuis mon enfance, pour que je sois à ce point déconnecté, et disons-le, grandement allergique à beaucoup de musique et aux journaleux qui en parlent de façon pédante ?

Pourquoi est-ce que j’évoque cela aujourd’hui ? Parce que c’était un thème que je voulais aborder depuis longtemps, mais surtout parce que j’ai été confronté aujourd’hui, avec des collègues, à une manifestation de ma fameuse inculture. J’étais en train de dénigrer l’intérêt qu’a la ville de Lille de disposer d’un stade de football flambant neuf qui coûte les yeux de la tête aux contribuables, coût que bien peu de personnes dénonce, sans parler du marché de dupe passé dans le cadre du partenariat public-privé. Mes interlocuteurs, amateurs de foot, voulant néanmoins soutenir leur corporation pourtant définitivement indéfendable à tous points de vue (non, je n’exagère pas), ont évoqué le fait que le stade de foot servait aussi pour les concerts. Ah oui ? J’ai encore dénigré, prétextant que faire un spectacle musical dans un truc aussi immense était un non sens sur le plan visuel et acoustique, d’autant que sur le coup, je n’avais pas pensé que le stade avait un toit et des tribunes amovibles, options qui n’ont pas coûté du tout cher non plus. Cela ne change rien à mes yeux et à mes oreilles, je ne me verrais pas aller dans un machin pareil voir ou écouter quelque chose, à l’exception éventuelle de grands spectacles visuels qui occuperaient tout l’espace. Et à ce moment là, on m’a évoqué « Depeche Mode » qui était venu (ou devait venir ?). J’ai répondu que je ne connaissais pas « Depeche Mode ». Alors tout le monde m’a regardé avec des yeux ronds. Ou comment passer pour le dernier des cons. Dois-je avouer que j’avais déjà entendu le nom, sans néanmoins savoir à quoi cela correspondait ? Il y a des moments où je m’en moque tellement que de passer pour un vieux con ronchon est quasiment une fierté et où une certaine inculture musicale serait un étendard vertueux.

2 mars 2014

Dé-bor-dée !

L’autre semaine, un collègue, à la suite d’une autre collègue, a déposé des livres au travail afin que chacun puisse se servir à sa convenance (riche idée). Je suis tombé sur deux livres de Zoé Shepard. Le titre du premier m’a interpelé, alors j’ai lu la quatrième de couverture, ce qui m’a remémoré une chronique (voire une interview ?) journalistique sur France inter.

Le premier livre a valu à son auteur une suspension de travail de plusieurs mois. Elle est haut-fonctionnaire depuis 2007 dans une collectivité territoriale (Conseil régional d’Aquitaine), alors qu’elle avait pris un pseudonyme, avait placé l’action au sein d’une mairie et avait brouillé les pistes pour pas que l’on reconnaisse immédiatement le tableau qu’elle dépeignait, en particulier ses collègues de travail et leurs turpitudes. Hélas, un de ses amis (encore ami après ?) a reconnu son style et l’a « dénoncée ».

Le tableau, donc, est sévère, voire méchant, très méchant, mais souvent jubilatoire. Je fréquente des fonctionnaires territoriaux ou d’État et on m’a souvent rapporté des faits montrant l’extrême fainéantise des uns, la rare incompétence des autres ou encore les gaspillages d’argent public. Toutefois, ce que j’y ai lu dépasse quand même ce que je m’imaginais sur certains points. Est-ce exagéré ? Peut-être pas tant que ça ? Peut-être pas du tout ?

Cela se lit fort bien, comme un journal, présenté de jours en jours, d’heures en heures, parfois de minutes en minutes. Le ton est bien sûr sarcastique, moqueur à l’extrême. Seules une ou deux personnes trouvent grâce à ses yeux. On imagine que ses « bons » collègues ne sont pas mis en scène. Les dialogues se déroulent en deux temps : ce qu’elle dit ou ce qu’on lui dit et les commentaires « off » sur ce qui se passe dans sa tête à ce moment là, jamais flatteurs, toujours à charge. J’imagine qu’elle n’avait pas forcément toujours le temps de penser ça sur le coup, mais peu importe. Ce qui est ennuyeux quand même dans ce livre, c’est que la narratrice donne toujours l’impression d’être une donneuse de leçons, même s’il y a largement de quoi, ou de se moquer systématiquement des autres, ce qui serait gênant si cela n’était pas drôle par ailleurs. Une impression également que la narratrice se prend parfois au sérieux, mais en même temps, elle décrit quelques-uns de ses défauts. Et certaines de ses « victimes » finissent par apparaître sympathiques tant elles semblent définitivement naïves et nulles.

Finalement, un bon moment.

 

SHEPARD Z., 2010 – Absolument dé-bor-dée ! ou le paradoxe du fonctionnaire. Éditions Points, Paris [édition originale : Albin Michel], 307 p.

20 mars 2014

Brèves cornusiennes (23)

Lundi, peu avant l’heure à laquelle il aurait fallu que je parte pour être à l’heure à mon rendez-vous médical, un collègue débarque dans mon bureau, l’air décomposé. Je savais pourquoi. Depuis les environs du 20 janvier, il m’avait annoncé que son père, gravement atteint d’un cancer, ne passerait pas l’année. Il était malade depuis un an et demi et avait caché jusque là la gravité de sa maladie, ne voulant pas affoler la famille et espérant probablement une rémission. On lui avait annoncé une survie de 9 mois. Il aura tenu le double. Je m’attendais à la triste nouvelle, car dès le matin, mon collègue m’avait annoncé que c’était la fin. Son père, 59 ans, séparé de sa première femme, s’était installé en Ardèche avec une autre compagne et il était hospitalisé à Lyon. On est toujours démuni quand on nous fait une telle annonce, et je n’ai probablement pas su trouver les mots. Mais existe-t-il de bons mots ?

Je suis parti un peu en retard pour mon rendez-vous, mais peu importe. Et j’apprends dans la voiture que l’ancien chef du syndicat Force ouvrière était décédé. Je suis resté un instant dans le vague : mon collègue a le même patronyme. Il s’exprime fort peu sur des choses personnelles, mais comment aurait-il pu me cacher que son père était cet homme ? Je suis très rapidement revenu à la raison car l’âge ne collait pas. Et pas que l’âge, bien entendu, rien ne collait.Curieuse coïncidence en tout cas.


 J’ai conscience de passer un peu du coq à l’âne, de la gravité à l’anecdote.

Hier soir, c’était donc l’extraction de l’une de mes dents de sagesse, cariée sous un ancien plombage, mais qui heureusement jusque là, ne me faisait pas du tout souffrir. L’intervention n’a pas duré plus d’une demi-heure en tout, bien qu’il y ait eu une difficulté imprévue. En effet, cette dent avait trois racines (au lieu de deux habituellement), ce qui n’était pas visible sur la radiographie. Les bruits ont été assez terribles et la lutte assez acharnée. Une fraise a dû être remplacée durant l’intervention et cela a duré plus longtemps que prévu à cause de cette racine supplémentaire qui bloquait une partie de la dent récalcitrante. Du coup, le trou d’extraction a été plus important qu’à l’accoutumée. Mais je dois dire que contrairement à ce que je redoutais, je n’ai pas eu du tout mal. Un très léger picotement à un instant qui a été calmé immédiatement par une giclée d’anesthésiant. De ce côté-là, bravo. En revanche, je n’ai guère dormi de la nuit. Le stomatologue m’avait conseillé de ne pas travailler aujourd’hui et en effet, c’était une bonne idée. En revanche, demain, ce sera autre chose. L’après-midi, je pense qu’en réunion (extérieure), il ne faudra pas me chatouiller plus que de raison.

21 juin 2014

Pour une fois, je ne parle pas de mes collègues

Les collègues de Fromfrom ne sont pas tous des billes car il y en a quand même de rares sympas et compétents. Fromfrom me permettra d’en parler à sa place. Ce n’est peut-être pas parfaitement exact, mais c’est ainsi que cela m’apparaît. Je rêverais d’une chose : être enseignant quelques temps dans cette école, non pour enseigner, mais pour dire ce que je pense de cette majorité de crétins qui n’ont aucune conscience de l’ampleur de leur médiocrité et de la chance incroyable qu’ils ont d’être encore en poste.

Il y a d’abord la directrice. Lors d’un barbecue l’an dernier à l’occasion de la fin de l’année, je l’avais vue et j’avais pu en juger. J’en avais parlé ici et l’avais surnommée le crapaud. Le genre de personne qui se soucie exclusivement de sa propre personne et se moque carrément des autres, ou alors uniquement pour que les autres servent de faire valoir pour la mettre en valeur. Une valeur pourtant bien faible sur le plan humain, mais également sur le plan professionnel.

Au cours de cette année, avec les propos rapportés par ma chère et tendre, je ne puis qu’arriver à la même conclusion qu’elle : cette directrice est adepte du moindre effort. Comme tout le monde, pourra-t-on rétorquer. Eh bien non, pas comme tout le monde : elle s’arrange des jours, des semaines, des mois à l’avance pour faire en sorte de minimiser son travail effectif. Son travail de direction (mi-temps) ? Elle se décharge en totalité sur sa secrétaire et accessoirement sur la comptable. Son travail d’enseignante ? Elle surcharge l’enseignante stagiaire qui s’occupe de ses élèves de CM2 la moitié du temps. Au lieu de donner un coup de main à l’enseignante débutante, elle la stresse, lui met des bâtons dans les roues et lui reproche de ne pas avoir accompli le travail qui lui revenait à elle. Du coup, par défaut, c’est Fromfrom qui l’aide et fait office de référent. Nul doute que la « gamine » y gagne sérieusement au change.

Quand la « dirlote » fait cours dans sa classe, elle est systématiquement en retard (elle a toujours un coup de téléphone urgent à passer à la reprise du matin ou de l’après-midi), elle demande systématiquement à la secrétaire de faire les photocopies qu’elle aurait dû faire en temps et en heure et s’arrange pour faire venir les intervenants extérieurs (musique, arts plastiques…) pendant ses heures, ce qui lui permet de faire autre chose, ou plus exactement rien du tout. Surtout, elle pratique régulièrement l’abandon de poste. Mais elle, elle a le droit, elle est directrice.

Je n’insiste pas sur ses capacités de management qui sont absolument nulles. Elle est incapable de mener une réunion, incapable d’avoir un ordre du jour clair, d’évoquer des choses de fond. Les réunions ne sont qu’une succession de palabres et de parlottes inutiles. Trois heures pour traiter ce qui aurait pu l’être en vingt minutes. Et beaucoup de considérations non professionnelles. Bref du grand n’importe quoi. Dans le cadre de mon boulot, on fait des réunions (ou je vais à des réunions techniques à l’extérieur) et je me pose parfois des questions sur notre façon de procéder qui pourrait être améliorée, mais je constate qu’en réalité, mais et je dois me rendre à l’évidence : nous sommes toujours au moins 100 fois plus efficaces. Et qu’on n’aille pas dire que c’est parce qu’il n’y a pas d’enseignants dans mes réunions. C’est avant tout une question de savoir vivre, avant même un problème de savoir faire.

Il y a quelques semaines, l’enseignante stagiaire du mi-temps de la directrice a dû raccompagner un élève, particulièrement et notoirement insupportable, à sa place, une fois par le bras et une fois par le col. Que n’avait-elle pas fait là ? Oser toucher un élève. Ni une ni deux, le père va déposer une « main courante » à la police, déclarant que l’enseignante a voulu étrangler son fils. Ben voyons. En même temps, dans la même classe, les parents d’une autre élève s’étaient plaint de ladite enseignante (une autre élève connue depuis longtemps pour son insolence éhontée et son travail médiocre). Comme tous les enseignants, singulièrement Fromfrom, sont témoins de l’immense valeur de ces deux élèves, la drirlote convoque, en présence des ensignants, les parents des deux élèves en même temps. Tout ce qu’il ne fallait pas faire a été fait puisque bien entendu, les parents (pas la crème, assurément, mais plutôt au niveau des bas étages sans lumière) se sont confortés les uns les autres en se comportant d’une manière inadmissible et mettant en accusation l’enseignante stagiaire. La chose était plus que prévisible. Après ça, la dirlote a consulté les responsables de l’enseignement catholique et a décidé de rédiger un formulaire pour signaler un cas de violence d’une enseignante envers un élève. Oui, parce que la dirlote n’est pas du genre à couvrir ses enseignants, mais plutôt à les enfoncer, ne serait-ce que pour se couvrir elle-même, face à toute éventualité. Fromfrom en était malade. Cela m’avait mis en rogne par procuration également. Pour une fois, il y a eu un semblant de solidarité chez les autres enseignants qui ont finalement convaincu la dirlote de ne pas poursuivre sa démarche et ont rédigé des courriers pour dénoncer l’attitude des deux élèves qui ont un passif considérable depuis des années.

Je pense que j’en ai assez dit sur la formidable directrice de Fromfrom. Je passe sur une autre de ses collègues (surnommée la gourde) incompétente notoire qui est persuadée qu’elle est la seule à bosser, sur un collègue (surnommé Rantanplan) qui déroule ses cours sans chercher à savoir une seconde si ses élèves suivent ou pas. Et cet autre collègue, surnommé Averell, dont j’entends parler très souvent. Inutile de dire que le surnom ne rime pas particulièrement avec finesse et intelligence, mais beaucoup plus avec bêtise. Si cela n’était pas triste, ce serait drôle. Ce type, ne sait jamais où il en est, est particulièrement mal organisé, fait toujours tout à la dernière minute et surtout ne se souvient plus ce qu’il a dit ou ce qui a été décidé la veille. Fromfrom a mis quelques temps à comprendre, puis a constaté qu’il était systématiquement ronchon le matin et euphorique l’après-midi. Oui, il rentre systématiquement manger chez lui tous les midis, et surtout prendre sa dose d’alcool en apéritifs et bières.

Je pense en avoir suffisamment dit et ne pas avoir trop déformé la réalité. Fromfrom va quitter cette école de fous (elle est « virée » suite à une fermeture de classe) et ira dans une autre école. Par chance, c’est dans la même ville, mais malheureusement, la directrice n’a pas une bonne réputation. Mais peut-être qu’elle, fera son boulot correctement, ce qui serait déjà un plus.

1 avril 2014

Ceci n’est pas un poisson d’avril

Aujourd’hui, nous avons fait notre Conseil scientifique annuel, décentralisé près d’Amiens dans les locaux du centre de formation de l’Of*fice nat*ion*al de l’e*au et des mil*ieux aqua*tiques, autrement dit l’ex Con*seil sup*érieur de la pê*che, autrement dit, un des temples incontournable du poisson d’eau douce. Eh oui, cela est parfaitement exact, mais en même temps un peu dégradant de faire nager des botanistes au milieu des poissons.

7 septembre 2014

Quelques réponses sur ce que vous avez toujours voulu savoir sur la végétation

Pistes méthodologiques sommaires

La végétation peut être étudiée de diverses manières. On peut, par exemple, s’intéresser à la physionomie de la végétation, c’est-à-dire, à son apparence générale (formations végétales) en lien avec sa hauteur, son port, la gestion dont elle est l’objet : prairie, pelouse[1], forêt, fourré, lande[2], etc. On peut compléter ce descriptif sommaire en indiquant la ou les espèces dominantes au sein des formations végétales considérées : prairie à Arrhenatherum elatius (L.) P. Beauv. ex J. & C. Presl (Fromental, Avoine élevée), pelouse à Nardus stricta L. (Nard raide), forêt (chênaie) à Quercus robur L. (Chêne pédonculé) et Molinia caerulea (L.) Moench (Molinie bleue), fourré à Salix aurita L. (Saule à oreillettes), lande à Calluna vulgaris (L.) Hull (Callune). Cette « méthode » de caractérisation de la végétation est assez simple puisqu’elle ne requiert que la connaissance des espèces dominantes. Toutefois, elle est assez peu précise et ne permet pas de connaître les vraies potentialités écologiques du milieu.

On peut améliorer le descriptif par une ou quelques indications écologiques discriminantes comme l’humidité du sol, son pH, sa trophie (richesse en nutriments), le mode de gestion, etc. En poursuivant les exemples précédents, cela donne : prairie mésophile[3] de fauche à Arrhenatherum elatius, pelouse acidiphile[4] à Nardus stricta, forêt (chênaie) acidiphile mésohygrophile[5] à Quercus robur et Molinia caerulea, fourré hygrophile[6] acidiphile à Salix aurita, lande acidiphile à Calluna vulgaris. Cependant, cette caractérisation phytoécologique de la végétation implique une excellente connaissance de l’écologie de la totalité des espèces floristiques, considérées une par une (autoécologie) ou de manière globale au sein des communautés végétales[7] (synécologie). Ces connaissances ne peuvent être acquises qu’après une étude préalable de ces communautés végétales.

Parmi les méthodes utilisées, la phytosociologie est une des plus efficientes. Cette science, née il y a environ un siècle, se décline en plusieurs écoles dont les méthodes diffèrent quelque peu. D’une manière générale, la phytosociologie permet de caractériser précisément les communautés végétales que l’on appelle associations végétales. Une association végétale se définit comme un ensemble d’espèces caractéristiques, différentielles et compagnes. Il s’agit d’un objet théorique statistique qui est en quelque sorte la synthèse de plusieurs individus d’association (objets concrets relevés sur le terrain selon un protocole précis). La notion d’association végétale peut être comparée avec la notion d’espèce. Ainsi, une plante visualisée sur le terrain peut être rapportée à une espèce, alors même que les individus de l’espèce observés sur le terrain diffèrent tous plus ou moins par la forme. Il en est de même pour les individus d’association végétale qui diffèrent tous un petit peu, mais peuvent néanmoins être rapportés à une association (si un ou plusieurs individus ne correspondent pas à une association déjà connue, alors il y aurait peut-être lieu d’en décrire une nouvelle).

Comme les espèces se regroupent en genres, familles, ordres et classes, les associations font de même en se regroupant au sein d’alliances, d’ordres et de classes. Une alliance regroupe donc plusieurs associations relativement proches du point de vue de leur composition floristique. Sans glisser dans un cours de phytosociologie, on pourra néanmoins consulter le Tableau 1. Ce qu’il faut néanmoins retenir pour la suite, c’est que les noms scientifiques des communautés végétales en phytosociologie sont formés sur la racine des noms scientifiques latins des plantes les plus « typiques » des végétations considérées. Afin que cela puisse être compréhensible par le plus grand nombre, les descriptifs sont donnés systématiquement en français.

 

Tableau 1 - Mise en évidence des différents niveaux syntaxinomiques, des moyens de former les noms des syntaxons et comparaison avec les niveaux taxinomiques en botanique

Exemples taxons[8]

Botanique

(niveaux taxinomiques
=> taxons)

Phytosociologie

(niveaux syntaxinomiques
  => syntaxons)

Suffixe sur le   radical du nom de genre

Exemples syntaxons[9]

Dicotylédones

Classe

Classe

-etea

Querco   roboris-Fagetea sylvaticae   Braun-Blanq. & Vlieger in Vlieger   1937

Fagales

Ordre

Ordre

-etalia

Quercetalia   roboris Tüxen 1931

Fagaceae (Fagacées)

Famille

Alliance

-ion

Quercion roboris Malcuit 1929

Quercus L.   (chênes)

Genre

Sous-alliance

-enion

Quercenion   robori - petraeae Rivas Mart.   1975

Quercus petraea Liebl. (Chêne sessile)

Espèce

Association

-etum

Ilici   aquifolii - Quercetum petraeae Durin et al. 1967

Quercus petraea Liebl. subsp. petraea (Chêne sessile – sous-espèce type)

Sous-espèce

Sous-association

-etosum

Ilici   aquifolii - Quercetum petraeae   Durin et al. 1967 leucobryetosum   glauci

Indications écologiques

Afin de mieux cerner les indications écologiques mentionnées plus haut et par la suite, il est nécessaire de rappeler sommairement quelques terminologies. Les plantes et les végétations ne se répartissent pas au hasard, elles ont des affinités plus ou moins strictes vis-à-vis des différentes caractéristiques discriminantes du milieu.

Humidité du sol

Les termes désignent à la fois le milieu (sols), les plantes et les végétations qui s’y développent.

 

Tableau 2 - Termes caractérisant le degré d’humidité d’un sol, d’un milieu ou les préférences des plantes et des végétations

Plantes et   végétations

Description

hygrophile

qui affectionne des sols   très humides, très inondés

hygrocline

qui préfère des sols à   tendance humides

mésohygrophile

qui affectionne des sols   modérément humides, frais

mésophile

qui affectionne des sols   bien pourvus en eau mais sans excès

mésoxérophile

qui affectionne des sols   modérément secs

xérocline

qui préfère des sols à   tendance secs

xérophile

qui affectionne des sols   très secs

Richesse du sol

 

Tableau 3 - Termes caractérisant le degré de richesse d’un sol, d’un milieu ou les préférences des plantes et des végétations

        

  

Milieu    (eau, sol)

  
  

Plantes    et végétations

  
  

Description

  

hypereutrophe

hypereutrophile

eaux ou des sols (et les plantes et végétations qui   s’y trouvent) comportant des teneurs très importantes, voire excessives en   nutriments, en particulier les différentes formes assimilables de l’azote (azote   nitrique ou nitrates [NO3-], azote ammoniacal ou   ammoniaque ou ammonium [NH4+]) et du phosphore   (orthophosphates [PO43-]). Dans les eaux douces, ces   teneurs excessives engendrent des pollutions et d’importants   dysfonctionnements écologiques

eutrophe

eutrophile

qui affectionne des eaux ou des sols très bien   pourvus en nutriments assimilables

mésoeutrophe

mésoeutrophile

qui affectionne des eaux ou des sols assez bien   pourvus en nutriments assimilables

mésotrophe

mésotrophile

qui affectionne des eaux ou des sols moyennement   pourvus en nutriments assimilables

oligotrophe

oligotrophiles

qui affectionne des eaux ou des sols pauvres en   nutriments

hyperoligotrophe

hyperoligotrophile

qui affectionne des eaux ou des sols très pauvres en   nutriments assimilables

Notons également que les plantes et les végétations qui se développent sur des sols bien pourvus en azote (ammoniacal ou nitrique) sont dites nitrophiles – exemple typique d’Urtica dioica L. (Grande ortie).

pH du sol, teneur en carbonates de calcium

Bien que le pH du sol ne soit pas uniquement corrélé aux teneurs en carbonates [CO32-] et hydrogénocarbonates [HCO3-] de calcium (« calcaire »), il existe néanmoins un lien fort entre les deux. Un sol calcaire possède un pH basique ou alcalin et un sol siliceux possède un pH plus ou moins acide.

 

Tableau 4 - Termes caractérisant le degré d’acidité, d’alcalinité, de teneur en calcaire actif d’un sol, d’un milieu ou les préférences des plantes et des végétations

  

Milieu    (eau, sol)

  
  

Plantes    et végétations

  
  

Description

  

hyperacide

hyperacidiphile

décrit des eaux ou des sols à forte acidité (pH ≤ 4) et les plantes   et les végétations qui s’y développent

acide

acidiphile

qui affectionne des eaux ou des sols acides

à tendance acide

acidicline

qui affectionne des eaux ou des sols à tendance acide

neutre

neutrophile

qui affectionne des eaux ou des sols neutres

à tendance basique (ou alcaline)

à tendance calcaire

basicline
  calcicline

(neutrocalcicole)

qui affectionne des eaux ou des sols à tendance basique (alcaline) ou   neutre à calcaire

basique (alcalin)

calcaire

basiphile

calciphile (calcicole)

qui affectionne des eaux ou des sols basiques (alcalins) ou calcaires

Lumière

 

Tableau 5 - Termes caractérisant le degré de lumière perçu par un milieu ou les préférences des plantes et des végétations

Plantes et   végétations

Description

sciaphile

qui affectionne les   couverts ombragés

hémisciaphile

qui affectionne les zones   de demi-ombre

héliophile

qui affectionne les   stations de pleine lumière

 



[1] Formation végétale présentant une couverture végétale globalement assez rase et fournissant peu de biomasse. En général, les pelouses se développent sur des substrats et des conditions écologiques difficiles : sols secs, très calcaires, très acides, très humides, très pauvres, etc.

[2] Formation végétale dominée par des chaméphytes (végétaux ligneux dépassant peu 50 cm de hauteur), généralement sur sols acides et pauvres. Les landes sont souvent dominées par des bruyères et des genêts.

[3] Voir définition ci-après.

[4] Voir définition ci-après.

[5] Voir définition ci-après.

[6] Voir définition ci-après.

[7] Une communauté végétale est un ensemble de plantes se développant dans un lieu précis dans lequel on observe des conditions homogènes sur au moins trois plans : physionomique (une seule formation végétale), floristique et écologique.

[8] Un taxon est une unité indéterminée de la classification du vivant (espèce, genre, famille, ordre, genre, règne, etc.).

[9] Un syntaxon est une unité indéterminée de la classification phytosociologique.

16 juin 2014

Qui c’est çui-là, pour qui y s’prend ?

Depuis quelques années, je suis inscrit sur une sorte de plateforme de réseau social professionnel régional sur l’environnement. Je n’y interviens pour ainsi dire jamais, mais la semaine dernière, je vois arriver un message d’une association qui prône la plantation d’arbres en région, association connue pour son volontarisme, mais pas pour la profondeur de sa réflexion (ça, c’est moi qui le dis). Elle propose une « méthodologie simplifiée » pour prôner les plantations sur les territoires. L’association est soutenue par la Région pour contribuer à la Trame verte et bleue, donc à la biodiversité et à la naturalité. Très bien. Mais la « méthodologie simplifiée » oublie des points essentiels et en tant que « consultant » de la Région ès végétalisation, je me devais de réagir, autrement dit rappeler quelques points qui n’étaient pas forcément maîtrisés : le fait de ne pas boiser des milieux naturels présentant une biodiversité de milieux ouverts particulièrement intéressante, le fait de bien choisir les essences en fonction des milieux et le côté gadget incontrôlé des « bombes à graines ». Que n’avais-je pas écrit là ? Alors que j’étais resté neutre sans mettre quelqu’un en accusation (je voulais juste indiquer des amendements à la « méthodologie simplifiée » qui n’était à mon sens qu’une simple ébauche, j’ai déclenché un message particulièrement sarcastique voire carrément irrespectueux à mon égard. Et dans le même temps, certains de mes collègues, en réunion vendredi à Lille sur la problématique des sciences participatives se sont fait agresser : « qui c’est çui-là, pour qui y s’prend ? », jen passe et des bien pires. J’ai eu droit au couplet « on sait ce qu’on fait, on est professionnels, on a des référents sur le territoire ». En un mot, je n’ai pas à mettre mon grain de sel, on en sait plus que moi. Sauf que d’expérience, je sais que tous les contre-arguments présentés ne tiennent pas la route puisque les cas de déraillements sont légion. Et puis quand on est irréprochable, pourquoi on se sent à ce point visé ? Et pourquoi on devient agressif alors que l’on soumet un document au public, donc à la critique ? Peut-être que le problème vient du fait que jusque là, on avait dit que du bien de cette association qui jouit d’une certaine aura hyperbolique dans le microcosme bobo écolo lillois. Et quand on ose une remarque critique constructive, on sort les flingues. C’est fou, les anti-écolo que j’affronte plus régulièrement sont souvent bien moins chatouilleux.

29 septembre 2014

Brèves cornusiennes (29)

Mercredi dernier, j’avais rendez-vous pour la visite périodique à la médecine du travail. En passant avec l’infirmière pour le contrôle de la vue, je me suis rendu compte que pour la vue de près de l’œil droit, je n’arrivais plus à lire la plus petite ligne à 12/10. L’infirmière a néanmoins conclu que ma vue était normale. Réaction d’enfant gâté, mais j’ai néanmoins perdu. Quelques minutes plus tard, sans que je n’évoque la chose, le médecin s’étonne de ma vue encore bonne à mon âge.


Davantage au titre de délégué du personnel qu’à titre individuel, j’évoque ensuite la problématique de la maladie de Lyme dont plusieurs de mes collègues ont été touchés depuis quelques années, dont trois ces derniers mois (érythème migrant). L’homme a l’air de vouloir minimiser la chose et ne doute pas que la maladie serait reconnue comme maladie professionnelle si un cas venait à être avéré (ce dont on peut néanmoins douter, quand on est courant de certaines affaires où les économies prennent largement le pas sur la science et la prévention de santé publique). Chez les forestiers publics, la maladie est reconnue, mais nous n’avons pas la même envergure. Il m’a dit qu’ayant travaillé dans le cadre agricole, il n’a jamais été confronté à une telle obsession vis-à-vis de la maladie de Lyme et nous traite d’intellos. D’une part, il n’a pas compris que le monde agricole est beaucoup moins exposé (il n’y a pas de tiques dans les cultures intensives, d’ailleurs, il n’y a rien). D’autre part, les élagueurs sont sans doute moins exposés et moins informés des risques. Par parenthèse, un de nos collègues a été victime d’un syndrome ayant été présumé comme celui de la maladie de Lyme (avec hospitalisation et séquelles non consolidées) sans que l’on puisse le démontrer. Et certains collègues ont gagné des antibiothérapies post-érythème qui n’ont pas été que des parties de plaisir. Mais on intellectualise. Il doit venir faire une réunion d’information, mais doit se renseigner avant. Il a intérêt, parce qu’il ne sait pas ce qui l’attend, car à ce stade, on est plus informé que lui. Pour information, même s’il y a des progrès récents du corps médical, il y a encore un sacré déficit de connaissance de la part de nombre de praticiens et les tests sanguins officiels ne sont pas opérationnels. Mais les choses sont en train d’enfin bouger.


19 novembre 2014

La grande invasion

Un livre, écrit par un écologue qui dénonce la lutte frénétique contre les espèces exotiques envahissantes, qu’elles soient animales ou végétales. Il ne fait pas que dénoncer, il indique par nombre d’exemples que la chose est insensée dans la mesure où ces espèces ne sont pas toujours aussi problématiques qu’on le dit. En dehors du contexte insulaire (encore qu’il y ait aussi des contre-exemples), les invasives peuvent aussi présenter des avantages indéniables dans le cadre de la mobilité que l’homme a imposé à des tas d’espèces, dans la recomposition d’écosystèmes dégradés par l’homme… L’auteur montre aussi à quel point les migrations d’espèces sont anciennes, qu’elles soient naturelles ou anthropiques, à tel point que les hommes ont souvent perdu le souvenir de leur introduction. Il montre aussi combien ces espèces peuvent être utiles à l’homme, voire à la nature elle-même. Il dénonce les attitudes de naturalité et de conservatisme extrêmes sur une planète soumise aux changements globaux et où la dynamique des dégradations, du réchauffement climatique, des réorganisations écosystémiques sont des réalités qui pèsent lourdement.

Je ne peux détailler davantage les arguments avancés qui sont parfois intéressants, parfois moins. Je regrette que l’auteur ne donne pas plus de détails dans les exemples fournis, qu’il ne précise pas toujours scientifiquement de quelles espèces il parle (il y a parfois des ambiguïtés), qu’il ne dénonce pas clairement la dispersion de certaines espèces invasives, qu’il ne s’en prenne pas vivement aux désordres écologiques majeurs qui favorisent ces nouvelles venues, dégradations environnementales beaucoup plus graves et profondes que les espèces en question qui ne sont finalement que des sentinelles des dysfonctionnements. Un livre agaçant aussi parce qu’il a un peu tendance à donner des leçons et à mettre certaines catégories de scientifiques dans les mêmes sacs. C’est sans doute un peu vrai, mais un peu réducteur.

Mais en définitive, un livre intéressant, car pas vraiment consensuel et qui apporte des éclairages nouveaux.

TASSIN J., 2014. - La grande invasion. Qui a peur des espèces invasives ? Éditions Odile Jacob, 216 p.

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