De 2013 à 2014 (5) : cheveux [hors série]
Je ne vais pas dire que j’ai un complexe avec mes cheveux, mais je n’en suis peut-être pas si loin.
Quand j’étais gamin, mon père m’emmenait chez son coiffeur pour hommes qui avait son salon dans le quartier où il avait passé sa jeunesse, c’est-à-dire en bas de chez ma grand-mère. C’était déjà un homme d’un certain âge. En grandissant un peu, mes épis, un à l’arrière de la tête et surtout un énorme devant, absolument indomptable, faisaient beaucoup causer. Le coiffeur avait décidé de me coiffer avec la raie au milieu, ce qui vu avec un minimum de recul, était une horreur absolue. Et surtout, mes cheveux alors très abondants, et surtout excessivement raides, avaient tôt fait de revenir dans une autre position d’équilibre, surtout que je ne mettais pas de gel ou de laque (cela ne se faisait pas à l’époque par chez nous, surtout pour des gamins, et quand bien même, je ne me serais moi-même jamais astreint à ce genre de choses). Et il était hors de question de couper les cheveux de mon épi de devant, d’autant qu’on m’avait dit, de façon fort sympathique que j’avais un trop grand front. Un épi qui me vaudra à l’école primaire et au collège le surnom de Tintin, entre autres qualificatifs, moins glorieux qui m’étaient donnés pour d’autres raisons liées à mon caractère ou à ma façon d’être.
Une fois, pour tester d’autres possibilités de coupes de cheveux, ma mère m’avait emmené chez sa coiffeuse, qui m’avait littéralement massacré avec une coupe en escaliers (non volontaire car j’ai vu depuis que cela se pratiquait à dessein). Il avait alors fallu le lendemain m’emmener corriger le tir chez le coiffeur habituel. Plus tard, le coiffeur en question ayant pris sa retraite, je dus aller chez un autre qui, sans corriger les défauts d’implantation pour lesquels on ne peut pas faire grand-chose, eut néanmoins la bonne idée de pratiquer une coupe plus sobre et fort simple qui est encore dans les grandes lignes celle que je fais réaliser aujourd’hui.
A partir du lycée et particulièrement la classe de première, je ne fus plus l’objet de railleries ouvertement assumées sur mon physique ou d’autres choses. Et il faut dire que ma coiffure était vraiment passe partout par comparaisons avec certaines excentricités qui se pratiquaient volontiers chez les individus de mon âge.
Je fais un saut dans le temps et je me retrouve au service militaire à 24 ans. Bien que passé par la case coiffeur quelques jours avant l’incorporation, je me retrouve tondu uniformément à quelques millimètres dès le premier jour. Ma densité de cheveux avait déjà diminué, mais on ne pouvait pas encore parler de calvitie. Mais c’est à cette occasion que je m’aperçus que quelques rares cheveux blancs commençaient à apparaître sur les tempes.
Quelques années plus tard (28-29 ans), mes parents me font remarquer à juste titre que j’ai perdu beaucoup de cheveux et que ma calvitie est déjà bien entamée. Je retrouve effectivement régulièrement beaucoup de cheveux dans la douche. Je vais alors acheter dans une pharmacie un produit miracle que je trouvais excessivement cher à l’époque (300 francs), puis à la suite quelques flacons un peu moins chers qui venaient du supermarché. Que l’on attribue la chose au produit, à un miracle ou à autre chose, le fait est que la densité de mes cheveux n’a pas évolué depuis quinze ans.
J’aimerais avoir davantage de cheveux sur le dessus du caillou, mais je me satisfais de ma situation qui pourrait être bien pire compte tenu de la trajectoire qui s’était esquissée il y a quinze ans. Quant à mon aspect poivre et sel de plus en plus salé, cela ne déplaît pas à la principale intéressée, alors…