Qui c’est çui-là, pour qui y s’prend ?
Depuis quelques années, je suis inscrit sur une sorte de plateforme de réseau social professionnel régional sur l’environnement. Je n’y interviens pour ainsi dire jamais, mais la semaine dernière, je vois arriver un message d’une association qui prône la plantation d’arbres en région, association connue pour son volontarisme, mais pas pour la profondeur de sa réflexion (ça, c’est moi qui le dis). Elle propose une « méthodologie simplifiée » pour prôner les plantations sur les territoires. L’association est soutenue par la Région pour contribuer à la Trame verte et bleue, donc à la biodiversité et à la naturalité. Très bien. Mais la « méthodologie simplifiée » oublie des points essentiels et en tant que « consultant » de la Région ès végétalisation, je me devais de réagir, autrement dit rappeler quelques points qui n’étaient pas forcément maîtrisés : le fait de ne pas boiser des milieux naturels présentant une biodiversité de milieux ouverts particulièrement intéressante, le fait de bien choisir les essences en fonction des milieux et le côté gadget incontrôlé des « bombes à graines ». Que n’avais-je pas écrit là ? Alors que j’étais resté neutre sans mettre quelqu’un en accusation (je voulais juste indiquer des amendements à la « méthodologie simplifiée » qui n’était à mon sens qu’une simple ébauche, j’ai déclenché un message particulièrement sarcastique voire carrément irrespectueux à mon égard. Et dans le même temps, certains de mes collègues, en réunion vendredi à Lille sur la problématique des sciences participatives se sont fait agresser : « qui c’est çui-là, pour qui y s’prend ? », j’en passe et des bien pires. J’ai eu droit au couplet « on sait ce qu’on fait, on est professionnels, on a des référents sur le territoire ». En un mot, je n’ai pas à mettre mon grain de sel, on en sait plus que moi. Sauf que d’expérience, je sais que tous les contre-arguments présentés ne tiennent pas la route puisque les cas de déraillements sont légion. Et puis quand on est irréprochable, pourquoi on se sent à ce point visé ? Et pourquoi on devient agressif alors que l’on soumet un document au public, donc à la critique ? Peut-être que le problème vient du fait que jusque là, on avait dit que du bien de cette association qui jouit d’une certaine aura hyperbolique dans le microcosme bobo écolo lillois. Et quand on ose une remarque critique constructive, on sort les flingues. C’est fou, les anti-écolo que j’affronte plus régulièrement sont souvent bien moins chatouilleux.