Au sujet de cette note de Calyste concernant une émission littéraire dans laquelle Hubert Reeves et Jean d’Ormesson étaient les invités. Pas de réflexion profonde, juste une sorte de long commentaire.
De plus en plus, je me méfie des gens qui « passent bien » à la télévision ou à la radio, car tous n’ont pas le « fond » qu’ils laissent paraître. Il y a parfois des impostures. On interroge toujours les mêmes car ce sont de « bons clients ». Ainsi en va-t-il pour les artistes, les penseurs et les scientifiques. A-t-on un sujet d'actualité concernant les oiseaux ? On se précipite chez Alain Bougr1 du Bourg qui n’est pourtant nullement un scientifique ni un expert en « piafologie ». Je pense que dans le grand public, personne n’est en mesure de donner un nom de vrai chercheur ou d’expert en ornithologie. Il y a à peu près les mêmes exemples dans toutes les disciplines. En astronomie et en astrophysique, Reeves jouait le même rôle quand il était plus jeune (d’autres ont pris le relais depuis), mais lui au moins est un vrai scientifique à la base et c’est d'ailleurs quelqu’un que j’apprécie.
Ce propos n’est pas là pour discréditer les propos et l’intérêt des invités dont parlait Calyste, il s’agit seulement d’une remarque générale. Je ne veux pas dire non plus que les artistes et scientifiques « inconnus » sont totalement absents des médias, car je pense que cela n’est pas exact en général. Mais force est de constater qu’ils ne sont pas spécialement dans la lumière. Ils sont souvent relégués dans des émissions passant tôt le matin ou dans la journée sur des stations de radio ou des chaines de télévision hélas peu écoutées ou regardées. Tant mieux pour les auditeurs et téléspectateurs qui peuvent (ou plus exactement qui ont le loisir) d’écouter et regarder ou qui ne sont pas fatigués de leur journée. Tant mieux aussi pour les artistes et les scientifiques qui ont plus de dix secondes pour expliquer ce qu’ils souhaitent. Bon, je m’éloigne drôlement du sujet de Calyste. J’y reviens.
Au sujet de Jean d’Ormesson, je suis partagé. C’est incontestablement un « bon client », tout à fait « épatant » et c’est vrai cabotin et distrayant sans pour autant sombrer, il me semble, dans la médiocrité. Ses idées politiques, je ne les partage pas, pour ne pas dire que j’y suis farouchement opposé. Elles sont souvent franchement conservatrices et pourtant pointent çà et là des éléments davantage progressistes, comme on peut le lire dans certains de ses livres qui ne sont pas tous, loin s’en faut, des fictions. Cela m’avait frappé quand, encore assez jeune, j’avais vu la rediffusion du feuilleton télévisé de Jean Mazoyer tiré de Au plaisir de Dieu. Il faut dire aussi que le réalisateur était venu tourner dans l’usine où travaillaient mes parents parce qu’il y avait encore là de vieilles machines en accord avec celles de l’époque de l’action du roman, en l’occurrence des petits marteaux pilons encore en activité. Des ouvriers et employés y avaient aussi joué.
De l’écrivain, je n’ai lu de façon complète que La douane de mer et Le Rapport Gabriel, deux livres d’ailleurs assez semblables. Il ne s’agit pas de romans. On ne peut pas dire que j’ai aimé, pas détesté non plus ces livres « savants » qu’on ne peut pas faire non plus des livres de chevets. J’ai essayé La Gloire de l’Empire, mais j’ai vite abandonné, n’appréciant pas l’univers décrit. Je n’ai lu que des passages de Au plaisir de Dieu qui sont parfois assez jouissifs, mais j’avoue que j’ai eu du mal à me retrouver dans les personnages. En résumé, à quelques exceptions, je ne peux pas dire que l’on puisse lire les livres de Jean d’Ormesson par pur plaisir, même si l’on y trouve des choses intéressantes pour sa culture personnelle.
En conclusion, il est aussi vrai que j’ai plaisir à écouter Jean d’Ormesson, mais essentiellement pour son « numéro » et non pour son œuvre ou certaines de ses idées. Au sujet d’Hubert Reeves, je n’ai lu que des extraits de ses livres (assez anciens) dans des bibliothèques (ouvrages de vulgarisation en astronomie). J’avais été assez surpris quand il était devenu président de l’association environnementaliste et opposante dans son appellation. Sous son impulsion, l’association, que je connais assez peu, possède désormais, un nom beaucoup plus positif.