Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire depuis les débuts de ce blog, la cathédrale Saint-Lazare d’Autun m’est familière depuis ma plus tendre enfance et a toujours suscité en moi des émotions que j’aurais peine à décrire.
Mes impressions sur cet édifice furent d’ailleurs longtemps et largement trompeuses puisqu’il est habillé d’éléments gothiques, à commencer par la flèche de la croisée du XVe s., financée par le cardinal Jean Rolin, fils de Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon. Cette flèche n’est sans doute pas complètement exceptionnelle par rapport à nombre d’édifices gothiques de la même période, mais elle m’a longtemps impressionné et je continue de la trouver remarquable car sa hauteur (elle culmine à plus de 77 m) lui confère une stature indéniable, renforcée par le fait qu’elle occupe un point haut de la ville, ce qui la rend visible à des kilomètres, notamment lorsqu’on arrive dans la ville par les routes septentrionales. Et elle structure très clairement la ville.
Ce n’est qu’au début des années 1980 que j’ai découvert dans un manuel d’histoire du collège, puis dans l’encyclopédie à la maison, que la sculpture romane des tympan, chapiteaux et linteau étaient de Gislebertus et étaient mondialement réputée.
Je me souviens d’avoir souvent vu des échafaudages autour de la cathédrale, mais c’et à la fin des années 1990 que fut restauré le toit. L’ancien était beaucoup plus plat que l’actuel et était assez peu visible d’en bas. Je pense d’ailleurs que cette restauration avait dû se traduire par une importante surrélévation de la maçonnerie du pignon de la façade « occidentale » (en réalité nord-nord-ouest).
La flèche fut restaurée ensuite (fin des années 1990). Elle n’était pas en mauvais état. Le chœur romano-gothique le fut avant le milieu des années 2000, mais j’ignore quand précisément. Le chevet fut restauré avant 2010, tout comme le narthex et le tympan. Puis vinrent le tour des chapelles du chœur et des chapelles latérales. Et enfin, le clou du spectacle, la nef et les bas-côtés. Le revêtement des voûtes de ces derniers tombait, ce qui avait obligé la pose de filet il y a plus de 15 ans de ça.
En cette quasi-veille de 15 août 2019, les travaux de la nef sont en voie d’achèvement, ce qui a permis de l’ouvrir de nouveau au public. Dès que j’ai appris cela dans le journal du jour (dimanche après-midi), nous avons décidé qu’il fallait descendre voir ça sans plus attendre ! Depuis bien plus de dix ans, j’étais dans l’attente de cette restauration, en espérant que l’on s’approcherait un peu de ce qui a été effectué à Paray-le-Monial. Et à vrai dire, j’avais peur d’être déçu par le résultat (pas assez clair, couleurs trop criardes) et là, c’est tout le contraire. En ce milieu d’après-midi assez gris et couvert, nous fûmes frappés par la lumière et la couleur de cet ancien univers sombre et gris. Certes, l’éclairage a été refait, mais ce n’est pas que cela qui explique le miracle observé. Tout a été nettoyé et repeint, avec des voûtes blanches, à l’image du chœur et les joints des pierres sont à présents soulignés (l’étaient-ils à l’origine ?) dans la nef, mais pas dans les bas-côtés. Des frises sculptées sont même polychromes.
Bien que les échafaudages n’aient pas encore été tous retirés, voir cela a été l’occasion d’une forte émotion et un grand plaisir. Seules les chaises les plus proches de la croisée ont été remises en place ; j’espèrerais qu’on n’en remette pas beaucoup plus, ni qu’on remette en place les anciens pupitres ou tables moches à l’entrée, ainsi que diverses bondieuseries laides à faire rater une couvée de singes. Mais là, je rêve…
Voilà donc des photos de la plus belle cathédrale du monde !
Pour Calyste (et les autres)
Statues funéraires de Pierre Jeannin et de son épouse Anne Guénot. A l’époque du roi Charles IX (et de sa mère Catherine de Médicis), fut décrété le 24 août 1572, le funeste massacre de la Saint-Barthélemy contre les protestants. On rapporte que Pierre Jeannin, alors président du Parlement de Bourgogne avait dit : « il ne faut point trop se hâter pour obéir aux souverains en colère ». De cette façon, il n’y eut pas de massacre de la Saint-Barthélémy en Bourgogne (cela n’empêcha pas avant et après des répressions sanglantes des protestants en Bourgogne, mais ce n’était pas organisé et systématisé). Pierre Jeannin fut également par la suite conseiller du roi Henri III puis surtout diplomate et ministre (surintendant des finances) d’Henri IV.