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Cornus rex-populi

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15 juillet 2019

Mes initiateurs (7)

Comme je n’avais pas de directeur de thèse spécialisé dans mon domaine, comme le professeur de Grenoble partait à la retraite, je dus trouver une autre personne. Ce fut ainsi que je fis la connaissance d’une spécialiste des forêts (alluviales au départ) à l’université de Metz. Avec elle, j’allais entrer encore dans une autre dimension. La dimension de l’architecture forestière, celle d’un botaniste célèbre (dont j’ai déjà parlé ici et ) et de quelques autres. Ces concepts que je découvrais à ce moment-là, j’en fis un chapitre dans ma thèse après l’avoir mis en œuvre sur le terrain. Cette personne m’ouvrit donc un nouvel univers fertile, mais je ne suis pas allé beaucoup plus loin, compte tenu de son éloignement géographique, mais également parce que j’avais du mal avec elle. En effet, c’est une personne qui a trois idées à la seconde, me harcelait de questions dont elle n’écoutait pas les réponses, avait des idées très arrêtées et sans nuances. Elle avait certes raison en théorie, mais tort en pratique et à l’usage, se fâchait avec beaucoup de monde (elle ne se fâchait pas beaucoup de son côté, mais les autres la prenaient pour une personne avec laquelle il n’est pas possible de discuter). Bref, une personne intéressante à petites doses mais difficile à vivre au quotidien. D’ailleurs, j’en sais quelque chose puisque nous étions allés dans le delta du Danube ensemble durant une petite quinzaine de jours. Ce qui m’agaçait aussi, c’est que sur l’autel des idées scientifiques novatrices, elle sacrifiait une certaine rigueur et une certaine précision, ce qui ne me convient pas, car à la longue, on peut finir par raconter de belles conneries. Je lui accorde néanmoins le crédit d’avoir vécu plusieurs vies bien remplies. Son mari fut organiste à la cathédrale de Strasbourg, chef de l’orchestre de Rennes puis itinérant un peu partout en Europe depuis. Elle fut elle-même musicienne dans un orchestre, violoncelliste me semble-t-il et c’est elle qui me parla de Fré*dér*ic L*od*é*on qu’elle connaît bien. Elle quitta la musique pour soutenir enfin sa thèse sur les forêts alluviales du Rhin et s’engager uniquement sur sa carrière universitaire.

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14 juillet 2019

Mes initiateurs (6)

Compte tenu des péripéties assez épiques qui ont présidé au montage administratif et financier de ma thèse (je pense en avoir déjà parlé il y a longtemps), ayant conduit à ce que je porte moi-même mon sujet de thèse (ce qui n’arrive jamais en sciences visiblement), je ne pus être rattaché à un laboratoire de recherche de l’université de Tours que de manière assez cryptée. Le directeur de thèse auquel j’étais rattaché était professeur d’université depuis longtemps et avait travaillé dans sa jeunesse en biologie du développement, autrement dit en embryologie et était à ce titre spécialiste des amphibiens. C’est d’ailleurs sous cette spécialité que je l’avais connu comme enseignant à l’Institut universitaire de technologie de Tours dont il fut longtemps le directeur. Touche à tout, passionné par les fleuves (dont la Loire) et les milieux aquatiques, il créa au tout début des années 1990 de nouvelles formations en Ingé*nierie des m*ilie*ux aq*uat*iques et des co*r*rid*ors fl*uvia*ux (I*M*A*C*O*F) d’abord en formation continue puis bac + 4 puis bac + 5. Je fus de la deuxième promotion bac + 4 (pas encore de bac + 4 à l’époque). Cette formation était révolutionnaire à l’époque et d’un haut niveau, ce qui a fait qu’elle a connu (et connaît toujours) une grande popularité chez les employeurs voulant disposer de bons professionnels car elle est très pluridisciplinaire et appliquée. Cette formation est d’ailleurs intégrée depuis cinq ans dans une école d’ingénieurs « polytech ». Bon, le côté pionnier et innovant n’est plus vraiment là, mais c’est la rançon d’un vrai succès. En clair, mon responsable de formations puis mon directeur de thèse (que j’évoque dans les épisodes 3 et 4 notamment), n’a pas été un « initiateur » en termes de botanique, mais sa présence à jalonné de manière continue mes études universitaires et a été beaucoup lié à ma réussite, même s’il n’était pas toujours simple de travailler avec lui (pas toujours organisé), mais je ne dus jamais en souffrir à mon niveau.

13 juillet 2019

Mes initiateurs (5)

Grâce à la personne évoquée dans l’épisode 4, j’ai été amené à connaître, dans le cadre de mon DEA un professeur d’université à Grenoble qui avait énormément travaillé sur les végétations alluviales du Rhône et de ses affluents. Ce fut pour moi une belle découverte, celle de l’écologie fonctionnelle et de l’écologie du paysage appliquée. Ses travaux ainsi que ceux de ses collaborateurs faisaient passer les travaux anciennement menés sur la Loire comme singulièrement archaïques et incomplets. J’allais justement suivre le chemin tracé par le Grenoblois. J’ai donc « appliqué » sans vergogne certains principes du Rhône à la Loire. Cela n’était pas facile, car on partait pratiquement de zéro, alors qu’il y avait vingt ans de recherches pluridisciplinaires derrière nous sur le Rhône. Cet homme, qui prit peu de temps après sa retraite (il ne pouvait pas être mon directeur de thèse pour cette raison) était une personne très humble et avait eu un parcours un peu atypique puisqu’il était de formation littéraire au départ, on le ressent d’ailleurs à la lecture de sa thèse d’État. Il avait déclaré en plaisantant un jour « Je suis comme Marcel Proust, je ne sais jamais comment je vais finir une phrase ». Il était le « patron » du laboratoire d’écologie alpine, mais n’avait pas été du tout aidé par son ancien chef entré à l’académie des sciences, alors qu’il aurait pu (dû) asseoir Grenoble comme LE pôle d’écologie alpine à l’échelle européenne. Plus tard et bien que « retiré des affaires », je lui enverrai la version minute de ma thèse, qu’il approuvera.

12 juillet 2019

Mes initiateurs (4)

J’allais bien sûr accepter de donner des cours. Ce n’était vraiment pas évident pour moi, car je n’avais aucune expérience spéciale, aucun support. Je devais tout inventer et j’avais peu de temps pour le faire. Je dois dire que la première année où je le fis, c’était très artisanal et très largement improvisé. Depuis cette période, j’ai pris l’habitude de pas mal improviser, en faisant en sorte d’inventer ce que je ne savais pas ! Non, c’est faux, je ne suis jamais allé tout à fait jusque-là ! Je me servis de quelques bribes prises çà et là dans des livres et en me remémorant mes cours. Heureusement, il y avait le terrain, et là j’étais à l’aise pour montrer les plantes aux étudiants et leur expliquer des choses in situ.

Pendant ce temps-là, le responsable de la formation, qui devint plus tard mon directeur de thèse, m’ouvrit les portes pour un entretien avec une personne qui avait le projet de recruter quelquun pour réaliser une étude sur la Loire. Parmi les deux jeunes en lice, je fus sélectionné. Cette personne, localisée à Orléans depuis peu (elle venait d’Aix-en-Provence), me fit découvrir d’autres facettes de l’écologie scientifique, tant et si bien que j’ajoutais d’autres cordes à mon arc.

Cette personne n’était pas un botaniste aussi complet que celui de ma « révélation » (épisode 3), mais il avait les qualités suivantes :

  • des compétences importantes à la reconnaissance des graminées, notamment au stade végétatif. Avant lui, j’étais assez médiocre et le fait de m’avoir aiguillonné (« déterminer des graminées pour mes longues soirées d’hiver ») m’a fait énormément progresser ;
  • des connaissances globales dans de nombreux domaines de l’écologie ;
  • des exigences importantes en termes de qualité de travail, tant sur le fond que sur la forme. C’est grâce à lui que je suis devenu professionnel et plus tard, je me suis servi de son modèle lorsque je fus à mon tour en responsabilité ;
  • un caractère tranquille et bienveillant invitant naturellement aux relations amicales.
11 juillet 2019

Mes initiateurs (3)

Lors de ma troisième année universitaire, j’eus deux enseignants de botanique :

  • le premier, venant de l’extérieur, très bon pédagogue pour les débutants, avec lequel nous fîmes aussi quelques sorties de terrain. Rapidement, il me demanda de ne pas dire (à lui et aux autres) ce que nous trouvions sur le terrain, car de fait, on perdait tout le « suspense » de la détermination ;
  • le second, interne à l’université, était quelqu’un qui mettait la barre nettement plus haut. Je pense que durant ses enseignements en salle ou sur le terrain, nous étions deux (ou trois ?) à suivre véritablement et à capter tout ce qu’il disait. Autrement dit, ce n’était un bon enseignant que pour les personnes qui avaient déjà un bon bagage. Le responsable de la formation s’en aperçut et il fit revenir le premier enseignant l’année suivante (ce qui ne me servit à rien puisque j’avais personnellement largement dépassé ce stade).

Ce second enseignant, fut une véritable révélation pour moi, le mot n’est pas trop fort. Une révélation à plusieurs niveaux : il avait l’art de nous raconter les caractéristiques physiques et écologiques des espèces, leur éventuelle rareté, la nécessité de leur préservation. Il a fait naître en moi une furieuse envie de découvrir toutes les plantes vasculaires d’un territoire, y compris les plus modestes, les plus « invisibles ». Et l’envie de les protéger. Je pense que c’est avec lui que j’ai commencé à apprendre mon « sixième sens de la botanique », autrement dit la capacité à détecter des signes de l’intérêt floristique d’un site par quelques indices « insignifiants » qui ne parlent pas au botaniste « ordinaire ». En même temps, je pensais que la botanique était quelque chose d’extrêmement complexe dont l’apprentissage était un processus particulièrement long et difficile. Et effectivement, lorsque je fis mon projet d’étudiant avec lui (étude d’un bord de Loire), je me rendis compte combien mes connaissances acquises en botanique, y compris sur le terrain, étaient insuffisantes pour réaliser des inventaires de qualité professionnelle. En effet, outre la difficulté liée à l’exercice, je m’aperçus assez vite que les bords de Loire comportaient des tas d’espèces peu communes ailleurs avec beaucoup d’exotiques dont on ne trouvait pas trace dans les livres « ordinaires ». Ce fut donc très difficile. Néanmoins, l’enseignant, même s’il ne m’en n’avait rien dit, avait parlé de moi à quelques collègues, dont mon ancien responsable de formation, de sorte que plus tard, ce dernier n’attendit pas que je sois libéré de mes obligations militaires pour contacter mes parents pour me demander  si je pouvais faire des inventaires floristiques dans le cadre d’une étude réalisée par une agence d’urbanisme dans la vallée de l’Indre. Puis, moins de deux mois plus tard, pour me demander de donner des cours de botanique à des stagiaires de formation continue…

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10 juillet 2019

Mes initiateurs (2)

Mon deuxième contact, cette fois-ci très sérieux, avec la botanique fut à la fin de ma première année universitaire, à l’occasion de cours de botanique descriptive et de terrain où nous déterminions avec la « flore Bonnier » des plantes fraiches. La « flore Bonnier », une référence dont la première édition remontait au début du XXe s., qui se voulait complète (elle ne l’a jamais été), était pleine de défauts mais avait l’avantage d’être simple d’utilisation, portative et accessible pour la bourse des étudiants. Deux enseignantes remarquèrent vite mes aptitudes à la reconnaissance des espèces et en furent assez épatées. A ce titre, ces personnes ne sont pas à proprement parler des « maîtres », mais bien des initiatrices. Après cela, on nous demanda de faire un herbier, le seul véritable que je fis d’ailleurs. L’année suivante, dans le groupe d’étudiants, je fus naturellement le « préposé » aux inventaires floristiques des sites que nous fûmes amenés à étudier. Il y eut également des cours de phyto*soci*ologie, ce qui m’avait pas mal épaté, mais curieusement, je n’approfondis pas la chose plus que cela. Il faut dire que ce qui m’avait attiré dans cette formation, c’était davantage l’hydrobiologie et en particulier l’étude des poissons.

L’année suivante, je poursuivis donc des études dans le domaine des milieux aquatiques, mais pas spécialement pour la botanique.

9 juillet 2019

Mes initiateurs (1)

Ce premier épisode ne concerne pas un maître ou un initiateur, mais une première expérience qu’il ne faut pas négliger.

Ma première découverte de ce qu’on peut appeler la botanique des plantes sauvages fut à l’occasion d’une exposition de la Société d’horticulture de RDG dont mon père était membre et dont le trésorier était un voisin et collègue de travail de mon père. L’exposition se déroulait au rez-de-chaussée de la salle des fêtes de la ville et portait essentiellement sur les mauvaises herbes des jardins (sous forme de plantes fraiches). Je devais avoir une douzaine d’années tout au plus. C’est là que j’appris que les « choux-gras » étaient des chénopodes et les « rangues » des rumex.

La même année (ou au printemps suivant ?), le président et le trésorier de ladite société, de passage au domaine du dragon terrassé m’apprirent également l’existence de quelques autres espèces sauvages dont j’ignorais encore le nom : des renoncules et des carex. Je me souviens qu’ils utilisaient un guide illustré pour identifier les espèces qu’ils voyaient.

Tout cela ne fait pas une vocation, d’autant que je n’étais pas allé plus loin avec eux. Mais je pense que vu avec le recul, ces deux épisodes, aussi anodins puissent-ils paraître, avaient posé un minuscule embryon de curiosité, mais qui entrerait en dormance.

5 juillet 2019

Cornus 1998

Au sujet de mes travaux scientifiques, certes bien modestes, j’ai toujours été frappé par la rapidité avec laquelle ce que j’avais conclu un jour était remis en cause quelques mois à peine plus tard, certes souvent par moi-même. Aussi, suis-je admiratif devant les travaux de certains auteurs dont les écrits restent entièrement valables (ou presque) des décennies (voire davantage) plus tard.

Néanmoins, pour me contredire moi-même, j’ai quand même pu constater qu’un travail que j’avais réalisé en 1998, avant le démarrage de mon travail officiel de thèse a servi de référence unique et continue durant 18 ans, avant qu’il ne soit dépassé par un travail prenant en compte les apports ultérieurs, sans toutefois remettre en cause mon travail et en conservant l’essentiel de la structure. Bien évidemment, si j’avais moi-même continué de travailler sur la Loire (puisque cela la concerne) après 2002, j’aurais sans doute été mon propre contradicteur et nul doute que je n’aurais pas attendu 18 ans pour me remettre en cause.

J’ai été surpris que mon travail de 1998, qui ne se voulait pas indépassable, ait fait parler de moi à ce point, alors qu’il ne s’agit pas d’un livre, mais juste d’un rapport, semble-t-il très diffusé jusqu’à une période très récente. Tant et si bien qu’il a quelques semaines, une personne qui m’appelait pour une toute autre problématique, finit par me demander si c’était moi l’auteur de Cornus 1998. Un nom et un millésime en somme. Mais l’homme au bout du fil était vraiment ravi d’avoir parlé au Cornus du Cornus 1998.

Ces propos vont peut-être paraître un peu ridicules ou sans grande importance, mais moi, je trouve çà amusant.

23 juin 2019

Brèves cornusiennes du 23 juin 2019

Mon père est passé en phase intensive de rééducation depuis jeudi. Cela progresse, même si c’est « dur » pour lui.


 

Fromfrom est toujours dans une situation dégradée et stable. Mais au moins elle touche désormais un complément de salaire par la prévoyance (mi-traitement imposé précédemment de manière bureaucratique et sans fondement).

15 juin 2019

Brèves cornusiennes du 15 juin 2019

Nous avons donc passé le week-end de pente (plus un jour) chez mes parents dans la Loire pour aller voir mon père à l’hôpital pour l’opération de son second genou, un an après le premier où cela avait un peu dégénéré. Cette année, cela s’est bien passé, cela suit son cours normalement. Dix jours après l’opération, il aurait dû quitter le service de chirurgie, mais suite à une erreur, il reste encore jusqu’à la fin de la semaine prochaine, le temps qu’une place se libère dans l’établissement de convalescence. Tout va bien de ce côté. Du côté de chez ma mère, cela ne s’arrange pas, au contraire. Sa mémoire est toujours plus défaillante. Ma tante (sœur de mon père) est à la maison heureusement et le relais sera pris demain par mon oncle et ma tante de l’autre côté.


Fromfrom avait revu le spécialiste du genou juste avant le week-end. Cela ne s’arrange pas. Il veut qu’elle aille voir le spécialiste de la douleur, mais le rendez-vous n’est pas avant le 26… août ! Nous avons revu le médecin traitant ce matin pour le prolongement de l’arrêt d’un mois. Elle dit qu’au train où vont les choses, elle risque fort de ne pas reprendre le travail pour la rentrée ! D’un autre côté, le médecin mandaté par le rectorat souhaite revoir Fromfrom pour vérifier si son arthrose et l’accident qu’elle a eu il y a 7 ans en se faisant renverser par une voiture n’est pas la cause de ses problèmes : tout ça pour tenter de dire que sa chute au travail n’est pas un accident de travail mais une maladie. Le plus scandaleux est que le rectorat, avant même qu’elle ait vu le médecin mandaté avait décidé, de toute son autorité administrative arbitraire et post-soviétique bureaucratique et technocratique de la mettre à mi-traitement. Avec le syndicat, elle va faire intervenir l’avocate, seule solution pour être prise au sérieux, ce qui est quand même extrêmement malheureux.


Au boulot, on continue de divorcer, de se remettre en couple et d’avoir des gosses… Ce qui m’a fait marrer en début de semaine dernière, c’est qu’une de mes collègues, en train de divorcer avec son mari (avec lequel elle a eu un enfant et qui est un autre collègue d’un autre service, va avoir un enfant avec un autre collègue, son subalterne, lui-même divorcé et père de deux enfants. C’est très simple la recomposition qui va s’opérer ! Bon, en m’annonçant ça, elle était toute penaude et j’ai l’impression qu’elle redoutait ma réaction. En fait, je n’ai pas été spécialement étonné et ce n’est pas vraiment mon problème. Je me suis simplement dit que cela allait encore faire un couple au boulot, mais ce n’est pas rare en fait, il y en a déjà eu plein chez nous (ce sera le seul en ce moment, à moins que j’ignore des choses). Et puis en parlant de ça avec Fromfrom, je me suis souvenu que mes parents était un couple qui s’était formé au travail aussi.

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