Mes initiateurs (4)
J’allais bien sûr accepter de donner des cours. Ce n’était vraiment pas évident pour moi, car je n’avais aucune expérience spéciale, aucun support. Je devais tout inventer et j’avais peu de temps pour le faire. Je dois dire que la première année où je le fis, c’était très artisanal et très largement improvisé. Depuis cette période, j’ai pris l’habitude de pas mal improviser, en faisant en sorte d’inventer ce que je ne savais pas ! Non, c’est faux, je ne suis jamais allé tout à fait jusque-là ! Je me servis de quelques bribes prises çà et là dans des livres et en me remémorant mes cours. Heureusement, il y avait le terrain, et là j’étais à l’aise pour montrer les plantes aux étudiants et leur expliquer des choses in situ.
Pendant ce temps-là, le responsable de la formation, qui devint plus tard mon directeur de thèse, m’ouvrit les portes pour un entretien avec une personne qui avait le projet de recruter quelqu’un pour réaliser une étude sur la Loire. Parmi les deux jeunes en lice, je fus sélectionné. Cette personne, localisée à Orléans depuis peu (elle venait d’Aix-en-Provence), me fit découvrir d’autres facettes de l’écologie scientifique, tant et si bien que j’ajoutais d’autres cordes à mon arc.
Cette personne n’était pas un botaniste aussi complet que celui de ma « révélation » (épisode 3), mais il avait les qualités suivantes :
- des compétences importantes à la reconnaissance des graminées, notamment au stade végétatif. Avant lui, j’étais assez médiocre et le fait de m’avoir aiguillonné (« déterminer des graminées pour mes longues soirées d’hiver ») m’a fait énormément progresser ;
- des connaissances globales dans de nombreux domaines de l’écologie ;
- des exigences importantes en termes de qualité de travail, tant sur le fond que sur la forme. C’est grâce à lui que je suis devenu professionnel et plus tard, je me suis servi de son modèle lorsque je fus à mon tour en responsabilité ;
- un caractère tranquille et bienveillant invitant naturellement aux relations amicales.