Voici le retour très inattendu (y compris de moi-même) du Cépiau. Pour les épisodes précédents voici les liens :
Le Cépiau (1)
Le Cépiau (2)
Le Cépiau (3)
Le Cépiau (4)
Le Cépiau (5)
Le Cépiau (6)
Trois jours plus tard, le facteur, qui débutait sa tournée tôt le matin, trouva le Cépiau versé* dans un fossé au bord du chemin de terre qui longe la Canche à quelques kilomètres du bourg.
A midi, lorsque Maurice arriva au bourg pour retrouver le Cépiau, il trouva un attroupement devant l’atelier. Lorsqu’il apprit enfin la nouvelle, il fut totalement abattu. Chancelant, il reprit sa camionnette et regagna la ville à 20 km/h dans les descentes.
Comme la gendarmerie bénéficiait d’excellents limiers, on leur confia l’enquête : Roger Thouvial (le fils d’Emmanuel, lui-même gendarme qui avait pourchassé en vain, pendant l’entre-deux-guerres, le Cépiau et son père dans leurs œuvres braconnières) et Claude Ravaillot (dit le « ptiot Glaude »). Roger était le « patron » (adjudant-chef) et Claude, simple gendarme. Après avoir été prévenus par le facteur, ils constatèrent effectivement le corps inanimé du Cépiau. Le médecin du village, le docteur Rouleau, qui affichait quand même 75 ans au compteur, devait constater quelques minutes plus tard le décès suite à un « malaise et à une hypothermie liée à l’absorption d’alcool et consécutivement à un refroidissement nocturne ». Les choses étaient donc très claires et l’enquête fut donc bouclée en un temps record et aucune autopsie ne fut pratiquée.
Le Cépiau n’avait pas de famille proche et personne n’eut l’occasion d’exprimer son point de vue aux enquêteurs. Par ailleurs, la disparition du Cépiau n’indisposait personne parmi les villageois et les notables du coin.
Depuis deux jours, Maurice ne dormait plus et ne pensait qu’à la mort du Cépiau qui lui paraissait pour le moins suspecte. Il voulut voir Robert, mais celui-ci se trouvant à Montpellier, il put enfin le joindre par téléphone. Il lui apprit le décès du Cépiau, puis vinrent quelques explications.
- On a retrouvé le Cépiau mort avant-hier matin le long du chemin de la rivière. La gendarmerie a conclu à une mort suite à un malaise du fait qu’il aurait trop bu le mardi soir. Or tu connaissais le Cépiau autant que moi : il ne s’avinait pas lorsqu’il savait qu’il devait travailler. Qui plus est, nous avions prévu de travailler ensemble mercredi après-midi. Et encore plus curieux, on n’a pas retrouvé son chapeau.
- Écoute, c’est terrible. Samedi et dimanche, le Cépiau et moi étions ensemble et il m’a dit son inquiétude suite à une leçon qu’il a donnée au Comte. Je suis comme toi, je ne crois guère à la version donnée par la maréchaussée.
- Mais que peut-on faire ? Nos arguments ne pèseront pas lourd en face aux gendarmes, d’autant que tu sais que l’adjudant-chef Thouvial n’était pas très copain avec le Cépiau, à cause de son père…
- Ne bouge pas. Je saute dans le premier train et je te rejoins dès que possible. On en rediscute et on ira voir ensemble mon ami le commissaire de police Yves Taxus.
Yves Taxus était d’origine bretonne. Après le bac, il avait fait ses études scientifiques à Paris avec Robert avant de changer d’orientation et faire son droit. Après quelques années dans la région parisienne, il avait été nommé commissaire à A.
A suivre.
* versé : couché