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Cornus rex-populi
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23 juin 2013

De l'enseignement à tous les niveaux

Jeudi, j’étais invité à un jury de sélection d’un futur thésard à la « catho » de Lille. Invité parce que nous connaissons bien le directeur de thèse et parce que nous sommes partie prenante. Le matin, nous avons auditionné deux candidats respectivement âgés de 40 et 38 ans. Ce n’est pas tous les jours que l’on voit des gens de cet âge se présenter, surtout qu’ils prennent un petit peu un risque puisqu’ils ont un boulot et sont déjà « installés » dans la vie. Ils ne se sont pas montrés d’un niveau exceptionnel sur le plan scientifique, comme leur âge aurait pu le laisser présager. L’après-midi, nous attendions d’abord une jeune femme qui ne s’est pas présentée (je n’ai pas su pourquoi). Enfin, ce fut le tour d’un candidat de 23 ans. Cela tranchait avec les candidats de la matinée (singulièrement le premier), qui étaient bien plus à l’aise et nettement plus « professionnels » dans leur présentation. Son niveau scientifique n’était hélas pas exceptionnel par rapport à ce qui lui sera demandé, mais d’un autre côté, il semble posséder un certain potentiel dans le domaine de la recherche et on peut également penser qu’il sera en capacité d’engranger pas mal de choses nouvelles que son encadrant principal lui fera ingurgiter. C’est donc lui qui a été finalement choisi, même si on n’a pas été des masses épatés. C’est un franc-comtois.

Cette journée a été l’occasion de me remémorer l’émergence de ma thèse, qui n’avait rien de comparable. En effet, contrairement à ce qui se pratique dans l’immense majorité des cas où ce sont les universitaires qui définissent un sujet de thèse en lien avec leurs thématiques de recherche, c’est moi qui avait défini précisément mon sujet en lien avec les institutionnels (diverses administrations publiques), avant de le proposer (pas loin de l’imposer) aux universitaires. Autre différence majeure : ici, on a choisi un candidat pour faire une thèse.

Sinon la thèse en question est très intéressante et je ne comprends pas trop pourquoi les candidats auditionnés n’ont pas essayé de décortiquer le sujet ou d’expliquer plus avant la façon dont ils voyaient les choses, même s’il est vrai que d’une autre côté, le sujet est très directif.


 

Je ne suis pas instit, ni même enseignant. Même si j’ai une expérience non négligeable pour avoir enseigné dans le cadre universitaire, cela n’a rigoureusement rien à voir. Pour moi, l’enseignement primaire et secondaire est une autre planète. Je ne suis donc pas compétent pour pouvoir dire de façon correcte ou adéquate si un enseignant est mauvais, moyen ou bon. Néanmoins, je ne suis pas complètement idiot non plus, et il y a des éléments d’appréciation que j’arrive à percevoir. Je ne suis pas neutre non plus pour porter un jugement objectif sur Fromfrom, mais cela ne doit pas m’empêcher de le dire tout de même : Fromfrom est une excellente enseignante, de loin la meilleure de son école. Pourquoi je dis cela ? D’abord, ce n’est pas une découverte récente, c’est une évidence pour moi depuis bien longtemps. De plus, ses très nombreuses expériences en Bretagne, en tant que suppléante et en tant que titulaire dans de nombreux établissements, à tous les niveaux de la maternelle au CM2, avec toutes sortes d’élèves, ont fait d’elle une enseignante ultra-adaptative avec des capacités fortes de sortir des sentiers rebattus. Et puis de vraies compétences et un sens de l’enseignement et des élèves que tout le monde ne peut pas avoir.

Je ne suis pas en train de dire que les collègues de Fromfrom sont tous nuls. Elle a quelques (très rares) collègues très valables et en a eu de bons (bien plus nombreux) dans d’autres écoles. Il n’en demeure pas moins vrai que la majorité de ses collègues sont des enseignants bien moyens voire carrément mauvais. Voici quelques éléments pour dire en quoi sont-ils mauvais :

  • ils n’ont aucune autorité et tolèrent une certaine « foire » ou insolence au sein de leur classe ;
  • ils appliquent des programmes à la virgule près, à la minute près, considèrent les manuels scolaires comme des évangiles indépassables ;
  • ils préfèrent le respect de la forme des « fiches pédagogique » à la qualité du fond de l’enseignement ;
  • ils pratiquent un enseignement strictement indifférencié quand ils ont une classe double ;
  • ils se fichent éperdument de savoir si certains élèvent ne captent pas ce qu’ils racontent, parce que l’objectif, ce ne sont pas les élèves, mais de finir le programme ;
  • ils ne sont pas capable de trouver des moyens alternatifs pour faire comprendre des notions aux élèves qui n’auraient pas compris ou qui seraient lents ou faibles ;
  • ils sont jaloux de leur ombre, égoïstes, refusent de partager leur expérience ou leur matériel pédagogique et vont même jusqu’à s’approprier du matériel collectif ;
  • ils n’ont aucune imagination, sont incapables de faire face à une situation inédite ;
  • ils sont souvent incapables de s’imaginer faire classe à un autre niveau que celui qu’ils pratiquent (mal) depuis plusieurs décennies ;
  • ils sont incapables d’imaginer de faire des sorties scolaires en dehors des rares lieux habituels ;
  • ils sont incapables d’organiser quoi que ce soit, sauf à se reposer sur les autres ;
  • ils râlent sur les autres et sont incapables de se prendre en charge, etc.

J’arrête là, mais la liste est loin d’être exhaustive. Je n’ai bien sûr rien constaté par moi-même, mais je rapporte ici les propos de Fromfrom. A quelques petits détails près, je n’entendais rien de tel quand elle officiait dans d’autres écoles.

A la rentrée prochaine, il y aura encore une fermeture de classe dans l’école. Mais grâce au départ en retraite, longtemps incertain, d’une enseignante (bon débarras), Fromfrom échappe cette année encore au couperet. S’il n’en avait pas été ainsi, elle aurait encore dû être obligée de partir (pour où ?). Par miracle, compte tenu des effectifs, l’année prochaine, elle devrait récupérer une classe « simple » de CM1 (contre un CM1/CM2 cette année), mais quel ne fut pas le psychodrame entretenu depuis de longs mois où la majorité des enseignants voyaient bien Fromfrom comme le bouche-trou qui prendrait la classe dont personne ne voudrait. C’est ce qui s’était produit l’an dernier. On avait feint de la plaindre et on lui avait fait des promesses pour l’aider de diverses façons. Résultat : aucune aide, aucune promesse tenue.

Si j’étais à la place Fromfrom (hypothèse quand même hautement improbable), certains instits auraient appris à leurs dépens ce que c’est qu’une teigne enragée.

Sinon, hier c’était la kermesse de l’école. J’y suis passé, involontairement et furtivement, le temps de récupérer une clé oubliée auprès de Fromfrom. Je n’aime pas cette ambiance.

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Commentaires
C
Karagar> Très bien !<br /> <br /> <br /> <br /> Patriarch> Bonne soirée.
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P
Et oui! Le métier est bien dégradé mais nos politiques y sont partie prenante !<br /> <br /> <br /> <br /> c'est un métier qui demande beaucoup d'aptitude en plus de celui des connaissances pour être un bon enseignement et je pense que les élèves le perçoivent très vite...<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée à vous deux. amicalement
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K
prélèvement effectué
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C
Calyste> J'espère bien heureusement que c'est une minorité. Dans l'école de Fromfrom, ils sont beaucoup plus nombreux que d'habitude. Dans ma présentation, tous les enseignants n'ont pas forcément toutes les tares à la fois dont je parle.
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C
Je pense que les enseignants que tu présentes ici ne sont qu'une faible minorité. En tout cas, je l'espère. Mais c'est vrai que, lorsque je vois certains de mes nouveaux collègues (et deux ou trois des anciens), je ne peux que te donner raison.
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C
Par rapport à ces allusions nauséabondes, je n'ai plus rien à dire.
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P
Recep Tayib Erdogan, ce coup-ci ?<br /> <br /> Tu vas jamais avoir assez de munitions pour exploser Karagar & Plume, hihihi...
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Cornus rex-populi
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