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Cornus rex-populi
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25 juin 2013

Codirectrice

J’ai peu parlé de celle qui fut ma codirectrice de thèse (A.) et qui est pourtant une personnalité haut en couleur. D’abord son patronyme, assez peu courant, la rapproche d’un écrivain, accessoirement médecin autrichien. Mais ce patronyme est surtout celui de son mari, ancien organiste de la cathédrale de Strasbourg et un temps chef de l’orchestre de Rennes. Sinon, elle est apparentée à la reine d’Angleterre (enfin, c’est vite dit, je ne sais pas à quel degré éloigné). Alsacienne, elle n’a strictement aucun accent, ses parents s’étant évertués à ce qu’elle ne prenne pas l’accent étant jeune.

Alors que je cherchais une codirection de thèse spécialisée, son nom m’avait été indiqué par une connaissance d’une connaissance de mon directeur de DEA (lui-même ne pouvait assurer ce rôle car il devait prendre sa retraite). Il n’était d’ailleurs pas excessivement enthousiaste pour qu’elle assure la codirection, mais faute de mieux, on s’en contenterait. Et c’est ainsi que j’ai fait sa connaissance, d’abord à Jussieu (elle était et est toujours en poste à Metz), car c’était le meilleur endroit pour nous rencontrer. C’était en 1997. La même année, elle m’avait invité à un colloque à Strasbourg sur les forêts naturelles (son dada absolu et indépassable). Elle a d’ailleurs écrit plusieurs livres qui traitent peu ou prou du sujet.

Il s’agit d’une femme vaguement féministe, engagée scientifiquement en écologie et évidemment militante pour le retour vers un maximum de forêts spontanées à défaut d’être primaires. Elle n’est pas d’accord avec les positions des gestionnaires de milieux naturels qui veulent maintenir des pelouses ou des prairies maigres qui existaient depuis des siècles compte tenu du pastoralisme extensif ancestral. Je passe sur les justificatifs scientifiques qui se tiennent, mais uniquement en théorie, car au moins pour les régions fortement peuplées, le raisonnement peut difficilement être tenu. Néanmoins, c’est elle qui m’a donné une certaine culture scientifique de la forêt que je n’avais pas ou qui reste rare, en particulier la problématique des cycles sylvigénétiques et l’approche architecturale, riches d’enseignements.

D’un autre côté, c’est une femme qui a trois idées à la seconde, pose dix questions dans le même laps de temps et ne laisse pas répondre ses interlocuteurs. De fait, seules les questions comptent. Les réponses, qui demandent argumentations et développements lui paraissent visiblement ennuyeuses. On se doute dès lors que j’ai eu un peu de mal à suivre avec elle. Elle est très épuisante et surtout, elle m’a souvent laissé l’impression d’inachevé après les réunions que j’ai pu avoir avec elle. Ce que je n’ai pas non plus excessivement apprécié, c’est un certain manque de rigueur et de précision dans ce qu’elle peut considérer comme secondaire, comme par exemple l’identité précise des espèces ou certaines approches mathématiques qui lui échappent.

Elle n’est pas toujours non plus appréciée unanimement au sein de la communauté universitaire ou scientifique, car on lui reproche ses prises de position excessives ou apparemment péremptoires et en tout cas passionnées. Elle est aussi à mon avis mal comprise, la verdeur du propos empêchant parfois d’y voir et d’en comprendre le fond.

C’est avec elle que j’avais effectué le voyage dans le delta du Danube, ce qui fut une véritable petite aventure, de son aveu même, alors qu’elle est pourtant habituée à voyager un peu partout. Elle a même évoqué la chose dans les remerciements d’un de ses livres.

Que dire de plus ? Après l’avoir beaucoup aidé pour la bibliographie de l’un de ses derniers livres, je n’entends parler d’elle que de façon très épisodique.

En conclusion : une personnalité difficile à appréhender, mais intéressante quand on peut entrer dans son jeu (ou la contredire). En revanche, je constate que je naurais jamais pu lier de véritables liens amicaux.

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Commentaires
C
Karagar> Oui, mais il a une petite et rare particularité.
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K
le prénom EST breton
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C
Plume> Tu ne crois pas si bien dire : le botanistes sont tous fous.
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P
Anna Freud ? Ah non zut elle est décédée depuis un paquet d'année.<br /> <br /> Botanopychanalyste c'était pourtant un métier d'avenir, non? :)
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C
Ar valafenn> Non, son prénom a quelque chose de breton.
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A
Mme A... et c'est à consonance germanique ?<br /> <br /> Aïdeulbèrg ?<br /> <br /> Aïzenoweur ?<br /> <br /> Achso ?<br /> <br /> Adolf ?
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C
Karagar> Oui, elle y est assez bien illustrée.
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K
j'ai même trouvé son portait sur le web
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Cornus rex-populi
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