La lecture et moi
Lancelot m’a lancé un défi. Je dois dire que je ne savais pas trop quoi dire, mais je me suis lancé dans l’exercice qui reste très instantané.
La lecture, pour moi, ça a commencé en CP et pas avant (j’étais le plus jeune de la classe). Je me souviens que l’institutrice avait disposé sur les murs des mots et des phrases avec des sons avec des couleurs différentes. On lisait ces machins là tous ensemble à haute voix. Je n’ai aucun autre souvenir de lecture en CP.
Il y eut ensuite le CE1 où on lisait des choses sur un livre assez traditionnel, mais aucun autre souvenir, tout comme en CE2.
Au CM1, peu de lecture à haute voix en classe, ce qui fit que j’ai eu du mal ensuite (jusqu’au collège) à lire à haute voix. Je me souviens qu’à cette période, j’ai lu le « Capitaine Fracasse », mais je n’y ai rien compris. J’étais bien seul dans cet apprentissage et c’est sans doute une des raisons fondamentales qui ont fait que j’ai longtemps eu peur d’aborder les livres.
Longtemps, donc, je n’ai pas su lire un livre, un texte, dans le sens où je lisais sans en comprendre le sens (jusqu’au collège). Encore à l’heure actuelle, il m’arrive de lire de façon automatique sans me rendre compte que je « n’écoute » pas ce que je lis. Ce soir, en lisant dans le train, cela m’est encore arrivé. Défaut de concentration, fatigue, peut-être, mais cela m’arrive très souvent. Inutile de dire que soit je zappe involontairement certains passages, soit je relis, ce qui n’accélère guère ma lecture. Voilà au moins une chose de dite que je n’avais jamais mentionnée clairement. Je me demande si nous sommes nombreux dans ce cas.
Au collège, je me souviens surtout de la lecture de « La guerre du feu » de Rosny Ainé en 6ème et de pièces de Molière. Je me souviens du « Cid » de Corneille. En 4ème, je me souviens de « Vipère au poing » d’Hervé Bazin qui m’avait beaucoup plu et d’ « Iphigénie » de Racine qui m’avait profondément déplu et que je n’avais absolument pas compris. Je pense que j’étais vraiment trop gamin pour comprendre ça à l’époque et que c’était vraiment trop tôt pour étudier ça (ou alors, c’était mal expliqué).
Pas du tout lecteur en dehors de l’imposé, je ne progresse pas. Il y avait bien des livres à la maison, mais pas du tout de mon âge et difficilement accessibles.
Néanmoins, j’ai commencé à lire des revues consacrées surtout à la pêche à la ligne (facile) et surtout à la science « Scie*nce & V*ie » à laquelle mes parents m’avaient abonné vers l’âge de 15 ans à peine. La lecture de cette revue fut assez difficile dans un premier temps (la langue n’était pas d’un haut niveau mais était néanmoins soutenue et il fallait suivre sur le plan scientifique (c’est une revue de vulgarisation scientifique, mais pas forcément pour tout le monde). Mais je me suis accroché et ça a tenu.
En 1ère (ma première 1ère), nous avions étudié « Madame Bovary » de Flaubert. Ce qui m’avait plus, ce n’était pas l’histoire ni les longueurs épouvantables, c’était les tas de choses qu’on pouvait dire pour commenter le style (j’avais au moins appris ça de la prof et après avoir compris comment ça marchait, j’étais devenu l’un des meilleurs de la classe en explication de texte).
Je n’ai donc pas lu beaucoup de « classiques » à part quelques extraits. Cela m’a parfois suffit à m’en détourner de façon définitive comme Proust dont le style épouvantable avait quelques points communs dans la lourdeur de mes rédactions de l’époque et qui me valait de mauvaises notes (oui, on l’aura compris, je suis un Proust incompris). Parmi les autres horreurs, je citerai « Voyage au bout de la nuit » de Céline.
J’ai quand même lu d’autres choses plus faciles comme « Robinson Crusoë », « l’île au trésor », des machins de la bibliothèque rouge et or, Jack London, Fenimore Cooper, Bernard Clavel, quelques policiers, etc.
Mais mon livre préféré, je ne sais plus exactement quand je l’ai lu pour la première fois (en fin de lycée ou après le bac ?). Ma mère m’avait lu quand j’étais tout petit des extraits de ce livre qui n’était absolument pas un livre pour enfant. C’était un beau livre relié dans une belle édition, et illustré de quelques planches en couleur (aquarelles ?). A l’époque, je ne comprenais rien à ce que me lisait ma mère, mais cela chantait à mes oreilles. Adolescent, j’avais lu quelques passages d’un roman de cet auteur, mais cela m’était tombé des mains tant cela me paraissait complexe. C’était « Les Éparges » de Maurice Genevoix. Puis, j’avais lu « La boîte à pêche » et j’avais commencé « Raboliot ». Mais je suis retourné au livre que me lisait ma mère : « La dernière harde » qui reste à mes yeux indépassable, même si l’auteur a commis quelques belles pages dans d’autres romans. Evidemment, c’est le côté naturaliste qui m’a plu, la richesse du vocabulaire, la description intime de certaines scènes naturelles, du genre de celles qu’on croit être les seuls à ressentir lorsqu’on se promène en forêt. Un peu plus tard, j’ai ressenti des choses similaires dans certains romans d’Henri Vincenot, mais avec une langue moins littéraire, moins poétique, mais sans doute plus populaire dans le bon sens du terme.
Voilà, je ne suis pas un grand lecteur et parfois je me sens quelque peu en décalage par rapport aux dévoreurs de livres sont S. fait partie même si à présent elle est un petit peu au ralenti.