Châtaignes
Pour respecter une promesse faite à Calyste.
Durant toute mon enfance, j’ai ramassé des châtaignes sur la propriété initiale de mes grands-parents maternels. Cela se trouvait (trouve toujours) assez loin de la ferme, dans un ensemble de parcelles appelé « Les Envers » car cela se trouve sur un versant exposé au nord. Il y avait là un important verger de pommiers « grand vent » (et quelques poiriers – les autres arbres fruitiers étaient ailleurs) qu’avait planté mon grand-père. Ce verger a complètement disparu depuis. Et, le long du chemin, trois énormes châtaigniers, qui devaient avoir au minimum 150 ans (voire bien davantage). A noter qu’ils ne sont pas tous morts à l’instant où j’écris ces lignes. Ces châtaigniers étaient des cultivars donc greffés, offrant des châtaignes plus grosses à beaucoup plus grosses que les sauvages. Parmi ces châtaigniers, il y avait le « Saint-Michel » car ses fruits se récoltaient à partir de la fête du saint le 29 septembre. Il s’agit donc d’une variété précoce et c’est sans doute cet arbre qui offrait les plus grosses châtaignes. Comme les arbres étaient gigantesques, ils donnaient d’énormes quantités de fruits et nous en ramassions vraiment des dizaines de kilogrammes sous chaque arbre. Nous allions les ramasser, souvent en compagnie de mes cousins (encore que pas systématiquement) avec mes parents (assez rarement), avec ma tante, mais également avec ma grand-mère et surtout avec une vieille amie (une veille fille) de la famille, que nous considérions comme faisant partie intégrante de notre famille, à la manière d’une grand-tante (elle avait à peu près le même âge que mes grands-parents) et je m’entendais fort bien avec elle. A la saison des châtaignes, elle venait systématiquement habiter quelques jours chez mes grands-parents (elle venait aussi parfois à la maison chez mes parents). Au cours d’une saison, entre fin septembre et peu de temps avant la Toussaint, il n’était pas rare que nous allions 5-6 fois l’an ramasser des châtaignes (sans compter les fois où ma tante et mon oncle y allaient seuls) et il est vrai que nous en ramassions beaucoup et c’était toujours avec un très grand plaisir. Je n’ai jamais craint de me piquer avec les peillons (non local des bogues). A l’époque (années 1970 et peu après le milieu des années 1980), elles se conservaient assez bien. Bien sûr, on en trouvait de véreuses, mais rien à voir avec ce qu’on trouve aujourd’hui où on est incapable de les conserver convenablement plus de 15 jours (je dis ça sans avoir recours à des méthodes particulières de conservation bien sûr). J’ai tendance à attribuer cela (simple hypothèse) notamment aux changements climatiques qui favoriseraient de manière indirecte certains insectes.
Cette année, nous en avons ramassé quelques-unes dans le jardin et le chemin creux du château de la duchesse mère, mais également au bout de la digue de l’étang du dragon terrassé, sous un châtaignier planté il y a pile dix ans et acquis par l’intermédiaire de l’ex pépiniériste de frère de Fromfrom. C’était pour ainsi dire la vraie première récolte substantielle. On est cependant très loin des géants de mon enfance.