Dérives de l'actualité
Je commente peu l’actualité sur ces pages. Ces pages reflètent donc assez mal combien il m’arrive d’enrager, de me trouver scandalisé, outré, dépité par un nombre incalculable de choses et par le traitement médiatique (journalistique ?) qui en est fait dans les « grands médias », la plupart du temps bas de gamme et pourtant déversé au « grand public », que l’on manipule et infantilise par des avalanches de médiocrités, avec la bénédiction des décideurs politiques dominants. On me dira qu’il y a d’autres moyens de s’informer ou que l’on peut tout couper et aller se coucher, mais cela ne résout pas le problème sur le fond et de manière globale. Mais venons-en à quelques actualités.
Tout d’abord, l’affaire Benzema-Deschamps-Cantona. J’ai beau ne pas m’intéresser au football et même à détester tout ce qui y est attaché, au point que j’ai des envies de génocides envers tous ceux qui pratiquent ou évoquent couramment ce sport cette activité avilissante. Mais, je n’ai pu y échapper, puisque l’affaire s’est invitée ailleurs que dans les rubriques, sports, scandales financiers ou encore judiciaires des journaux. Prétendre que Benzema (et toute une clique de joueurs longue comme les bras) est un abruti n’est pas un jugement de valeur, c’est un fait incontestable et il est en soi scandaleux que lui et ses nombreux semblables aient pu faire une carrière dans le football. Mais on me dira qu’il a du talent. On me dira également que d’aussi riches que lui sont également des abrutis dans les domaines de la politique, des affaires, de l’administration ou autres. Cela n’excuse rien. Cantona est aussi assez limité et ça on dirait que beaucoup l’avaient oublié. Deschamps ne brille sans doute pas tout à fait par son esprit, mais il semble faire convenablement son boulot. On l’accuse de racisme. C’est hallucinant, car rien ne permettait de le penser et les meilleurs observateurs démentent cette affirmation pour le moins incongrue. Attention, je ne dispose pas plus d’infos que tout le monde, mais le premier jouant le racisme à l’envers pour se dédouaner des ses propres infamies m’exaspère.
Si un recruteur comme moi choisissait de ne pas embaucher une personne d’origine africaine ou autre, serais-je considéré comme raciste ? Sans doute suis-je raciste (je le suis probablement, comme tous ceux qui ne se croient pas à l’abri de ce sentiment), mais je suis surtout sensible à d’autres arguments comme les compétences, lesquelles ne se résument pas aux seules aptitudes scientifiques ou techniques, mais aussi aux capacités à travailler en équipe, à respecter les consignes, à vivre en intelligence avec les autres… J’ai été il y a peu confronté à un tel dilemme où nous avions le choix entre un candidat un cran au dessus sur le plan scientifique, mais qui ne semblait pas bien saisir le reste du quotidien d’un professionnel. Sommes-nous (oui, je ne décide pas seul) des racistes si nous avons retenu un autre candidat ? On me dira que ce genre de chose est hors sujet si je précise que les deux candidats étaient équivalents sur leur origine, ce qui limite fortement ma pseudo-démonstration. J’ai cependant été une fois confronté, il y a plus de dix ans, à un candidat noir de peau que nous n’avions pas retenu, selon les critères vus plus haut. Je dois dire que je ne connais aucun botaniste noir en France. J’en connais en revanche un d’origine algérienne et qui travaille en France.
Par ailleures, si l’on devait faire le « portrait robot » d’un botaniste en France, il serait blanc, parfois originaire d’un pays européen voisin et ce serait un homme. Les femmes ne doivent pas représenter plus de 25 % des effectifs, dans le meilleur des cas, et souvent bien moins. En plus d’être raciste, suis-je sexiste ? Mais là, je me suis beaucoup éloigné de mon sujet initial.
Au sujet des crues dans le Loiret et la région parisienne. Une fois encore, ce qui se passe était hautement prévisible : les services compétents (?) ne pouvaient pas ignorer un instant ce qui pourrait arriver, ou alors eux aussi sont des abrutis, ce qui n’est peut-être pas complètement à exclure. Enfin, il existe quand même beaucoup de gens compétents et il n’est pas besoin d’être doté d’un cerveau exceptionnel pour comprendre les grandes lignes du problème. La seule question étant de savoir quand cela arriverait et éventuellement l’importance que cela prendrait. Je suis donc stupéfait, comme toujours, par le « j’avais jamais vu ça » régulièrement relayé par les journalistes. Et qui pour dénoncer vertement l’urbanisation dans les zones inondables ? Personne, la plupart du temps.
Depuis que l’on a accès aux cartes géologiques, dont on dispose pour la France entière (à part quelques exceptions) depuis des décennies, on ne peut ignorer les risques. Aujourd’hui, il suffit de se rendre sur le site du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) ou sur celui du Géoportail de l’IGN pour consulter ces cartes au 1/50 000 et de voir si la zone où on habite est occupée par des alluvions modernes (Fz) ou autres alluvions. Si cette formation géologique se situe au niveau d’habitations, on est absolument sûr qu’un jour, cela sera inondé. Si on faisait cet exercice (rien de plus simple à l’heure actuelle et je ne peux pas imaginer que les services de l’État et surtout les assureurs ne l’aient pas fait), on se rendrait compte des millions d’habitations concernées, sans parler des installations diverses plus ou moins sensibles.
Bien sûr, ce que je dis pourrait être considéré comme simpliste, car cela ne tient pas compte de tous les ouvrages qui protègent des inondations (jusqu’à ce qu’ils les aggravent quand ils cèdent, ce qui ne manque jamais d’arriver), ou encore les ponts, les effets d’entonnoirs de rugosité hydraulique et plein d’autres phénomènes et artéfacts. Bien sûr, une même crue peut provoquer une inondation de 10 cm d’eau sans courant ou exposer une habitation sous plus de 2 m d’eau avec des vitesses qui dépassent largement 1 m/s. Donc, effectivement, des études hydrauliques sont nécessaires et elles sont souvent faites de manière honnête. D’ailleurs, sur le Loing, on peut consulter des cartes liées au risque inondation, tout comme sur la Seine et nombre de ses autres affluents (je ne suis pas allé vérifier, même si je pense que l’information reste très largement déficiente sur le sujet car sans doute un peu trop réservée aux initiés).
Puisqu’on en est aux dérives, en voici une autre. Sait-on que le Loing, dont on a beaucoup parlé cette semaine, prend sa source tout près du cours de la Loire, avant que cette dernière n’amorce son grand coude vers l’ouest, qui est à son faîte à Orléans (partie du cours du fleuve la plus septentrionale). La Loire a grosso-modo « emprunté » le cours du Loing dans la période comprise entre il y a 5 et 2,5 millions d’années avant d’aller se jeter dans la Seine. Après, cela, elle est revenue dans le cours qu’on lui connait aujourd’hui. La très grande proximité entre le fleuve et la bordure de son bassin explique le phénomène, facilité à l’époque par les mouvements assez importants des socles géologiques. Par ailleurs, il faut savoir que le canal du Loing permettait, surtout jusqu’au XIXe s. de faire circuler les nombreuses marchandises qui remontaient ou descendaient la Loire, vers Paris. Ce que je dis s’illustre aisément sur les figures suivantes.
Ouiquipédia, auteur supposé : MatthiasKabel
Ouiquipédia, auteur : Kmusser
Ouiquipédia, auteur : Mat147
Schéma d’évolution du réseau hydrographique de la Loire au Pliocène (d’après Mac*aire, 1983, modifié par Cornus rex-populi, 2002).