Dure journée, avec plus de peur que de mal
J’avais bien quelques idées de notes, pour la plupart dérisoires, comme le plus souvent. Mais ce soir, je souhaite raconter ce qui m’est arrivé aujourd’hui.
Ce matin, je me réveille vers 4h15 et je ne puis me rendormir, alors à 4h55, je décide de me lever. Je descends dans la cuisine, prépare la cafetière prête à être lancée au moment le plus opportun, prépare la table du petit déjeuner. J’allume mon ordinateur et je décide de faire une autre tentative pour lire la vidéo qu’ont réalisé des collègues d’Amiens (la veille, je n’y étais pas parvenu malgré plusieurs essais). Je fais le tour des blogs, je rêvasse un peu, je lance le café et le lait au ralenti. Quand Fromfrom se lève, je suis en train de visionner la fameuse vidéo que j’ai enfin pu ouvrir : un collègue est en train de chanter sa propre parodie des Lacs du Connemara. Donc tout va bien, on rigole bien de voir cette bande d’affreux loustics. Je dois aller en réunion à Lille avec un collègue et nous nous sommes donnés rendez-vous au boulot à 8h30. Comme j’ai un courriel à envoyer avant de partir en réunion, je pars un peu avant 8 heures de la maison. Il fait beau. Mince, me dis-je, j’aurais dû prendre mon appareil photo pour le lever de soleil. Mince, me dis-je encore, j’ai encore oublié de prendre mon téléphone portable resté dans mon autre veste. Vers 8h10, sur la grande route, je vois ralentir puis freiner devant. Pas de problème, je ralentis, je freine en souplesse, c’est sûrement un engin agricole ou quelqu’un qui veut tourner à gauche. A ce moment-là, j’entends derrière moi un freinage d’urgence et je vois fondre sur moi un camion blanc. Trop tard, il me percute de plein fouet par l’arrière. Les véhicules devant moi n’ont pas vraiment eu le temps de redémarrer complètement, mais je ne les collais pas. En tout cas, avec ma voiture incontrôlable, me voilà propulsé sur la droite, sur la berme, je dégomme au passage une balise en plastique blanc et noir (je n’ai vu ça qu’après), puis je continue ma course dans le fossé (genre fossé antichar dans le coin où l’on peut facilement mettre une voiture complète). Et ce n’est pas fini, la voiture poursuit son chemin dans le sens du fossé et vient percuter le mur en béton soutenant la route perpendiculaire et le tuyau d’évacuation qui passe dessous. Je suis sous le choc. Toute l’action n’a sans doute pas duré beaucoup plus qu’une seconde ou deux. Je suis dans le vague. Je finis par entendre un bruit strident, c’est le moteur qui hurle et je me rends compte que mon pied droit a enfoncé la pédale d’accélérateur à fond. Je retire enfin le pied. Je suis vivant, il ne m’est rien arrivé de grave visiblement et il semblerait que je n’aie mal nulle part. Mais je reste dans la même position, ne semblant pas réaliser ce qui m’arrive. Très vite un homme se porte à mon secours, a du mal à me voir (et moi aussi). Je suis complètement figé, je n’ai pas l’idée de bouger de la voiture. L’homme réussit à ouvrir ma portière et quand il m’invite à descendre, je réalise seulement à cet instant que la voiture se trouve presque à 90 ° couchée sur le flanc. Je réussis à débloquer ma ceinture, à couper enfin le contact et à m’extraire avec l’aide de l’homme. J’apprends assez vite que cet homme est pompier volontaire à Saint-Omer et passait par là avec un véhicule utilitaire (c’était le premier véhicule derrière le camion qui a joué au billard avec ma voiture). Je ne me sens pas terriblement bien dans mon assiette, on me dit que je suis blanc. J’arrive à marcher, je n’ai qu’une douleur, largement supportable, en dessous du genou droit. La gendarmerie arrive très rapidement. Elle a été appelée concomitamment par mon secouriste et un voisin riverain. On me demande de m’asseoir. Je n’ai pas envie, on insiste à plusieurs reprises (on est persuadé que je vais m’évanouir). Je finis par me relever. Entre temps, parmi les gens qui se sont attroupés, je comprends qui était le chauffeur du camion, un homme d’une trentaine d’années, un peu affolé, disant que tout est de sa faute, qu’il était dans la lune… Les pompiers arrivent vite. On ne me laisse pas le choix, on me fait monter dans l’ambulance. On m’examine rapidement. On est inquiet, moi non. On me pose des questions idiotes comme mon nom, le jour de la semaine, où j’habite et ma date de naissance (là, j’hésite presque). La gendarmerie relève ma carte d’identité et me permet d’appeler mon travail. Et puis on m’embarque aux urgences de l’hôpital d’H. Et là, rebelotte, nouveaux examens. On conclut finalement qu’il n’est pas nécessaire de faire une radiographie de ma jambe. On m’appelle une ambulance pour me ramener à la maison. Une fois à domicile, je peux enfin appeler Fromfrom, mais elle aussi a oublié son téléphone portable. Je contacte l’école afin qu’on la prévienne que tout va bien (il n’est pas encore 10h30). Mais bien sûr, elle est affolée quand elle me rappelle.
Cet après-midi, après avoir déposé Fromfrom à l’école, je suis allé, avec notre autre voiture, au garage où a été emmenée la voiture accidentée pour récupérer les affaires restées à l’intérieur. Je n’étais pas très fier de conduire, mais cela s’est bien passé. D’après le garagiste, la voiture n’est absolument pas réparable, même en rêve.
Ce soir, le chauffeur du camion, tout penaud, est venu à la maison avec son père (patron d’une petite société de transports), pour rédiger le constat amiable. Je ne suis pas en colère contre lui, car malheureusement chacun peut avoir une seconde d’inattention. Et puis j’ai eu beaucoup de chance en définitive car je n’ai rien d’autre qu’une contusion sans gravité qui va sans doute virer au bleu. Seul hic dans l’histoire, notre voiture de presque neuf ans était en très bon état et nous n’avions pas programmé son remplacement. Avec la misère que l’assurance va nous donner, on va devoir faire une croix sur le remplacement de nos escaliers, et ça, c’est agaçant.