Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cornus rex-populi
Archives
10 octobre 2009

On est tombé bien bas

Trois affaires dans lesquelles on a entendu énormément de bêtises (pour ne pas dire des propos parfois scandaleux et irresponsables) de la part des journalistes, des « intellectuels » (je crois que même avec les guillemets, c’est encore très excessif) et des politiques. Reprenons les choses dans l’ordre chronologique (du moins dans l’ordre dans lequel on en a parlé dans les médias ces derniers temps). Pour que cela soit bien clair, je le dis avant : s’il y a des liens entre ces trois affaires, il est bien évident que pour ma part, je ne fais aucun amalgame. Certains auraient été bien inspirés d’en faire autant.

˜

Tout d’abord, l’arrestation de Ro*man Pola*nski. Beaucoup de gens en vue se sont hâtés, notamment en France, de prendre sa défense. Les faits qu’on lui reproche remontent à une trentaine d’années. Ces faits concernent, selon les informations partielles que j’ai cru percevoir, des relations sexuelles avec une gamine de 13 ans, notamment sous l’emprise de l’alcool. Les défenseurs du cinéaste ont argumenté que la gamine avait déjà eu des relations sexuelles avant ça, qu’elle posait nue pour une revue, qu’elle avait retiré sa plainte, qu’elle ne voulait plus entendre parler de cette affaire et qu’elle « s’en était bien sortie ». J’ignore quel était le degré de maturité de la gamine de l’époque, mais il semble qu’il ne fait aucun doute qu’un homme de plus de 40 ans au moment des faits n’aurait pas pu la confondre avec une femme majeure et que dans ces circonstances, il était en mesure de lui nuire. On ne connaît pas la réalité des faits, on ne sait pas ce qu’il y avait dans la tête de ces deux là il y a 30 ans à ce moment là, mais la responsabilité au moins de l’artiste est engagée. Il s’est ensuite soustrait aux poursuites judiciaires américaines. La fille aurait-elle profité de la célébrité de l’artiste ? Peu importe, je considère qu’on ne couche pas avec une gamine de 13 ans, même si on ne peut pas parler, à mon avis, de pédophilie, qui me semble bien éloignée des faits. La justice américaine se révèle parfois coriace, la justice suisse, subitement vertueuse. C’est évidemment suspect. C’était il y a plus de 30 ans qu’il fallait demander des comptes à l’artiste, d’autant qu’on savait très bien où le trouver. Mais aujourd’hui, sans le dédouaner, cela me paraît bien tard. Le talent de l’artiste a aussi été mis en avant pour le défendre. Bien sûr, quand on a du talent, on peut faire n’importe quoi, on sera innocent de tout. Moi-même, je reconnais volontiers qu’il en a. Je me souviens en particulier de l’un de ses films que j’ai vu à la télévision alors que j’avais une quinzaine d’année. Il s’agissait du « Bal des vampires » et il s’agissait du premier film dans le genre que je voyais. Cela m’avait beaucoup marqué, mais je n’avais pas eu peur vu qu’il y avait énormément d’humour et de pirouettes dans ce film. Je me souviens aussi que peu après la sortie du film, un déséquilibré avait assassiné l’actrice principale, pensant qu’elle avait été vampirisée pour de bon.

˜

L’affaire de Milly-la-Forêt m’a pas mal émue car nous avons vécu quasiment en direct l’enlèvement de la randonneuse qu’elle avait signalé avec son téléphone portable, l’arrestation de son agresseur ainsi que les circonstances abominables de sa mort. Le meurtrier était un pédophile libéré avant la fin de sa peine et qui était revenu habiter près de son ancienne victime. Avant même son déclenchement, j’étais sûr qu’il y aurait une polémique politico-judiciaire. Cela fait au moins 20 ans qu’on entend le même refrain politique, les mêmes réactions conjoncturelles. Et au moins 20 ans qu’on ne fait rien pour y remédier, toutes tendances politiques confondues. De qui se moque-t-on ? Il existe sans doute des solutions médicales ou autres, et en tout cas des moyens pour empêcher ce type de personnes de nuire, de tuer. La castration chimique ? Sans doute, mais pas comme une possibilité, mais comme une contrainte (ça ou d’autres moyens alternatifs pour ne pas mettre la santé en cause de la personne concernée), avec suivi et obligation de résultats.

˜

J’en viens à la polémique au sujet de Fré*déric Mitt*errand. Celui-ci a soutenu Ro*man Pola*nski et on a redécouvert qu’il a publié un livre il y a quatre ans où il parlait, semble-t-il, avec peu de précision (je n’ai pas lu le bouquin), de relations sexuelles avec des hommes prostitués. Le fait que le ministre défende l’artiste, admettons que c’est dans ses cordes, mais la façon dont il l’a fait est pour le moins maladroite (le talent et la célébrité n’excusent rien). Le fait qu’on s’en prenne à ses écrits en les sortant de leur contexte et en les tronquant est purement scandaleux. Je sais pour l’avoir vécu : dans une affaire bien moins polémique et plus scientifique, j’avais été interviewé par un journaliste radiophonique. Je lui avais tout bien expliqué, avait mis des limites claires à mes propos. Eh bien qu’a-t-on fait ? On a coupé, tronqué, « décontextualisé » et avec ce petit jeu, on m’a presque fait dire le contraire de ce j’avais exprimé. Une honte à mon niveau car le journaliste ne pouvait pas faire valoir un problème d’incompréhension, il l’avait fait exprès, pour faire du sensationnel à peu de frais. Pour en revenir au ministre, on ne sait pas exactement ce qu’il a fait ou pas fait, mais ça ne regarde que lui. S’il faut lui reprocher quelque chose, ce n’est pas ça, c’est son ambition malsaine, son empressement à dire n’importe quoi sur n’importe quoi ou n’importe qui, ses compétences surestimées, son arrivisme… Il a sans doute des qualités, mais je ne les ai jamais vues. Mais son histoire de bouquin, sa sexualité ne sont pas des raisons pour l’attaquer de cette façon. Ses adversaires d’aujourd’hui sont-ils irréprochables ? Ont-ils le droit de l’attaquer sur des choses aussi personnelles, même s’il les a rendues publiques ? Non, ceux qui hurlent au loup feraient mieux de se taire, ils sont sans doute pires.

˜

Encore une fois, je ne fais aucun amalgame, mais je constate que notre classe politique et « intellectuelle » a perdu la raison, encore plus que d’habitude. Ce qui me fait peur aujourd’hui, c’est de voir à quel point on est tombé bas.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
A Patriarch> Pas faux, bonne journée.<br /> <br /> A Karagar> Pour toutes les affaires (notamment la 1 et la 3), nous sommes en effet en présence d'informations manipulées et c'est bien difficile de s'y retrouver. Pour l'affaire 3, ce qui ressort et c'est surtout ça que je voulais signifier, c'est l'énorme hypocrisie de tout le monde (journalistes, politiques, intellectuels de pacotille). Encore plus risible, tu m'apprends que Baille roux y était allé de son couplet.<br /> Je ne l'ai pas dit, mais je l'ai aussi pensé : voilà encore une bonne raison de dire homo = pédophile et ça c'est vachement grave aussi.<br /> Quant à Mite errante, ce gras là ne m'intéresse pas et je me fiche aussi de la raison pour laquelle il l'est. Je le mets exactement dans le même panier que la quasi totalité des autres ministres, c'est-à-dire pas bien haut.<br /> Enfin, ce que je voulais dire, notamment avec le titre et la conclusion, ce n'est pas vraiment nouveau, mais nous sommes vraiment à ras les pâquerettes et le monde politico-médiatique s'enfonce encore plus dans le cambouis.
Répondre
K
Affaire N° 1 : je n'ai aucune opinion sur la question, trop complexe, informations trop parcellaires et partisanes, à vrai dire je n'y comprends pas grand chose.<br /> Affaire N° 2 : pas au courant<br /> Affaire N° 3 : pas d'opinion sur le personnage, connais pas. (je veux dire, sa tronche, sa voix, le fait qu'il a fait de la télé et qu'il est PD, oui je sais tout ça, mais je ne sais pas ce qui lui a valu d'être à son poste actuel, donc pas de quoi penser quelque chose de quelqu'un - je suis surpris parfois de constater que les gens ont des opinions sur des personnages en vue, et je me dis : ah, ils sont au fait des choses et au fond, ils n'en savent pas plus que moi, mais ils ont quand même leur idée sur la question !) La seule chose que je puisse dire c'est que j'ai vu un extrait de son intervention télévisuelle où il disait en substance : je n'ai pas couché avec des mineurs, mes actes n'étaient pas répréhensibles, blablablabla, n'amalgamons pas homsexsualité et pédéophilie mais... c'était mal. Et là, il ne dit pas ce qui était mal (mais peut-être l'extrait était-il trop parcellaire). Et du coup ça m'a troublé. Qu'est-ce qui était mal? D'avoir recours à la prostitution? Mais alors, est-il le seul parmi ses collègues? Ou alors le fait que ses partenaires étaient masculins était-il une circonstance agravante? Qu'est-ce que le tourisme sexuel répréhensible? Il me semblait qu'il s'agissait des cas où des mineurs étaient impliqués ! Mais ce n'était pas le cas. Alors?! Franchement, et je ne veux pas polémiquer sur cette tendance, assez nouvelle, de fouiller ds la vie privée [je note quand même que François Baille roux a volé au secours de F. Mite errante, dénonçant un procédé dont il avait lui même usé peu de temps auparavant à l'encontre de Cône belle bite, c'est vraiment du n'importe quoi!] mais une fois de plus les propos sont peu pertinants, y compris ceux de l'interessé pour se défendre. Bref, je m'intéresse peu à ce genre de choses, si n'est que cette fois, considérant l'orientation sexuelle de la personne impliquée, on voit bien que ça n'est pas une super pub pour la "cause" homosexuelle.
Répondre
P
Je suis sûr que si nous le voulions, nous pourrions sortir sur chaque homme politique actuel, une action contraire à ce que tous veulent nous inculquer comme règles morales ou sociales. <br /> <br /> Je laisse dire et ne m'attarde pas sur ce que, beaucoup, veulent que nous prenions pour des "fredaines". La rémission vient -elle avec l'âge, j'en doute !<br /> <br /> <br /> Bonne journée à vous deux.
Répondre
C
A Lancelot> Oui, il y a beaucoup de choses que nous voyons en commun, et c'est heureux. Ce que je trouve curieux, c'est que cela ne soit pas davantage partagé, notamment dans le monde politico-médiatique.<br /> <br /> 1) Bien sûr que c'est le côté "pédophile" qui fait le lien et plus du "politique". Evidemment qu'on confond tout. Les journalistes ET les politiques en sont évidemment largement responsables.<br /> <br /> 2) Je me fiche du Frédo et de ses écrits. J'ignore s'il a un quelconque début de talent, mais comme il m'énerve (j'y peux rien, c'est comme ça), je ne le saurais jamais. Par rapport à son poste de ministre, j'ai dit ce que j'en pensais. On a même presque l'impression que c'est lui qui est allé demander ce poste à Sarre-Caux. Certes non, il n'a pas à faire son effarouché et là encore, il se montre nul en communication.<br /> Je constate néanmoins que tu l'aimes encore moins que moi et ça me fait rire quand on a la dent dure contre les puissants et qu'on est plus intransigeant que moi.
Répondre
L
Eh bien, à quelques infimes variations près, on est d'accord. <br /> <br /> Deux détails toutefois : 1) l'affaire de Milly la Forêt semble constituer le trait d'union entre l'affaire Po*lans*ki et celle de Mi*tte*rrand. Elle tombait "à pic" pour les journalistes puisque le meurtrier s'était, par le passé, rendu coupable de crimes pédophiles. Mais sa victime de cette fois était, elle, quadragénaire. Alors, quel rapport, tout ça...??? Au total, j'en reviens au même : tout est tellement mélangé, amalgamé, trituré, qu'on ne sait plus par quels bout prendre les débats, ni avoir un avis cohérent sur quoi que ce soit.<br /> <br /> 2) Frédot n'a pas à être attaqué lâchement sur sa vie privée, soit. Je ne me poserai certainement pas en censeur, défenseur de la bonne morale, sur ce débat. Mais là où je ne lui trouve strictement aucune excuse, là où il m'énerve prodigieusement, c'est qu'après tout il a donné DEUX FOIS le bâton pour se faire taper dessus : d'abord en écrivant son livre (acte de courage...? de contrition...? ou d'autosatisfaction....?) ensuite en acceptant le poste de ministre, alors qu'il savait pertinemment qu'on risquait un jour ou l'autre de lui ressortir ses frasques, retranscrites par lui-même. On peut pas avoir tout à la fois le beurre, et l'argent du beurre, et le cul du crémier. Alors, oui, bien sûr, personne n'est blanc comme neige, personne ne peut lui jeter la première pierre. Les extraits sulfureux sont cités hors contexte, soit. Mais je veux poser deux questions : si Pierre Dupont, toiletteur pour chiens, avait écrit le même livre, avec les mêmes phrases, aurait-il été publié ? Si le même Pierre Dupont, avec un degré de culture et d'intelligence égal, avait postulé en mai dernier au poste de Ministre, aurait-il été choisi par Nico ? Non. Alors, le Frédot, il a eu son livre publié, il a eu son poste. Et maintenant, qu'il en assume les conséquences et nous épargne ses jérémiades de vieille fille outrée de l'indignité qu'on lui fait.
Répondre
Cornus rex-populi
Publicité
Derniers commentaires
Publicité