11 novembre
Le 11 novembre, pour la plupart d’entre-nous, cela évoque bien évidemment l’Armistice mettant fin à la Première Guerre Mondiale de 1914-1918. Souvenir important dans le cercle familial, puisque comme dans beaucoup de familles, beaucoup y ont péri, notamment mes arrières grands-pères ou grands-oncles. Mon grand-père paternel, même très jeune, devait, lui aussi, participer à cette boucherie épouvantable. Bien que gazé, il y survécut.
Jusqu’à l’année dernière, cette date était le souvenir que l’on sait, mais aussi, il faut l’avouer, un jour férié. Puis, il y a tout juste un an, j’ai rencontré physiquement S., celle qui allait devenir ma femme.
J’étais allé la voir là-bas, dans sa Bretagne lointaine, dans une contrée dans laquelle je n’avais pas encore mis les pieds. Mais en dehors de S., cela faisait longtemps que j’avais envie d’y aller, d’abord pour les paysages, pour les milieux naturels, pour le patrimoine essentiellement « vernaculaire », pour une certaine ambiance qui m’étais pourtant pratiquement inconnue.
Le 11 novembre 2005, donc je me rendis là-bas en TGV. Le début du voyage se fit dans une grande sérénité, mais même si mon esprit était partiellement occupé à faire je ne sais quoi, je fus de plus en plus tendu au fur et à mesure que le train s’approchait du but. La décision d’entreprendre ce voyage avait été mûrement réfléchie, et vous pouvez me croire, cela n’allait pas de soi au départ de prendre une telle décision. Je fus seul à prendre cette décision, mais je dois dire que, quelque part, je fus rassuré lorsque l’ami, le témoin de tout cela, salua mon initiative. Cependant, quelques instants avant de descendre du train, je me demandais quand même ce que je faisais là. Quelle mouche m’avait piqué pour que je fasse près de 800 km pour venir voir une jeune fille que je ne connaissais que via l’internet ? En descendant sur le quai de la gare de L., j’avais repris plus d’assurance : puisque j’étais là, quoi qu’il arrive, je ne pouvais que passer un bon week-end. La nuit était tombée sur L. et il faisait du vent. Un vent doux que je pensais familier à la Bretagne. Après avoir emprunté le passage souterrain, et alors que je montais les escaliers pour rejoindre le hall de la gare, je vis S. qui y trônait. Elle resplendissait. Moi, j’étais très impressionné, j’étais dans mes petits souliers. Nous rejoignîmes sa voiture, et là, je fus scruté, déshabillé des yeux. Puis, vint la confirmation d’un verdict sous la forme de soupirs de joie. Je fus mis progressivement en confiance, et je pus, pas à pas, me laisser aller, me laisser mener vers l’amour. La suite, tout le monde – ou presque – la connaît.
♥♥♥
Je voulais juste revenir sur un autre point. J’ai longtemps (très longtemps) été un handicapé de l’amour. Ce sont des circonstances pénibles qui m’ont peu à peu sorti de l’état dans lequel je me complaisais. J’étais alors un animal blessé. Je n’avais rien prémédité de précis, mais sans connaissance, sans défense, je fus « livré » sur l’internet pour tenter de faire des rencontres, y nouer des amitiés, et pourquoi pas y rencontrer l’amour, mais sans réelle conviction à ce sujet, sans réelle motivation non plus.
J’étais donc seul, et je découvris énormément de petitesses, énormément de vulgarités. Passée l’initiation, fort mal menée, mais menée tout de même par une âme presque charitable aujourd’hui « disparue », je découvris, ou plutôt un loup (un vrai) me découvrit. In fine, même si cela ne menait à rien, ce fut riche d’enseignements. Je découvris ensuite d’autres loups virtuels sur la toile (certains pourraient y voir des araignées, mais pour moi, ce fut en majorité des loups).
Dans ma recherche, ou plutôt mon errance de l’amour, je ne m’attachais pas principalement aux aspects physiques, cela va sans dire. Mais comme on papillonne un peu partout de façon virtuelle et forcément de manière un peu superficielle, on devient forcément sensible au physique, à l’image. A la fin, devant les difficultés, on devient un peu « malade », on a une attitude un peu compulsive, on devient un peu accroc de la machine virtuelle. Et on finit par en souffrir, voire même en faire souffrir d’autres.
C’est à ce moment là que j’ai compris définitivement (vous me direz que c’était largement temps que je m’en rende compte, mais j’avais des décennies d’ignorance sur les affaires de l’amour derrière moi) que je ne pouvais aimer une image, une représentation. Bien entendu, je le savais bien avant ça, mais c’est à cette époque que j’ai réellement pris conscience des différentes facettes de l’amour, de ses profondeurs. C’est en faisant la connaissance de S., d’abord virtuellement, que j’ai appris la force incroyable de l’amour. Et je crois que l’on a jamais fini d’en apprendre sur l’amour.
♥♥♥
Je profite ici aujourd’hui pour dire à tout le monde combien je suis ému en ce jour anniversaire d’avoir rencontré S., la fabuleuse et combien je l’aime. J’en profite aussi pour confirmer, comme Karagar l’avait annoncé dans l’un de ses textes, qu’il est tout à fait possible de rencontrer le vrai amour via l’internet. Je ne suis pas loin de penser, qu’en ce qui me concerne, sans l’internet, je n’aurais jamais rencontré l’amour.
Bonne journée à tous. Et vive la paix et l’amour !