Vacances pascales 2011 (5 et fin)
Le lendemain, comme Karagar nous l’avais commandé, nous n’allâmes pas visiter le château de Blois, mais celui de Chambord. En fait, personnellement, je connaissais déjà les deux châteaux (Fromfrom, non) et nous devions faire un choix car nous n’avions pas le temps de voir les deux cette fois.
Au presque petit matin, nous ne pouvons pas faire autrement que de longer le fleuve royal. J’avais la vague envie de photographier un herbier à renoncules.
Ces dernières font un retour triomphal dans le lit principal du cours moyen du fleuve, alors qu’il y a dix ans encore, il n’y en avait quasiment pas. Cela s’explique par une amélioration très significative de la transparence de l’eau, reliée à la chute de la densité des matières en suspension et en phytoplancton, ce qui permet le développement des renoncules « aquatiques » rhéophiles [affectionnant le courant] dont Ranunculus penicillatus (Dumort.) Bab. (Renoncule en pinceau). L’amélioration de la qualité apparente de l’eau s’explique probablement par une meilleure épuration des rejets des stations d’épuration, en particulier du phosphore soluble assimilable (orthophosphates). Il semblerait que les efforts consentis portent enfin quelques fruits, car l’effet est spectaculaire même s’il ne faut pas se réjouir trop vite car le phosphore d’origine agricole est toujours là. Simplement, il y a sans doute un effet de seuil.
Nous tombons sur le château de Menars qui domine le fleuve. Un « petit » château de la Loire que l’on ne comptabilise pas parmi les « grands », non pas à cause de sa taille (imposante) mais parce qu’il est postérieur à la Renaissance (xviie s.) et parce qu’il ne se visite pas.
Au passage, je vois trois relatives raretés ligériennes : Draba muralis L. (Drave des murailles), Turritis glabra L. (Arabette glabre) et Ulmus glabraHudson (Orme de montagne).
Nous arrivons enfin au château de Chambord. Depuis ma dernière visite en 1997, les tarifs ont bien augmenté. Depuis quelques temps en effet, la billetterie et les visites ont été confiées à un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) qui doit avoir son autonomie financière par rapport au domaine de l’État. Bref, un scandale quand on songe au soi-disant accès facilité aux musées ou monuments nationaux. Une étape vers une société d’économie mixte puis la privatisation complète de ce qui rapporte au même titre que les sociétés d’autoroutes ? Enfin, le château est lui bel et bien là et je crois que l’on ne peut être qu’épaté non pas par la demeure, mais surtout par cet improbable instrument de puissance royale, uniquement destiné pour que François ier puisse en mettre plein la vue à Charles Quint.
Après la visite guidée (2h30 quand même) où nous eûmes droit aux entresols, aux escaliers de service et aux greniers, nous dégustâmes bouffâmes un honteux sandwich à la sortie du château. Ensuite, nous traversâmes la Sologne où nous ne manquâmes pas de nous ravitailler en superbes asperges chez un paysan. Après Bourges, petit arrêt au bec d’Allier avant de ne pas passer par Nevers. Là, quelques exemplaires de Carex praecox Schreber (Laîche précoce de Schreber) et d’Ajuga genevensis L. (Bugle de Genève). Alors que je recherche des plantes rares dans une boire (annexe hydraulique d’eau stagnante correspondant ici à une ancienne gravière), je m’aperçois que le boisement s’est bien épaissi. Ce dernier menace « mes » plantes rares et je mesure une nouvelle fois le peu de cas que fait le gestionnaire pour maintenir les habitats naturels les plus précieux (car cela concerne aussi des pelouses sur sable d’un grand intérêt). En revanche, la boire sert de garde-manger aux castors.
Après avoir traversé le Morvan, nous sommes arrivés à Augustodunum pour le dîner.
Le lendemain (vendredi), je vais à la recherche de muguet sauvage dans un des mes coins favoris. J’en trouve d’abord des brins assez petits avant de tomber sur de beaux bien épanouis. En trouver si tôt en saison relève de l’exploit car en général, on a déjà du mal à en trouver pour le 1er mai.
Au programme de ce long week-end : repos, jardinage et dégustation de bonnes choses.
Pour le jardinage, j’ai passé la motobineuse dans le potager. J’ai cru un instant que je ne parviendrai jamais à ameublir la terre : il s’agissait d’une ancienne parcelle où se trouvaient des fraises (donc tassée), mais comme en plus cela faisait plus de trois semaine qu’il n’était pas tombé une goutte d’eau, j’aurais eu davantage de réussite avec un marteau-piqueur. Après avoir passablement insisté, j’ai quand même réussi à planter les pommes de terre (dont les incontournables rattes) en ne les enfouissant pas trop afin qu’elles puissent entendre le retour des cloches (ah bon, elles étaient donc parties ?), les oignons et échalotes et des haricots. Bien sûr, j’ai arrosé copieusement le tout, sasn oublier les fraisiers que j’avais repiqués fin octobre.
Pour Pâques, Fromfrom nous a fait un gigot de sept heures et ce gâteau.
Nous sommes rentrés comme des grands le lundi.