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Cornus rex-populi
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29 juillet 2007

Primaires !

Nous sommes tous parfois confrontés à des personnes « primaires ». Je mets volontairement des guillemets ici pour ôter, pour l’instant, tout sens péjoratif. Car en effet, certaines personnes possèdent un caractère « primaire » non pas par choix, mais sans doute par une sorte d’obligation. En effet, tout le monde n’a pas eu la chance (la possibilité, le choix, les capacités, l’envie…) dans son existence de faire des études, de se cultiver, de lire, de faire des rencontres, de voyager… Mais même si on n’a pas eu cette chance, on a – heureusement – encore la possibilité d’avoir une capacité à la réflexion, une (des) intelligence(s). Je connais des personnes, des amis qui appartiennent à cette catégorie. J’en connais aussi qui ne sont pas dotés de cette capacité, et qui pourtant n’ont pas nécessairement été (totalement) privés d’accès à la connaissance, à la culture, n’ont pas vécu dans un environnement hostile ou obscurantiste. On peut alors considérer que ces personnes sont primaires (sans guillemets). Je vais en donner deux exemples.

Le premier exemple est très récent. Lors d’un repas, le sujet dériva sur le sujet de la Seconde guerre mondiale et de l’Occupation. Une connaissance déclara alors qu’elle détestait les Allemands pour les raisons suivantes :

  • son père avait été menacé de mort par les Allemands (en réalité pas beaucoup plus que la plupart des gens dans le contexte de l’époque) et de parler de la scène comme s’il l’avait vécue alors que l’individu est né en 1950 ;

  • les Allemands ont commis les pires atrocités à Oradour-sur-Glane et sur les plages de Normandie, lieux qu’il a visité lors de ses vacances (mais aucun mot sur les camps de concentration, d’extermination ou les divers génocides) ;

  • les Allemands se comportent mal quand ils sont en vacances à l’étranger parce qu’une fois, lors d’une croisière, quelques individus avaient eu un comportement indélicat ;

  • le peuple allemand est fondamentalement mauvais compte tenu des exactions commises pendant la guerre (et sous entendu, le peuple français est exempt de turpitudes, la collaboration, la milice igonrées, et l’histoire de France n’était pas assez pourvue d’horreurs et de massacres…).

Je fus le premier à contrer ces arguments, bientôt rejoints par d’autres qui avaient vécu la guerre, dont certains en avaient vraiment souffert et qui ne partageaient pas une seconde ce genre de démonstration. Tous étaient atterrés.

Quelques minutes après, le primaire déclara qu’il n’aimait pas les Arabes (j’en ai oublié les raisons), sauf qu’il y en a qui « sont bien » … Cri du cœur immédiat, je devais traiter le primaire, de façon claire et définitive, de raciste. Celui-ci essaya de se défendre en affirmant qu’il n’était pas raciste parce qu’il ne votait pas Le Pen (ni même de Villiers) et autres arguments à la con qui ne trompèrent personne. Il essaya ensuite de dire que j’étais un privilégié parce que je n’étais pas confronté aux « Arabes » (je précise que lui l’est encore moins). Et de lui répliquer que j’avais passé mon enfance dans des classes très cosmopolites (avec, entre autres, des enfants dont les parents étaient originaires l’Algérie ou du Maroc) et avec lesquels tout se passait à peu près bien, c’est-à-dire pas plus mal qu’ailleurs. Que j’avais vécu plusieurs mois dans un foyer SONACOTRA de Marseille où il y avait une forte proportion d’immigrés d’Afrique du Nord et où il n’y eut aucun problème. Bien sûr, les autres ripostèrent aussi. Sans nier les problèmes qui se posent dans certaines villes, certains quartiers, en particulier les incivilités et la délinquance, ils pointèrent du doigt les vraies raisons du malaise (que je ne développerai pas ici).

Le second exemple s’est déroulé dans le cadre professionnel. Alors que je n’en connaissais pas bien les acteurs, on m’avait demandé de participer à une réunion officielle au sujet d’une réserve naturelle. La réunion avait lieu à l’hôtel de ville de la commune concernée et devait être dirigée par le maire. Je vous passe les détails, mais le maire étant provisoirement retenu, la réunion fut prise en charge par ses adjoints au nombre de cinq dont quatre étaient aussi des responsables de la société de chasse locale. Les problèmes qui furent abordés furent traités, non sans difficultés et non sans bêtise de la part des chasseurs qui ne voyaient que leurs intérêts (personnels plus que ceux à caractère cynégétiques qui n’étaient d’ailleurs aucunement menacés). Les primaires furent rejoints par un agriculteur au sujet d’un ruisseau qui s’ensablait à cause du vent (milieu à caractère arrière dunaire). L’ensemble de ce petit monde pourtant soumis à des réglementations strictes les enfreignaient régulièrement et se proposait de le faire une fois encore pour résoudre leur problème qui, en réalité n’en était pas un. Je passe les détails, mais présumant trop de l’intelligence de ce petit monde, j’hasardais une solution pour résoudre le problème d’érosion éolienne : couler une dalle de béton dans le massif dunaire. Eh bien, ma plaisanterie fut prise au premier degré et il fallut les explications d’autres personnes pour revenir à la raison. Quelques mois plus tard, je fus confronté à des riverains de cette réserve naturelle alors que j’accompagnais sur le terrain le gestionnaire pour résoudre le même problème d’érosion éolienne et de ruisseau. Je vis un retraité de 75 ans éructer, hurler comme un fou perdu pendant une heure alors qu’il pleuvait comme vache qui pisse. Je fis bien une tentative d’explication, mais je dus abandonner aussitôt tant je me heurtais à un mur de bêtise. Et pourtant ce n’était pas la première fois que j’étais confronté à de telles situations. En général, après avoir déminé la situation, j’arrive toujours à avancer mes arguments, et la plupart du temps, à faire sérieusement évoluer la position initiale de mes contradicteurs. Mais là, l’échec fut total.

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Commentaires
C
A Kleger> Karagar a raison, il ne faut pas trop forcer sur le rosé (de Loire, j'espère).
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K
ben oui rose, forcé!
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K
Rose, mon cher, absolument rose !
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C
A Kleger et Noche> Je crois que la moquette rouge de Monsieur Karagar vous est sérieusement montée à la tête. Il faut aller vous faire désintoxiquer d'urgence.
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N
laisse...beton! Ouarf, je me marre, toute seule! C'est rien, c'est le deuxième effet "cartons"...<br /> Navrant!
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C
A Kleg> Comment peux-tu ? Je me suis vengé là où j'ai été scandaleusement offensé.
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K
Cornus, vu ton infâme comportement chez Karag, tu pourrais bien finir dans l'béton ! Et t'inquiète, on va trouver la quantité !
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C
A Dame Neuneu> Oui, surtout pour couler les primaires dedans. Le hic, c'est que je crains qu'il n'y en ai pas assez (pas des primaires, du béton).
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D
Ah la dalle de béton, quel excellente idée ! Tu nous en garde un peu pour la dune de Ste-Anne, pour le jardin à karagar, et le reste, pour couler tous les primaires dedans, à la maffieuse ! Allez, on prend des solutions, de vraies !
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C
A Ar valafenn> Eh oui, il faut les exploser ces primaires ! :-)<br /> <br /> A Noche> De fait, c'est ce qui estr arrivé dans mon premier exemple. Je ne me suis pas gêné de le traiter de raciste. Si au moins ça pouvait le faire réfléchir, mais j'en doute forcément.
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N
C'est une constatation que je fais assez souvent(en mon for intérieur, bien sûr...)et chaque fois ce qui m'étonne le plus, ça n'est pas tant la bêtise qui commande à ces assertions mais bien plus l'aplomb avec lequel elles sont faites.<br /> En fait, j'ai tendance à l'indulgence quand vraisemblablement, la personne qui profère ce genre de conneries n'a pas eu accès, d'une façon ou d'une autre à l'information ou la connaissance qui devrait permettre le recul, mais pour les autres, ceux qui DEVRAIENT avoir réfléchi, je suis assez lapidaire.
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A
Ahhhhhh un joli festival de primaires, quel feu d'artifice !
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Cornus rex-populi
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