Bursite
Des nouvelles du « grand malade » avec un petit retour en arrière.
Vendredi après-midi, j’avais une réunion à Lille à laquelle assistait un collègue d’un autre service. Lui comme moi devions présenter les fruits de nos cogitations respectives. Il m’a servi de chauffeur pour nous rendre à la capitale régionale. Est-ce le port de ma mallette, les gestes que j’ai fait en réunion, mais en sortant après 17 heures, mon épaule me faisait plus mal qu’à l’accoutumée. De retour à mon lieu de travail, j’ai eu bien du mal à rentrer à la maison, le passage des vitesses de la voiture me paraissant bien pénible.
Aussitôt arrivé, peu avant 19 heures, j’avale un sachet d’aspirine, pour attendre le cachet d’avant coucher que l’on m’avait déjà prescrit. Au lieu de se calmer, la douleur s’aggrave. Je regarde la notice du médicament et j’y lis que je peux passer à deux cachets au lieu d’un. J’en avale donc deux après 20h30. La douleur va toujours crescendo, cela devient abominable, quelles que soient les positions du corps que j’adopte (assis sur une chaise, sur un fauteuil, au lit). C’est presque debout à marcher que j’ai le moins mal. La douleur passe encore un cran au dessus avant que nous décidions de nous rendre au service des urgences de l’hôpital. Je suis presque immédiatement pris en charge (personne dans la salle d’attente). Je m’explique une première fois devant une infirmière, puis rebelote devant l’interne de service, une jeune femme qui fait une gueule de six pieds de long. Elle me dit qu’on ne peut rien faire pour moi en termes d’examens et elle me fait une prescription contre la douleur. Elle me met le bras en bandoulière (une « potence » qui aurait bien convenu à un gamin de douze ans). Je demande quelle est la pharmacie de garde. On me répond qu’il faut demander à l’accueil. A l’accueil, on nous répond de demander au commissariat. Fromfrom va donc au commissariat (qui appelle lui-même la pharmacie) et nous voilà à tourner encore dans la ville jusqu’à l’officine. C’est dans de telles circonstances qu’on se rend réellement compte combien les routes n’ont pas toutes un revêtement en bon état. Enfin arrivés à la maison, la prise des médicaments n’apporte aucune amélioration, la petite balade en ville n’ayant rien amélioré. Je hurle de douleur en me couchant, ne trouvant aucune position valable. Je pense que les médicaments ont fini par agir deux heures plus tard, ce qui m’a permis un certain sommeil, mais aussi de grosses suées.
Le lendemain matin, au petit-déjeuner, ma tête tourne et une angoisse m’étreint. Je suis passé à deux doigts de l’évanouissement. Plus tard dans le cabinet du médecin, on me dira que le médicament en question (de la famille des opiacées) est souvent responsable de tels phénomènes (voire pire) et qu’elle ne prescrit jamais cette molécule. Elle me le remplacera par un autre médicament plus « sage ». Et j’ai gagné une semaine d’arrêt. Impossible en effet d’aller travailler et je commence tout juste en écrivant cette note à retaper à deux mains. Lundi après-midi, après l’échographie, le verdict, tombe : bursite sous acromio-deltoïdienne calcifiée. Il ne s’agit donc pas exactement d’une tendinite, même si l’affaire se passe dans la même région. En clair, c’est cette sorte de caillou calcaire de 12,5 mm de diamètre qui m’a fait un mal de chien en se déplaçant. Je n’ai jamais reçu un coup de poignard ou une flèche dans l’omoplate, mais je me dis que cela doit être à peine pire que les phases les plus aiguës de cette saloperie. En attendant, les médicaments me soulagent mais me font transpirer et m’obligent à une grosse sieste en journée. Je ne suis pas tiré d’affaire, mais cela va mieux, beaucoup mieux que vendredi soir.
Et le premier qui fait un commentaire post-vingt-deux heurien aura à rendre des comptes.