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Cornus rex-populi
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7 février 2008

Fatigue

Assez régulièrement, je participe à des groupes de travail, groupes d’experts, commissions et autres réunions dans lesquelles on débat, entre autres, de préservation de la nature et de biodiversité dans le cadre de la mise en œuvre future de politiques d’aménagement du territoire ou en faveur de l’environnement.

Dans ces réunions, singulièrement les « groupes d’experts », on est en droit d’attendre d’avoir des experts ou assimilés et des scientifiques ou au moins des spécialistes. Eh bien, cela n’est pas vraiment le cas. Bien qu’il y ait parfois des scientifiques, des universitaires, encore faut-il qu’ils soient audibles et c’est rarement le cas. Il peut arriver qu’il y ait des naturalistes (représentant en général des associations de protection de la nature), mais ceux-ci n’ont pas forcément une formation scientifique ni une expérience rigoureuse dans leur domaine. Souvent, ces naturalistes sont très utiles en réunion, car ils apportent leurs connaissances locales et de terrain et normalement, tout se passe bien. Mais singulièrement depuis le début de l’année, j’ai participé à plusieurs réunions dans le même lieu où j’ai vu débarqué un naturaliste épouvantable. Sous prétexte de sa connaissance des lieux, de sa connaissance des piafs et des insectes, sous prétexte de représenter je ne sais combien d’associations, il se permet de raconter des inepties scientifiques, des horreurs qui heurtent le bon entendement. Pire, ces affirmations péremptoires et sans fondements (il y a peut-être quand même 10 % de choses correctes dans ses propos), il tire contre son propre camps, le discrédite et donne des arguments à ses adversaires. Enfin, il n’est pas à un paradoxe près, et il usurpe ses habits de protecteur de la nature en allant copiner avec certains artisans de la destruction de la nature : l’agriculture et la sylviculture productiviste, entre autres. Bien sûr, en réunion, ces derniers en profitent pour s’engouffrer dans la brèche. Autre fait marquant lors de ces réunions d’experts : dans certaines d’entre elles, on met sur le même plan un agriculteur ou l’élu lambda et un spécialiste de la faune ou de la flore, ce qui pollue presque systématiquement le débat et fait perdre du temps à tout le monde. Pour tout vous dire, je ne suis généralement pas adepte de ces réunions dans lesquelles les voix de la raison ont du mal à s’imposer à chaque fois. Aujourd’hui, par exemple, on a eu droit à l’affirmation suivante : « l’exploitation forestière (autrement dit celle de nature classique c’est-à-dire la sylviculture productiviste) permet une meilleure expression de la biodiversité ». Cette phrase, si elle avait été prononcée par un sylviculteur privé ou par un de ses représentant syndical ou encore par un technicien de coopérative forestière aurait pu être non dénuée de logique partisane même si scientifiquement, elle nie tout ce qui a été démontré par des tonnes de publications scientifiques depuis plus de 30 ans. Non, elle a été prononcée par un « brillant » homme de « haute » formation scientifique, représentant en chef de la forêt publique régionale ! Et bien sûr, si je n’interviens pas quand j’entends des bêtises pareilles, rares sont ceux qui le font à ma place. Enfin, il est remarquable de constater que ces réunions sont souvent noyautées par différents « lobbies » représentant des intérêts particuliers, voire très privés et qui mettent les moyens nécessaires pour se faire entendre. En revanche, l’administration d’État ou des grandes collectivités territoriales, systématiquement invitées à ces réunions et représentantes de tous les intérêts publics est presque toujours absente. Pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas toujours les moyens humains suffisants (ou ne les mobilise pas à bon escient, selon les cas) pour déléguer suffisamment de personnes pour participer à de telles réunions. D’une certaine manière, elle compte sur notre présence. Car même si nous avons des compétences scientifiques et techniques suffisantes, nous n’avons pas tout à fait le même poids ni la même légitimité.

En définitive, le fait de participer à ce genre de réunions, ce n’est vraiment pas une partie de plaisir. Le fait de passer pour un empêcheur de tourner en rond n’est pas toujours un rôle facile à tenir, même quand la réputation de rigueur scientifique nous précède. Il n’en reste pas moins que c’est dans ces réunions, aussi bancales et peu valorisantes soient-elles, que se déterminent en amont beaucoup d’orientations des politiques publiques de l’aménagement du territoire. Alors, on se débrouille comme on peut pour instiller le plus possible d’éléments visant à préserver la nature. Mais parfois, c’est fatiguant et c’est très très long avant d’en voir les premiers résultats. Mais je suis néanmoins sûr que ça finira par payer.

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Commentaires
C
A Ar valafenn> Ce sont des réunions bien techniques (même si nous des fois, on ne s'en rend plus trop compte). On reste quand même des réunions publiques "crottes de chiens". Tu as bien saisi comment ça se passe souvent (car oui, il existe quand même des réunions où tout se passe impeccablement). Je tiendrai, je suis tenace. Merci.<br /> <br /> A Kridienn> Cela ne m'étonne pas, cela correspond pas mal à l'image que je me fais de toi. Tu sais, il m'arrive d'entendre des choses terribles aussi, alors, il n'est pas très étonnant que tu aies entendu des horreurs.<br /> <br /> A Karagar> Cornus, contrairement à Fromfrom, revient, lui, avec une nouvelle note !
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K
où est passé cornus encore ?! Fromfrom, il faut veiller au grain!
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K
Justement, je pense aussi être plutôt douce et apte au dialogue, mais j'ai fini par m'énerver et dire tout haut ce que je pensais, dans ce genre de réunion... J'en aurais été encore plus malade en restant silencieuse devant ces horreurs. Non, le mot n'est pas trop fort.
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A
Ohhh je vois bien le genre de réunions... Il suffit souvent à certains d'avoir simplement l'étiquette et le titre, pour pérorer, pavaner, s'écouter parler, se sentir investis de tous les pouvoirs et du droit de la ramener à tort et à travers...<br /> Heureusement qu'il y a quelques bonnes âmes constructives, intelligentes, qui maîtrisent les dossiers, pour venir corriger le tir. Trop rares personnes sur qui beaucoup de choses reposent en coulisse... dont tu fais de toute évidence partie. Dalc'hit mat !
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C
A Kridienn> Par rapport aux réunions sur l'aménagement du territoire que tu as connues à l'époque, je pense que si tu y assistais maintenant, tu y verrais très probablement de gros progrès par rapport à la préservation de l'environnement, même si on est encore très très loin du compte.<br /> Pour le social, je n'y connais rien, mais nul doute que cela doit être 25 fois pire. Nul doute que si j'y avais été, j'aurais piqué de grosses colères. En général, je suis quelqu'un d'assez doux et toujours apte au dialogue, mais il y a des moments où trop c'est trop, et je deviens désagréable. Je ne doute pas que cela puisse ruiner la santé dans de telles circonstances, et puis il y a des moments où il est bon de changer d'air.
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K
Cette note me rappelle une nouvelle fois des souvenirs, bien qu'ayant peu d'expérience professionnelle dans le domaine de l'aménagement du territoire, j'ai fait les mêmes constats. Dans le social, ça m'exaspérait encore plus car j'étais en contact direct avec les gens dont le "sort" était joué dans ce genre de réunions multipartenariales, où l'on assistait à des incohérences énormes. Et là, ça n'était vraiment plus supportable, au bout de quelques années... La nausée était présente à chaque réunion. Y rester m'aurait ruiné la santé. Alors j'ai décidé de sauvé ma peau... Je suis partie.
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C
A Karagar> Les choses ne se font pas (pas trop souvent, heureusement) en dépit du bon sens il ne faut pas exagérer car il y a souvent des gens valables (pas toujours, malheureusement) qui coordonnent ces réunions. Je pourrais être plus précis, mais cela ne changerait rien au fond.
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C
A Patriarch> Eh bien non, ce n'est pas du tout le même genre de réunions. Pour ce qui me concerne, elles sont loin d'être aussi solennelles ou officielles que celles que tu évoques et à mon sens, il y a moins de monde. Pour les miennes cela va de 10 à 50 personnes (au plus et rarement). Cela dure de 2 h à une journée complète.<br /> <br /> A Tania> Non, on ne s'y ennuie pas forcément, et je dirais même assez rarement en ce qui me concerne. Et en ce qui me concerne, je n'y vais pas comme spectateur : je ramène ma fraise (plus ou moins - hier plus que moins) presque à chaque fois. Parfois, c'est difficile.<br /> <br /> A Klegdouarn & Karagar> Il y aussi d'autres pièces dont je n'ai pas parlé dans cette note. J'en ai 2 en mémoire en particulier. J'en parlerai peut-être un jour.<br /> Mais une chose m'intrigue. Voilà que c'est la deuxième fois que vous me parlez de Josiane : allez-vous enfin me dire de qui il s'agit ?
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K
oooooooooooooooooo! josiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!
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K
De toute façon tant que t'as pas Josiane en réunion, forcément ça n' a pas de charme.<br /> Hein que c'est vrai, Maître K ?
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P
c'est un peu le même topo des commissions du 4ème plan en 1964 je crois, auquelles je participais en tant que syndicaliste.C'est surtout, les gars du Service Economique et Financier et du Service du Plan, le rapporteur de la commission, et le représentant patronal qui monopolisent le débat,qui automatiquement était orienté vers l'augmentation de la production des matières en question;(Pour nous, c'étaient les métaux non ferreux.)Nous représentants syndicaux n'étions pas à la hauteur pour ces débats, même si en ce qui me concerne un gars du PSU (section de Paris)me "dégrossissait" les questions à débattre. Automatiquement ce sont les représentants patronaux (Penarroya en l'occurence)qui tiraient les marrons du feux. (Aides aux investissements etc etc. )Pour le futur des ouvriers, c'étaient toujours en fin de réunion et un débat houleux (Pendant 3 jours à Paris à chaque fois)
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K
en tout cas très instructif... et une désagréable impression que chaque fois que quelqu'un témoigne, de l"intérieur, d'un milieu mal connu du grzand publique, il donne l'impression que les choses se font en dépit du bon sens ???!!!
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C
A Klegdouarn> Mais si, je termine sur une note optimiste. Si je n'y croyais pas, j'aurais perdu la foi :-)
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K
Pas très encourageant le Cornus ce soir !
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Cornus rex-populi
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