Mon commentaire hier soir sur la note de Plume au sujet de l’AVC de son frère m’a rappelé certaines choses qui montrent le besoin de se soigner pour ne pas risquer le pire, comme on le voit trop souvent. Et parce que quand on est mort, on n’a besoin de rien ! Cela étant, je ne néglige pas certaines difficultés et je n’en suis pas moi-même totalement exempt.
Avoir conscience de ses « problèmes » vis-à-vis de la maladie et de la fréquentation des établissements médicaux est déjà une première approche afin de tenter de dompter ses appréhensions. Pour ce qui me concerne, j’ai eu des souvenirs pas géniaux pour avoir fréquenté des hôpitaux ou maisons de retraite. Quand j’étais enfant, j’ai été impressionné négativement par les hôpitaux immenses et froids imprégnés d’une odeur mêlant le chlore, l’éther et un je ne sais quoi en plus, typique de l’ensemble des établissements... et que je retrouvais parfois imprégnée dans les vêtements de ma mère revenant de son infirmerie de l’usine. Cette odeur âcre, elle n’existe plus dans les hôpitaux depuis plus de 30 ans et c’est une bonne chose. Cette odeur à elle seule et le contexte de l’hôpital me suffisaient pour refuser d’accompagner mes parents dans ces lieux. Je me souviens aussi d’une visite épouvantable dans un hôpital de Dijon où mon grand-oncle resta quelques semaines à peine après la découverte de son cancer et la mort qui le terrassa en peu de temps. Je l’aimais beaucoup ce grand-oncle pour son originalité, sa douceur, son caractère enjoué. Le voir aussi subitement en mauvais état m’avait sidéré... c’était il y a 40 ans et l’odeur de mort était encore là.
Il y eut la maison de retraite où travaillait ma mère. J’avais esquivé le plus possible la section médicalisée, mais là aussi, une belle horreur (des vieux qui agonisaient très lentement pour certains), malgré un bâtiment assez récent (j’étais entré une seule fois).
Il y eut la maison de retraite (non médicalisée, donc un moindre mal) d’une grande amie de la famille (de mon grand-père maternel) et que j’appréciais beaucoup (elle avait passé plusieurs séjours à la maison). Quand je la vis entrer dans son petit studio dans un établissement à la campagne m’avait donné l’impression qu’elle entrait dans une cellule de prison dans l’attente de la mort.
Il y eut ma grand-tante morvandelle, dans une section de l’hôpital d’Autun où sa visite m’avait traumatisé et ça, c’était il n’y a pas si longtemps (2006-2007) car je l’avais vue comme figée, diminuée de sorte que bien qu’ayant eu l’occasion d’aller la voir une fois avant son décès, j’avais catégoriquement refusé (Fromfrom pourrait en témoigner) et j’ai une forme de culpabilité par rapport à ça.
D’un côté plus positif, j’avais vu ma grand-mère maternelle quelques semaines avant son décès (début 2001) dans un contexte beaucoup plus favorable car le bâtiment était neuf alors que l’hôpital d’Autun six ans plus tard était un vieux machin. Je pense que la modernité des locaux, au moins à l’intérieur est important pour moi pour que je me sente mieux.
En 2000, il y eut mon propre séjour aux urgences de l’hôpital post-piqûres de guêpes où j’avais apprécié être mis dans une chambre à plusieurs lits où j’étais seul. Cela n’avait pas empêché le lendemain matin d’entendre des râles / hurlements épouvantables d’une vieille qui avait perdu la tête.
En 2001, mes séjours pour la désensibilisation à l’hôpital de Tours où je fus agréablement surpris par la disponibilité et la gentillesse du personnel. Cela tient en partie aux personnes, mais c’était aussi une question liée au service mêlant l’allergologie et la pneumologie où l’on soigne pas mal de cancers... Je ne reviens pas sur le dévouement du personnel pressurisé.
En 2008, il y eut la polyclinique près de Dunkerque où séjourna Fromfrom. Là-bas, pas de problème : modernité et je n’avais croisé personne (mais c’est justement là que résidait probablement le vrai le problème).
En 2018, mon père en soins continus (intensifs) : pas de soucis car le côté « high tech » l’emportait et le personnel aux petits soins. En revanche, je ne cache pas le fait que nous avions pensé au pire en termes de survie, car la débauche de soins et d’appareils est à la fois inquiétant et rassurant.
En 2018 toujours, la grande rigueur rassurante de l’hôpital où se trouvait la duchesse mère à Rennes. En revanche, une impression d’usine à opérations du cœur à la chaine en voyant dans le service toutes ces personnes, parfois jeunes, avec un pansement typique en long sur le sternum.
Cette année, ma mère s’est retrouvée dans le même établissement que mon père mais en gériatrie. Je pensais y trouver des choses assez épouvantables car mon père qui y était passé un temps en 2018, avait dépeint une situation assez apocalyptique, à cause de vieux qui dans la majorité avaient perdu la tête et qui étaient dépendants. Pour lui, à l’époque, être changé de service avait contribué à ce qu’il se remette plus vite. Mais en réalité ce service de gériatrie est bien tenu, avec un personnel attentif et sympa, dans le service et au téléphone puisque j’appelais tous les matins.
En définitive, je ne vais pas dire que j’apprécie les établissements hospitaliers, mais que je commence à les apprivoiser. De là à dire ce qu’il en serait pour moi, je ne sais pas, car je n’y suis resté que deux fois moins de 24 heures d’affilée.