Religion ?
Comme beaucoup de monde, j’ai été abasourdi par la violence extrême qu’a fait subir le Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023. Après, en France, faut-il qualifier le Hamas d’organisation terroriste, je ne sais pas et en fait je ne pense pas cela soit le plus important. N’oublions pas que les Allemands qualifiaient les résistants français de terroristes pendant l’Occupation. Même chose pour un certain nombre de représentants du FLN pendant la Guerre d’Algérie. Après, les postures et arguments politiques, plus ou moins malhonnêtes et intéressés, une certaine forme d’inculture, réelle ou entretenue, font le reste. Tout cela est lamentable. Aussi forts et abominables ont été les actes perpétrés le 7 octobre, cela ne peut pas non plus totalement justifier l’ampleur de la réaction israélienne, même si on pouvait aisément la redouter dès le premier jour.
Je me souviens très bien de mon prof d’histoire en Terminale qui nous disait en 1989-90 que la question de la coexistence en terres palestiniennes et israéliennes était impossible pour plein de raisons. Peu après, je saluais les accords d’Oslo de 1993 entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin (à l’époque, je m’étais dit que mon prof aurait pu se tromper…). Hélas, les extrémistes religieux ont eu tôt fait d’éliminer le second. Et le premier, encore rempli d’ambiguïtés (le mot est bien trop faible) a été marginalisé et ce fut l’échec. Une longue série d’échecs en réalité au sein de l’ensemble de la communauté internationale, de renoncements, parfois coupables, dont le 7 octobre 2023 et ses répercussions ne sont qu’une conséquence finalement très tardive. Je ne me prononcerai pas sur la situation actuelle ni sur l’avenir, qui me paraît profondément et durablement compromis.
En France, on dit que les actes antisémites ont explosé, ce qui est assez évident. Toutefois, cela fait plus de vingt ans que j’entends la même chose car on parle du flux et jamais du reflux, ce qui n’excuse rien d’ailleurs. Et quid des actes anti-arabes ou antimusulmans ? Derrière cette « devanture » prolifèrent des discours haineux, intolérants, racistes dans diverses obédiences. Et on reparle de religions. Les religions sont comme presque toujours le prétexte, sous couvert de vertus diverses et variées, pour contrôler les gens, les maintenir dans une forme d’inculture et d’ignorance et leur faire faire ce que l’on veut pour que certains puissent jouir d’une forme de puissance, liée au pouvoir et à l’argent. Je ne dis pas cela pour dédouaner intrinsèquement les religions. Selon ma conception, les religions ne devraient adopter qu’un discours et des actes d’amour des autres (et de soi), d’aide, de sauvegarde. Tout le reste, c’est-à-dire les interdits, la coercition, l’empêchement et tout ce qui vise à régenter la vie collective ou personnelle des gens, ne devrait pas rentrer dans le champ de la religion et selon moi, être tout bonnement banni. Je parle bien de toutes les religions. Nous en sommes très loin.
Tout cela m’amène à parler de religieux. J’ai déjà évoqué mon rapport aux religions et en particulier au catholicisme qui est certainement la forme que je méconnais le moins. Je suis toujours en désaccord ferme avec beaucoup des positions de cette religion. Mais pourquoi devrais-je m’en soucier puisque je suis à l’extérieur de cela ? C’est vrai ! Mais en même temps, on y est confronté très souvent de manière indirecte dans la société, quand on visite une église ou quand on connaît, via Fromfrom, les formes d’autorité ou la perversion des esprits que peut mettre l’Église dans l’enseignement catholique qui est loin d’être négligeable, mais que je n’espère pas systématique. Personnellement, je trouve cela inacceptable. Je ne suis pas en train de dire pour autant que l’administration de l’enseignement public était correcte.
Le religieux m’amène à parler de certaines personnes qui m’ont inspiré un profond respect. Pas trop à tort, je l’espère ! J’ai déjà évoqué Sœur Emmanuelle ou encore l’Abbé Pierre, dont un film vient de sortir à son sujet. Ces deux personnes, et bien d’autres encore, me font penser que par moments, ils se rapprochent de l’idée conceptuelle que je me faisais de Dieu, c’est-à-dire, aider les autres avec un pur désintéressement, un pur amour. Je me trompe sans doute en partie sur la hauteur de ces puretés qui ne sont peut-être que fugaces et superficielles. Mais ne sont-ce pas les quêtes de ces puretés fugaces que l’on devrait appeler les religions ?
Toutefois, pour en revenir à la question initiale, cela fait à présent un siècle que les premiers Juifs se sont installés en Israël et je ne vois pas comment une solution pacifique pourrait voir le jour dans le contexte actuel, même s’il se constituait un vrai état palestinien. En attendant, religion ou pas, on continue de souffrir toujours et encore dans cette région, et on se sent bien démuni. Je n’oublie pas non plus toutes les souffrances subies ailleurs. Parfois, c’est vraiment désespérant et je me pose la question de mon utilité. Pourquoi, pour qui j’agis dans le cadre de mon activité professionnelle ? Et n’est-ce pas une activité vaine finalement quand tout se sera embrasé ? Il faut encore avoir la foi pour continuer !