Le vaccin à ARN messager (épisode 3)
En dehors de la composante aqueuse ultradominante au sein de notre organisme, nos cellules sont en grande partie composées de corps gras (phospholipides) assez inertes et surtout de protéines qui assurent énormément de fonctions et dont on n’est encore loin de tout connaître. Le fonctionnement de l’organisme repose donc très largement sur elles. Et pour que cela fonctionne, il faut donc fabriquer et renouveler (à cause de l’usure ou de l’usage) ces molécules sans arrêt. Les plans détaillés de ces protéines se trouvent dans le coffre sécurisé qu’est le noyau avec l’ADN. Les protéines, elles, sont fabriquées dans les usines que sont les ribosomes (cf. épisode 1). Les ribosomes de la cellule n’ont pas besoin de tous les plans de toutes les pièces que fabrique l’entreprise et de toutes ses succursales, d’autant que ladite cellule n’est pas spécialisée dans toutes les tâches ou toutes les pièces. Alors même si absolument tous les plans sont dans le coffre de chacune de nos cellules, seules les pièces vraiment nécessaires et en capacité d’être produites dans la cellule en question le seront. Ainsi, il faut un messager entre le coffre et l’usine et c’est donc le rôle de l’ARN messager qui fait office de facteur. Il s’agit d’une copie de l’ADN, mais très petite puisque cette copie ne possède les plans que pour une ou quelques pièces (protéines). En plus, cette copie est fragile comme si l’organisme se méfiait des espions pour éviter des copies illicites. De fait, l’ARN messager sert une fois puis est détruit et s’il ne sert pas, il est détruit également, un peu comme la bande magnétique annonçant une nouvelle mission dans Mission impossible ou comme si on décidait de tuer le facteur-messager après usage.
Tout part donc du noyau où un morceau d’ADN est déplié pour être copié (grâce à des protéines – enzymes). Alors, la copie n’est pas totale, seul ce qui est essentiel l’est. Tout se passe comme si on ouvrait la fermeture éclair que constitue l’escalier à double hélice qu’est l’ADN et qu’on venait reconstituer l’un des brins manquants. Une fois la copie réalisée, on clôt la fermeture éclair et on range l’archive ADN. L’ARN messager monte alors sur sa trottinette (une/des protéines spéciales font office de moyen de transport) et quitte le noyau en passant par un pore (porte que ne peut pas franchir l’ADN qui est trop épais, lui) puis se dirige vers l’usine (ribosome). Dans le ribosome, il y a une tête de lecture (comme celle d’un magnétophone ou d’un magnétoscope) qui va lire le brin d’ARN messager. Cette tête de lecture est encore une forme de complexe entre protéines et une autre forme d’ARN (ARN ribosomial). La tête de lecture va donc lire les mots de trois lettres ou codons (22 mots différents sans compter les synonymes) et chaque mot va se traduire par un acide aminé spécifique (22 acides aminés). La protéine s’allonge par la mise bout à bout d’acides aminés dans l’ordre précisément déterminé dans lequel se lisent les codons. A la fin de la bande magnétique, le point final à la protéine est donné. La protéine ainsi formée est une structure assez simple à très complexe dont la forme doit être considérée en trois dimensions et va jouer le rôle biochimique qui lui est assigné.
Voici une vidéo de l’INSERM que j’ai trouvée assez sympa et assez simple.
À suivre.