Treize ans après
Lundi, c’était l’anniversaire de notre de mariage civil. Le temps passe vite. Que puis-je retenir de ces treize années de vie commune ? Ce n’est qu’une réflexion rapide, pas une analyse poussée.
Pas d’enfant, mais ce n’était pas une idée essentielle et fondatrice de notre couple d’après moi. C’est quelque chose que nous aurions pu envisager si dès notre rencontre, notre situation professionnelle et matérielle avait été plus assurée dès le départ, et ensuite si l’âge et les conditions avaient été optimaux. Si je fais référence à cette forme de « timidité » par rapport au « désir d’enfants », c’est aussi parce que cela tranche avec ce que je peux observer au quotidien (mères sans formation ni emploi, parents dans certaines formes de précarité professionnelle et matérielle et aussi, plus récemment, l’exemple d’une mère malade qui risque notoirement sa santé et celle de l’enfant à naître).
Le fait d’être sans enfant me procure parfois le sentiment d’une certaine forme de manque, de me sentir « incomplet » par rapport à la grande majorité des personnes. Ainsi, je ne transmettrai rien à mes descendants, mais cela ne devrait pas me préoccuper car je me moque pas mal des lignées familiales : les gens sont ce qu’ils sont, pas parce qu’ils sont nés ; c’est en principe comme cela depuis 1789 même si le principe est régulièrement remis en cause. Les enseignants ont l’avantage d’avoir « leurs enfants », ce qui leur permet d’autres formes de transmissions. Calyste évoque régulièrement la chose et Fromfrom en parle aussi et je trouve ça chouette. Et puis il y a d’autres façons de transmettre par ses écrits, plus généralement par son travail (professionnel ou extra-professionnel) ou tout simplement par sa façon d’être ou de vivre. Je ne vis pas pour l’image que je donnerai quand je ne serai plus là car par définition, je ne serai plus là pour le vivre. Je ne vais pas dire que je ne me préoccupe pas de mon image (actuelle), notamment sur le plan professionnel, car j’ai aussi à affronter des formes d’adversités où la forme, qu’on le veuille ou non, joue un rôle relativement important.
Il n’en reste pas moins que j’ai eu plusieurs fois la désagréable impression, de la part de certaines personnes, d’être moins bien considéré par le fait de ne pas être parent. Ce n’est heureusement pas quelque chose de fréquent ni quelque chose qui apparaît dans mon environnement proche (amis, familles, collègues…). Mon ancien directeur, lui aussi sans enfant, disait non sans humour (ni sans raison objective) que la meilleure solution pour « sauver » la diversité serait la pilule contraceptive… Je ne puis qu’approuver, mais ce serait un peu trop facile pour moi d’en tirer un titre de gloire.
J’ai découvert le Nord il y a 17 ans. Ce n’était pas mon envie géographique première que d’y aller m’y installer, mais sur le plan professionnel, mon employeur jouissait d’une réputation bien réelle qui faisait et qui fait encore rêver beaucoup de botanistes. Au fur et à mesure du temps, j’ai trouvé mes « aises » professionnelles. Ces « aises » d’encadrant m’ont d’ailleurs fermé d’autres opportunités dans d’autres organismes analogues dans d’autres régions moins septentrionales (en même temps que je renonçais définitivement à la possibilité d’une carrière universitaire). C’est ainsi qu’après la rencontre avec Fromfrom, il me paraissait plus que risqué d’aller tenter un avenir professionnel ailleurs. C’est donc Fromfrom qui a quitté sa région natale… Elle s’en est très bien sortie. Elle qui était très encline à se dévaloriser sans cesse a réussi et est surtout une enseignante talentueuse. Honnêtement, elle m’impressionne, mais ne luis répétez pas ! Et à présent, elle se « bat » syndicalement parlant : qui aurait pu croire ça ?
A présent, l’éloignement de nos parents respectifs nous pèse de plus en plus, surtout avec leur santé de plus en plus précaire…
Mis à part ça, bien des choses sont positives. Nous pourrions être plus ceci, plus cela, moins ceci, moins cela… mais globalement, on s’en sort pas mal. Je pense que dans notre douce « folie », nous sommes « équilibrés ». Fromfrom et moi avons beaucoup de différences, mais tellement de points de convergence, tant et si bien que la côté fusionnel qui nous caractérise (je parle pour nous deux) nous font assez souvent réagir aux événements comme si nous étions un(e) seul(e). C’est à la fois complexe et très simple !