Bruit, Saint-Sabin et chirats
Depuis fin octobre, notre voiture fait du bruit, comme si la roue avant droite était prête à prendre la tangente au prochain virage. Mais non, seulement c’est pénible ce bruit à chaque chaos de la route. Je n’étais pas inquiet, d’autant qu’en novembre, lorsque j’ai changé les roues pour chausser les pneus hiver, j’ai opéré un certain nombre de vérifications : tout était bien ancré. Mais vendredi, nous sommes quand même allés voir ce qu’il en était chez le garagiste qui nous avait vendu la voiture. Après deux phases de tests sur la route, le diagnostic tombe, on peut revenir le lundi en début d’après-midi, il aura la pièce défectueuse et fera la réparation. Il faut quand même savoir que pour changer la pièce en question, il faut retirer le pare-brise pour y accéder : une forme d’aberration (je précise que le garagiste n’est pas du style à raconter des sornettes). Mais avant la fin de l’après-midi, le patron m’appelle pour me dire que la pièce, une fois changée, la voiture fait toujours du bruit et qu’il est nécessaire de mener d’autres tests le lendemain. Mardi (hier), il me rappelle pour me dire qu’ils ont enfin trouvé d’où venait le problème (élément d’amortisseur) et garde la voiture une journée supplémentaire. Je m’attends aujourd’hui à une note salée.
Cela ne nous a pas empêché hier d’aller nous balader dans le Pilat. A part quelques vieux restes de tas en bord de route, pas du tout de neige au sommet, ce qui est rarissime en cette saison, même si cela devient de plus en plus fréquent.
Les pics des Trois dents près du col de l’Œillon.
Le Mont Blanc, fidèle à lui-même, se situe à environ 180 km de là (je précise que la focale de l’objectif est de 200 mm, soit 320 mm en équivalent 24 × 36 et qu’il n’y a pas eu de recadrage).
A peine plus bas que le col de l’Œillon, se trouve la « fameuse » chapelle Saint-Sabin. J’avais cherché à y aller à plusieurs reprises, la première fois, je n’avais pas compris que l’on ne pouvait pas y accéder en voiture et la seconde fois, il y avait trop de neige pour y aller avec de simples chaussures. Dans cette chapelle, étaient organisées des pèlerinages (toujours d’ailleurs, le lundi de Pentecôte). La légende dit, entre bien d’autres choses, que saint Sabin aurait converti Ponce Pilate (après qu’il avait été chassé de Palestine, car c’est ici qu’il aurait fini ses jours et aurait donné son nom au massif). Au début du XXe s., la réputation était encore vive. Mon grand-père avait accompagné ici à pied un de ses voisins (vérification faite, près de 30 km, environ 7 h de marche, uniquement pour l’aller). On y faisait bénir de l’herbe de Saint-Sabin qui n’est autre qu’une alchémille. J’ignore l’identité précise de l’espèce, mais contrairement à ce qu’affirment plusieurs sites internet et surtout les panneaux d’information sur place, il ne peut pas s’agir d’Alchemilla alpina L. (Alchémille des Alpes), absente du Pilat. Cela m’agace de lire des erreurs sur des panneaux officiels, car cela me laisse penser que tout ce qui est écrit est susceptible d’être du « vaguement de l’à peu près ». A noter que mon grand-père, au moins agnostique, avait conservé un bouquet de l’herbe dans l’étable pendant excessivement longtemps. L’édifice en lui-même, n’a rien d’inoubliable en dehors de son cadre exceptionnel (que la photo traduit bien mal, j’y suis arrivé trop tard car le soleil se cachait déjà et ce n’est pas la bonne saison). Si les informations sont exactes, l’édifice existait déjà en 1317 et a été reconstruit en 1683.
Quelques petits chirats (amoncellements) de pierres, formation géologique et géomorphologique assez rare dans le monde (Pilat, Vivarais, Apalaches), constitués de blocs granitiques pauvres en micas, localisés près des sommets et qui correspondent à des sortes de moraines d’érosion par les glaciers du Quaternaire. Ce ne sont pas là les plus beaux chirats du coin, loin s’en faut.
Quelques monts du massif dans la brume.
Le soleil vient de se coucher quand nous prenons le chemin du retour.