Brèves cornusiennes (44)
Je devais m’y attendre : les revendications salariales n’allaient pas tarder. Personnellement, je n’ai jamais réclamé d’augmentation de salaire. J’avais juste exigé lors du montage de ma thèse, d’avoir au moins le salaire que je m’étais fixé (et j’avais été entendu). Il y a deux semaines, une jardinière de légumes en emploi saisonnier est venue se plaindre qu’elle n’était pas assez bien payée (or, son salaire brut avait été clairement annoncé lors de son recrutement courant avril). Comme auparavant elle avait travaillé dans une structure publique, elle aurait touché un net supérieur ? Elle s’est plainte également qu’elle faisait beaucoup de désherbage de parcelles. Or, là aussi, cela lui avait été clairement signifié lors de la visite d’embauche. La directrice administrative et financière (et des ressources humaines) me demande mon avis avant de la recevoir dans son bureau. Je réclame quelques précisions nécessaires sur la personne et je demande à voir quel effort financier acceptable (forcément limité) on pourrait faire. Et comme je suis un être pervers, j’ai demandé à ce qu’on ne lui fasse aucune annonce afin de la voir venir et de savoir ce qu’elle avait véritablement à dire (car jusque-là, les plaintes n’étaient passées que via le jardinier principal). Donc, entrevue il y a eu et elle devait revenir la semaine dernière avec la feuille de paie de son ancien employeur et finalement, elle n’est pas revenue en entretien. Aurait-elle surestimé son ancien salaire ? La question n’était pas de lui refuser une augmentation, mais disons que ce genre de choses se règle à l’embauche ou lors des entretiens d’évaluation annuels. Et on ne souhaite pas donner l’impression qu’il suffit de venir nous voir pour que l’on consente une augmentation, sinon on aurait tous les jours du monde dans nos portes sur le sujet.
Lundi dernier, un message de la responsable par intérim (qui risque de devenir définitive) de l’une de nos antennes. Elle veut qu’on (la directrice mentionnée plus haut et moi-même) la rappelle, parce que cela ne va pas. Après avoir réussi à s’isoler de son équipe, elle a fondu en larmes. De cette manière-là, c’est la première fois que cela m’arrive. Ce qui la traumatise, c’est qu’elle n’arrive plus à voir une éclaircie dans l’avalanche de missions qu’elle doit terminer, qu’elle s’est engagée à rendre des missions à telle date et qu’elle ne peut y arriver alors qu’elle aurait eu la possibilité de repousser plus loin, qu’elle commence à se rendre compte que ce que je disais depuis plus d’un an était probablement une solution acceptable pour retrouver un peu de sérénité et mieux vivre. Bref, dans l’urgence, on a pu la rassurer, lui redonner confiance. J’espère que cela va tenir. J’espère que la sortie effective du prochain bouquin (fin juin ou début juillet) de l’antenne fera qu’ils pourront être fiers d’eux. Car l’accouchement a été long et pénible. Et comme je ne veux pas personnellement devenir le gynécologue des cas difficiles, j’ai bien l’intention de prodiguer dès que possible des traitements préventifs.
Hier donc, au boulot, c’était notre journée « portes ouvertes » aux jardins qui a lieu tous les deux ans. Tout le monde s’est débrouillé comme des chefs. Tout a été impeccable. Et l’atmosphère était détendue. Un animateur a même avoué aujourd’hui que pour la première fois, il avait abordé la journée de manière tout à fait détendue et sereine, ne craignant plus les reproches perpétuels de la menteuse toxique mise à la porte en mars. C’est fou d’ailleurs à quel point les langues se délient sur le sujet, y compris chez des partenaires extérieurs qui jusque là n’osaient rien dire. J’ai personnellement animé plusieurs visites guidées, comme plusieurs de nos scientifiques (en plus des animateurs dont c’est le métier). Personnellement, je n’aime pas beaucoup faire deux fois la même visite et ce que j’aime le plus, c’est l’improvisation. Un franc succès sur tous les plans pour cette journée qui s’est terminée, entre salariés, par un barbecue dans la fraicheur crépusculaire.