Brèves cornusiennes (25)
Mardi, pour le conseil scientifique décentralisé, j’ai conduit à l’aller. J’appréhendais un peu le voyage, car outre deux autres collègues, nous devions emmener un des botanistes français les plus brillants, auteur principal d’une nouvelle flore de France à paraître cette année. Il logeait pour la nuit dans l’une des chambres au boulot. Il était à l’heure au rendez-vous fixé, propre et rasé de près. Je dis cela, parce qu’il lui est arrivé d’être beaucoup moins net que ça, pour ne pas dire crasseux. Il n’a pas non plus roté et pas pété durant le trajet ni le conseil. Encore une fois, cela lui est arrivé, sans qu’il trouve adéquat de s’en excuser. Ce n’est pas une rumeur, ce sont des propos fiables rapportés par mon collègue floristicien. Et miracle, il a répondu à mon bonjour du matin. Cet homme est pour le moins « spécial », pour ne pas dire qu’il s’agit d’un grossier personnage avec lequel on n’a pas envie de s’attarder. Cependant, le voyage s’est bien passé. Ce type est un botaniste « amateur », car vétérinaire de métier, même s’il ne vétérinairise plus beaucoup ces dernières années. C’est vrai que c’est un as, un champion, mais cela n’excuse pas tout, y compris le fait de monopoliser la parole pendant deux heures et demie dans une présentation du conseil scientifique quand on sait avoir une heure de parole maximum et en obligeant l’intervenant suivant à zapper la moitié de sa présentation pour finir la journée à une heure convenable. Beaucoup de mes collègues n’ont pas follement apprécié son ton condescendant, son manque de clarté et de pédagogie.
Tout le monde n’avait pas forcément vu la dernière note fromfromienne où elle annonçait sa prochaine inspection. Elle a stressé tout le week-end dernier dont nous n’avons pas beaucoup profité (surtout elle). Depuis une semaine, elle a préparé des choses improbables, se couchant parfois fort tard, d’autant que l’inspecteur a eu la mauvaise idée de ne se pointer que ce vendredi matin (il pouvait venir dès lundi matin). A croire Fromfrom, le drame était imminent. Et bien sûr, comme d’habitude, il s’est passé ce que j’avais imaginé : l’inspection s’est très bien passée. Elle s’est si bien passée que faire mieux était inenvisageable. L’inspecteur a considéré qu’elle « avait tout compris », qu’elle était « une excellente enseignante » (ça, ce n’est pas un scoop), et qu’il la plaçait parmi les 30 meilleurs enseignants qu’il avait inspectés depuis 10 ans (soit environ 1000 inspections). Elle est soulagée (moi aussi quelque part) et heureuse (moi aussi, je suis content), d’autant qu’on n’est jamais à l’abri de tomber sur un crétin d’inspecteur. Elle retourne demain à une porte ouverte, mais le week-end va paraître bien doux.