PARIS
L’affaire avait été lancée par S. qui devait se rendre à un CA d’une fédération d’associations (la même qui m’avait emmenée à Reims au mois de mars dernier). Évidemment, comme la réunion de S. avait un aspect « familial » (ou plutôt un club de bons vivants) j’aurais pu y aller, et on ne m’aurait pas refusé l’entrée de la salle à manger, bien au contraire. Mais voilà, je ne suis pas membre du club, et ce ne sont pas mes oignons, même si je savais les hôtes du jour particulièrement intéressants et sympathiques.
Donc, il était décidé que j’irais me balader pendant que Madame « réunionerai ». Je ne savais pas où. S. me suggéra le Louvres que je ne connais pas encore (est-ce honteux ?), mais je pensais, à juste titre, que ça ferait un peu court. Alors, compte tenu du temps imparti, je me suis rabattu sur la cathédrale Notre-Dame. Banal ? Convenu ? Je veux bien. Cette cathédrale, je l’ai vue 2-3 fois en passant, mais uniquement en passant, ou de loin, très loin. On l’a trop vue en images, on en a trop parlé. Pas excitant me direz-vous ? Eh bien, j’ai voulu aller vérifier moi-même. Le verdict général est mitigé. Sur le plan strictement architectural (du moins ce que j’en ressens à titre personnel), j’ai été relativement séduit, même si j’ai peut-être connu mieux ailleurs. Ce qui est plus embêtant et qui gâche tout, c’est la foule immense qui vient la voir et la photographier. Du coup, j’ai eu quelques scrupules à faire comme tout le monde. Cela m’a donné le vertige. En l’espace de quelques heures, combien de milliers de photos ont été prises ? Combien sont meilleures que les miennes ? Dans quelle mesure les miennes sont-elles banales et sans âme que les autres ? C’était la première fois que j’éprouvais une telle sensation de dérisoire en prenant des photos.
Avant d’aller la voir à l’intérieur, je décidais d’en faire le tour, d’aller flâner un peu sur les quais de la Seine, découvrir les bouquinistes et d’aller manger un morceau en solitaire. En début d’après-midi, je revins sur le parvis pour faire la queue pour rentrer. Pas une queue, un tapis roulant incessant de visiteurs, avec sens de circulation imposé, sens interdits et giratoires obligatoires. Bref, une horreur. Évidemment, on ne peut pas véritablement en vouloir à personne. Sans cette canalisation, cela deviendrait critique pour tout le monde vis-à-vis de la sécurité des personnes et des œuvres. Mais voilà, c’était la première fois où on me prenait autant pour un gamin dans une église, et pourtant, certains font déjà fort ailleurs. Et puis, les marchands du temple y ont élu domicile. Crypte, tours, trésor : tout est payant, et de façon ostentatoire ! Et donc, je n’y suis pas allé.
J’ai attendu que le soleil illumine la façade pour reprendre une photo, puis je suis parti vers la gare de Lyon prendre un train qui devait m’emmener, en compagnie de S., dans des terres plus civilisées.