Uchon
Je recycle donc, le texte sur l’église Saint-Roch d’Uchon (Saône-et-Loire) que m’avait inspiré « L’Eglise noire » de Karagar. J’y ajoute quelques photos millésimées juillet 2006, prises en compagnie de la prestigieuse S., qui, malgré la fatigue et la chaleur déjà bien pesante, est venue la découvrir avec moi.
Tout le monde aurait-il son église noire ? La mienne est une église bien humble. Sur la bordure ouest des « monts de l’Autunois », se dresse une belle colline au milieu des bocages verdoyants à la frontière entre le sud du Morvan et la vallée de l’Arroux. Bien évidemment, tous les sommets sont couronnés par la forêt, qu’elle soit caducifoliée (chênaies-hêtraies acidiphiles) ou sempervirente (plantations de Sapins de Douglas ou d’Épicéas). La vache charolaise ponctue les pâtures se sa robe blanche immaculée. J’arrive par la vallée du Mesvrin dont les méandres paressent indistinctement avant d’aller rejoindre son grand frère l’Arroux. Qu’elles sont bien loin ses eaux vives de ses affluents du plateau d’Antully ! La route s’élève doucement. Elle redescend, pour mieux remonter, redescend, sursaute, virevolte joyeusement. Oui, la route est belle, les oiseaux chantent, tout va bien. Puis, soudain, un mur ! La voiture n’est pas du genre sportive. Je rétrograde en troisième, en deuxième, ça passe. Après un répit de courte durée, l’affaire se corse, la route devient plus étroite, elle tourne à l’équerre. Et là, l’Alpe d’Huez, semble être un vulgaire faux plat face à l’Everest qui se dresse devant moi. Je suis obligé de passer en première. Puis un dernier virage sous le cimetière et enfin, comme dressé sur un piédestal improbable, l’église d’Uchon. Une bien modeste, une bien petite église, mais une bien belle église. Je ne sais pas pourquoi je l’aime à ce point cette église ? A cause de cette première fois où je l’ai découverte sous un magnifique soleil estival ? A cause du bleu du ciel qui fait ressortir la robe ocre de ses pierres granitiques ou gréseuses arkosiques ? Grâce à son assise massive de granite porphyroïde ? Ou encore du fait que la géologie impose un sol en pente impressionnant, mettant le chœur et le curé en hauteur ? Du coup, les paroissiens ont dû caler les bancs en circonstance pour ne pas risquer de tomber à la renverse. Je n’ai pas vu les sculptures de bois (du XIVe s. ?), puisque des crétins les ont volées. Certes, c’est sans doute une bien belle église, mais il ne s’agit là que d’une étape obligée avant de terminer la grimpette et d’aller voir les rochers du chaos de Carnaval, d’aller admirer le paysage panoramique, d’apercevoir, quand on y voit clair (malheur aux bigleux), la flèche de la cathédrale et la Pierre de Couhard éduennes, de descendre voir l’incontournable « Pierre que croule » (et non « qui » comme le disent les incultes). Une pierre, toujours en granite porphyroïde, de 20 tonnes qui ne bouge plus, mais que mon grand-père, il y a de nombreuses décennies en arrière, réussissait encore à mettre en mouvement, avant que l’érosion due à l’eau météorique ne la crispe dans une position désespérément stable.